vendredi 16 novembre 2018

"Quand le cinéma rencontre la Grande Guerre" à l'Institut Lumière - 28 novembre 2018

Bonjour à tous

Mercredi 28 novembre, je serai à l'Institut Lumière à 19h pour une conférence consacrée à la représentation de la Première Guerre mondiale vue par le cinéma.
La production de films consacrés à la Grande Guerre est considérable et ce dès le conflit. La conférence ne pourra évidemment pas être exhaustive tant il y a de films. Mais elle aura pour objectif de montrer les évolutions de représentations de ce conflit, tant dans l'esthétique abordée que dans les messages apportés par les cinéastes, se servant parfois de cette guerre comme d'un support pour faire passer leurs idées politiques ou sociales.

À l'issue de la conférence, je présenterai le film de F. Borzage L'adieu aux armes réalisé en 1932 et présenté dans sa version restaurée. Une occasion de redécouvrir ce film dans sa version intégrale, lui qui avait été censuré à partir de 1934 et de l'application du code Hays!

PACK Conférence "Quand le cinéma rencontre la Grande Guerre" + L'adieu aux armes
Mercredi 28 novembre - 19h - Institut Lumière
Réservation

À très bientôt
Lionel Lacour




vendredi 9 novembre 2018

Festival 24 : Le nouveau Festival Justice et Cinéma de Lyon

Bonjour à tous,

En 2010, je créais les Rencontres Droit Justice et Cinéma que j'allais diriger pendant 5 ans. Organisées par l'Université Jean Moulin - Lyon 3 et le Barreau de Lyon, ces Rencontres permirent des moments formidables, avec des conférences mémorables, comme celle avec Robert Badinter sur le thème de "L'instant criminel au cinéma" ou celle avec le réalisateur Christian Carion qui nous permit de mieux comprendre l'approche d'un cinéaste sur les questions juridiques et judiciaires.

C'est avec un immense plaisir que je vous annonce qu'en 2019, ces Rencontres s'appelleront désormais le Festival 24 - Justice et Cinéma et seront co-organisées par la Faculté de droit de l'Université Jean Moulin - Lyon 3 et par Cinésium.

Pourquoi 24?

Parce que le monde de la Justice à Lyon est symbolisé par ce nombre, celui du nombre de colonnes du palais de justice situé dans le Vieux Lyon, celui qui fut le réceptacle du procès de Klaus Barbie, premier procès filmé de l'Histoire en France.
Parce que le cinéma se lit en 24 image par seconde depuis tellement longtemps.
Parce que 24 est aussi un nombre qui rappelle beaucoup de lois ou de principes juridiques qui seront égrainés régulièrement!

Un festival grand public
Ce festival a pour objectif de s'ouvrir à tous les publics même si les étudiants sont particulièrement visés. L'objectif est évidemment de permettre une meilleure compréhension de la justice et de l'application des lois mais aussi d'en identifier parfois les dysfonctionnements ou les failles juridiques existantes.
Chaque séance sera accompagnée de spécialistes: cinéaste, juriste, magistrat, journaliste, universitaire. Il ne s'agira pas de seulement vérifier la véracité des propos tenus dans les œuvres mais bien d'en expliquer pourquoi elles véhiculent ces images auprès de spectateurs qui sont aussi des citoyens.

Un festival qui s'ouvre au-delà du cinéma
Ce sera une des nouveautés. En proposant d'évoquer les séries et de s'ouvrir davantage encore aux documentaires,  le Festival 24 montrera que le sujet de la justice irrigue toute la création audiovisuelle.

Une journée dédiée aux professionnels
Parce que l'image est partout, notamment grâce aux moyens technologiques de plus en plus performants, grâce au numérique et à l'ultra connexion, cela implique des nouvelles pratiques, de nouveaux usages et une législation qui les accompagne et qui parfois sanctionne les contrevenants. Une journée sera dédiée aux professionnels tant du droit que de l'image pour faire un point dessus.

Devenir partenaire
Si vous souhaitez que votre entreprise accompagne cet événement ambitieux et citoyen, nous vous proposons plusieurs formules de partenariat.
En cliquant sur l'image suivante, vous découvrirez également le préprogramme (sous réserve) du prochain Festival 24





À très bientôt
Lionel Lacour
Directeur du Festival 24


lundi 22 octobre 2018

Lumière 2018: Netflix et le cinéma de demain

Bonjour à tous,

les deux derniers Festivals de Cannes avaient été l'occasion d'un débat enflammé entre les amoureux des projections des films sur grand écran et ceux qui ne voyaient l'avenir de la production audiovisuelle de moins en moins en salle, de plus en plus sur des écrans personnels. Et de fait, les productions des films par des plateformes audiovisuelles étaient rejetées de la programmation par les premiers tandis que les seconds dénonçaient une forme d'ostracisme anachronique. Or, en septembre 2018, voilà qu'Alfonso Cuarón recevait le Lion d'or au Festival de Venise pour son film Roma produit par Netflix, qui n'avait pas été sélectionné justement à Cannes. De quoi raviver le débat et mettre un peu plus les choix de Cannes sur la sellette.

Pourtant, un mois plus tard, du 13 au 21 octobre, ce même Alfonso Cuarón est l'un des invités principaux de la 10ème édition du Festival Lumière à Lyon, dirigé par Thierry Frémaux, celui-là même qui dirige le Festival de Cannes. Et les spectateurs lyonnais ont pu alors découvrir en avant-première le film de Cuarón lauréat de Venise. Tout ceci pourrait paraître étrange, une sorte de reculade ou de retournement de veste. Or à bien y regarder, la programmation de Roma s'insère dans une programmation beaucoup plus subtile qu'il n'y paraît, avec un enjeu à plusieurs volets.

Tout d'abord, Roma n'était pas le seul film de Cuarón à l'affiche du Festival Lumière qui est un événement faisant la promotion du cinéma classique international. Ainsi, c'est une rétrospective de la filmographie du réalisateur mexicain qui a été proposée aux festivaliers, avec notamment Gravity ou Y tu mamá también, ainsi qu'une Master Class lui étant consacrée. Roma apparaît donc non pas comme une continuité de canal de diffusion des films de Cuarón sur une plateforme audiovisuelle numérique mais plutôt comme une évolution d'exploitation mais aussi de production d'une œuvre filmique chez le cinéaste. J'y reviendrai plus tard.

Ensuite, Roma ne fut pas le seul film produit par Netflix a bénéficié de la programmation du Festival Lumière. En effet, le film The other side of the wind, inachevé par Orson Welles, a été finalement produit par Netflix qui en a financé le montage définitif et la promotion. Ce à quoi a été rajouté la production d'un documentaire au sujet de l'histoire de ce film et intitulé They'll love me when I'm dead réalisé par Morgan Neville en 2018. Or ces deux films, celui de Welles comme le documentaire, ont été projeté dans des salles combles.

Ce qui se passe en temps réel et sous nos yeux est donc une sorte d'accélération du temps, faisant de Netflix un acteur désormais obligatoire de la production cinématographique, obligatoire et même nécessaire. Le plus drôle vient alors du fait que Netflix ait été conspué à Cannes par des contempteurs qui poussaient le directeur du Festival à ne pas sélectionné un film Netflix puisque son exploitation aurait eu lieu hors salle. Et cet argument est entendable pour qui aime l'expérience cinéma, c'est-à-dire en salle, l'essence même du cinéma depuis ses origines. Mais si Cannes, Festival de films inédits, a repoussé Netflix, c'est à Lyon et au Festival Lumière que la puissante plateforme a projeté ses programmes sur des grands écrans, sans être critiquée ou huée par quiconque. Quel paradoxe que de voir la mutation numérique trouver une sorte de reconnaissance, ou au moins une acceptation, dans un festival de films du patrimoine!

Ainsi, voici Netflix vilipendé à Cannes, récompensé à Venise et adoubé à Lyon. La réalité est que la venue sur la scène de la production cinématographique de Netflix, mais aussi des autres entreprises du secteur numérique, correspond non pas à l'éviction du modèle traditionnel mais à une mutation avec laquelle le cinéma devra faire avec, au risque de bouleverser un équilibre toujours mouvant reposant sur la chronologie des médias. En produisant ses propres films, avec des cinéastes de renommée internationale, Netflix contourne les limites lui interdisant de programmer des films récents avant un certain temps, celui de l'exploitation en salle, puis en DVD/BluRay/VOD, puis sur les chaînes payantes, puis gratuites. Ainsi, Netflix se crée son propre catalogue d'exclusivité filmique, en plus de celui qu'il s'est constitué avec les films du patrimoine, ce qui correspond d'ailleurs à ce qui était le cœur de métier de la plateforme quand elle n'était qu'un loueur de VHS/DVD!

Netflix entraîne avec lui des concurrents mais aussi et surtout des spectateurs de plus en plus nombreux qui consomment des films et des séries sur tablette ou pc. En intégrant des films produits par Netflix au Festival Lumière, Thierry Frémaux entérine de fait une situation qui s'impose dans le milieu du cinéma: Netflix a besoin de contenus audiovisuels pour satisfaire la demande de ses abonnés. Ces contenus passent par des films classiques mais aussi par des nouveautés et des exclusivités. Si on peut comprendre que ce modèle puisse être répulsif pour les anciens acteurs de la production cinématographique comme pour les puristes de la salle, il serait vain de le rejeter définitivement car le sens de l'Histoire du cinéma passe non par la suppression de la salle mais par l'acceptation qu'il puisse y avoir plusieurs modes d'apprécier ou de voir des œuvres cinématographiques. Certains continueront à ne voir les films qu'en salle, d'autres préféreront les voir confortablement (ou pas) chez eux, d'autres encore auront une attitude hybride, regardant des films en salle ou par leur abonnement.

Ainsi, l'arrivée de Netflix sur le secteur de la production cinématographique ressemble furieusement à ce qui était arrivé avec l'avènement de la télévision dans les années 1950: la crainte de la baisse de la fréquentation des salles et des réponses techniques (le cinémascope par exemple) pour la maintenir. Depuis bien longtemps, les chaînes de télévision co-produisent ou financent les films de cinéma pour bénéficier d'une première exploitation face aux chaînes concurrentes. Parfois même elles financent leurs propres programmes de prestige, comme par exemple Canal Plus avec par exemple Le bureau des légendes dont la 4ème saison débute aujourd'hui. Netflix se cale sur le même modèle. À ceci près que ce modèle s'inscrit à la fois dans la technologie numérique et dans une logique transnationale. Netflix fait donc peur par le caractère hégémonique qu'il peut incarner, représentant comme d'autres grandes entreprises une sorte de symbole de la mondialisation écrasant toute forme d'originalité culturelle.

Vouloir empêcher voire interdire Netflix comme partenaire du cinéma est strictement suicidaire car il dispose des moyens financiers pour attirer à lui les plus grands cinéastes. Mais si les chaînes de télévision qui pouvaient menacer le cinéma pouvaient être contrôlées à l'échelle nationale, la réponse à apporter pour intégrer Netflix dans une chaîne vertueuse de production et d'exploitation des films passe par une réflexion à échelle internationale et sûrement par une redéfinition de la chronologie des médias. Le chantier est donc à la fois ouvert, formidable, terriblement compliqué mais fatalement nécessaire pour que les partenaires historiques de la production de films continuent d'exister et d'apporter leurs spécificités aux spectateurs cinéphiles. Si le Festival Lumière a pu permettre de comprendre cette nécessité, c'est déjà un pas en avant non négligeable.

À très bientôt
Lionel Lacour

mercredi 10 octobre 2018

Lumière 2018: "Walkover", une jeunesse polonaise

Bonjour à tous

en 1965, Jerzy Skolimowski réalisait Walkover, son deuxième long métrage, dans lequel il joue lui même le rôle d'Andrzej, personnage récurrent de ses premiers films. Le festival Lumière l'a donc programmé en avant première de sa ressortie (prévue en 2019) et il sera projeté à l'Institut Lumière le mercredi 17 octobre à 18h15.

Le film vaut tant pour la forme que pour ce qu'il raconte, notamment de la société polonaise de ces années 1960. La forme tout d'abord. Avec 28 plans seulement, Skolimowski réussit une vraie prouesse pour raconter une histoire riche en

mardi 9 octobre 2018

Lumière 2018: "Olivia" ou le film d'une intruse

Bonjour à tous

Dimanche 14 octobre à 22h sera projeté à l'Institut Lumière salle 2 le film de Jacqueline Audry Olivia. Réalisé en 1951, ce film n'a comme rôles principaux que des femmes dont l'immense Edwige Feuillère dans le rôle de Mademoiselle Julie, nommée d'ailleurs aux BAFTA pour son interprétation pour ce rôle.
Il s'agit du 5ème film de la réalisatrice qui commença par une adaptation de la comtesse de Ségur, Les malheurs de Sophie en 1946.

Lumière 2018: "FTA", un documentaire sur Jane Fonda, militante anti-guerre du Vietnam


Bonjour à tous

En 1972, Jane Fonda est désormais une des plus grandes stars du cinéma mondial. Elle a joué pour René Clément avec Alain Delon dans Les félins, avec Arthur Penn pour La poursuite impitoyable, avec Sydney Pollack pour On achève bien les chevaux.
Dès 1971, elle participe à une tournée aux USA avec l'acteur Donald Sutherland, son partenaire dans Klute d'Alan J. Pakula,  se rendant avec d'autres artistes militants de garnisons militaires en garnisons militaires, d'abord aux USA puis dans les bases du Pacifique avec un slogan: "FTA", abréviation aux multiples significations, allant de "Free THeater Associates" à "F*** The Army".


Lumière 2018: "In the tracks of Alexandre Desplat"


Bonjour à tous

Alexandre Desplat fait partie de ces compositeurs très prolifiques pour le cinéma et travaillant pour des cinéastes de tous les horizons. De Roman Polanski à Jacques Audiard en passant par George Clooney, Gilles Bourdos, Stephen Frears et tant d'autres encore. 
Dans In the tracks of Alexandre Desplat, Pascale Cuénot nous fait découvrir la passion qui anime ce compositeur, deux fois oscarisé (pour The grand Budapest hotel de Wes Anderson et The

Lumière 2018: Master class ' Evolution de la restauration du son" des films classiques

Bonjour à tous

depuis que le Festival Lumière existe, la société Gaumont propose chaque année une Master Class consacrée à la restauration des films. Il faut dire qu'en étant née la même année que le cinéma, Gaumont est certainement une des entreprises ayant le catalogue le plus important au monde.

Les années précédentes ont permis aux festivaliers, aux passionnés par la technique cinématographique et aux étudiants en cinéma ou audiovisuel de mieux comprendre tous les enjeux

jeudi 4 octobre 2018

Lumière 2018 - "Rien n'est jamais gagné": un portrait du producteur Jean-Louis Livi

Bonjour à tous

Jeudi 18 octobre sera projeté pendant le Festival Lumière Rien n'est jamais gagné dans la Villa Lumière.  C'est un documentaire qui touchera tous ceux qui aiment les coulisses de la production des films ou pour ceux qui souhaitent comprendre le miracle du cinéma, celle de la genèse d'une œuvre.
Avec Rien n'est jamais gagné, Philippe Le Guay, réalisateur de Le coût de la vie ou de Alceste à

mercredi 3 octobre 2018

Lumière 2018 - Redécouvrir Peter Bogdanovich:"One day still yesterday"

Bonjour à tous

Peter Bogdanovich sera certainement l'un des invités majeurs du dixième Festival Lumière. Et sa venue sera accompagnée d'une programmation de ses films mais aussi d'un documentaire lui étant consacré, One day still yesterday, projeté le vendredi 19 octobre 2018 à 14h45 à la Villa Lumière (Salle 2 de l'Institut Lumière).

Quand Bill Teck réalise en 2014 ce documentaire, au sous-titre révélateur (Peter Bogdanovich et le film perdu), il revient sur la deuxième partie de carrière d'un cinéaste culte des années 70

mardi 2 octobre 2018

Lumière 2018: Orson Welles en un documentaire majeur

Bonjour à tous

Le nom d'Orson Welles résonne pour tous les cinéphiles. Depuis son premier film Citizen Kane, le cinéaste s'est d'emblée imposé comme un des plus grands cinéastes de l'Histoire du Cinéma. C'est donc ce personnage gargantuesque qui est au cœur du documentaire They'll love when I'm dead réalisé par Morgan Neville et qui sera projeté à la Villa Lumière (Salle 2 de l'Institut Lumière le mardi 16 octobre 2018 à

mercredi 26 septembre 2018

Lumière 2018 - Robert Enrico raconté par son fils

Bonjour à tous

Mardi 16 octobre, à 11h15 dans la salle 2 de l'Institut Lumière, Jérôme Enrico viendra présenter son documentaire  Robert Enrico - Bref passage sur la Terre qu'il a consacré à son père.
Le cinéaste fait partie de cette histoire du cinéma français pour avoir travaillé avec les personnalités qui ont fait les beaux jours des salles obscures. Ventura, Noiret, Delon, Bourvil et bien d'autres encore. Souvent classé comme un

mardi 25 septembre 2018

Lumière 2018: "Trumbull land" ou le monde du maître des effets spéciaux

Bonjour à tous

Lundi 15 octobre à 16h15 sera projeté dans la salle 2 de l'Institut Lumière le documentaire produit par TCM Trumbull land et réalisé par Gregory Wallet.

Le documentaire s'appuie sur un entretien exceptionnel avec Douglas Trumbull, maître des effets spéciaux ayant participé aux plus grands films de science fiction de ces 50 dernières années avec à son actif ni plus ni moins que 2001, L'Odyssée de l'espace, Rencontre du 3ème type, Star Trek, Blade runner ou plus récemment Tree of life.
Technicien hors pair, Douglas Trumbull réalisa aussi des films, essentiellement des courts métrages. Mais on lui doit Silent running en 1972, sur un scénario co-écrit par Michael Cimino, mêlant bien sûr science fiction et, déjà, écologie et

lundi 24 septembre 2018

Lumière 2018: Deray de retour à l'Institut Lumière

Bonjour à tous

Dimanche 14 octobre, à 14h45, dans la salle 2 de l'Institut Lumière, sera projeté le documentaire Jacques Deray: "J'ai connu une belle époque" en présence de la réalisatrice Agnès Vincent Deray, qui fut sa femme pendant 20 ans. Cette projection semble être une sorte de prolongement du lien entre Jacques Deray et l'Institut Lumière dont il fut le vice-président jusqu'à sa mort en 2003.

Car l'histoire que raconte ce film n'est pas seulement celle d'un cinéaste, mais celle d'une époque du cinéma français, celui des années 60 jusqu'aux années 1990. Ainsi, la réalisatrice adopte à la fois une lecture chronologique de la carrière du cinéaste, commençant au cinéma par des petits rôles dans des films avant de se mettre lui-même derrière la caméra, et ce en plein

mardi 11 septembre 2018

"Histoire et Cinéma" 2018 - 2019 à l'Institut Lumière



Bonjour à tous

Le programme "Histoire et Cinéma" a pour objectif de montrer combien les films sont des témoins de leur temps. Chaque séance aborde des points des programmes d'Histoire contemporaine du collège et du lycée et est constituée de nombreux extraits de films de l'époque étudiée, sauf séances spéciales. Des commentaires en direct analysent le langage cinématographique utilisé et les idées se trouvant dans les films.

C'est aussi un moyen de permettre la transdisciplinarité des enseignements (lettres, philosophie, langues) en fonction des séances.

vendredi 24 août 2018

"En eaux troubles": quand les USA regardent vers l'Asie et la Chine

Bonjour à tous,

Hier, 22 août 2018, est sorti en salle le blockbuster En eaux troubles, énième film racontant l'histoire d'un gros poisson menaçant d'innocents humains pacifiques.
Réalisé par Jon Turtelaub, producteur et réalisateur de films très grand public comme la saga des Benjamin Gates ou le fameux Rasta Rockett, avec comme star portant le film un certain Jason Statham, En eaux troubles est le film qui doit faire un carton au box office cet été, jouant sur la peur des requins avec des clins d'œil avec le film référence, Les dents de la mer, visant un public à la fois jeune amateur de sensation fortes, mais pas trop sanglantes non plus permettant à un public plus familial de passer un moment ensemble, le tout avec un comédien incarnant le film d'action.
Mais plus que cela, En eaux troubles se distingue par le choix de se tourner vers l'Asie, que ce soit dans le casting, dans les

lundi 9 juillet 2018

Nouveau programme Histoire et Cinéma 2018 2019

Bonjour à tous

À la rentrée de septembre 2018, Cinésium proposera à nouveau ses conférences et ses formations Histoire et Cinéma.

Les conférences sont destinées aux collèges, lycées et universités français, en France et au-delà, mais aussi aux médiathèques, cinémathèques et autres institutions culturelles.

Depuis 2001, je propose ces conférences créées à l'Institut Lumière de Lyon et je permets à des enseignants de sciences

lundi 2 juillet 2018

Lumière 2018: Des accréditations pour profiter de la 10ème édition

Bonjour à tous,

L'édition 2018 du Festival Lumière, déjà la 10ème, honorera du 13 au 21 octobre l'actrice Jane Fonda qui sera la récipiendaire du Prix Lumière, 2ème femme à recevoir ce prix après Catherine Deneuve.

Mais pour profiter d'un festival qui se présente un peu plus chaque année comme le rendez-vous mondial incontournable du cinéma classique international, avec plus

vendredi 8 juin 2018

Des courts-métrages avec un smartphone? C'est possible!

Bonjour à tous

Depuis deux ans, Cinésium encadre des étudiants de l'Université Jean Moulin - Lyon 3 qui n'ont jamais fait de cinéma de leur vie, qui suivent des études de langues, de droit, d'économie ou encore de philosophie, et qui viennent de partout: France, Chine, Russie, Maroc, Turquie, Madagascar, Mexique...

Cet atelier n'a pas la prétention d'être une école de cinéma mais a pour objectif de montrer que la création audiovisuelle est aujourd'hui permise avec des moyens les plus limités si on compare avec

mercredi 7 mars 2018

"La Belle et la Belle": le bonheur se vit à deux mais seuls

Bonjour à tous

Mercredi 14 mars sortira La Belle et la Belle, le nouveau film de Sophie Fillières, une fable contemporaine, avec une pointe d'ésotérisme portée par Sandrine Kiberlain et Agathe Bonitzer.
Pour résumer le début, sans trop dévoiler les éléments de l'intrigue, Deux femmes, de plus de 20 ans d'écart, se rencontrent par hasard à Paris et découvrent qu'elles s'appellent toutes les deux Margaux et qu'elles ont une amie commune s'appelant Esther. De là à penser que la plus jeune reproduit la vie de la plus âgée, il n'y a qu'un pas que comprend immédiatement Margaux - Kiberlain.


Bande Annonce La Belle et la Belle 
(coproduction Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma)


Sur ce point de départ, Sophie Fillières transfère ses héroïnes à Lyon et l'enjeu du film n'est pas de vérifier si ce que prétend la plus âgée est vrai - elle donne suffisamment d'exemples à son double et aux spectateurs pour enlever tout doute à ce sujet - mais de savoir ce que Margaux - Kiberlain va faire de cette situation. Doit-elle empêcher Margaux - Bonitzer à faire les mêmes erreurs qu'elle? Doit-elle l'accompagner dans sa quête d'elle-même ou dans ses amours?

Fillières laisse penser même que ce que nous avons vu pourrait être une hallucination de Margaux - Bonitzer, que l'autre Margaux n'existe pas. Mais le personnage de Marc (Melvil Poupaud) contredit cette piste, puisqu'il connaît et l'une puis l'autre. Ne sachant donc pas vraiment vers quoi nous amène la fable, on doit alors s'accrocher aux quelques aspérités des personnages. Margaux - Bonitzer est une fille qui couche mais ne fait pas l'amour, elle ne sait pas ce qu'elle veut, se permet de manquer de respect à sa patronne et de voler. Elle a arrêté ses études. Margaux - Kiberlain a des amis de faculté qu'elle ne fréquente plus depuis des années, est professeur d'Histoire-Géographie (mais ne travaille jamais, n'a pas de cours ni de copies). Marc est un avocat qui s'est grillé dans le métier en couchant avec une jurée et il est amoureux de Margaux - Kiberlain avec qui il a eu une liaison.

Sophie Fillières nous présente donc plutôt des "losers" mais qui ne semblent avoir aucun problème d'argent et qui ne sont impactés par rien de la société. Quant aux relations entre les protagonistes, elles sont improbables d'acceptation des situations incongrues et disons même quasi échangistes. Et que dire de celles des protagonistes avec les autres, les ex ou les amis voire les ex-amis? Tout n'est que superficialité. Même avec les parents! Aucun personnage secondaire n'a véritablement d'épaisseur, tous sont purement fonctionnels.

Non, Sophie Fillières ne s'intéresse qu'à Marc et aux deux Margaux, centrés sur eux et uniquement sur eux. Qu'à cette intrigante confusion de destins sans que jamais ne soit donnée la clé de cette confusion. Ce qui ne pose pas un problème en soi, les fables portant toujours en elles un aspect fantastique.
C'est donc bien la vision de la société dans le film qui interroge. Une société finalement assez égoïste, avec des individus sans réelle relation avec les autres et dans laquelle chacun d'entre eux serait en quelque sorte guidé par une force qui le conduit inexorablement vers un avenir tout tracé. Margaux - Kiberlain serait dans ce schéma la matérialisation de cette force pour son alter ego. Et quand s'ouvre la porte au libre arbitre permettant à la plus jeune de s'émanciper du destin de son aînée, c'est finalement encore celle-ci qui va la guider dans cette prise de liberté.

Enfin, comme toute fable ou conte, le film se termine par une morale. Son dispositif filmique est extrêmement classique. Des destins se séparent sur le quai d'une gare. D'autres se concrétisent sur le même quai. Quant au message, il n'est pas celui des contes "ils se marièrent eu eurent beaucoup d'enfants". Mais il est assez ressemblant. Modernisé de par les atermoiements des personnages sur plusieurs années, le message renvoie malgré tout à l'idée plutôt conservatrice que le bonheur ne se conçoit qu'en couple, autour de l'idée de la fidélité comme ciment. Une vision conservatrice du bonheur mais étriquée dans une société sans autre sociabilité. Un bonheur contemporain dont Sophie Fillières ne semble pas s'alarmer. On peut aussi trouver ça désespérant.

À bientôt
Lionel Lacour


lundi 5 mars 2018

De quelle ambition européenne le cinéma est-il le témoin?



Bonjour à tous

en novembre 2017, je donnais une courte conférence aux Semaines Sociales de France sur le thème "De quelle ambition européenne le cinéma est-il le témoin?" En voici une transcription écrite.

Si le cinéma américain raconte son territoire continental avec ses mythes, ses ambitions mais aussi la remise en question du modèle américain, qu'en est-il de la représentation de l'Europe au cinéma? Si bien des films peuvent constituer une mémoire des grands lieux de l’Europe, en Italie, Allemagne, France ou ailleurs encore, peu d’entre eux semblent constituer un ciment du sentiment d’appartenance à l’Europe.
Pourtant, les débuts du cinématographe Lumière offraient une illusion de réalité européenne. Par exemple, le film Lumière Cortège des Anciens Germains (1896 opérateur inconnu) tourné à Stuttgart, permet de réaliser combien notre continent a une culture commune : histoire, traditions et religion se sont entremêlées tout au long des siècles. Pourtant peu de films abordent le fait européen en tant que tel, le cinéma européen se construisant sur des modèles nationaux. Expressionisme allemand des années 20, réalisme poétique français des années 30, néoréalisme italien d'après-guerre, nouvelle vague française de la fin des années 50 aux années 60. Si les genres ou les écoles ont influencé les autres cinémas, y compris hors d'Europe, les films évoquent bien la situation du pays où ils sont produits, à quelques rares exceptions près, comme Allemagne année zéro de Roberto Rossellini en 1947 évoquant la situation de l'Allemagne au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Sinon, pas le moindre vrai road movie digne de New-York Miami de Franck Capra en 1934 ou bien entendu de Easy Rider de Dennis Hooper en 1969. Rien qui n'exprime clairement les Européens comme un peuple avec un projet commun, sauf quelques tellement rares exceptions qu'elles ne font que confirmer la règle. Et encore, ces exceptions sont-elles quasiment exclusivement françaises.

Après la Première Guerre mondiale : le cinéma témoin d’une Europe traumatisée
Le cinéma d’après la Première guerre mondiale évoque surtout des pays disloqués, détruits. Le cinéma germanique propose un style, l’expressionnisme, pour accentuer les contrastes et témoigner du chaos qui a frappé l’Allemagne comme l’Autriche, ce que montre particulièrement Le cabinet du Docteur Caligari de Robert Wiene en 1920. Les angles aigus, les noirs et les blancs intenses témoignent de ce monde manquant d’harmonie comme d’autres films de même inspiration l’évoquent (Faust, Nosferatu, Metropolis…).
Mais le cinéma d’après-guerre, c’est aussi l’idée que les Européens ont tous été victimes. Dans Les croix de bois de Raymond Bernard en 1932, c’est bien l’idée que Français et Allemands ont participé à une expérience commune et humainement destructrice. Cette vision est celle d’un vainqueur prêt à faire la paix avec l’ennemi. Cet élan pacifiste s’observe dans bien d’autres films. Ainsi, dans  Allô Berlin ? ici Paris ! de Julien Duvivier en 1932, l’espérance d’un continent devenu immense fédération pacifiste accompagne l’idée même qu’une histoire d’amour entre une Française et un Allemand est possible.
Ce rapprochement passe également par des collaborations franco-allemandes comme le démontrent les deux versions du film Le chemin du paradis, réalisé en 1930, l’un en français et l’autre en allemand par Wilhelm Thiele, avec le même scénario et où seuls les comédiens changent selon la version.
Mais si la question européenne ne concerne pas que les relations franco-allemandes, ce qui se passe en Espagne intéresse peu les Européens comme le démontre La belle équipe de Julien Duvivier en 1936 dans lequel les affaires d’outre-Pyrénées semblent bien éloignées des soucis des ouvriers français, davantage intéressé par les réformes sociales du Front Populaire.  Ce désintérêt est encore plus frappant dans Hôtel du Nord de Marcel Carné en 1938 qui évoque clairement la guerre d’Espagne et un positionnement clairement nationaliste et xénophobe de beaucoup de Français.
Et tandis que la menace Nazie devient plus pressante, les cinéastes français adoptent des points de vue variés. Abel Gance revisite son Napoléon en 1935 et le transforme en visionnaire d’un bâtisseur d’une Europe des peuples face à l’hégémonie du peuple aryen.  Ce en quoi Jean Renoir semble acquiescer dans La Marseillaise en 1938 opposant deux visions de la nation, celle républicaine et celle nazie. Mais c’est certainement Jacques Feyder qui, dans La kermesse héroïque en 1935 qui, réitérant le pacifisme d’avant 1933 avec comme morale simple « tout vaut mieux que la guerre ! » correspond au mieux à l’opinion publique d’alors.
Pourtant, la réalité est tout autre. Et le cinéma nazi de propagande est bien explicite. Dans Hôtel Sacher d’Erich Engel en 1939, si l’action se passe le 31 décembre 1913, c’est bien la situation de la date de sortie du film qui est décrite pour les spectateurs, celle qui remet en cause tout système multinational et vante l’idée d’un territoire sous contrôle d’un seul peuple, d’un seul Etat : le IIIème Reich.

Après la Seconde Guerre Mondiale : quand la réconciliation franco-allemande inspire les cinéastes
Après la Seconde guerre mondiale, on retrouve une transcription cinématographique du désastre. À l’expressionnisme d’après 1918 répond le néo-réalisme italien, témoignant de l’état de destruction de l’Europe en général, de l’Allemagne en particulier, comme Allemagne, année zéro de Roberto Rossellini en 1949.
Deux ans auparavant, Jacques Tourneur, dans Berlin express démontre cependant que cette Europe s’envisage, certes autour d’une reconstruction par les puissances victorieuses mais aussi et surtout sur deux piliers européens : la France et l’Allemagne.
C’est bien ce repère qui va alors orienter les spectateurs. La construction européenne passe par cette entente entre les deux ennemis d’hier. La question qui se pose est donc bien de comprendre comment l'Europe se présente désormais aux Européens sur grand écran. Et dans ce registre, avec Le déjeuner sur l’herbe, Renoir est certainement un des seuls qui, en 1959, imagine la construction européenne dans une dimension politique. Ainsi, Jean Renoir commence son film par la présentation d'un personnage interprété par Paul Meurisse, "probable futur président de l'Europe". Il est alors incroyable de voir que la logique du processus de la construction européenne puisse s’envisager par la création d'une Europe politique alors même que l'Europe économique n’était portée sur les fonts baptismaux par le Traité de Rome qu’en 1957. L'autre aspect intéressant du film de Renoir repose aussi sur le fait que ce "futur" président n'est pas un homme politique mais un scientifique parlant de problèmes scientifiques liés à la reproduction du vivant pour expliquer ce que l'Europe pourrait apporter comme solution. Ainsi, dès le début du film, tout le rapport de l'Europe aux citoyens qui la composent est présenté: projet en lien avec l’agriculture, seul domaine ayant finalement depuis une politique européenne commune avant l'Euro. Mais cela se fait dans des termes incompréhensibles et techniques qu'aucun spectateur ne peut comprendre, avec, pour couronner le tout, la conclusion du discours du "professeur futur président" que le journaliste estime très claire. Belle prémonition d'une élite qui comprend une Europe que les peuples ne comprennent pas !
En 1961, Audiard dialogue la construction de l'Europe dans le film d'Henri Verneuil Le Président avec dans le rôle-titre Jean Gabin. Dans un monologue extraordinaire, le dit président (du Conseil c'est-à-dire chef du gouvernement sous les Républiques précédant la Vème),  après s'être fait retoquer son projet d'union douanière en Europe met en accusation le contre-projet qu'il qualifie de projet des trusts "qui veulent s'étendre partout, sauf en Europe". Il reproche à ce projet d'être celui des banques et de ne pas s'occuper des Européens. Ce discours présente donc aussi et déjà les volontés d'impérialisme économique des Etats européens sous influence des lobbies industriels désireux de s'implanter dans les pays producteurs de matières premières. La délocalisation et ses dérives sont donc déjà envisagées alors même que l'idée de mondialisation telle que définie depuis la chute du bloc soviétique n’est évidemment pas à l'ordre du jour en 1961.
Le cinéma européen est cela-dit essentiellement un cinéma qui parle de France et d'Allemagne et plus largement du monde germanique. Ainsi, pour reprendre le film de Renoir, c'est bien avec une "germanique" que le futur président de l’Europe est fiancé. Et ces fiançailles à l’écran accompagnent celles entre la France de De Gaulle et l’Allemagne d’Adenauer. Elles se poursuivent au cinéma, dans celui notamment d'Audiard, que ce soit avec Denys de la Patellière pour Un taxi pour Tobrouk (1961) ou avec Gilles Grangier pour Le cave se rebiffe (1961). Ces films mettent souvent en scène la nouvelle entente franco- allemande. Pour le film Un taxi pour Tobrouk, il est tout à fait remarquable de voir comment le personnage interprété par Hardy Kruger, officier allemand fait prisonnier par des soldats français, dont un juif interprété par Charles Aznavour, se retrouve à devenir un compagnon de route dans ce road movie des sables. Pour la première fois peut-être, un soldat allemand n'est pas montré comme un sale nazi. Mieux, Audiard montrait ce que Français et Allemands partagent. Ils participent aux mêmes événements sportifs, le personnage de Ventura étant boxeur avant la guerre et empêché de boxer un Allemand pour cause de déclaration de guerre! De même, Kruger et Ventura ont fait la bataille de Narvik, l'un rapportant la Croix de guerre… l'autre des engelures ! Par des dialogues savoureux, le soldat interprété par Maurice Biraud rappelle à l'officier allemand que depuis Napoléon, les Français ne supportent pas que quiconque n'envahisse la Pologne à leur place. Déjà un projet européen !
Dans Le cave se rebiffe, Bernard Blier évoque d’abord l’industrie dans toute l’Europe avec par exemple des productions de « chaussures italiennes à Grenoble » puis des clients prestigieux de sa maison close: « des Hanovre, des Hollen Zollern, rien que des biffetons garantis Croisade ». Outre les origines allemandes des nobles cités, c'est bien encore la culture commune, celle des croisades chrétiennes, entre Français et Allemands qui est présentée ici. Ce rapprochement franco-allemand se fait également par des coproductions de films dans lesquels le passé "nazi" de l'Allemagne semble devenu un objet d'humour plutôt étonnant, comme par exemple dans le film de Georges Lautner Les tontons flingueurs en 1963
Mais le "cinéma à papa" n'est pas le seul à témoigner de ce rapprochement. François Truffaut adapte Jules et Jim à l'écran en 1962, racontant l'histoire d'un Français (Jim) et d'un Allemand (Jules) amis et amoureux d'une même femme. Outre ce ménage à trois sulfureux, c'est bien encore leur culture commune qui est mise en avant, notamment lors d'un visionnage de diapositives d'objets archéologiques européens.

L'Europe, terre d’espérance ? Le scepticisme des cinéastes

Pourtant, il n’est rien de dire que l’idée même de l’Europe ne soulève pas l’enthousiasme populaire. Ne serait-elle qu'une construction pour les entreprises et les Etats? Dans Rue des prairies de Denys de la Patellière en 1959, le fils de Jean Gabin se demande bien l'intérêt de connaître les volumes des différentes productions économiques en Europe. Elle apparaît donc comme inintéressante pour les citoyens et la jeunesse car elle ne fait manifestement pas rêver! Trente ans plus tard, Eric Rochant fait d’ailleurs dire au personnage principal de son film Un monde sans pitié :
« Si au moins, on pouvait en vouloir à quelqu'un. Si même, on pouvait croire qu'on sert à quelque chose, qu'on va quelque part. Mais qu'est-ce qu'on nous a laissés ? Les lendemains qui chantent ? Le grand marché européen ? On n’a que dalle. On n'a plus qu'à être amoureux, comme des cons et ça, c'est pire que tout ».
Cette mise en comparaison du modèle communiste, autre proposition d’unité européenne mais à l’agonie avec le projet européen clairement libéral montre à quel point ce projet se déconnecte de plus en plus de la population, en tout cas française. Les illusions d’après-guerre, avec lesquelles se trouve la construction européenne ne conduisent finalement pas au bonheur espéré.
Pourtant, il y a des volontés de montrer que l’Europe peut être une chance et une force. En 1992, un projet cinématographique a pour ambition à la fois de célébrer la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb par la réalisation de 1492 de Ridley Scott. Film européen par le casting comme par la production, 1492, date clé dans l’Histoire mondiale, fait écho à l’année 1992, année de l’acte de naissance du projet d’Union Européenne, prémices des possibles futurs États-Unis d’Europe. Ce rêve européen est d’autant plus légitime en 1992 qu’il propose un modèle vers lequel s’est finalement tourné toute la partie Est du continent.
Ouvertement libéral et pacifique, ce projet européen est clairement séducteur pour ceux ne le vivant pas. Et Good bye, Lenin ! de Wolfgang Becker témoigne formidablement de cette aspiration à la démocratie de l’Europe occidentale et à ces libertés nouvelles. Mais le film montre aussi combien les Allemands de l’Est deviennent immédiatement un nouveau marché et une proie pour les entreprises capitalistes, avec toutes les désillusions que cela entraînent pour ces populations.
Pourtant, l'Europe devient un sujet central d'un projet cinématographique dans L'auberge espagnole de Cédric Klapisch en 2002. Raillant l'aspect technocratique et économique de l'Union européenne, le cinéaste fustige la complexité administrative, et donc répulsive, pour qu’un étudiant puisse participer au dispositif Erasmus permettant de suivre un cursus universitaire en Europe. En rappelant qu’Erasmus vient de l'Humaniste ayant vécu au XVIème siècle ayant voyagé dans toute l'Europe, Klapisch inscrit encore une fois l’identité culturelle et donc civilisationnelle des Européens. Mais contrairement aux films d'Audiard vantant cette culture commune, le personnage semble justement ignorer l'existence de ce personnage, héraut de l'Europe s'il en est! Ceci montre donc bien un effacement d'une culture à dimension clairement  européenne chez les Européens! En revanche, une fois arrivé à Barcelone, le héros parvient à se loger dans un appartement dans lequel vivent des étudiants de toutes nationalités: espagnols, italien, irlandaise, allemand, danois... Or, bien qu'en Espagne catalane, tous parlent en anglais, langue européenne non officielle mais de fait commune à tous. L’acceptation du Français dans l’appartement passe par la négociation et par le pragmatisme pour aboutir à une décision unanime des déjà locataires. Le cinéaste sous-entend finalement que cette volonté de vivre ensemble n’aboutit que si on se connaît, que si on partage des choses ensembles. Pas si on les impose.
Ainsi, moins que protéger, le cinéma relaie surtout l’image d’une Europe technocratique, impuissante à faire face aux lois du marché capitaliste et libéral. Dans It’s a free world, Ken Loach dénonce en 2007 un marché du travail ne servant que les intérêts des capitalistes et des patrons, y compris les plus petits, exploitant les travailleurs européens, ici ukrainiens, donc hors Union Européenne, sacrifiant leur vie, et leurs économies, pour des salaires misérables.
À ce libéralisme échevelé que dénonce Ken Loach ne répond même plus une protection des Européens par les Etats construisant cette Europe. Dans No man’s Land en 2001, Denis Tanovic rappelle que le sort de la Yougoslavie est réglé par l’ONU et les USA, la présence européenne étant davantage symbolique, par la venue notamment du président de la République française François Mitterrand, ou en tant que Casque bleu, donc sans autorité européenne. Si l'Europe capitaliste et libérale ne fait plus rêver ses propres habitants, elle n’arrive également plus à représenter une solution alternative qu’elle se proposait d’être pour ses voisins européens : une solution généreuse pour vivre dans la prospérité et dans la paix entre les peuples.

Conclusion
Le cinéma français, mais il en est de même pour les autres cinémas européens, montre donc très peu d'enthousiasme quant à la représentation de la construction européenne. En revanche, il montre que les Européens, et particulièrement les Français et les Allemands, ont une culture et une histoire communes. Moins que des films montrant l'Europe, c'est davantage des collaborations d'acteurs et d'actrices européens dans des projets européens qui montrent l'Europe à l'écran, que ce soit dans l’entre-deux guerres ou depuis les années 1960. Luc Besson a appelé sa société de production EuropaCorp et a distribué en 2010 un film s'appelant La révélation évoquant les procès des crimes perpétrés en Yougoslavie dans les années 1990 faisant intervenir le Tribunal Pénal International de La Haye. Les Européens s'intéressent de plus en plus aux pays d'Europe qui avaient justement été hors du processus de construction européenne, c'est-à-dire les pays du bloc communiste comme ce fut le cas pour Good bye, Lenin ! Cette volonté de raconter le passé de la part des cinéastes de l'Europe de l'Est semble aujourd'hui satisfaire les spectateurs européens dans leur envie d'Europe au sens large, comme autrefois les Français ont vu leur rapprochement avec les Allemands consacré à l'écran. Mais cela montre surtout que pour l'instant, l'Europe n'est qu'une somme de nations qui vivent côte à côte, avec des références communes, mais pas encore ensemble. Si le modèle de L'auberge espagnole où tout le monde conserve sa langue mais échange avec les autres par l'anglais est un fait qui est encore loin de pouvoir être institutionnellement appliqué tant la désignation d’une langue commune reste certainement un des derniers remparts à la construction européenne, plus fort que la monnaie commune et unique qui elle a pu se décréter par les Etats membres.
Or, et la langue en est une des caractéristiques, il s’avère que ce sont bien les différences culturelles et historiques entre les peuples qui resurgissent pour remettre en cause le projet d’une Europe pacifiée. Dans la séquence introductive de Joyeux Noël, Christian Carion montre le point de vue des Européens avant la Première guerre mondiale, imposant à leur jeunesse une propagande nationaliste prononcée dans chacune des langues du continent. Mais son film s’adresse aux spectateurs du XXIème siècle, rappelant de fait le danger de ces revendications nationales aboutissent au repli sur son identité et dans ses frontières. Et on sait le tribut que les Européens ont payé il y a un siècle après avoir adopté ce comportement. Au regard des situations dans certaines régions d’Europe, le message du cinéaste est plus que jamais d’actualité montrant que les tentations nationalistes sont une menace évidente pour la pérennité du projet européen devant conduire à la paix et à la prospérité des peuples.

À très bientôt
Lionel Lacour

mercredi 21 février 2018

Remake "Sortie d'usine" 2018

Bonjour à tous

c'est devenu désormais une tradition. Tous les ans, chaque 19 mars, l'Institut Lumière propose à tous les Lyonnais ou visiteurs du berceau de cinéma de rejouer le 1er film de l'histoire du cinéma Sortie d'usine réalisé par Louis et Auguste Lumière le 19 mars 1895.

Cet événement festif et gratuit est l'occasion de (re)découvrir le Hangar qui servit de décor pour ce film historique et qui accueille aujourd'hui une des plus belles salles de cinéma de Lyon.

Pour participer à ce film, vous pouvez venir seul ou seule ou en groupe. Profitez de cette occasion unique pour être identifié par un costume ou par des accessoires originaux. 
Redoublez d'imagination pour vous distinguer dans un film d'une minute à peine. Il suffit de choisir sa session de tournage parmi les 14 proposées: 

Horaires de tournage : 10h / 10h30 / 11h / 11h30 / 12h30 / 13h / 14h / 14h30 / 15h / 15h30 / 16h / 18h / 18h30 / 19h


Pour participer au tournage du remake de Sortie d'usine, les inscriptions se font ici : http://www.institut-lumiere.org/actualités/nouvelles-sorties-d-usine-2018.html

Après, il suffira de vous rendre le Lundi 19 mars à l'Institut Lumière au 25 rue du Premier-Film, Lyon 8ème.

Et si vous ne l'avez pas encore fait, faites une escale pour visiter de l'autre côté du jardin Lumière le Musée Lumière. Vous y retrouverez le "vrai" Premier film et bien d'autres encore.

À bientôt
Lionel Lacour

lundi 19 février 2018

Séminaire "Le management par le cinéma"

Bonjour à tous

Cinésium propose un séminaire organisé à l'Institut Lumière, dans le berceau du cinéma, avec une approche décalée pour permettre aux managers et dirigeants d’entreprises d’optimiser leur pratique managériale et leur communication en se servant du cinéma sous toutes ses formes.  Parce que le cinéma est un art universel, compris et vécu par tous, il permet de créer du lien dans les équipes, de révéler les talents de chacun et peut être réinvesti à chaque nouveau film, à chaque nouvelle projection.

Ce séminaire est ouvert à différentes entreprises. Attention, pour de meilleurs échanges avec les participants, et pour profiter d'un déjeuner dans le somptueux jardin d'hiver de la Villa Lumière, le nombre de place est limité.

Téléchargement du dossier complet de présentation et de la fiche d'inscription des participants:

À très bientôt
Lionel Lacour

mercredi 10 janvier 2018

Hommage à Danielle Darrieux à l'Institut Lumière

Bonjour à tous

Danièle Darrieux a eu cette mauvaise idée de nous quitter en plein festival Lumière en 2017 l'année de ses 100 ans. Du 9 janvier au 4 mars 2018, l'Institut Lumière a donc décidé de lui rendre un hommage à la hauteur de son talent et de son importance pour le cinéma français.

Actrice précoce, elle tourne à 14 ans pour le cinéaste autrichien Wilhelm Thiele dans Le bal. En 1935 elle épouse le réalisateur français Henri Decoin pour lequel elle tournera 5 films avant de divorcer d'avec lui en 1941, puis 4 autres films après leur séparation!
Actrice sachant interpréter les personnages ingénus ou fragiles, subtile et gaie, Danielle Darrieux fait partie de ces comédiennes ayant tourné avec les réalisateurs les plus talentueux, français, allemands ou américains comme Max Ophüls, Julien Duvivier, Claude Autant-Lara, Joseph Mankiewicz, Robert Rossen et tant d'autres encore comme François Ozon, et ce jusque en 2010 pour Pièce montée de Denys Granier-Deferre.

Cette rétrospective en 12 films et deux soirées spéciales est dédiée à Raymond Chirat, historien et fondateur de l'Institut Lumière et qui consacra tant de projection des films en 16 mm dans lesquels avait tourné Danielle Darrieux.

DEUX SOIRÉES SPÉCIALES


Mardi 13 février 2018
19h: Conférence de Clara Laurent, auteure de Danielle Darrieux, une femme moderne.
22h45: Projection de La vérité sur Bébé Donge d'Henri Decoin (1952) 

Première fois du duo Danielle Darrieux - Jean Gabin (qu'elle retrouve la même année dans Le plaisir de Max Ophüls).

Autres séances:  Sa 27/01 à 16h30 - Je 1er/03 à 19h - Di 4/03 à 16h30


Jeudi 22 février 2018
19h: Projection de La ronde de Max Ophüls (1950) 

Copie restaurée 35 mm, présentée par Martin Barnier, historien du cinéma à l'Université Lumière - Lyon 2.
À l'issue de la projection, Martin Barnier signera son livre Une brève histoire du cinéma coécrit avec Laurent Jullier en 2017. 

Autres séances: Di 18/02 à 16h15 - Ma 20/02 à 19h -  Di 25/02 à 14h30


SUITE DU PROGRAMME
RARETÉS


Le Bal  de Wilhelm Thiele (1931, 1h15, N&B) 


Copie restaurée du premier film de Danielle Darrieux.


Me 17/01 à 19h - Sa 20/01 à 16h30




Volga en flammes de Victor Tourjansky (1933, 1h18, N&B) 


Première vraie collaboration avec Albert Préjean. Ils tourneront ensemble 10 films (même si Danielle Darrieux n'est pas toujours créditée au générique).

Ve 12/01 à 19h

Mauvaise graine de Billy Wilder (1934, 1h26, N&B)
Premier film de Billy Wilder en tant que cinéaste dans lequel on trouve déjà le style et le rythme qui fera sa patte.
Je 25/01 à 19h - Sa 10/02 à 16h30 - Ve 16/02 à 19h

HENRI DECOIN

Battement de coeur d'Henri Decoin (1939, 1h37, N&B)
Raymond Chirat : « Le scénario a de la vivacité, de l’élégance, du charme, de la fantaisie. Il fait la part belle à une collection d’artistes, Tissier, Carette, Saturnin Fabre qui renvoient la balle à Danielle Darrieux, radieuse. »
Me 10/01 à 19h - Sa 13/01 à 16h30 - Di 14/01 à 14h30 – Ma 27/02 à 21h

L’Affaire des poisons d'Henri Decoin (1955, 1h43, coul)
Dernière collaboration Decoin - Darrieux dans cette adaptation du célèbre fait divers sous le règne de Louis XIV.
Ma 27/02 à 19h - Di 4/03 à 14h30


MAX OPHÜLS
Le Plaisir de Max Ophuls (1952, 1h33, N&B)
Deuxième film avec ce cinéaste après La ronde en 1950 dans un film à la distribution prestigieuse adapté de Guy de Maupassant.
Je 18/01 à 19h - Di 21/01 à 16h30 - Ma 23/01 à 21h - Di 4/03 à 14h30

Madame de... de Max Ophuls (1953, 1h40, N&B)
Troisième et dernière collaboration entre le réalisateur et Danielle Darrieux avec Vittorio de Sica et Charles BOyer.
Ma 9/01 à 19h Soirée d’ouverture Danielle Darrieux présentée par Fabrice Calzettoni  
Di 14/01 à 16h30 Di 28/01 à 14h30 - Je 8/02 à 19h

RÉALISATEURS FRANÇAIS
Une chambre en ville  de Jacques Demy (1982, 1h28, coul)
Retour au film musical pour un des derniers films de Jacques Demy.
Me 21/02 à 21h - Ve 23/02 à 19h

Quelques jours avec moi de Claude Sautet (1988, 2h11, coul) 
Danielle Darrieux est la mère de Daniel Auteuil qui continue à explorer ses talents d'acteur dramatique depuis Jean de Florette.
Me 14/02 à 21h - Sa 17/02 à 18h15

À très bientôt
Lionel Lacour