vendredi 1 décembre 2017

"12 jours": l'art assez vain du cinéma photographique

Bonjour à tous

Ce mercredi 29 novembre est sorti le nouveau documentaire de Raymond Depardon, tourné entièrement dans l'hôpital psychiatrique du Vinatier, près de Lyon. Plusieurs mois de tournage pour filmer ce que peu de monde a pu voir. Ce moment désormais obligé par la loi de valider par un juge un placement en hôpital psychiatrique.
Depardon est d'abord un photographe. Mais s'il sait utiliser un dispositif cinématographique, s'il fait pourtant du cinéma par exemple par l'utilisation du format "scope", la question est bien de savoir s'il est véritablement un cinéaste au sens classique.

Ainsi, son format large, incongru pour filmer des entrevues entre un interné, son avocat et un juge, prend tout son sens quand il filme les séquences placées entre chacun des entretiens. Plan séquence dans les couloirs d'hôpital devenu labyrinthe, plan sur un hospitalisé fumant à l'extérieur de sa chambre, plan sur les extérieurs de l'hôpital sous la brume...

Bande Annonce:


Pour ce qui est du contenu propre, Depardon propose une série d'entretiens qui sonnent comme autant de portraits d'internés ayant des profils tous différents, étant hospitalisés pour des motivations différentes. On peut frémir à l'idée que certains puissent un jour sortir de cet hôpital. On peut aussi redouter d'être soit même victime d'un internement non consenti. Mais ce qui ressort de ces multiples séquences, c'est bien le rôle du juge des libertés et de la détention dont la présence est liée à l'obligation faite par la loi du 27 septembre 2013 imposant à la justice de vérifier sous 12 jours la conformité d'un internement sans consentement en hôpital psychiatrique. Or ce que le spectateur peut ressentir est bien une certaine gêne. En effet, dans tous les exemples proposés, le juge valide l'internement, se déclarant, et c'est bien légitime, incompétent dans le domaine de la médecine, et ne jugeant que par le respect de la procédure mise en œuvre pour l'internement. Et si la présence de l'avocat de l'interné semble faite pour protégé ce dernier, il apparaît manifeste que celui-là découvre le cas de celui-ci presque au dernier moment. Et que la plupart du temps, il ne fait que confirmer le dossier et la décision du juge.
Le spectateur ne peut donc être que troublé car il comprend que seul un vice de procédure peut faire ressortir un interné. Et que s'il y a appel de la décision, comme il y est fait mention, cet appel ne semble pas reposer sur une possible contre-expertise médicale. Et c'est bien ce qui peut surprendre. Car en aucun cas l'idée d'un internement abusif n'apparaît - même si les cas présentés laisse penser que ces internements ne sont pas abusifs. Quid d'une procédure parfaitement légale dans la forme mais fausse quant à la motivation?

Depardon filme donc ces internés mais aussi les juges. Ils sont peu nombreux à se succéder à l'écran et des personnalités différentes apparaissent. Si chacun lit ou s'appuie sur le même droit, cela n'empêche pas une approche différente des cas qui sont présentés. En revanche, un point commun surgit à l'écran. Tous les juges, hommes comme femmes, jeunes ou plus expérimentés, s'adressent aux internés avec un vocabulaire technique et élaboré souvent incompréhensible pour ces personnes. On rit à les entendre demander de répéter ce qui a été dit, pour comprendre. On devance même parfois ces demandes. Mais après le rire, c'est bien les difficultés de communication de la justice vis-à-vis des justiciables qui se posent. Car si les spectateurs comprennent ce que disent les juges dans ce film, ils se projettent très facilement dans le fait que, dans d'autres circonstances, ils pourraient être dans la situation des internés. Cette rupture de niveau de langue, malgré quelques efforts des juges pour mieux se faire comprendre, est manifestement aussi un problème pour la compréhension d'une décision de justice. Et à l'écran, les juges deviennent des détenteurs de pouvoirs autres que ceux de leur seule fonction. Ils sont les "sachants" dépositaires du droit, validant des décisions d'autres "sachants" dont le vocabulaire peut sembler tout aussi incompréhensible pour les personnes qui se sentent victimes de ces internements.

Depardon filme mais il ne donne pas son point de vue. Il n'est pas celui qui interroge les internés. Tel un photographe mais au dispositif plus ambitieux, plus lourd, plus présent, il témoigne de ces audiences réalisées dans l'hôpital psychiatrique. Certes certains peuvent prétendre que le point de vue de Depardon passe par le montage, par l'assemblage des différents cas, allant de cas plus légers à des cas parfois très lourds, ayant entraîné des meurtres. Cette progression serait alors là pour justifier les décisions finales des juges, dont la validation des internements demandés et confirmés par les autorités médicales contribuerait à la protection de la société comme des internés?
Pas si sûr. Les séquences intermédiaires, accompagnées magnifiquement par la musique d'Alexandre Desplat,  présentent des internés dont l'humanité semble être réduite du fait de la réduction de leur liberté. Reprenons, un labyrinthe, une femme chantant seule, un homme fumant seul... Ils sont filmés comme des animaux en cage, incapable de pouvoir sortir du lieu où ils sont enfermés. Développant des tocs. Déprimant par des comportements dépressifs. Un autre plan, très cinématographique encore nous laisse à l'extérieur d'une salle de repos et de laquelle semble sortir des cris, des relations violentes. Le son "off", hors champ, est très présent dans ces séquences intermédiaires. Il y aurait donc une vie dans ces hôpitaux mais nous n'y avons pas accès. Et là, que veut nous dire Depardon? Que les internés sont davantage des prisonniers que des malades ayant vocation à être soignés, guéris puis à sortir de ces murs?

Peut-être veut-il nous dire tout ça, tout et son contraire, la nécessité d'internés ces personnes pour le bien de la société mais avec la conséquence d'une difficulté énorme à pouvoir les en voir sortir. Ou bien veut-il montrer que la justice fait bien son travail en vérifiant les procédures d'internement, ou alors que la justice est trop distante de celle dont elle est amenée à juger les situations. Ou bien...

Le film de Depardon pose donc un vrai problème, sans compter celui du fait que les personnes internées apparaissent à l'écran quand bien même il est spécifié que leurs noms ont été modifiés.
Le problème est que nous ne savons pas ce que pense le cinéaste Depardon de ce qu'il filme. Que pense-t-il de ces audiences? Les trouve-t-il nécessaires? Les internés, qui sont des citoyens, sont-ils protégés par la loi, par les juges? La réponse est peut-être ailleurs. Depardon n'a pas fait un film. Il a fait un album photographique. Un témoignage de différents cas dans une situation donnée. Ses photographies ont la particularité d'être animées. Avec des images d'illustration que sont ces interludes situés entre chaque photographie mais qui sont les parties artistiques et esthétiques des captations d'audience qui constituent le fond de ses photographies. Sauf que les photographes de guerre, sans avoir besoin de donner leur avis sur les belligérants, illustrent a minima l'horreur de la guerre, avec pour simplifier: "La guerre, c'est mal". Leur point de vue apparaît par l'image ce qui n'est pas le cas pour Raymond Depardon. Lui ne donne pas cette opportunité de savoir ce que nous devrions être amenés à penser de par son œuvre. Quelle morale est dans son film? Quelle théorie peut-on déduire de son travail?
Aussi stupéfiante soient les images qu'il a pu saisir, aussi intéressantes soient-elles, le spectateur ressort d'un tel film avec la sensation d'avoir été un voyeur sans aucune possibilité de se dire quoi que ce soit d'autre que d'être bien heureux que certains restent en hôpital psychiatrique... et heureux de ne pas y être non plus. Ce qui est, au final, tout de même pauvre comme sentiment...

À très bientôt
Lionel Lacour

vendredi 10 novembre 2017

"Carré 35": Histoire(s) cachée(s)

Bonjour à tous,

C'est avec un titre aussi étrange que Carré 35 qu'Éric Caravaca réalise son premier documentaire, présenté au festival de Cannes 2017, avec ce pari incroyable de raconter une histoire de sa famille en imaginant que cela pourrait intéresser les spectateurs n'en faisant pas partie. Pourtant, les spectateurs sont happés par la narration. Ceci est dû à un habile travail tant sur le fond que sur la forme, donnant au réalisateur suffisamment de distance avec un sujet l'impliquant intimement tout en faisant entrer les spectateurs dans la vie de sa famille qui pourrait être leur famille.

Oui, Éric Caravaca avait un sujet en or, sujet que beaucoup auraient peut-être traité sous l'angle de la fiction. Et pourquoi pas? Il choisit néanmoins le mode du documentaire. Mais un documentaire pas linéaire, qui conduit le spectateur à suivre une enquête improbable de la redécouverte d'un membre disparu de la famille du réalisateur: une sœur qu'il n'a pas connue, morte bien avant sa propre naissance et dont il ne reste plus aucune trace: ni photo, ni film. Rien.  Et dont il ignore à peu près tout, du fait du silence - pour ne pas dire du déni - de ses parents. Et le hasard conduit Éric Caravaca à des rebondissements qu'un scénariste de fiction aurait pu écrire pour maintenir un degré de tension et entretenir suspens et mystère, à commencer par la recherche de la tombe de sa sœur Catherine, dans le fameux "Carré 35" du cimétière français de Casablanca jusqu'à une conclusion que certains pourraient appeler "Happy end" mais qui n'en est pas vraiment une. Voici pour ce qui est de la trame du documentaire.

L'aspect universel du film s'appuie donc sur une histoire incroyable. Mais chaque famille peut, si on cherche bien, présenter une histoire propre avec des caractères incroyables. Caravaca a donc su donner à son récit une profondeur autre. D'abord en associant son histoire familiale à un contexte historique. Évidemment, le documentaire est un film personnel et le réalisateur associe à sa propre histoire des faits qui lui semblent sinon correspondre, du moins répondre à une situation proche. À la vie de sa famille, chrétiens de Casablanca pendant le protectorat français au Maroc jusqu'à la décolonisation et même jusqu'après, Caravaca associe des images terribles de cette période de décolonisation avec en voix over les commentaires d'époque contredisant les images présentes à l'écran. Ainsi, le mensonge ou le déni officiel des autorités françaises - relayés par les médias officiels, trouvent un écho avec le mensonge et le déni de la famille Caravaca.
Le documentaire se nourrit de références cinématographiques pour renforcer ce parallèle. Des images de moutons prêts à être sacrifiés pour les rites cultuels musulmans mis en parallèle avec les crimes de guerre perpétrés par l'armée française renvoient aux images d'Eisenstein dans La grève en 1925. Mais c'est peut-être la juxtaposition d'un mensonge d'État, celui des gouvernements français vis-à-vis de la décolonisation du Maroc, au mensonge familial qui est le plus subtil. Jean Renoir, en 1939, dans La règle du jeu déclamait "tout le monde ment, le gouvernement, les journaux, pourquoi voudrais-tu qu nous simples particuliers, on dise la vérité".

C'est donc aussi par la forme que le réalisateur donne un sens universel à son documentaire. Par une vraie écriture cinématographique. Par un recours à des images tournées non en numérique mais avec une caméra super 8, donnant un grain particulier, proche des films 8 mm que son père utilisait pour immortaliser sa famille. Si bien que les images de la maison du Maroc dans laquelle son père, sa mère et sa sœur ont vécu ouvrent le documentaire. Et le grain très fort, qui contraste avec les images nettes et lisses des films numériques, plonge le spectateur dans le doute. Voit-il des images d'archives, car le super 8 renvoie au temps passé, suggérant qu'il y avait alors déjà un mystère? Est-ce un traitement en post-production? Cette confusion à l'image n'est pas un artifice. Elle permet d'être à la fois avec le mystère familial, de mettre de la distance que permettent les images d'archive comme celles sur les exactions de l'armée française, de faire des parents d'Éric Caravaca des parents de leur époque. Y compris dans cette séquence tournée en super 8 montrant le père du réalisateur à l'hôpital. Et cette confusion images d'archives officielles, images d'archives familiales et images récentes tournées en super 8 apportent une explication sociologique et historique à ce secret familial: les parents Caravaca ont porté et supporté un malheur comme sûrement d'autres parents de leur génération, de leur culture, ont pu porter. Peut-être pas de la même manière, peut-être parfois moins dans le déni, peut-être parfois de manière plus brutale.

Éric Caravaca ne juge pas ses parents, ni sa famille. Son témoignage est celui d'un artiste sensible, qui prend en compte un contexte social et sociétal, rappelant comment les enfants malades comme l'était sa sœur étaient perçus par la société, et avec eux leur famille. À l'heure où tant de personnes jugent le passé à l'aune du présent, avoir un film aussi puissant et aussi intelligent pour traiter d'un sujet à la fois si personnel et si universel est une chance pour les spectateurs comme pour le cinéma. Et Caravaca démontre, s'il le fallait encore, que le genre du documentaire est un genre cinématographique à part entière, à condition d'avoir des choses à dire en se servant de ce que seul le cinéma peut apporter: un langage spécifique porteur de sens.

À très bientôt
Lionel Lacour

mercredi 8 novembre 2017

"Prendre le large": film hommage au monde ouvrier?

Bonjour à tous

Mercredi 8 novembre sort Prendre le large, le nouveau film de Gaël Morel. Film ouvertement social, dont le générique commence par des plans sur des métiers à tisser et les tissus qui en sortent, le sujet est ambitieux par les différents points qu'il soulève. Un plan social, des actions syndicales, le reclassement des ouvriers dans un pays à faible coût de main d'œuvre, mais encore l'émigration, le regard sur un pays du Maghreb et son islamisation, mais encore les relations mère-fils, l'acceptation de l'homosexualité du second par la

jeudi 26 octobre 2017

Un site internet pour la légende Gregory Peck

Bonjour à tous

Le Festival Lumière 2017 est terminé mais cela n'empêche pas de revenir sur ceux qui ont fait le cinéma de l'âge d'or d'Hollywood. Et Gregory Peck fait partie de ceux-là.
Pour les Français, il est celui qui joua dans Les canons de Navarone en 1961, dans Moby Dick en 1956 ou encore Vacances romaines en 1953.
Pour les Américains, il est assurément un immense acteur oscarisé pour son rôle d'Atticus Finch dans l'adaptation cinématographique de To kill a mocking bird par Robert Mulligan en 1962 (voir à ce sujet Du silence et des ombres:chef-d'œuvre indispensable).

La carrière de Gregory Peck se caractérise par un éclectisme incroyable, tournant dans des films de guerre comme dans des westerns, des films d'aventures, d'espionnage ou des films plus romantiques.

jeudi 5 octobre 2017

Lumière 2017 - "Le Nouveau monde": pour partager le cinéma d'Art et Essai

Bonjour à tous,

Le cinéma désigne à la fois un art mais aussi le lieu où cet art est visible.
Dans Le nouveau monde, Vincent Sorrel s'attache à montrer combien ces deux acceptions se conjuguent en filmant comment l'association qui gérait le cinéma "Le Méliès" à Grenoble a décidé de construire un nouveau lieu, un nouveau "Méliès", et donc une salle qui s'appellerait "Un nouveau monde".
Le documentaire de Vincent Sorrel suit alors les différentes étapes de cette construction de salle coordonnée par ces passionnés de cinéma, soucieux de partager des films d'auteurs et du patrimoine pour un public ne trouvant pas cette offre dans leur agglomération.
Le film évacue rapidement le fait qu'aucune aide des collectivités locales ne leur a été apportée, pour ne pas faire une concurrence aux autres salles. Une motivation qui ne peut que surprendre tant la ligne éditoriale du Méliès puis du Nouveau monde sont aux antipodes des cinémas commerciaux des multiplex.
Mais Vincent Sorrel a préféré l'aventure de cette construction, tant du point de vue architectural que technique, tant du point de vue de la

lundi 2 octobre 2017

Lumière 2017 - Documentaire sur Carlo Di Palma: un regard sur l'Italie

Bonjour à tous,

Le festival Lumière, comme chaque année, propose des documentaires consacrés à ceux qui permettent aux cinéastes d'obtenir les images, les couleurs et les contrastes de leurs rêves. Cette année, c'est donc autour du grand chef opérateur italien Carlo Di Palma qu'un documentaire sera proposé le Vendredi 20 octobre 2017 à 11h, à l'Institut Lumière (Salle 2 Villa)
Intitulé De l'eau et du sucre, Carlo Di Palma, les couleurs de la vie et réalisé par Fariborz Kamkari, ce documentaire plonge pendant 1h30  le spectateur dans l'Italie de la fin de la Seconde guerre mondiale jusqu'à la fin de la carrière de

jeudi 28 septembre 2017

Lumière 2017 - "La Continental, le mystère Greven" ou le cinéma français sous l'occupation

Bonjour à tous

Découvrir ce documentaire, c'est comme découvrir un pan entier d'une histoire cachée depuis longtemps et que Bertrand Tavernier avait commencé à révéler dans Laissez passer en 2002. C'est donc tout légitimement que le réalisateur français intervient autant comme réalisateur cinéphile que comme historien du cinéma dans ce passionnant documentaire. Car Claudia Collao, la réalisatrice, a trouvé ce qui se fait de mieux comme historiens du cinéma français. Jean Ollé-Laprune et Pascal Mérigeau apportent leurs connaissances mais aussi leurs doutes sur cette période étonnante du cinéma français

Lumière 2017 - "Dans les pas de Jean-Paul Rappeneau", une histoire de cinéma

Bonjour à tous

Le Festival Lumière 2017 projettera le documentaire Dans les pas de Jean-Paul Rappeneau à l'Institut Lumière (salle 2 - Villa) le mercredi 18 octobre à 19h45. Réalisé par Jérôme Wybon, le film propose à la fois un entretien avec le réalisateur de Cyrano de Bergerac et une leçon de cinéma pour les spectateurs.

Toute la filmographie de Rappeneau est abordée par des anecdotes qu'il apporte lui-même ou par

vendredi 22 septembre 2017

Lumière 2017 - "Jean Douchet, l'enfant agité": la passion cinéphilique

Bonjour à tous,

Samedi 21 octobre à 11h sera projeté un documentaire sur le critique de cinéma, mais surtout cinéphile Jean Douchet. Ce n'est pas la première fois qu'un film est consacré à cet historien du cinéma, plume majeure dans Les cahiers du cinéma et grand spécialiste d'Hitchcock, de Truffaut et de tant d'autres. Mais Jean Douchet, l'enfant agité a cette particularité

lundi 18 septembre 2017

Lumière 2017 - Gene Tierney, une star oubliée: une Histoire américaine

Bonjour à tous

Après Et la femme créa Hollywood programmé au Festival Lumière 2016, Clara et Julia Kuperberg reviennent pour l'édition 2017 avec leur nouveau documentaire Gene Tierney, une star oubliée présenté le vendredi 20 octobre à l'Institut Lumière (salle 2 - Villa).

Les amateurs du cinéma de l'âge d'or d'Hollywood ne pourront qu'être ravis de ce documentaire qui s'ouvre sur le témoignage formidable de Martin Scorcese, cinéphile par excellence. Et l'histoire de l'actrice commence, comme par une ouverture de rideaux, avec les affiches de Laura et de Péché mortel de part et d'autre, deux de ses nombreux films, suivant le point de vue de la comédienne par la lecture des quelques extraits de ses mémoires.

Gene Tierney, une star oubliée fait, au travers de l'actrice, un panorama sur ces réalisateurs tyranniques des studios avec qui elle a travaillé, de Fritz Lang à Ernst Lubitsch en passant par John Ford, puis un autre sur les actrices qui comme elle remplissaient les salles de cinéma, de Lana Turner à Marilyn Monroe. Au travers de sa filmographie, on voit sa spécificité d'actrice, dépassant les archétypes des personnages féminins satisfaisant habituellement les fantasmes masculins, "la pucelle ou la putain" comme l'affirme une autre historienne intervenant dans le documentaire.

Mais là où nombre de documentaires biopics se contentent de n'aborder que la partie artistique et personnelle des stars, celui-ci propose une sorte d'Histoire parallèle entre la carrière de l'actrice et son époque, à commencer par la machine hollywoodienne. Ainsi, quand une historienne du cinéma évoque les personnages de femmes exotiques incarnés à l'écran par Gene Tierney, c'est pour ensuite mieux expliquer les stratégies commerciales des majors visant une exploitation internationale avec des comédiens n'étant pas trop typés. Voici comment Gene Tierney pouvait incarner une chinoise comme une orientale: pour répondre à une logique économique, depuis appelé soft power.

Plus encore, c'est une partie de l'Histoire de ces années de seconde guerre mondiale et post-guerre que le film révèle. Par exemple, nous apprenons, images à l'appui, que Gene Tierney, comme d'autres stars, masculines ou féminines, a participé à l'effort de guerre, comme Humphrey Bogart ou John Wayne, en tournant des films de propagande et en soutenant les troupes américaines, comme Thunder birds de W. Wellman en 1942.

Loin des hagiographies, Gene Tierney, une star oubliée permet donc de comprendre, par le prisme d'une actrice dont le nom s'est, comme d'ailleurs tant d'autres à l'instar de Jean Simmons, effacé de nos mémoire, d'appréhender une période de l'Histoire des USA, tant du point de vue culturel, économique que politique. Mais également de comprendre que la machine à rêves que représentait Hollywood était aussi une machine à broyer, qui a fait la fortune des studios comme des institutions psychiatriques californiennes.

Riche d'archives de studios ou privées, avec une iconographie dense, Clara et Julia Kuperberg donnent donc aux spectateurs un documentaire captivant, dans lequel on découvre autant une actrice qu'un âge du cinéma béni par certains. Il donne surtout envie de redécouvrir les films que Gene Tierney a tourné pour John Ford, Mankiewicz, Preminger et tant d'autres!

FILM PRESENTÉ PAR LES RÉALISATRICES
Gene Tierney, une star oubliée de Clara et Julia KUPERBERG
Vendredi 20 octobre - 16h45 - Institut Lumière (Salle 2 - Villa)

À très bientôt
Lionel Lacour

dimanche 17 septembre 2017

Lumière 2017 - "Filmworker": dans l'ombre de Kubrick

Bonjour à tous,

Quand on est un Kubrick addict, le documentaire Filmworker est celui qu'il faut voir absolument. Régulièrement, le Festival Lumière apporte un éclairage nouveau sur ce cinéaste, comme en 2013 quand il recevait son producteur James B. Harris. Pour sa neuvième édition, ce documentaire passionnant présenté par son réalisateur Tony Zierra, vient encore un peu plus satisfaire les fans du réalisateur de The Shining.

Filmworker est le portrait de Leon Vitali, acteur prometteur et

jeudi 14 septembre 2017

"Histoire et Cinéma" à l'Institut Lumière 2017 - 2018

Bonjour à tous


Comme chaque année, je propose un cycle de conférences "Histoire et Cinéma" à l'Institut Lumière, avec cette année des nouvelles séances pour coller au plus près des programmes de collèges et de lycées pour les classes étudiant le monde contemporain.

Le programme de ciné-conférences « Histoire et Cinéma » a pour objectif de montrer combien les films sont des témoins de leur temps. Chaque séance aborde des points des programmes d’Histoire

jeudi 7 septembre 2017

"La journée de la jupe": le diagnostic avant les drames

Bonjour à tous

En 2009, Arte diffusait La journée de la jupe avant sa sortie en salles. Réalisé par Jean-Paul Lilienfeld et avec Isabelle Adjani dans le rôle de Madame Bergerac, professeur de français d'un collège de banlieue, le film avait été accueilli plutôt positivement par les médias sans pour autant pointer forcément du doigt ce que ce film révélait. Le revoir 8 ans après est assez troublant car il porte en lui tous les éléments de l'actualité depuis 2015.

Le recul de l'autorité des enseignants
Le film plonge rapidement dans son sujet: une professeur de banlieue avec une population immigrée majoritaire se fait malmener par les élèves, garçons comme filles. Elle se fait insulter, intimider, humilier mais elle essaie tout de même de

mardi 5 septembre 2017

Etre Blanc et filmer les Noirs: quand le communautarisme envahit l'écran

Bonjour à tous,

Après la sortie du film de Sofia Coppola Les proies et avant celle du film Detroit de Kathryn Bigelow (déjà sorti aux USA), certains noirs prétendus intellectuels montent au créneau. Coppola blanchirait ses personnages pour effacer les noirs du roman et Bigelow serait incongrue en tant que blanche à filmer une révolte de noirs. Voir l'article du Monde "Le débat sur la légitimité de l'artiste à s'emparer de sujets qui échappent à sa culture est effarant"

L'argument n'est pas nouveau aux USA. Depuis que la question des droits civils est abordée par le

lundi 28 août 2017

"Le prix du succès" : La liberté a un prix

Bonjour à tous,

Dans l’intimité d’une voiture, deux frères discutent quand soudain un homme à l’extérieur, apparemment du même milieu qu’eux, demande à parler à l’un des deux : Bahim (Tahar Rahim). Il le filme, communique en direct sur les réseaux sociaux en montrant Brahim dans une situation peu avantageuse et s’énervant quand il lui est demandé d’arrêter. Le décor est alors planté. Brahim est une vedette du stand-up et Mourad (Roschdy Zem stupéfiant de justesse) est son frère, à la fois manager et garde du corps. Mais surtout du genre sanguin. Le film de Teddy

samedi 26 août 2017

"Impitoyable", chef-d'œuvre absolu, à l'Institut Lumière

Bonjour à tous

en 1992 sortait Impitoyable sur les écrans du monde entier.
Réalisé par Clint Eastwood, ce film aux 4 oscars, renouait avec la légende de l'Ouest de la meilleure des manières, sans nostalgie, mais avec un sens inouï de la définition du mythe américain.
Vingt-cinq ans après, l'Institut Lumière de Lyon propose une séance exceptionnelle du film le jeudi 31 août à 20h00 en copie restaurée, le tout présenté par Fabrice Calzettoni, responsable pédagogique de l'Institut Lumière.

vendredi 11 août 2017

La planète des singes - Suprématie: retour vers le futur

Bonjour à tous,

ainsi donc, le 3ème opus de la nouvelle saga Planète des singes est en salles depuis le 2 août 2017. L'attente était grande car le premier volet, La planète des singes - Les origines avait été une merveilleuse surprise réalisée par Rupert Wyatt (voir La planète des singes 2011: le mythe régénéré) et permettait de revisiter l'histoire de Pierre Boulle de manière radicale. Le deuxième volet, La planète des singes - l'affrontement avait été donc le blockbuster de l'été 2014 réalisé par Matt Reeves. Moins surprenant que le premier, il proposait une vision plus sombre de notre civilisation (voir La planète des singes - l'affrontement: parabole du chaos de notre civilisation?). Aussi, la sortie de La planète des singes - Suprématie devait apporter la réponse finale aux spectateurs: comment la planète Terre allait être finalement

mardi 8 août 2017

Djam ou le syndrome du cinéma borgne

Bonjour à tous

Tony Gatlif est un cinéaste du temps présent, des marginaux, et du souffle. Son nouveau film co-produit par Auvergne-Rhône-Alpes-Cinéma, Djam, qui sort le 9 août 2017, ne déroge pas à la règle. Il plante son histoire non pas en Grèce continentale, mais sur l'île de Lesbos, un espace intermédiaire entre Turquie et Europe. Dans un road-movie en boucle, les héroïnes de Djam empruntent le bateau, marchent beaucoup, voyagent un peu en bus et, éventuellement en voiture, suivant, involontairement pour les héroïnes, volontairement pour le scénariste et réalisateur, une partie du trajet suivi par les réfugiés syriens. C'est donc un film "de" et "dans" l'actualité que Gatlif a réalisé. Avec sa force habituelle. Mais aussi et

mardi 1 août 2017

Le cinéma: une autre lecture du XXème siècle

Bonjour à tous,

Au printemps 2008, j'écrivais un article pour la revue Lire au collège (numéro 79 - "Cinéma dans les classes") sur la possibilité d'utiliser le cinéma, tout le cinéma, comme source historique, tant pour la recherche que pour la pédagogie.
En voici la copie:

Le cinéma: une autre lecture du XXème siècle

Bonne lecture et à bientôt.

Lionel Lacour

dimanche 18 juin 2017

Lumière 2017 : Wong Kar Wai honoré, l’Asie s’ouvre à nouveau à Lumière



Bonjour à tous,

Comme chaque année depuis 2009, année du premier prix Lumière qui récompensa Clint Eastwood du prestigieux prix, le jeu des pronostics allait bon train chez tous les cinéphiles. En off, sur les réseaux sociaux, entre amis, chacun y allait de son podium des lauréats potentiels. Comme depuis la première édition il n’y eut jamais deux fois un récipiendaire issu du même continent, il semblait acquis que celui de 2017 ne pourrait être européen. Américain alors ? Pourquoi pas. Mais il y avait un continent qui n’avait pas encore été récompensé malgré une cinématographie reconnue internationalement et de plus en plus influente sur les autres territoires cinéphiles : l’Asie.
Or, si la liste des cinéastes asiatiques est longue, faut-il encore que le réalisateur récompensé réponde à plusieurs des critères qui caractérisent les lauréats du Prix Lumière : importance de l’œuvre, notoriété, influence en dehors de ses frontières. Tous les lauréats y répondaient avec plus ou moins d’intensité. Il fallait donc que celui venant d’Asie en fasse tout autant.

Et Wong Kar Wai surgit sur l’écran de l’Institut Lumière

Ce jeudi 15 juin 2017 fut donc révélé peu avant midi le nom du cinéaste primé. Comme d’habitude, c’est par un jeu de piste imagé que les participants à la conférence de presse annonçant l’essentiel de la programmation du Festival Lumière ont pu voir apparaître quelques images des films du cinéaste. Les plus cinéphiles le reconnurent très vite. D’autres mirent quelques secondes. Et puis tout fut limpide avec les quelques mesures de la bande originale de In the mood for love. C’était lui. Wong Kar Wai s’écrivit en toutes lettres sur le grand écran, sous les hourras des spectateurs qui applaudissaient avec enthousiasme. Wong Kar Wai. Quel autre cinéaste asiatique pouvait mieux que lui répondre aux critères susmentionnés. Bien sûr, d’autres réalisateurs chinois, coréens ou japonais peuvent plaire davantage à des cinéphiles. Mais qui peut prétendre voir un de ses films reconnu par le plus grand nombre par une seule mesure de musique ? Qui a exploré des genres aussi variés tout en construisant un univers et un style aussi identifiable ?

Ainsi, avec Wong Kar Wai, Thierry Frémaux, le directeur du Festival Lumière, ne réparait pas une injustice mais complétait le tableau des lauréats en intégrant dans le panthéon des artistes de cinéma un artiste venu d’un continent éminemment cinéphile. Mais plus que d’ouvrir le festival à l’Asie, la conséquence d’un tel choix ne manquera pas de venir. Que le Festival du Cinéma Classique se tenant dans la ville où est né le cinéma honore un artiste hongkongais, donc chinois, cela ne peut pas avoir des répercussions internationales favorables au Festival Lumière. La puissance du continent asiatique, la volonté de la Chine à être de plus en plus reconnue comme une puissance à part entière, y compris dans le domaine artistique verront dans ce prix une opportunité de s’ouvrir davantage encore. Le Soft power fut théorisé en son temps par les USA comme le moyen de dominer et influencer des territoires non par des armes mais par « The American way of life », comprenant le blue jean, le chewing gum, le coca-cola et bien sûr le cinéma. Wong Kar Wai prix Lumière devient l’équivalent de Eastwood, Tarantino ou Scorcese, cinéastes américains récompensés du même prix.

Clip Prix Lumière 2017:

















Par effet collatéral, c’est bien le Festival Lumière et avec lui, l’Institut Lumière qui pourraient bien aussi profiter à terme de ce choix artistique qui ne souffre d’aucune contestation possible. Si les premiers films Lumière avaient déjà investi le continent asiatique, en Indochine, en Chine ou au Japon, comme le film documentaire Lumière, le cinéma inventé le montre, le choix de récompenser plus de 120 ans après l’invention du cinématographe un réalisateur asiatique pourrait bien rouvrir les portes du continent au nom Lumière. Mais cette fois-ci pas comme le firent les inventeurs du cinéma, en filmant le continent pour en montrer le caractère exotique à une Europe coloniale, mais en universalisant le cinéma sur tous les espaces de la planète, y compris donc l’asiatique, pour en révéler les trésors, parfois oubliés, parfois à restaurer, en les projetant aux spectateurs dans les salles de cinéma.

À la première édition du Festival Lumière, l’ambition affichée de son directeur était de faire du Prix Lumière l’équivalent du « Prix Nobel de Cinéma ». Cette ambition peut être définitivement atteinte car, en primant Wong Kar Wai,, Lumière peut passer de « nom des inventeurs du cinématographe » à « Label universel du patrimoine cinématographique ».


Le reste de la programmation est à retrouver sur www.festival-lumiere.org avec notamment des rétrospectives Henri-Georges Clouzot et Jean-Luc  Godard, un festival Lumière enfant – et une désormais attendue projection du Roi Lion ! – un panorama du western classique par Bertrand Tavernier, un focus sur la cinéaste lyonnaise Diane Kurys, une invitation au cinéaste mexicain Guillermo del Toro et bien sûr d’autres thèmes à découvrir très vite.


04 78 78 18 95

À très bientôt 
Lionel Lacour





dimanche 14 mai 2017

L'Allemagne de Weimar au cinéma: la République mal née

Bonjour à tous,

Mercredi dernier, je donnais une ciné-conférence sur la République de Weimar vue par son cinéma. En voici le compte rendu.

LA RÉPUBLIQUE DE WEIMAR VUE PAR LE CINÉMA, 
LA RÉPUBLIQUE MAL NÉE

Au lendemain de la 1ère guerre mondiale, la représentation du monde le divise entre le mal, symbolisé par des êtres sombres, vivant dans des espaces hostiles et agressant le bien, représentés par des symboles blancs, clairs, lumineux, images de l’innocence ou de la vertu. Cette vision très marquée, très manichéenne, avec des forts contrastes notamment esthétiques, correspond à l'état dans lequel se trouvent l'Allemagne et avec elle, le camp des perdants de la guerre: ce sont des pays ruinés économiquement, traumatisés par les traités de paix dont celui de Versailles, aboutissant notamment à des frais de guerre colossaux et à l'éclatement territorial des pays vaincus. Les arts allaient vite y trouver une forme d'expression correspondant à cette situation, accompagnant par la suite le régime né de la défaite militaire, la République de Weimar. Le cinéma particulièrement, avec des réalisateurs de première importance, sans jamais représenter expressément cette République, témoigne pourtant de l'évolution du pays, de la situation difficile d'après guerre à l'agonie d'une République ne sachant répondre à la crise venue des USA, en passant par une phase d'espérance. 


LA RÉPUBLIQUE DE WEIMAR : NAISSANCE ET ESPÉRANCES
Une Allemagne traumatisée – une identité à reconstruire

Esthétiquement, l’expressionnisme allemand est flamboyant : forts contrastes, forte utilisation des angles saillants, distorsion des perspectives, décors symboliques, ce qui est particulièrement visible dans La cabinet du Docteur Caligari réalisé en 1919 par R. WIENE. Le monde dans lequel vivent les personnages est un monde sans soleil, sans joie, avec des paysages de ronces. L’action évoque des fous, un asile faisant face à d’autres ne l’étant pas. C’est en fait une société de chaos que doit vivre la population allemande. L'expressionnisme permit ainsi de retranscrire l'état psychologique des peuples germaniques après la guerre et la défaite.


Dans Nosferatu de F. W. MURNAU en 1922, le mal vient de l’étranger - suggéré par son arrivée sur un bateau. Le mal est symbolisé par un étranger au physique sec, visage anguleux, yeux exorbités, doigts crochus. Cette description correspond d'ailleurs à celle des êtres mauvais dans l'iconographie traditionnelle. Il est accompagné des rats se trouvant dans le même navire, eux aussi symboles du mal - ils portent les maladies les plus mortelles comme la peste. On y retrouve aussi la symbolique du mal représenté par la couleur noire, les angles aigus et la disproportion, comme l'ombre de Nosferatu quand celui-ci vient s'en prendre à l'héroïne, symbole du bien et de la vertu, forcément représentée en blanc.
Ces deux mondes, celui du mal et du bien, sont séparés (par une fenêtre) mais ils se voient. Et surtout, le mal peut interférer et nuire au bien. L'ombre (forcément noire) de la main de Nosferatu sur le cœur de sa victime montre l'objectif final de l'étranger: tuer la vertu et l'innocence des autochtones...

En 1926, ce même Murnau réalisait sa version de Faust, autre représentation très apocalyptique du monde et donc de la société germanique avec utilisation du mythe de Faust. Plus que dans Nosferatu, il recourt à une utilisation extrême de l’esthétique expressionniste. Le diable couvre le ciel de sa cape noire tandis qu'il fait fort usage des décors symboliques et peu réalistes. Mais la fin est plus optimiste avec le triomphe du bien (les anges sont de blanc vêtus et lumineux) et des valeurs chrétiennes (c'est l'amour des autres qui est plus fort que tout) qui repoussent le diable en dehors de la ville et permet au peuple de retrouver la paix.


Cet optimisme se caractérise aussi par un rapprochement avec l’ennemi d’hier, notamment lors de coproductions franco-allemandes comme ce film, Le chemin du paradis de W. THIELE réalisé en 1930. Mêmes scénarios, mêmes décors, mêmes dialogues, mêmes plans. Juste la langue et les acteurs … et le pas militaire filmé dans une séquence sont différents ! Attention cependant, ce rapprochement franco-allemand est plus du fait du pacifisme français et d’un réel rapprochement franco-allemand de la fin des années 20… Il n'empêche, ces films franco-allemands comme par exemple Allo Berlin? Ici Paris de J. Duvivier  en 1932 manifestent une période moins belliqueuse et revancharde chez les Allemands, malgré la montée en puissance du parti nationaliste d'Hitler.




WEIMAR, LA RÉPUBLIQUE EN CRISE DE LÉGITIMITÉ
De la crise économique à la crise d’autorité

Le réalisateur autrichien G. W. PABST dont une bonne partie de la carrière de cinéaste est allemande, tourne La rue sans joie en 1925  dont l’action se passe à Vienne, en Autriche. Mais les spectateurs sont tout autant Allemands qu’Autrichiens. PABST filme les stigmates de la guerre, comme ce plan avec un unijambiste, victime manifeste de la guerre, usant d'une esthétique encore marquée par l’expressionnisme mais avec davantage de réalisme. Les murs ne sont pas droits, les angles sont encore saillants, les contrastes marqués mais on est loin des décors théâtraux des premiers films expressionnistes. Il dépeint la crise économique avec les difficultés de ravitaillement. La police, dont les membres sont évidemment issus du peuple, fait régner l’ordre au profit des puissants. Ainsi en est-il pour cette file d'attente de personnes attendant de pouvoir acheter de la viande à la boucherie. Tout comme dans Nosferatu, une fenêtre sépare le peuple de ceux qui profitent de lui, comme ici le boucher. Ainsi, pour obtenir de la viande alors qu'il n'y en a officiellement plus, des femmes s'agenouillent pour se montrer au boucher. Elles s'humilient auprès de lui pour obtenir la viande qu'il a cachée - viande à laquelle, de manière très imagée, PABST donne un double sens évident (de la viande contre une faveur sexuelle), montrant de fait que ce monde est pourri par la corruption.
La représentation du mal se fait ici par des figures de personnes grasses (le boucher, une bourgeoise, le capitaliste).  Le capitalisme est le mal et vient forcément de l’étranger. Le spéculateur international s'appelle Canez et il profite du peuple en spéculant sur une grève créée de toute pièce pour pouvoir ensuite acheter les actions à bas prix. La musique jazz jouée dans le restaurant bourgeois accentue l'aspect non germanique de ceux préférant les valeurs non nationales plutôt que de se soucier du peuple. En creux, c'est la non intervention d'autorités publiques pour empêcher ces manœuvres qui vient définir la République de Weimar. Le peuple se trouve livré à lui-même face aux spéculateurs.

Dans Metropolis, F. LANG illustre en 1926 cette même division du monde entre riches et pauvres mais dans un film de science fiction. Les riches sont cette fois ci séparés du monde des pauvres non par une fenêtre mais par une porte. Les mondes ne se voient même plus. Comme les policiers dans La rue sans joie, les domestiques protègent le monde des riches et leur opulence des pauvres dont ils font pourtant partie. On voit ici comment cette société inégalitaire est défendue par ceux qui peuvent obtenir quelques minces avantages sans pour autant faire partie du monde qu'ils défendent. Mais si la jeunesse bourgeoise est oisive et richement vêtue, le peuple lui est au contraire habillé de vêtements fonctionnels et uniformes, les enfants découvrant les merveilles du monde riche contrastant avec le monde bétonné de leur cité souterraine et de l'usine dans laquelle travaillent leurs pères. LANG filme alors des machines devenues des "dieux" tandis que les ouvriers sont assimilés à des esclaves. L'Allemagne de 1926 est donc marquée par des films dénonçant un capitalisme féroce ne permettant pas aux couches populaires d'accéder au bonheur. Cependant, Metropolis finit de manière optimiste, laissant penser qu'un dialogue entre le patron et les ouvriers est possible.


En 1927, F.W. MURNAU tourne L'aurore, son premier film américain. Il plonge le spectateur dans une histoire intemporelle mais dans laquelle toutes les caractéristiques esthétiques et thématiques de la période se retrouvent. Le vampire de son Nosferatu est alors remplacé par une femme tentatrice mais aux mêmes objectifs : détourner les hommes du Bien. Mais cette fois, MURNAU propose une approche à la fois plus réaliste tout en restant poétique et un point de vue de sa société idéale. Il sur-valorise le monde traditionnel: monde rural, travail de la terre, le mariage, la famille et dénonce le monde urbain, corrupteur et sans valeur, oisif et tentateur. Ce sont les valeurs positives qui l'emportent comme le symbolise la musique traditionnelle jouée dans une fête pour les héros du film, se retrouvant soudain en ville, faisant de fait cesser la musique jazz qui y était interprétée jusque là.



Le monde de la ville et ses valeurs sont également mis en cause dans Asphalt de J. MAY en 1929. Une jeune femme est surprise en train de voler une bague dans une bijouterie ouverte la nuit. Deux systèmes de valeurs s'affrontent ainsi: la permissivité, l’excès de tolérance face aux infractions d'un côté et de l'autre, le respect pointilleux des lois. Comme le film précédent, le rôle tentateur de la femme soumise à la mode, aux plaisirs futiles, au plaisir du crime est dénoncé. Elle réussit à corrompre un policier pourtant intègre, le conduisant à tuer l'amant de cette femme, une voleuse. Coupable, il cherche du soutien auprès des ses parents. Si sa mère protège son fils, le père, policier, décide lui de protéger la société en arrêtant son fils pour le livrer à la justice. Film analysé parfois comme pré-nazi puisque le père met sa fonction au-dessus de sa nature paternelle, il ne montre cependant que le fait que les spectateurs acquiesçaient à une police faisant respecter la loi et dont l'autorité était non négociable ni corruptible.


C'est bien de cela qu'il s'agit d'ailleurs dans le chef-d'œuvre de J. VON STERNBERG L'ange bleu en 1930. Là encore, la ville est montrée avec des espaces interlopes séparés des quartiers civilisés. Mais le déclin de Weimar, c’est-à-dire de ceux censés la représenter, vient du fait que ces derniers s’abaissent à s'amuser et vivre avec ceux qui ne vivent que de plaisirs futiles, aux valeurs immorales, c'est-à-dire contraire à la morale convenue pour un pays en reconstruction. Le héros, un enseignant, se décrédibilise ainsi en se rendant au cabaret "L'ange bleu" dans lequel chante Lola Lola, interprétant notamment qu'elle n'est faite que pour l'amour. Amour charnel évidemment, et donc infidèle! Pire, il l'épouse et abaisse son statut jusqu'à même faire la poule lors du repas de mariage. Avec lui, c'est la déchéance des valeurs républicaines qui sont ainsi projetées à l'écran, puisqu'il en est un des serviteurs.

Et ce désamour avec la République de Weimar se retrouve dans les derniers instants d’expressionnisme au cinéma. Dans M le maudit, F. LANG réalise en 1931 une œuvre ambiguë. Autour d'une histoire tirée d'un fait divers, il montre que les assassins n’ont pas peur des autorités publiques et la défient même, comme l'ombre, symbolisant le mal, portée sur l’affiche de recherche de l’assassin d'enfants et qui est justement celle ... de l'assassin!
LANG décrit l'hystérisation de la population prête à accuser quiconque pourrait ressembler au criminel, notamment par l'utilisation de plongées et contre plongées extrêmes, accentuant les impressions et les tensions. À cette angoisse de la population, la police échoue à trouver le meurtrier. Pourtant, elle utilise tous les moyens modernes (empreintes digitales, police scientifique) et même le profilage avec analyse psychologique et psychanalytique, discipline récente et due aux travaux de Freud. Mais à l'image, tous ses efforts semblent minimisés, représentés comme peu efficaces. En réalité, il y a une rupture entre deux mondes : le monde légal dépositaire de l’autorité publique (celui de la République de Weimar), moderne mais ne refusant de s'appuyer sur le peuple, et de l'autre, un monde illégal, incarné par le syndicat du crime, qui réussit à arrêter le criminel avec l’appui des témoignages des populations les plus misérables, notamment un vendeur de ballons aveugle. De fait, la justice semble ne pas protéger les citoyens des assassins. Et le film témoigne de l'échec de Weimar face au triomphe de ceux qui, bien qu'étant des malfrats, savent eux compter sur les citoyens pour empêcher un criminel de sévir. Pis encore, en organisant un simulacre de procès, le juge-procureur répond aux demandes de l'assassin qu'il est hors de question de le livrer à la police et de le faire comparaître devant un vrai juge, car il serait emprisonné puis libéré pour bonne conduite. Il constituerait de fait à nouveau un danger pour la société. Si les SA de Hitler se sont sentis représentés dans le syndicat du crime, c'est davantage le divorce entre la République de Weimar et les Allemands que LANG avait filmé.
Sur ce film, voir M le maudit: critique de Weimar ou du nazisme

LE NAZISME OU L’ANTI-WEIMAR
Du renoncement des élites à l’évacuation de toute valeur républicaine

Deux ans après M le maudit, F. LANG tourne Le testament du Dr Mabuse, soit en 1933, après l'arrivée au pouvoir d'Hitler. Le film raconte la mort d’un criminel mais dont le médecin légiste affirme qu’il était un génie avec un dessein de reconstruire un monde nouveau. Séduction post mortem d’une pensée criminelle donc avec un vocabulaire clairement puisé dans la dialectique nazie: fin d'un monde ancien et corrompu, émergence d'un monde nouveau. Le film est clairement destiné aux spectateurs allemands de 1933. En effet, le médecin légiste regarde la caméra en proférant son analyse sur le Docteur Mabuse, tandis que dans le contre-champ suivant, le policier à qui il parle fait  un clin d’œil également face caméra. Ce clin d'œil marque clairement une connivence voulue avec les spectateurs pour qu’ils réalisent combien ces idées sont folles et hors de toute raison.
Le rapprochement avec le parti nazi est encore plus flagrant quand, dans le bureau du Docteur Mabuse, le médecin découvre et lit le testament de ce criminel. Le document semble montrer que les crimes commandités par Mabuse répondent à une logique pour créer le chaos, et l’incompréhension par la société des actes perpétrés ont pour objectif de mieux abattre le régime en place, se tournant vers ceux prétendant pouvoir remettre de l'ordre. Ces textes, tirés de quelques discours de Hitler, prennent ici une dimension moins politique mais montrent l'aspect funeste et manipulateur d'une telle stratégie. Mais LANG va plus loin dans sa démonstration. Par un procédé fantastique, le Docteur Mabuse apparaît à l'écran tel une sorte d'ectoplasme et lit avec le médecin les passages du fameux testament. Et tout en disant ce qui y est écrit, l'ectoplasme rejoint le médecin et investit son corps. Symboliquement, il le vampirise. LANG montre ainsi comment les élites scientifiques ou intellectuelles se sont fait contaminer par ces théories criminelles pour mieux ensuite participer à leur mise en œuvre.

Après l'accession d'Hitler à la chancellerie, bien des cinéastes ont quitté l'Allemagne. F. LANG par exemple en 1933. Mais G.W. PABST également. Il tourna alors un film en France cette même année, Don Quichotte, en se servant d'un personnage de la littérature pour symboliser ce que fut Weimar mais aussi l'arrivée au pouvoir du parti Nazi. Don Quichotte, bien que héros espagnol de fiction du début du XVIIème siècle, devient l’allégorie de la République, qui veut le bien des populations mais qui n’a pas su empêcher les taxes et l’appauvrissement des habitants en se trompant de combat. La séquence des moulins à vent apparaît bien comme la parabole de l’échec de Weimar, n'attaquant pas la cause de la crise économique qui frappe la population. Don Quichotte ruiné, épuisé est donc mis hors d’activité, enfermé et moqué par les habitants. La séquence finale montre que tous les livres qui inspiraient le combat de Don Quichotte l’ont amené à se tromper. Ceux procédant à leur destruction lui disent alors: « une nouvelle vie commence » indiquant alors explicitement que les valeurs et enseignement de ces livres doivent être oubliées. L'autodafé final renvoie évidemment à ceux perpétrés par les Nazis à leur prise de pouvoir en 1933, autodafés devant purifié l'Allemagne des idées du passé l'ayant conduite à la situation de misère et de soumission aux autres puissances européennes dans laquelle elle aurait été depuis 1918. Pabst, exilé hors d’Allemagne, allait pourtant revenir dans le IIIème Reich pendant la guerre… 

Parmi les idées nouvelles, il y avait notamment la valorisation de la culture germanique, le retour de tous les Allemands dans l’Allemagne, et l'émergence d’un nouveau système de valeurs remettant en cause celles du passé qui ont abouti à la défaite. C'est ce que montre Heimat réalisé en 1938 par C. FROELICH. Bien que l'action se passe en 1885, Heimat reprend tous ces thèmes chers aux nazis. Le pangermanisme se voit notamment par le retour en Allemagne d'une cantatrice allemande ayant fait carrière à l'étranger. Mais c'est bien dans la dénonciation d'un monde ancien, reposant sur de vieilles valeurs nuisibles et dépassées, alors qu'un monde nouveau se construit sous leurs yeux, avec un nouvel honneur,  que le film prend sa dimension de propagande nazie. En réalité, ce monde ancien qui se détruit dans le film est bien pour les spectateurs de 1938 la République de Weimar, en leur rappelant de fait que le IIIème Reich, est le monde nouveau, plus favorable au peuple et plus à l'écoute de ses attentes, en voulant leur rendre la dignité perdue depuis le déshonneur du "Diktat" de Versailles.

Ce monde nouveau s’appuie cependant sur des figures historiques mythiques, comme dans le film de G. UCICKY Das Mädchen Johanna réalisé en 1935. Jeanne d’Arc représente une héroïne prisée par le régime nazi car elle est celle qui a chassé les Anglais du continent. Or les Anglais représentent un des deux ennemis à combattre pour Hitler avec l’URSS, parce qu'elle représente une autre forme d' "Internationale", celle du capitalisme.
Ainsi, par analogie, Jeanne est assimilable à Hitler. Comme lui, elle est d’origine modeste, elle est appelée au pouvoir pour mettre fin au désordre et établir une unité nationale, et dans le film, on lui demande de guider le peuple. Or Hitler est bien le guide, le Führer du peuple allemand. 
Dans la séquence pendant laquelle on lui demande de devenir la guide du peuple, la mise ne scène ressemble à celle des cérémonies filmées par L. RIEFENSTAHL dans le Triomphe de la volonté. Les torches brûlent et encadrent la place où s'est réuni le peuple. Jeanne est située en haut des escaliers, filmée en contre-plongée, comme pouvait l'être le Führer. Et à peine le pouvoir de conduire le peuple lui est-il confié qu’un incendie est déclaré contre le symbole de l’autorité fédératrice : dans le film la Cathédrale, représentant une autorité religieuse. En Allemagne, ce fut le Bundestag représentant ce qui restait de Weimar…

Avec ce film, c’est la fin de la République  Weimar qui est représenté par l’avènement d’un chef charismatique pour sauver le peuple. Cette République  naquit sans enthousiasme, devant gérer l'après guerre mondiale (traités, crises économiques) et l'opposition de ses adversaires, communistes ou nationalistes. Elle mourut dans l'indifférence du peuple allemand. Le cinéma accompagna ce régime mal aimé en illustrant autant ses déboires que les aspirations des Allemands à un régime restaurant une autorité respectable et soucieuse du sort de la population. Comme le dit S. Kracauer (lire à ce sujet Kracauer, l'Allemagne et le cinéma), le cinéma allemand témoigna des dispositions psychologiques de ce peuple pour un régime plus fort. Les films qui en témoignèrent n'étaient pas des films nazis. Mais ils permettaient de comprendre comment les Allemands purent finalement accepter le pouvoir nazi et la propagande anti-Weimar qui suivit.


À bientôt
Lionel Lacour


lundi 8 mai 2017

Compte rendu conférence "La Révolution bolchevique: la propagande face à l'Histoire"

Bonjour à tous

le jeudi 4 mai 2017, je donnais une conférence à l'Institut Lumière sur le thème "La Révolution bolchevique: la propagande face à l'Histoire".
En voici le contenu.

La Révolution bolchevique :
la propagande face à l’Histoire

INTRODUCTION
L’empire russe, fondé par Pierre le Grand en 1721, est un pays à la fois le plus peuplé d’Europe, mais également le plus inégalitaire. À la veille de la Première guerre mondiale, l’empire compte près de 130 millions d’habitants dont près de 100 millions sont des paysans plutôt pauvres et analphabètes. Beaucoup ont d’ailleurs rejoint les villes grâce à l’industrialisation du pays dans les

mercredi 19 avril 2017

La Révolution bolchevique: la propagande face à l'Histoire

Bonjour à tous

à l'occasion du centenaire de la Révolution d'Octobre en Russie, l'Institut Lumière proposera une rétrospective formidable de films soviétiques avec parmi ceux-ci les chefs-d'œuvre attendus, muets comme parlants, en projections classiques ou en ciné-concert comme pour La Nouvelle Babylone, mais aussi des films plus rares et pourtant incroyablement marquants, de l'entre-deux guerres ou d'après 1945, dont Le premier maître d'André Konchalovsky présenté le 13 juin par Joël Chapron à l'issue de sa conférence.

Quant à moi, et pour accompagner cette rétrospective, je donnerai une conférence le 4 mai 2017 à 19h et à l'Institut Lumière sur le thème suivant: "La Révolution bolchevique: la propagande face à l'Histoire".

Cette conférence permettra de voir combien le cinéma soviétique de l'entre deux-guerres a relaté ce qui a conduit les partisans de Lénine à prendre le contrôle de la capitale de la Russie en octobre 1917 (selon le calendrier julien) mais également les origines plus anciennes de ce soulèvement.
Il ne s'agira pas seulement de faire une histoire illustrée par les seuls films de l'ère soviétique (d'Octobre à Tchapaiev en passant par La mère et bien d'autres), forcément partiaux, et fruits d'une propagande assumée, mais bien de confronter ces récits avec les faits historiques.

À l'issue de la conférence, la projection du chef-d'œuvre de V. Poudovkine La fin de Saint Petersbourg sera proposée afin de prolonger cette soirée.
Voir compte rendu de la conférence: COMPTE RENDU


Pour toute réservation (conférence et/ou film):
www.institut-lumiere.org

À très bientôt
Lionel Lacour

dimanche 26 mars 2017

Education et Cinéma: toute une histoire

Bonjour à tous

en décembre 2016, je donnais une conférence aux Semaines Sociales de France sur le thème de l'Education vue par le cinéma. En voici une synthèse.

Éducation et cinéma, toute une histoire

Dès les premiers films Lumière, le domaine de l’éducation a été abordé, y compris dans L’arroseur arrosé, un des films les plus célèbres, tourné à la Ciotat et projeté à la première séance publique payante du 28 décembre 1895. En effet, bien des éléments qui pourraient constituer la définition large

jeudi 9 mars 2017

Institut Lumière: L'aventure continue vraiment!

Bonjour à tous

Alors que le film Lumière! L'aventure commence connaît un vrai succès - près de 85 000 entrées à ce jour, les spectateurs ont pu (re)découvrir le premier film du Cinématographe Lumière, la fameuse Sortie d'usine. Et par la même occasion, ils ont aussi pu vérifier que les frères Lumière n'avaient pas inventé que la projection sur grand écran mais également le "remake" en tournant plusieurs versions de ce Premier film.

Pour prolonger la sortie de ce film et comme il est devenu désormais une tradition, l'Institut Lumière organise le 19 Mars prochain, un nouveau "remake" des Sorties d’usine Lumière.
Ainsi, pour tous les Lyonnais, pour tous les amoureux du cinéma,