dimanche 4 octobre 2020

Lumière 2020 – « Le terminus des prétentieux » pour mieux connaître Audiard

 

Bonjour à tous,

À l’occasion de la rétrospective consacrée à Michel Audiard, il était tout naturel qu’un documentaire lui étant consacré soit présenté dans cette édition 2020 du Festival Lumière. Le mercredi 14 octobre à 14h30, Sylvain Perret viendra donc présenter Le terminus des prétentieux réalisé en 2020 à la gloire du scénariste mais surtout dialoguiste de génie qui a su si bien mettre les mots dans la bouche des plus grandes stars françaises des années 1950 jusqu’à sa mort en 1985.

Tous les amoureux du « Petit cycliste » comme l’appelait affectueusement Jean Gabin auront reconnu la référence aux Tontons flingueurs dans le titre du documentaire. Le terminus des prétentieux est en effet une des répliques cultes prononcées par Bernard Blier, Raoul Wolfoni, en évoquant Lino Ventura, Fernand Naudin. C’est bien autour de cette expression que le film de Sylvain Perret va finalement se construire, car elle fait une synthèse parfaite de ce qu’était le scénariste, un auteur concis, comme le rappelle Jean-Marie Poiré, un amoureux des mots mais aussi un personnage qui pouvait aimer la gloire tout en étant d’une modestie inouïe.

 Agrémenté d’extraits nombreux grâce à Gaumont, producteur du documentaire, Sylvain Perret a réussi à retrouver des interviews multiples de Michel Audiard mais aussi de très nombreuses personnalités ayant travaillé ou connu Michel Audiard. Des producteurs comme Norbert Saada ou des réalisateur comme Philippe de Broca ou encore des journalistes comme France Roche, tous évoquent avec gourmandise les mots d’Audiard, son génie mais aussi ses défauts, dont celui de ne jamais savoir dire non. France Roche livre d’ailleurs une anecdote très savoureuse à ce sujet.

 

On pourrait regretter de ne pas voir d’archives de Gabin ou de Blier évoquant ce génie qui les a si souvent fait se parler. Mais la réalité est que les amoureux du dialoguiste des Tontons flingueurs connaissent déjà ces archives par cœur. Le travail de Sylvain Perret a donc été de ne pas justement tomber dans cette facilité et de nous emporter dans un Michel Audiard plus intime, travaillant sur plusieurs films à la fois dans un niveau de confort qui ferait rêver certainement les auteurs d’aujourd’hui.

Oui mais voilà, les dialoguistes d’aujourd’hui n’ont pas leur nom encadré au générique et comme le dit un des témoins du documentaire, les spectateurs allaient voir un film rien que parce qu’il savait que Michel Audiard en avait écrit les dialogues.

Un très beau documentaire donc, sous forme de portrait sensible, drôle et parfois tragique de celui qui est aujourd’hui loué parmi les plus grands quand il fut insulté par les critiques de la Nouvelle Vague.

Mercredi 14 octobre – 14h30 – Institut Lumière Salle 2

Le terminus des prétentieux de et en présence de Sylvain Perret

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À très bientôt

Lionel Lacour

samedi 3 octobre 2020

Lumière 2020 : Un documentaire sur « Les Rapaces » de Von Stroheim

 


Bonjour à tous,

Pour la troisième année, Claudia Collao présente un documentaire au Festival Lumière. La réalisatrice aime les histoires secrètes, les mystères. Après Le mystère Greven puis son documentaire sur Hedy Lamarr, elle revient avec Hollywood maudit – Les rapaces présenté le jeudi 15 octobre à 14h30.

Tous les cinéphiles s’intéressant aux débuts du cinéma hollywoodien savent combien le film de Stroheim constitue un monument du cinéma dont seul un montage largement amputé est visible. Claudia Collao décide de raconter cette histoire en trois actes autour d’une rivalité entre deux hommes dont le destin tourne autour de ce film, le producteur Irving Thalberg et le cinéaste-acteur Erich von Stroheim.  Après une présentation des protagonistes, le documentaire en vient au tournage du film et de ses quasi 9 heures initialement montées ! Puis le documentaire se prolonge sur l’accueil et la destinée de ce très long métrage.

Nourri d’archives nombreuses, d’images du film conservé ou de photos de tournages des plans disparus, le documentaire a également recours à des intervenants américains, dont celui ayant réussi comme français dont certains sont des fidèles du festival Lumière comme Pascal Mérigeau ou Antoine Sire.

Au-delà du récit autour du film de Stroheim, Claudia Collao nous emporte dans un Hollywood en transition entre le système des studios au fonctionnement encore artisanal » et celui devenu des machines à faire de l’argent en produisant des films industriellement. Et c’est bien l’intérêt du documentaire que de croiser les destins d’individus comme Thalberg et Stroheim avec celui de la machine à rêve que devenait Hollywood en ce milieu des années 20, faisant du cinéma une industrie intégrée et prospère, complètement inscrite dans la croissance économique des USA post première guerre mondiale.

Artistiquement, la réalisatrice laisse deviner aux spectateurs combien le cinéma qui allait devenir celui dont Ford, King et d’autres allaient s’emparer dans les années 30, un cinéma plus authentique et en phase avec la crise suivant le kach de Wall Street en 1929, se retrouvait déjà dans Les rapaces. Mais comment parler de gens vivant dans la misère en 1924 – 25 quand le rêve américain se transposait sur grand écran à coups de « happy ends ».

Jeudi 15 octobre – 14h30 – Institut Lumière Salle 2

Hollywood Maudit - Les Rapaces (2020, 52min)  de  et en présence de Claudia Collao

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À très bientôt

Lionel Lacour

samedi 26 septembre 2020

Lumière 2020 - « Yves Robert, le cinéma entre copains » et redécouvrir un cinéaste français majeur.

 

Bonjour à tous,

Ce n’est pas la première fois que Jérôme Wybon vient au Festival Lumière. Il avait accompagné son documentaire sur Jean-Paul Rappeneau en 2017. Il revient cette année pour un documentaire sur Yves Robert,
le réalisateur de La guerre de boutons disparu en 2002.

Centré autour du célèbre diptyque Un éléphant ça trompe énormément et Nous irons tous au paradis, le documentaire s’appuie sur des témoignages très variés, de critique de cinéma, d’artistes ayant travaillé avec lui ou lui s’en inspirant mais aussi de son fils, agrémenté d’archives dont une interview formidable donnée par Yves Robert pour la télévision.

Jérôme Wybon ne fait pas une biographie classique, chronologique. En déstructurant la carrière du cinéaste pour la jalonner par ces deux films rassemblant Rochefort, Brasseur, Bedos et Lanoux, il donne à comprendre en quoi cet autodidacte a réussi à renouveler le style de la comédie française autour d’acteurs qui allaient exceller auprès des plus grands cinéastes français mais qui n’auront peut-être jamais été aussi bons que dans ses films.

Jérôme Wybon nous livre donc un film présentant  autant le Yves Robert cinéaste que le Yves Robert intime voire engagé jusqu’à produire des films bien plus austères que les siens comme ceux de Godard, sans pour autant jamais renier ses propres ambitions de faire du cinéma divertissant, comme son diptyque autour de Marcel Pagnol.

Et c’est peut-être ce qui ressort de ce documentaire, notamment autour de l’intervention du critique et scénariste Laurent Vachaud. Yves Robert a fait certes des films populaires, des films parfois légers. Mais il a surtout réussi, peut-être parce que Claude Sautet était son meilleur ami, à combiner avec une grande subtilité la comédie aux choses parfois dramatiques de la vie.


Mardi 13 octobre 2020 – 14h45 – Salle 2 Institut Lumière (Villa)

Yves Robert, le cinéma entre copains de et en présence de Jérôme Wybon

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À très bientôt

Lionel Lacour

mercredi 23 septembre 2020

Lumière 2020 - « Jean-Marie Poiré, juste une mise au point » - Lumière sur un cinéaste populaire


Bonjour à tous,

Le samedi 10 octobre à 14h30 sera projeté Jean-Marie Poiré, juste une mise au point à la salle 2 de l’Institut Lumière. Réalisé par Sébastien Labadie, le réalisateur des Visiteurs donne un très long entretien dans lequel il revient sur l’ensemble de sa carrière, de ses débuts jusqu’à ses dernières productions.

Le ton enjoué du cinéaste nous permet de traverser 5 décennies de cinéma français autour de producteurs, cinéastes ou scénaristes qui ont marqué la filmographie populaire. Jean-Marie Poiré livre alors des anecdotes savoureuses autour des films qui ont marqué sa carrière. De la manière dont son père, le producteur Alain Poiré, l’a « initié » à la lecture des contrats à ses succès ou échecs commerciaux.

Sans retenue, Jean-Marie Poiré ne livre pas seulement un témoignage d’artiste mais il rappelle également la difficulté du métier qui fait passer de l’ombre à la lumière aussi vite que de la lumière à l’ombre. Jamais aigri, le réalisateur s’amuse encore à voir les extraits du documentaire mais également les nombreuses archives qui jalonnent le travail de Sébastien Labadie, dont des enregistrements du tournage du Père Noël est une ordure pour lequel il dut imposer sa vision artistique au producteur comme à une partie de l’équipe du Splendid.

Enfin, le documentaire insiste aussi énormément sur les relations humaines qui sont nées de ce demi-siècle de carrière, donnant lieu à des amitiés puissantes, notamment entre Jean-Marie Poiré et Christian Clavier.

Pour découvrir ce documentaire qui démontre que faire des films populaires n’est pas aussi simple que ce que certains peuvent croire, rendez-vous au Festival Lumière 2020 !

 

Samedi 10 octobre 2020 – 14h30 – Salle 2 Institut Lumière (Villa)

Jean-Marie Poiré, juste une mise au point de Sébastien Labadie

Réservation  des places


À très bientôt,

Lionel Lacour

samedi 21 mars 2020

Deux paraboles du rôle de l'État - "Le train sifflera trois fois" vs "Rio Bravo"

 Bonjour à tous
En 1952, le film de Fred Zinnemann, High noon (Le train sifflera trois fois) est un succès populaire et critique. Porté par un Gary Cooper au sommet de sa gloire et par une jeune actrice blonde future princesse monégasque, ce western raconte l'histoire d'un shérif Will Kane (Gary Cooper) qui doit affronter des bandits devant arriver par le train dont celui qu'il avait envoyé en prison et qui revient se venger. Le temps de l'action correspond pratiquement à la durée du film pendant lequel Will Kane demande de l'aide à tous ses administrés qui tous la lui refusent. Même son épouse l'abandonne à son combat face à 4 individus.
Succès colossal donc et Gary Cooper s'inscrit un peu plus encore dans la légende des héros de l'Ouest.
Pourtant, certains trouvent ce film absolument mauvais. Pas techniquement. Pas par le jeu de Cooper puisque ceux qui critiquent High noon font partie de ses amis. Ce que dénoncent Howard Hawks et John Wayne, deux Républicains comme Cooper, c'est ce que fait le shérif. Pour eux, le shérif doit protéger la population et ne doit pas demander à être protégé par elle.

Si bien que quelques années plus tard, Hawks écrira une nouvelle (attribuée à Barbara Hawks McCampbell sa propre fille) partant pratiquement de la même base du film de Zinnemann. Un Shérif arrête un homme pour meurtre, l'emprisonne mais doit faire face aux hommes de son clan qui veulent le libérer. Mais Hawks écrit l'exact inverse de High noon qui se traduit par la réalisation de Rio Bravo en 1959. Le shérif refuse l'aide de tout le monde. Et au contraire de Grace Kelly, une belle blonde (Angie Dickinson) qu'il connaît à peine est prête à risquer sa vie pour le secourir. 


Bande Annonce High Noon
Ces deux films illustrent deux visions de l'État et de son rôle. Film scénarisé par Carl Foreman, bientôt blacklisté pendant le maccarthysme qui sévit à Hollywood, High noon peut proposer une interprétation courageuse. Le shérif est abandonné par la lâcheté de ses concitoyens et doit faire face à un comité qui veut l'abattre. Certains y ont vu un pamphlet anti chasse aux communistes qui sévissait dans les studios. Et au regard des pressions que la production indépendante a subies de la part du Comité des Activités Anti-américaines, nul doute que cette interprétation soit tout à fait valide. Le départ du shérif avec sa femme de Hadleyville sans se retourner peut d'ailleurs s'assimiler aux départs des nombreux artistes ayant fui les USA prêts à les condamner et dont ils n'attendaient plus rien, que ce soit Chaplin, Losey et bien d'autres. High noon dénoncerait donc le maccarthysme. 
Mais la deuxième lecture est plus liée au sens général du film pouvant être lu hors contexte de cette chasse aux sorcières. En demandant de l'aide aux habitants de la ville, c'est une vision de l'administration politique qui est proposée. Le shérif ne renonce pas à son autorité mais en délègue une partie à ceux dont il a la charge. Or il s'agit d'un pouvoir de police. Un pouvoir de sécurité. Celui-là même qui revient à l'État. En demandant de l'aide à ceux qu'il est censé protéger, le shérif cède de son autorité et une part de sa légitimité d'exercer la sienne. Le pouvoir devient de fait moins vertical. Idéologiquement, le film se situe là aussi, au-delà de la parabole contre le maccarhysme, à gauche de l'échiquier politique. Appliqué aux Américains, High noon est assurément un film démocrate.
Bande Annonce Rio Bravo
John Wayne hurla quant à lui à la trahison en voyant ce film. Son anti-communisme était connu de tous et lui-même tourna dans des films maccarthystes comme Big Jim MacLaine d'Edward Ludwig, film lui aussi sorti en 1952. Il est donc probable que Wayne comprit le sens de la parabole et s'en offusqua. Mais Rio Bravo ne se présente pas comme un film maccarthyste. Pas de parabole favorable à une quelconque chasse aux sorcières. En revanche, Hawks trouve en Wayne l'exact inverse de Cooper en tant que shérif.  Si John T. Chance refuse l'aide qu'on lui apporte, c'est qu'il ne veut pas risquer la vie de ses administrés, dont certains sont ses amis. Sa fonction est de protéger et non d'être protégé ni même d'être assisté. Aussi, Pat Wheeler (formidable Ward Bond, un autre Républicain!) qui fait du transport de matériel suggère d'assister Chance qui refuse. Mais Wheeler est tué. L'hôtelier est lui aussi invité à ne pas aider. La belle joueuse de cartes fait tout pour faciliter la vie du shérif mais, malgré sa ténacité, est rabrouée par Chance. Seul Colorado, l'homme de main de Wheeler, arrive à rejoindre le shérif et ses assistants, non sans avoir essuyé un refus initial. Hawks propose donc un film dans lequel l'autorité est verticale. La responsabilité revient à une autorité qui a été déléguée à un homme qui s'entoure d'adjoints mais qui refuse de mêler la population à ses ennuis inhérents à sa fonction. Politiquement, appliqué aux USA, Hawks ne trahit pas ses idées républicaines. Et John Wayne se retrouve pleinement dans ce Rio Bravo qui fut lui aussi un succès tant critique que public.
Le western est donc un genre dans lequel les idéologies politiques sont solubles. Genre privilégié et particulièrement prisé des Américains après la seconde guerre mondiale, il permettait de faire passer des idées et concepts politiques avec beaucoup plus de subtilité qu'un film ouvertement politique et idéologique. 
À très bientôt
Lionel Lacour

jeudi 10 octobre 2019

Lumière 2019 - "Les gens d'un bidonville", une Corée invisible

Bonjour à tous

Dans sa carte blanche, Bong Joon-ho a choisi le premier film de Bae Chang-ho Les gens d'un bidonville. Réalisé en 1982, ce film se plonge dans ce qu'était encore la Corée du Sud à l'heure où ce pays qui allait être désigné comme un des 4 dragons de l'Asie était encore dans une situation économique désastreuse, ne se remettant que lentement d'un conflit fratricide et d'une mise sous tutelle américaine totale.
Et c'est bien parce que ce film témoigne de ce que la Corée du Sud se refusait de montrer au monde, elle qui se donnait comme ambition de devenir un des ateliers du monde occidental avec Hong Kong ou Taiwan qu'il fut interdit de projection en dehors du pays jusqu'en 1988, quand le pays ne pouvait plus cacher grand chose en ayant ouvert son territoire au monde entier de par l'organisation des Jeux Olympiques d'été.
Histoires simples, personnages modestes, le cinéaste filme le quotidien d'un bidonville autour d'un mélodrame familial. Style dépouillé s'intéressant aux détails de chaque situation, Bae Chang-ho gagne ses galons de cinéaste majeur avec 17 films tournés depuis ce premier

mardi 8 octobre 2019

Lumière 2019 - "Liberté, la nuit", un plein retour sur la question algérienne


Bonjour à tous

L'INA a restauré le film de Philippe Garrel Liberté, la nuit projeté en exclusivité pour le festival Lumière. C'est un film devenu rare abordant un sujet que le cinéma français a eu du mal a traité tant les plaies de la guerre d'Algérie ont du mal à se refermer.
Réalisé en 1983, le film de Philippe Garrel n'aborde pas le conflit comme pouvait le faire René Vautier dans Avoir 20 ans dans les Aurès. Il ne s'agit pas d'une chronique de guerre. Le point de vue est celui d'un couple dont l'amour s'éteint, ne partageant semble-t-il plus rien. Et pourtant, ils sont tous les deux de farouches partisans de l'indépendance algérienne, défenseurs du FLN.

Evidemment, le film doit se regarder selon le contexte de l'époque de sa sortie. Présenté à Cannes en mai 1984, la France connaît ses premiers soubresauts dans les quartiers. En 1981, le quartier de

samedi 5 octobre 2019

Lumière 2019 - Quand Émile Cohl donna une âme à ses dessins

Bonjour à tous

pour beaucoup de personnes, Émile Cohl est d'abord le nom d'une école qui forme de futurs graphistes ou designers travaillant plus tard dans tous les domaines, y compris les jeux vidéo. Mais Émile Cohl est d'abord un des précurseurs du film d'animation.
En 2008, alors qu'il a 51 ans, il rejoint la société Gaumont, historiquement la première société de production de cinéma du monde, et réalise de nombreux films d'animation.

Ce sont quelques uns de ces courts-métrages que le Festival Lumière programme en partenariat avec Gaumont qui les a restaurés afin d'en permettre la redécouverte, dont le fameux Fantasmagorie, reprenant ici un titre qui avait fait les beaux jours des spectacles à la lanterne magique et dont les plus

vendredi 4 octobre 2019

Lumière 2019 - "Léviathan", une perle du cinéma français

Bonjour à tous

Léonard Keigel vient présenter son premier film, Léviathanà la salle 2 de l'Institut Lumière le mercredi 16 octobre à 16h15. Réalisé en 1962, il est projeté en exclusivité au Festival Lumière dans une copie restaurée intégralement avant sa ressortie en 2020, distribué par Héliotrope Films.

Après avoir été l'assistant réalisateur de René Clément, Léonard Keigel passe à la réalisation pour Léviathan en adaptant le roman éponyme de Julien Green qui signera d'ailleurs les dialogues du film. Produit par Pierre Jourdan, Léviathan a pour premier rôle Louis Jourdan, acteur français dont la carrière fut quasi exclusivement américaine à la fin des années 40. Son retour au cinéma français au début des années 60 fut marqué par son rôle d'Edmond Dantès dans la version de Claude Autant-Lara du Comte de Monte-Cristo. C'est donc un casting de première classe qui se propose à Léonard Keigel dans ce film noir, marqué par les sentiments à la fois les plus puissants et les plus vils d'un homme, magnifiés par une photographie remarquable de Nicolas Hayer

mercredi 2 octobre 2019

Lumière 2019: "L'âme des guerriers", un autre cinéma néo-zélandais

Bonjour à tous

Le dimanche 13 octobre sera projeté à 22h dans la salle 2 de l'Institut Lumière le film de Lee Tamahori L'âme des guerriers.
Film quasi invisible depuis longtemps, il est proposé dans une version restaurée à partir des négatifs, primé au Festival de Venise et film au succès considérable en Nouvelle Zélande, L'âme des guerriers est un film choc dans un pays qui a longtemps mis sous silence la réalité du sort réservé aux Maoris, peuple indigène de l'archipel, dont beaucoup vivent en situation bien moins favorisée que la population issue de la colonisation britannique.

Avec L'âme des guerriers, nous sommes loin du film néo-zélandais le plus célèbre

"Alice et le maire": un regard sur l'ambition politique?

Bonjour à tous,

Le film de Nicolas Pariser sort donc ce mercredi 2 octobre 2019 et il a déjà fait couler beaucoup d'encre, à Lyon surtout, puisque Alice et le maire, co-produit par Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma, évoque un maire de la capitale des Gaules. Non, il ne s'agit pas de Gérard Collomb comme l'a rappelé avec un humour féroce Fabrice Luchini à chacune des avant-premières du film car le maire évoqué aurait pu être celui de Paris, Toulouse ou

mardi 1 octobre 2019

Lumière 2019 - "Les Princes" déjà classique


Bonjour à tous,

En 1978, à 27 ans, Tony Gatlif réalisait son premier film. Rapidement, il s’est emparé de sujets touchant des héros issus des marges de la société, notamment les gitans. Dans Les princes, son 4ème long-métrage réalisé en 1983, il reste dans cet univers avec un comédien, Gérard Darmon, que le grand public découvrait vraiment un an auparavant dans Le grand pardon et La baraka.

Autour d’une histoire simple, Gatlif dresse des portraits émouvants de gitans sédentarisés et vivant contre nature dans des HLM de banlieue parisienne.

Autour de ces héros qui résistent à conserver leurs valeurs, Gatlif dresse également un tableau de l’état de la société française qui laisse ses banlieues autrefois construites pour

Lumière 2019 - "Memories - retour sur les lieux des crimes": une enquête cinématographique


Bonjour à tous,

À l’occasion de la venue de Bong Joon-Ho au Festival Lumière, le documentaire Memories, retour sur les lieux des crimes réalisé en 2018, produit par La Rabbia et diffusé par OCS, revient sur cette histoire vraie qui fut à l’origine du film du cinéaste Memories of murder réalisé en 2003.

Les admirateurs de Bong Joon-Ho seront comblés par ce documentaire, fait d’interviews du cinéaste lui-même mais aussi de nombreux membres de l’équipe de tournage. En voyageant en Corée du Sud sur les lieux réels des crimes perpétrés, le réalisateur du documentaire, Jésus Castro-Ortega, permet  de saisir ce que peut être la société coréenne et propose de comprendre le travail du cinéaste qui se livre au-delà même des questions cinématographiques.

De ce documentaire ressort aussi une complicité entre les deux hommes qui se connaissent depuis 2006 donnant lieu à d’autres documentaires sur les films de

lundi 30 septembre 2019

Lumière 2019 - "Le temps des nababs" ou le temps d'une certaine idée du cinéma français

Bonjour à tous

Le Samedi 12 octobre 2019 sera projeté à 14h45 deux des huit épisodes de la série documentaire Le temps des nababs réalisés par Florence Strauss.

Les amoureux du cinéma français se régaleront de ces deux épisodes réalisés en 2019, produits par Les Films d’Ici et par le Pacte et diffusés sur Ciné+.

« Les romanesques » et « Les tenaces » parcourent une histoire du cinéma français depuis Les enfants du Paradis en 1945 en prenant l’angle des producteurs les plus représentatifs et les plus importants, ceux qui ont fait du cinéma populaire sous l’angle de la qualité, en prenant des risques parfois

dimanche 22 septembre 2019

Histoire et Cinéma 2019 2020

Bonjour à tous


Organisé depuis 2001 à l'Institut Lumière à Lyon, le cycle de conférences « Histoire et Cinéma » aborde différentes périodes du programme d’Histoire contemporaine du collège et du lycée en montrant combien les films sont des témoins de leur temps. Chaque conférence s’appuie sur de nombreux extraits de films de fiction de l'époque étudiée, sauf séances spéciales. Des commentaires en direct analysent le langage cinématographique utilisé et les idées se trouvant dans les films.

jeudi 19 septembre 2019

Lumière 2019 - "Paper screen: du roman à l'écran", une histoire de cinéma

Bonjour à tous

Mardi 15 octobre 2019 à 14h30 sera projeté dans la salle 2 de l'Institut Lumière le documentaire de Pascale Cuénot (une habituée du festival) et de Léo Boudet. Paper screen: du roman à l'écran est une immersion à la fois théorique et extrêmement concrète de la difficulté d'adapter des romans au cinéma. Car le 7ème art s'est nourri depuis toujours du matériau romanesque que la littérature propose aux scénaristes et le Festival Lumière a régulièrement invité des auteurs de romans dont les œuvres ont été portées à l'écran. Régulièrement des cinéastes ont évoqué leurs envies d'adapter des livres pour en faire un film, à commencer par Michael Cimino lors d'une Master Class devenue légendaire pour les festivaliers ayant eu la chance d'y participer et durant laquelle il évoquait son envie, hélas irréalisable selon lui, d'adapter La condition humaine d'André Malraux.

La force de Paper screen: du roman à l'écran est donc de montrer comment les scénaristes et réalisateurs s'emparent de la littérature pour transformer un récit, roman ou pièce de théâtre, pour en faire une histoire de cinéma. S'appuyant sur de nombreux témoins directs, on découvre ainsi les différentes mécaniques mises en œuvre pour s'approprier la source originale et la transcrire en une œuvre différente, quitte à faire grincer l'écrivain ayant cédé ses droits.

Les exemples raviront les spectateurs puisque nous découvrons comment Coppola, prix Lumière 2019, s'est emparé du livre de Mario Puzzo sorti en 1969 pour en faire une adaptation sortie en 1972 et devenue aujourd'hui plus mythique que le roman lui-même et faisant entrer le réalisateur dans le cercle fermé des monstres du cinéma.

De L'amant de Jean-Jacques Annaud à Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau, les rapports entre scénaristes/réalisateurs et auteurs/livres y sont disséqués avec parfois des conflits pittoresques montrant la difficulté de transcrire en image ce qui est écrit au fil des pages. De ce point de vue, les anecdotes de Jean-Claude Carrière, ayant adapté L'insoutenable légèreté de l'être ou Cyrano de Bergerac sont précieuses pour saisir les spécificités des langages de ces deux arts si proches et si éloignés en même temps.

C'est donc un documentaire formidable qui est proposé aux festivaliers car il permet de saisir en fait la genèse de la création des films puisque plus de 80% des films sont des adaptations d'œuvres pré-existantes.

Paper screen: du roman à l'écran - Mardi 15 octobre 2019 - 14h30 - Salle 2 Institut Lumière
En présence des réalisateurs
Pour en savoir plus sur le documentaire
http://www.festival-lumiere.org/manifestations/paper-screen.html
Informations complémentaires: 04 78 78 1895
Pour réserver en ligne:
Billetterie


À très bientôt
Lionel Lacour

mercredi 3 juillet 2019

Lumière 2019: 3 Parrains pour les 10 ans du Festival

Bonjour à tous,

Le cinéaste Francis Ford Coppola sera donc honoré du Prix Lumière pour les 10 ans du Festival Lumière (11ème édition). Cette information connue depuis le 11 juin dernier a été accompagnée d'une partie de la programmation. Et évidemment, une partie de celle-ci sera consacrée à l'œuvre du géant récipiendaire.

Et quoi de mieux pour satisfaire ses admirateurs que de proposer une nuit entièrement consacrée à ce qui constitue une des plus grandes trilogies de l'Histoire du Cinéma?

Pour ceux, peut-être nombreux qui veulent voir et/ou revoir le destin de la famille Corleone sur très grand écran, l'occasion est unique!

Le samedi 19 octobre 2019 sera donc l'occasion exceptionnelle de voir à la Halle Tony Garnier à partir de 20h30 chacun des opus:

Le Parrain (1972, 2h55)
Le Parrain II (1974, 3h22)
Le Parrain III (1990, 2h42)

Et pour les courageux ayant tenu l'intégralité de la séance (et même pour les autres!), un petit-déjeuner sera offert au petit matin.

Pour les réservations: Evénement Trilogie Le Parrain Festival Lumière

À très bientôt
Lionel Lacour


mardi 25 juin 2019

L'été en Cinémascope à Lyon: le programme de l'Institut Lumière

Captain Fantastic de Matt Ross, mardi 25 juin 2019 - 21h30
Bonjour à tous,

comme chaque année, l'Institut Lumière propose aux Lyonnais et non-Lyonnais de partager des séances de cinéma en plein air et gratuitement. 
Entre cinéma récent et cinéma du patrimoine, la programmation expose une variété de films qui devrait satisfaire tous les publics, du blockbuster comme Jurassic world : fallen kingdom de 2018 à L'homme qui tua Liberty Valance de 1962 en passant par l'éternel L'aventure c'est l'aventure de 1972. 

Les séances ont lieu les mardis de l'été à 21h30 Place Ambroise Courtois et la soirée d'ouverture offrira Captain Fantastic, le film de Matt Ross réalisé en 2016 avec un génial Vigo Mortensen, à découvrir forcément en famille!

Attention cependant, tous les films étrangers seront présentés en VO sous-titrées.

Vous pourrez connaître tout le programme en allant sur la page du site de l'Institut Lumière lui étant consacrée: L'été en cinémascope.


Bel été cinématographique à Lyon!

À très bientôt
Lionel Lacour

jeudi 28 mars 2019

Festival 24: La master class de Rachid Bouchareb en ligne!


Bonjour à tous

Le mardi 12 mars, Rachid Bouchareb a donné une formidable master class dans le cadre du Festival 24 - Justice & Cinéma.
Une occasion de comprendre comment un cinéaste s'empare d'histoires et de l'Histoire pour raconter ce qui lui semble juste de dénoncer ou de rappeler.
Un très beau moment que je vous propose de partager sur ce lien produit par le service audiovisuel de Lyon 3, et réalisé par Philippe Topalian:


À très bientôt
Lionel Lacou

jeudi 21 février 2019

Festival 24: Rencontres avec Rachid Bouchareb

Bonjour à tous,

La journée du 12 mars 2019 sera largement consacrée à Rachid Bouchareb pendant le Festival 24 - Justice & Cinéma.

À 14h30, une Master Class à l'Auditorium Malraux avec le réalisateur de Indigènes permettra d'aborder avec lui pourquoi et comment il aborde les questions de droit dans ses films, que ce soit en 2010 avec Hors la loi, ou en 2014 avec son remake du film de José Giovanni Deux hommes dans la villes en le transposant aux États-Unis et titré en français La voie de l'ennemi. Plus récemment encore, en 2018, il réalisa Le flic de Belleville avec Omar Sy, une sorte d'hommage au Flic de Beverly Hills de 1983.
Rachid Bouchareb évoquera également ses influences cinématographiques, les cinéastes qui l'ont inspiré et ses films sur la justice préférés.

À 16h30, Rachid Bouchareb présentera ensuite un de ses films à l'Institut Lumière: London river.
Réalisé en 2009, le film traite des attentats commis en 2005 à Londres dans les transports en commun perpétrés par des membres d'Al Qaida. Si ces événements sont l'arrière plan permanent du film, le cinéaste s'attarde sur le sort de parents que tout oppose et dont les enfants ne donnent plus de signe de vie depuis les explosions des bombes. En suivant toute la procédure judiciaire de l'immédiate après attentat, Rachid Bouchareb se place du point de vue des victimes collatérales et en profite pour donner une vraie proposition d'harmonie entre des individus de cultures différentes.
Le film sera suivi d'un échange avec le réalisateur,  Eric Carpano, professeur de droit public à l'Université Jean Moulin Lyon 3 et David Vallat, auteur du livre Terreur de jeunesse racontant son parcours d'ex Jihadiste.

Les inscriptions sont ouvertes:

Master Class Rachid Bouchareb:
Auditorium Malraux - entrée gratuite - 16 rue Rollet - Lyon 8ème
réservation en ligne

London river
Institut Lumière - Tarif habituel de la salle - Rue du Premier Film - Lyon 8ème
réservation en ligne

À très bientôt
Lionel Lacour

vendredi 15 février 2019

Festival 24 - Justice & Cinéma: la programmation dévoilée

Bonjour à tous.

Le programme du Festival 24 - Justice & Cinéma organisé par la Faculté de droit de l'Université Jean Moulin Lyon 3 et dirigé par Cinésium est enfin en ligne.

Vous pouvez d'ores et déjà consulter le programme et retirer vos places sur le site suivant:
Fac de droit

Toutes les séances sont présentées et suivies d'un débat.

Vous pourrez également assister à des nouveautés avec la Master Class de Rachid Bouchareb ou la projection du premier épisode de la saison 1  de la série Gomorra.

Teaser du Festival 24



Toutes les séances à l'Auditorium Malraux sont gratuites mais en réservant vos places.
 Et les 3 séances à l'Institut Lumière sont au tarif habituel de la salle.


À très bientôt
Lionel Lacour


vendredi 16 novembre 2018

"Quand le cinéma rencontre la Grande Guerre" à l'Institut Lumière - 28 novembre 2018

Bonjour à tous

Mercredi 28 novembre, je serai à l'Institut Lumière à 19h pour une conférence consacrée à la représentation de la Première Guerre mondiale vue par le cinéma.
La production de films consacrés à la Grande Guerre est considérable et ce dès le conflit. La conférence ne pourra évidemment pas être exhaustive tant il y a de films. Mais elle aura pour objectif de montrer les évolutions de représentations de ce conflit, tant dans l'esthétique abordée que dans les messages apportés par les cinéastes, se servant parfois de cette guerre comme d'un support pour faire passer leurs idées politiques ou sociales.

À l'issue de la conférence, je présenterai le film de F. Borzage L'adieu aux armes réalisé en 1932 et présenté dans sa version restaurée. Une occasion de redécouvrir ce film dans sa version intégrale, lui qui avait été censuré à partir de 1934 et de l'application du code Hays!

PACK Conférence "Quand le cinéma rencontre la Grande Guerre" + L'adieu aux armes
Mercredi 28 novembre - 19h - Institut Lumière
Réservation

À très bientôt
Lionel Lacour




vendredi 9 novembre 2018

Festival 24 : Le nouveau Festival Justice et Cinéma de Lyon

Bonjour à tous,

En 2010, je créais les Rencontres Droit Justice et Cinéma que j'allais diriger pendant 5 ans. Organisées par l'Université Jean Moulin - Lyon 3 et le Barreau de Lyon, ces Rencontres permirent des moments formidables, avec des conférences mémorables, comme celle avec Robert Badinter sur le thème de "L'instant criminel au cinéma" ou celle avec le réalisateur Christian Carion qui nous permit de mieux comprendre l'approche d'un cinéaste sur les questions juridiques et judiciaires.

C'est avec un immense plaisir que je vous annonce qu'en 2019, ces Rencontres s'appelleront désormais le Festival 24 - Justice et Cinéma et seront co-organisées par la Faculté de droit de l'Université Jean Moulin - Lyon 3 et par Cinésium.

Pourquoi 24?

Parce que le monde de la Justice à Lyon est symbolisé par ce nombre, celui du nombre de colonnes du palais de justice situé dans le Vieux Lyon, celui qui fut le réceptacle du procès de Klaus Barbie, premier procès filmé de l'Histoire en France.
Parce que le cinéma se lit en 24 image par seconde depuis tellement longtemps.
Parce que 24 est aussi un nombre qui rappelle beaucoup de lois ou de principes juridiques qui seront égrainés régulièrement!

Un festival grand public
Ce festival a pour objectif de s'ouvrir à tous les publics même si les étudiants sont particulièrement visés. L'objectif est évidemment de permettre une meilleure compréhension de la justice et de l'application des lois mais aussi d'en identifier parfois les dysfonctionnements ou les failles juridiques existantes.
Chaque séance sera accompagnée de spécialistes: cinéaste, juriste, magistrat, journaliste, universitaire. Il ne s'agira pas de seulement vérifier la véracité des propos tenus dans les œuvres mais bien d'en expliquer pourquoi elles véhiculent ces images auprès de spectateurs qui sont aussi des citoyens.

Un festival qui s'ouvre au-delà du cinéma
Ce sera une des nouveautés. En proposant d'évoquer les séries et de s'ouvrir davantage encore aux documentaires,  le Festival 24 montrera que le sujet de la justice irrigue toute la création audiovisuelle.

Une journée dédiée aux professionnels
Parce que l'image est partout, notamment grâce aux moyens technologiques de plus en plus performants, grâce au numérique et à l'ultra connexion, cela implique des nouvelles pratiques, de nouveaux usages et une législation qui les accompagne et qui parfois sanctionne les contrevenants. Une journée sera dédiée aux professionnels tant du droit que de l'image pour faire un point dessus.

Devenir partenaire
Si vous souhaitez que votre entreprise accompagne cet événement ambitieux et citoyen, nous vous proposons plusieurs formules de partenariat.
En cliquant sur l'image suivante, vous découvrirez également le préprogramme (sous réserve) du prochain Festival 24





À très bientôt
Lionel Lacour
Directeur du Festival 24


lundi 22 octobre 2018

Lumière 2018: Netflix et le cinéma de demain

Bonjour à tous,

les deux derniers Festivals de Cannes avaient été l'occasion d'un débat enflammé entre les amoureux des projections des films sur grand écran et ceux qui ne voyaient l'avenir de la production audiovisuelle de moins en moins en salle, de plus en plus sur des écrans personnels. Et de fait, les productions des films par des plateformes audiovisuelles étaient rejetées de la programmation par les premiers tandis que les seconds dénonçaient une forme d'ostracisme anachronique. Or, en septembre 2018, voilà qu'Alfonso Cuarón recevait le Lion d'or au Festival de Venise pour son film Roma produit par Netflix, qui n'avait pas été sélectionné justement à Cannes. De quoi raviver le débat et mettre un peu plus les choix de Cannes sur la sellette.

Pourtant, un mois plus tard, du 13 au 21 octobre, ce même Alfonso Cuarón est l'un des invités principaux de la 10ème édition du Festival Lumière à Lyon, dirigé par Thierry Frémaux, celui-là même qui dirige le Festival de Cannes. Et les spectateurs lyonnais ont pu alors découvrir en avant-première le film de Cuarón lauréat de Venise. Tout ceci pourrait paraître étrange, une sorte de reculade ou de retournement de veste. Or à bien y regarder, la programmation de Roma s'insère dans une programmation beaucoup plus subtile qu'il n'y paraît, avec un enjeu à plusieurs volets.

Tout d'abord, Roma n'était pas le seul film de Cuarón à l'affiche du Festival Lumière qui est un événement faisant la promotion du cinéma classique international. Ainsi, c'est une rétrospective de la filmographie du réalisateur mexicain qui a été proposée aux festivaliers, avec notamment Gravity ou Y tu mamá también, ainsi qu'une Master Class lui étant consacrée. Roma apparaît donc non pas comme une continuité de canal de diffusion des films de Cuarón sur une plateforme audiovisuelle numérique mais plutôt comme une évolution d'exploitation mais aussi de production d'une œuvre filmique chez le cinéaste. J'y reviendrai plus tard.

Ensuite, Roma ne fut pas le seul film produit par Netflix a bénéficié de la programmation du Festival Lumière. En effet, le film The other side of the wind, inachevé par Orson Welles, a été finalement produit par Netflix qui en a financé le montage définitif et la promotion. Ce à quoi a été rajouté la production d'un documentaire au sujet de l'histoire de ce film et intitulé They'll love me when I'm dead réalisé par Morgan Neville en 2018. Or ces deux films, celui de Welles comme le documentaire, ont été projeté dans des salles combles.

Ce qui se passe en temps réel et sous nos yeux est donc une sorte d'accélération du temps, faisant de Netflix un acteur désormais obligatoire de la production cinématographique, obligatoire et même nécessaire. Le plus drôle vient alors du fait que Netflix ait été conspué à Cannes par des contempteurs qui poussaient le directeur du Festival à ne pas sélectionné un film Netflix puisque son exploitation aurait eu lieu hors salle. Et cet argument est entendable pour qui aime l'expérience cinéma, c'est-à-dire en salle, l'essence même du cinéma depuis ses origines. Mais si Cannes, Festival de films inédits, a repoussé Netflix, c'est à Lyon et au Festival Lumière que la puissante plateforme a projeté ses programmes sur des grands écrans, sans être critiquée ou huée par quiconque. Quel paradoxe que de voir la mutation numérique trouver une sorte de reconnaissance, ou au moins une acceptation, dans un festival de films du patrimoine!

Ainsi, voici Netflix vilipendé à Cannes, récompensé à Venise et adoubé à Lyon. La réalité est que la venue sur la scène de la production cinématographique de Netflix, mais aussi des autres entreprises du secteur numérique, correspond non pas à l'éviction du modèle traditionnel mais à une mutation avec laquelle le cinéma devra faire avec, au risque de bouleverser un équilibre toujours mouvant reposant sur la chronologie des médias. En produisant ses propres films, avec des cinéastes de renommée internationale, Netflix contourne les limites lui interdisant de programmer des films récents avant un certain temps, celui de l'exploitation en salle, puis en DVD/BluRay/VOD, puis sur les chaînes payantes, puis gratuites. Ainsi, Netflix se crée son propre catalogue d'exclusivité filmique, en plus de celui qu'il s'est constitué avec les films du patrimoine, ce qui correspond d'ailleurs à ce qui était le cœur de métier de la plateforme quand elle n'était qu'un loueur de VHS/DVD!

Netflix entraîne avec lui des concurrents mais aussi et surtout des spectateurs de plus en plus nombreux qui consomment des films et des séries sur tablette ou pc. En intégrant des films produits par Netflix au Festival Lumière, Thierry Frémaux entérine de fait une situation qui s'impose dans le milieu du cinéma: Netflix a besoin de contenus audiovisuels pour satisfaire la demande de ses abonnés. Ces contenus passent par des films classiques mais aussi par des nouveautés et des exclusivités. Si on peut comprendre que ce modèle puisse être répulsif pour les anciens acteurs de la production cinématographique comme pour les puristes de la salle, il serait vain de le rejeter définitivement car le sens de l'Histoire du cinéma passe non par la suppression de la salle mais par l'acceptation qu'il puisse y avoir plusieurs modes d'apprécier ou de voir des œuvres cinématographiques. Certains continueront à ne voir les films qu'en salle, d'autres préféreront les voir confortablement (ou pas) chez eux, d'autres encore auront une attitude hybride, regardant des films en salle ou par leur abonnement.

Ainsi, l'arrivée de Netflix sur le secteur de la production cinématographique ressemble furieusement à ce qui était arrivé avec l'avènement de la télévision dans les années 1950: la crainte de la baisse de la fréquentation des salles et des réponses techniques (le cinémascope par exemple) pour la maintenir. Depuis bien longtemps, les chaînes de télévision co-produisent ou financent les films de cinéma pour bénéficier d'une première exploitation face aux chaînes concurrentes. Parfois même elles financent leurs propres programmes de prestige, comme par exemple Canal Plus avec par exemple Le bureau des légendes dont la 4ème saison débute aujourd'hui. Netflix se cale sur le même modèle. À ceci près que ce modèle s'inscrit à la fois dans la technologie numérique et dans une logique transnationale. Netflix fait donc peur par le caractère hégémonique qu'il peut incarner, représentant comme d'autres grandes entreprises une sorte de symbole de la mondialisation écrasant toute forme d'originalité culturelle.

Vouloir empêcher voire interdire Netflix comme partenaire du cinéma est strictement suicidaire car il dispose des moyens financiers pour attirer à lui les plus grands cinéastes. Mais si les chaînes de télévision qui pouvaient menacer le cinéma pouvaient être contrôlées à l'échelle nationale, la réponse à apporter pour intégrer Netflix dans une chaîne vertueuse de production et d'exploitation des films passe par une réflexion à échelle internationale et sûrement par une redéfinition de la chronologie des médias. Le chantier est donc à la fois ouvert, formidable, terriblement compliqué mais fatalement nécessaire pour que les partenaires historiques de la production de films continuent d'exister et d'apporter leurs spécificités aux spectateurs cinéphiles. Si le Festival Lumière a pu permettre de comprendre cette nécessité, c'est déjà un pas en avant non négligeable.

À très bientôt
Lionel Lacour

mercredi 10 octobre 2018

Lumière 2018: "Walkover", une jeunesse polonaise

Bonjour à tous

en 1965, Jerzy Skolimowski réalisait Walkover, son deuxième long métrage, dans lequel il joue lui même le rôle d'Andrzej, personnage récurrent de ses premiers films. Le festival Lumière l'a donc programmé en avant première de sa ressortie (prévue en 2019) et il sera projeté à l'Institut Lumière le mercredi 17 octobre à 18h15.

Le film vaut tant pour la forme que pour ce qu'il raconte, notamment de la société polonaise de ces années 1960. La forme tout d'abord. Avec 28 plans seulement, Skolimowski réussit une vraie prouesse pour raconter une histoire riche en

mardi 9 octobre 2018

Lumière 2018: "Olivia" ou le film d'une intruse

Bonjour à tous

Dimanche 14 octobre à 22h sera projeté à l'Institut Lumière salle 2 le film de Jacqueline Audry Olivia. Réalisé en 1951, ce film n'a comme rôles principaux que des femmes dont l'immense Edwige Feuillère dans le rôle de Mademoiselle Julie, nommée d'ailleurs aux BAFTA pour son interprétation pour ce rôle.
Il s'agit du 5ème film de la réalisatrice qui commença par une adaptation de la comtesse de Ségur, Les malheurs de Sophie en 1946.

Lumière 2018: "FTA", un documentaire sur Jane Fonda, militante anti-guerre du Vietnam


Bonjour à tous

En 1972, Jane Fonda est désormais une des plus grandes stars du cinéma mondial. Elle a joué pour René Clément avec Alain Delon dans Les félins, avec Arthur Penn pour La poursuite impitoyable, avec Sydney Pollack pour On achève bien les chevaux.
Dès 1971, elle participe à une tournée aux USA avec l'acteur Donald Sutherland, son partenaire dans Klute d'Alan J. Pakula,  se rendant avec d'autres artistes militants de garnisons militaires en garnisons militaires, d'abord aux USA puis dans les bases du Pacifique avec un slogan: "FTA", abréviation aux multiples significations, allant de "Free THeater Associates" à "F*** The Army".


Lumière 2018: "In the tracks of Alexandre Desplat"


Bonjour à tous

Alexandre Desplat fait partie de ces compositeurs très prolifiques pour le cinéma et travaillant pour des cinéastes de tous les horizons. De Roman Polanski à Jacques Audiard en passant par George Clooney, Gilles Bourdos, Stephen Frears et tant d'autres encore. 
Dans In the tracks of Alexandre Desplat, Pascale Cuénot nous fait découvrir la passion qui anime ce compositeur, deux fois oscarisé (pour The grand Budapest hotel de Wes Anderson et The

Lumière 2018: Master class ' Evolution de la restauration du son" des films classiques

Bonjour à tous

depuis que le Festival Lumière existe, la société Gaumont propose chaque année une Master Class consacrée à la restauration des films. Il faut dire qu'en étant née la même année que le cinéma, Gaumont est certainement une des entreprises ayant le catalogue le plus important au monde.

Les années précédentes ont permis aux festivaliers, aux passionnés par la technique cinématographique et aux étudiants en cinéma ou audiovisuel de mieux comprendre tous les enjeux

jeudi 4 octobre 2018

Lumière 2018 - "Rien n'est jamais gagné": un portrait du producteur Jean-Louis Livi

Bonjour à tous

Jeudi 18 octobre sera projeté pendant le Festival Lumière Rien n'est jamais gagné dans la Villa Lumière.  C'est un documentaire qui touchera tous ceux qui aiment les coulisses de la production des films ou pour ceux qui souhaitent comprendre le miracle du cinéma, celle de la genèse d'une œuvre.
Avec Rien n'est jamais gagné, Philippe Le Guay, réalisateur de Le coût de la vie ou de Alceste à

mercredi 3 octobre 2018

Lumière 2018 - Redécouvrir Peter Bogdanovich:"One day still yesterday"

Bonjour à tous

Peter Bogdanovich sera certainement l'un des invités majeurs du dixième Festival Lumière. Et sa venue sera accompagnée d'une programmation de ses films mais aussi d'un documentaire lui étant consacré, One day still yesterday, projeté le vendredi 19 octobre 2018 à 14h45 à la Villa Lumière (Salle 2 de l'Institut Lumière).

Quand Bill Teck réalise en 2014 ce documentaire, au sous-titre révélateur (Peter Bogdanovich et le film perdu), il revient sur la deuxième partie de carrière d'un cinéaste culte des années 70