vendredi 30 novembre 2012

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Lionel Lacour

samedi 24 novembre 2012

Avant Première de "L'homme qui rit" à l'Institut Lumière

 Bonjour à tous

L’Institut Lumière accueille le jeudi 29 novembre à 19h, l’avant-première de L’Homme qui rit de Jean-Pierre Améris, en présence du réalisateur lyonnais d'origine.
Avant-première : L’Homme qui rit de Jean-Pierre Améris (1h36)
Jeudi 29 novembre à 19h à l’Institut Lumière
Sortie en salle mercredi 26 décembre


D’après une adaptation du roman de Victor Hugo :
L’Homme qui rit a été écrit au 19ème siècle. Victor Hugo était alors contraint à l’exil politique dans les îles Anglo-Normandes.  Le roman a déjà été porté à l’écran à trois reprises. L’adaptation la plus connue reste la version muette de Paul Léni, en 1928.

Synopsis :
L’Homme qui rit de Jean-Pierre Améris                                                                                                                                  
(
Fr, 2012, 1h33, couleur, avec Gérard Dépardieu, Emmanuelle Seigner)
En pleine tourmente hivernale, Ursus, un forain haut en couleurs, recueille dans sa roulotte deux orphelins perdus dans la tempête : Gwynplaine un jeune garçon au visage traversé par un horrible sourire scarifié et Déa une fillette aveugle.
Quinze années plus tard, les voilà sillonnant ensemble le pays. Partout, on demande à voir “L’Homme qui rit”. Gwynplaine, devenu adulte se donne en spectacle et émeut les foules.
Ce succès ouvre au jeune homme les portes de la célébrité et de la richesse et l'éloigne des deux seuls êtres qui l’aient toujours aimé pour ce qu’il est : Déa et Ursus.

A l’origine de ce projet un rêve d’enfant :
En novembre 1971, était diffusé à la télévision française un feuilleton, en trois épisodes, tiré du célèbre roman de Victor Hugo, “L’Homme qui rit”. Parmi les téléspectateurs, un petit garçon de 10 ans sera fortement marqué : Jean-Pierre Améris. Plus encore lorsque cinq années plus tard, il lira le roman. « Je faisais deux mètres de haut. Donc j’étais attiré par les histoires de monstre […]. Je m’identifiais à chacun d’eux. ». Il lui aura fallu quelques années et quelques films, pour oser enfin s’attaquer à Victor Hugo et creuser dans les racines ses peurs d’adolescent.
C’est donc avant tout l’histoire de Gwynplaine que Jean-Pierre Améris a voulu raconter : Celle d’un adolescent hors normes.

Autour du film :
-           L’Homme qui rit est le douzième film de Jean-Pïerre Améris. Tous ont en commun de mettre en lumière des exclus. « C’est le sens que ça a, pour moi, de faire du cinéma. »
-           L’histoire originale se passe au XVIIème siècle en Angleterre. Mais le cinéaste a écarté tout repère spatio-temporel précis, car « C’est l’absolue éternité de Victor Hugo. Ce qui était valable en 1869 est malheureusement valable en 2012. »
-            C’est le personnage de Gwynplaine qui est à l’origine du personnage du Joker, dans les comics Batman.
-           Dans Le Dahlia Noir, Brian De Palma, utilise des extraits de la version muette de L’Homme qui rit (Paul Leni, 1928)

-           L’univers du film a été créé de toutes pièces. Aussi bien le champ de foire, le château que le bord du fleuve ont été crées et tournés en studio.


Tarifs  :
8,50 €, 7,50 € (réduit), 6,50 € (abonnés)
www.institut-lumiere.org
25 rue du Premier-Film - 69008 Lyon 04 78 78 18 95 - Métro D 

mercredi 21 novembre 2012

Prix du Film français de droit et de justice: voir la sélection au Comœdia


Bonjour à tous,

Le prix du film français de droit et de justice de l’année 2012 sera créé à l’occasion des 4èmes Rencontres Droit Justice Cinéma (18 – 22 mars 2013) organisées par l’Université Jean Moulin Lyon 3 et le Barreau de Lyon.

Les 4 films sélectionnés sont La désintégration, Ombline, 38 témoins et enfin Possessions.

Vous pourrez voter et désigner le film lauréat sur le site www.droit-justice-cinema.fr jusqu’au 31 décembre 2012.

Le prix sera remis le jeudi 21 mars au Comœdia, en présence du réalisateur, suivi d’un débat.

Pour ceux qui n’auraient pas pu voir tous ces films, le Comœdia, partenaire de ces Rencontres, propose de voir (ou revoir) ces films les samedis de décembre à 11h.

Samedi 1er décembre : La désintégration de Philippe Faucon  
Samedi 8 décembre : Ombline de Stéphane Cazès
Samedi 15 décembre : 38 témoins de Lucas Belvaux
Samedi 22 décembre : Possessions d’Eric Guirado

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A très bientôt au Comœdia en décembre et aux Rencontres Droit Justice Cinéma en mars!
Lionel Lacour

Les invisibles en cinémascope !

Bonjour à tous,

une fois n'est pas coutume, j'évoquerai aujourd'hui le documentaire Les invisibles de Sébastien Lifshitz, projeté en sélection officielle à Cannes 2012 hors compétition et qui sort en salle le 28 novembre.
Le film, coproduit par Rhône-Alpes Cinéma qui décidément enchaîne les sorties de bons films, a été plutôt bien apprécié par la critique, abordant un sujet à la fois très d'actualité avec un traitement et une approche particulièrement intéressant. En effet, en abordant par plusieurs portraits l'homosexualité d'hommes et de femmes ayant tous dépassés la soixantaine et pour certains depuis longtemps, le réalisateur réussit à poser la question de l'homosexualité non à l'aune des valeurs d'aujourd'hui mais bien sur un temps plus longtemps, permettant de comprendre l'évolution d'une société face à une réalité, l'existence d'une sexualité "anormale" au sens premier du terme, c'est-à-dire n'étant pas dans la norme.
Bande annonce du film:
http://www.youtube.com/watch?v=ZoGUWpgF9dY&feature=relmfu


Dingue, des êtres normaux!
La première séquence du film montre un homme s'occupant d'un œuf d'oiseau, débarrassant l'oisillon de sa coquille puis l'aidant à se nourrir. Puis soudain un second homme vient l'aider quand enfin, tous les deux témoignent de la manière farfelue par laquelle ils se sont rencontrés. Une histoire d'amour simple, authentique, sans exhibition, avec la pudeur des sentiments de n'importe quelle autre personne. Par cette séquence puissante, Sébastien Lifshitz expose clairement ce que sera son propos. L'homosexualité existe, et pas seulement chez les artistes ou chez les jeunes ou en ville. La succession de portraits présente alors des hommes et des femmes, certains vivant désormais seuls, d'autres étant en couple, qui ont fait le choix ou pas de vivre leur vie d'homosexuels. Le parcours de chacun est tracé sans aucune sur-valorisation. Point de super-homos, pas d'exhibitionnisme à l'écran, pas de dénigrement des hétérosexuels, juste des individus qui élèvent des chèvres ou ont fait science po, certains qui sont pères ou mères et qui se sont révélés homosexuels après.
À l' "anormalité" de leur sexualité répond une normalité toute banale d'individus qui sont nés dans des familles   toutes banales pour l'époque, répondant à des pratiques sociales classiques, reproduisant le modèle familial convenu et ignorant plus que méprisant le fait homosexuel.
En combinant la réflexion des différents homosexuels de son film aux scènes de vie quotidienne, le cinéaste leur permet d'exister à la fois à l'écran mais également dans la "vraie vie", ne les transformant pas en seuls témoins d'une cause. Ils ont une vie professionnelle et amoureuse, parfois simple, souvent difficile, et au final, pas si différentes des hétérosexuels, sauf dans leur reconnaissance par la société.
Mais surtout, le réalisateur ose sortir des clichés des homosexuels. Certes certains des portraits présentent des individus de la ville. Mais il s'attache à ne pas les montrer seulement à Paris. De même, en prenant Pierrot, 83 ans et éleveurs de chèvres, il montre que cette sexualité n'est pas seulement une sexualité urbaine. Et que la découverte de son orientation sexuelle ne s'est pas passée par les médias mais bien par l'expérience vécue avec un homme plus âgé, lui aussi de la campagne alors même qu'il n'avait que 14 ans.
Et loin d'être des marginaux, une de ses "héroïnes" est devenue maire d'une commune rurale malgré les conservatismes reconnus des populations paysannes.

L'homosexualité: un combat qui dépasse la sexualité
Les différents exemples permettent de mieux comprendre les blocages de la société d'avant 1968. Blocages essentiellement culturels et religieux, lié à la nature supposée de la sexualité. Or ce qui peut troubler les plus normatifs, c'est que l'orientation sexuelle ne se fait pas par choix mais par une logique qui dépasse la compréhension des hétérosexuels. Ainsi, une des femmes raconte avec délectation que jamais le choix ne s'est présenté à elle. Elle aimait les filles, point. L'éleveur de chèvres reconnaît non sans humour qu'il allait avec qui il avait envie, une femme ou un homme, sans avoir la moindre gêne. D'autres se révèlent homosexuels après avoir menés une vie maritale parfois longue, avec des enfants à la clé. D'autres enfin reconnaissent avoir souffert dans leur jeunesse, n'osant ou ne pouvant assumer leur homosexualité.
De tous ces témoignages ressortent cependant une vraie lecture de la société conservatrice, patriarcale et dominée par la morale catholique. Si Pierrot s'affirme libre dans sa sexualité, il reconnaît cependant que cette homosexualité ne s'affichait pas facilement, surtout à la campagne! La force du film est d'associer aux paroles des héros des documents, la plupart du temps provenant de leurs propres archives, permettant de voir de quel monde ils venaient: bourgeoisie, famille nombreuse, vie religieuse entre la communion, la messe et le mariage... Au-delà de leur sexualité, le documentaire balaie toutes les négations des identités individuelles pour se conformer à un moule. On en comprend la logique pour une nation, on en déduit aussi les souffrances pour les personnes se sentant exclues de ce modèle.
A ce carcan moral imposé s'opposant à la liberté individuelle, celle de l'esprit comme du corps, chacun des témoins illustre la manière qu'il a eu de se rebeller pour pouvoir s'affirmer. Passant d'un portrait à l'autre, Sébastien Lifshitz permet aux spectateurs de voir que la cause homosexuelle était indissociable des revendications libertaires de la jeunesse des années 1960, passant notamment par la reconnaissance d'une sexualité plus libre, ne l'envisageant pas sous le seul angle de la procréation. Le témoignage de Thérèse illustre d'ailleurs parfaitement l'hypocrisie d'une société qui interdisait l'avortement au nom de principes moraux tout en feignant d'ignorer que faute de contraception, certaines femmes se faisaient avorter clandestinement, parfois à de nombreuses reprises, au péril de leur vie. Cette lutte pour le droit à disposer de son corps, symbolisée par la loi Veil légalisant l'avortement en 1974, ne pouvait qu'être accompagnée par celle revendiquant le droit à une sexualité non hétérosexuelle.
Et c'est là que le film rejoint avec une incroyable opportunité de calendrier le débat sur le mariage dit "pour tous" pour ne pas dire "homosexuel". En effet, dans un des documents d'archives, une femme homosexuelle revendique à la fois sa différence de sexualité mais aussi de modèle social, rejetant le modèle familial, vecteur de toutes les reproductions des valeurs conservatrices. Ainsi, la cause homosexuelle passait par une lutte contre un modèle en s'affirmant comme un autre modèle plus libertaire (la jeune femme parle "d'hétéro-flics"!) alors que celle d'aujourd'hui passe par la volonté d'être intégré dans ce modèle autrefois honni. Le premier couple montré dans le film évoque d'ailleurs à la fin du film le souhait d'un mariage dans une chapelle laissée à l'abandon.


Un vrai film de cinéma
En choisissant le cinémascope, Sébastien Lifshitz a clairement situé ses personnages dans un récit cinématographique différent du modèle de la télévision. Alternant séquences de réflexion de ses héros avec des scènes plus quotidiennes, avec des images d'archives qui ne sont pas que des illustrations, il réussit à créer de l'empathie avec des personnages même pour les spectateurs non homosexuels. Sébastien Lifshitz assume ses plans fixes qui correspondent aussi à l'âge de ses personnages, aux gestes plus lents que ceux des jeunes.

En les cadrant souvent très près, il accentue encore un peu plus cette empathie, confirme qu'ils ne sont plus tout jeunes et les rend encore plus "normaux" tout en nous plongeant dans leur réflexion intime sur leur sexualité. Cette réflexion est diverse pour chacun, les uns se sont construit leur identité en étant des intellectuels tandis que d'autres ont une approche plus empirique des choses, plus pragmatique et souvent moins dans le combat. Le point de vue n'est jamais extérieur. Point de jugement ou d'analyse d'autres intervenants, sauf pour un des témoins qui discute alors avec un autre homosexuel ou pour Thérèse, ayant plus de 80 ans, dînant avec ses enfants et qui affirment que l'homosexualité de leur mère a été vécue "naturellement". Au hasard de la discussion, ses enfants ne l'appellent pas "Maman" mais "Thérèse", comme s'ils reconnaissaient qu'elle n'était pas seulement une mère mais un individu accompli, identifié par son prénom et pas par un nom générique et fonctionnel. Dans ces deux cas, les approches extérieurs ne viennent pas contredire les propose des personnages du film mais au contraire, les conforter. Quand le couple marseillais échange et que l'un d'entre eux indique la présence d'une tourterelle à l'autre, la caméra reste sur eux et ne se détourne pas vers le volatile. Pourtant nous avons envie de la voir. Mais le réalisateur nous force ainsi à voir leur relation pour ne pas détourner notre regard vers autre chose.
Ces choix de cinéaste créent un lien entre tous les personnages que le spectateur retrouve régulièrement au long du film, tous vivant leurs propres histoires avec leurs parcours de vie si différents mais lié par une sexualité commune. Le film nous les rend justement communs, pour ne pas dire "normaux".

Les invisibles, beau titre pour parler d'une catégorie de la population souvent peu filmée en tant que telle alors même que sa part démographique ne cesse de croître et dont la sexualité est largement taboue. Alors parler de leur homosexualité! Sébastien Lifshitz le fait sans voyeurisme, avec un grand talent de cinéaste et pose aux spectateurs des questions essentielles, à la fois sur la liberté individuelle, sur la sexualité mais aussi sur une catégorie de la population qui est si peu montrée et qui intéresse si peu, sinon dans un but mercantile. Lors de l'avant première à Lyon le 20 novembre, Pierrot, l'éleveur de chèvre du film, a quant à lui traduit le titre Les invisibles comme étant la partie invisible que chacun a en soi et que les autres ignorent. Les "invisibles" sont donc multiples dans ce film, à ceci près qu'ils y étaient pour une fois présents, et bien présents. À montrer à tous ceux qui auraient encore des doutes sur la nécessité de voir et de comprendre ces "invisibles".

A bientôt
Lionel Lacour

lundi 19 novembre 2012

L'affaire Farewell à l'Institut Lumière: la guerre froide revue par Christian Carion


Bonjour à tous

L’ Affaire Farewell de Christian Carion sera projeté en présence du réalisateur à l'Institut Lumière le jeudi 22 novembre 2012 à 20h30.

La guerre froide n'a pas été un genre particulièrement prisé par les cinéastes français si on compare évidemment avec la production américaine.
Ce film revient avec brio sur cette période et notamment sur un épisode qui dit-on, préfigurait la chute de l'URSS. Celle-ci n'intervint cela dit qu'en 1991!

A bientôt
Lionel Lacour
COMMUNICATION
DE L'INSTITUT LUMIÈRE

D’après une histoire vraie :
L’Affaire Farewell s’inspire d’ "une des plus grandes affaires d’espionnage du XXème siècle". En 1983, un colonel soviétique a fourni des informations ultra-confidentielles à François Mitterrand. En pleine guerre froide, cela permit un rapprochement entre la France et l'Amérique de Ronald Reagan. Cette affaire a accéléré la chute de l’empire soviétique. A plus long terme, elle permit de mettre fin au conflit.


A propos du film :
Le cinéma français est connu pour être peu friand des représentations d'hommes politiques ayant existé. Christian Carion se place parmi la minorité. Mettre en scène François Mitterrand et Ronald Reagan est en partie ce qui l’a motivé. Il déclare s'inspirer de la tradition anglo-saxonne : "J'admire le cinéma anglo-saxon qui n'hésite pas à réaliser des films ancrés, sans faux-semblants, dans leur monde politique."


Synopsis :
 L’Affaire Farewell
de Christian Carion
(Fr, 2009, 1h53, couleur, avec Guillaume Canet, Emir Kusturica) 
Moscou, début des années 1980. Un colonel du KGB déçu du régime décide de faire tomber le système. Il prend contact avec un ingénieur français, qui se retrouve précipité dans l’une des affaires d’espionnage les plus stupéfiantes du XXe siècle.

Biographie de Christian Carion :
Ingénieur en agriculture de formation, Christian Carion est pourtant passionné de cinéma depuis ses 13 ans. Ses études terminées, il loue une caméra vidéo pour " bricoler des films sans intérêts". Mais sa carrière commencera véritablement en 2001 avec le tandem Michel Serrault/ Mathilde Seigner. Une hirondelle a fait le printemps fera 2.4 millions de téléspectateurs. Un grand succès qu’il réitère deux années plus tard dans Joyeux Noël. Le film sera présenté en Hors Compétition au Festival de Cannes 2005 nommé aux César et concourera aux Oscars dans la catégorie Meilleur film étranger. Fidèle à ses thèmes de prédilection, Carion réalise L’Affaire Farewell en 2009. Aux commandes de ce thriller d’espionnage inspiré de faits réels, deux poids lourds : Guillaume Canet et Emir Kusturica. 

Critiques Presse : 
« (...) on ressort ébahis par les dessous de cette histoire vraie vécue par des hommes. » - Elle 
« Un thriller haletant (...) Une distribution exceptionnelle. » -  La Croix 
« L'Affaire Farewell est portée par un scénario précis (...) qui nourrit un duo d'acteurs inspirés, par ailleurs tous deux réalisateurs, Guillaume Canet et Emir Kusturica. » - Le Monde
« Le film montre bien la dimension prosaïque de l'espionnage, un "anti James Bond" comme le dit le cinéaste, où la vie privée est déterminante ainsi que les affinités psychologiques entre individus faillibles. » - Libération
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Tarifs  :
8,50 €, 6,50 € (abonnés)7,50 € (réduit), 6,50 € (abonnés)
www.institut-lumiere.org
25 rue du Premier-Film - 69008 Lyon 04 78 78 18 95 - Métro D : Monplaisir-Lumière

Télé Gaucho: une nostalgie des années 1990?

Bonjour à tous,

le 12 décembre, Michel Leclerc verra son nouveau film sur les écrans de France: Télé gaucho. S'appuyant sur un casting épatant, avec une mention toute particulière pour le premier rôle, Félix Moati incarnant à merveille le personnage de Victor, jeune étudiant cinéphile, plein d'illusions à son arrivée à Paris et une confirmation, s'il en fallait une, pour Eric Elmosnino, qui joue le rôle de Jean Lou, dirigeant de Télé gaucho, qui démontre encore une fois tout son talent au cinéma.
Le résumé est assez simple: un jeune provincial, Victor, débarque à Paris pour débuter un stage avec une vedette de la télé réalité, Patricia Gabriel, interprétée par Emmanuelle Béart, de la chaîne HT1, tout en devant suivre des études pour devenir cinéastes. Mais il rencontre une bande de fous furieux ayant créé une Télé libre contestatrice, "Télé Gaucho", dont les membres suivent toutes les manifestations remettant en cause l'ordre établi ou fustigent les rassemblements réactionnaires. Très vite, Victor va s'intégrer parfaitement dans ce moule, rencontrer une fille folle à lier mais tellement charmante, sympathiser avec la vedette de la chaîne et la trahir pour la cause de "Télé Gaucho", tout en mentant à ses parents sur toute sa vie parisienne!

Une ode aux années 1990?
Tous les spectateurs ayant vécu ces années prendront évidemment plaisir de revoir dans ce film des éléments oubliés de cette période. Ce plaisir est celui de se rendre compte surtout que la modernité de ces années a été engloutie par les progrès technologiques des débuts du XXème siècle. Ainsi le "Be Bop", premier téléphone portable mis en circulation ne fonctionnait qu'auprès de bornes dédiées, les caméscopes intégrant les magnétoscopes étaient d'une modernité incroyables, l'émission par voie hertzienne de cette télévision restait encore la seule possibilité de diffusion d'un discours audiovisuel non officiel. Spontanément, les spectateurs font les comparaisons avec aujourd'hui: la facilité de produire des images en 2012 et surtout de les transmettre, pas seulement dans le quartier mais dans le monde entier donne à ces hurluberlus d'hier à peine une dimension de pionniers et de combattants forcenés comparable en certains points à certains postant leurs vidéos sur Youtube ou d'autres sites de partages vidéo d'aujourd'hui mais avec une audience limitée à ceux venant dans leur local! Une télévision qui se voit en salle donc, avec des moyens de produire des images mais pas de les diffuser.
Cette générosité des ces années a été complètement oubliée parce que la technologie a rendu terriblement dépassé ces combats. Parce que l'enthousiasme montré à l'écran n'est pas celui de mai 1968 qui voulait changer le monde pendant une période de plein emploi, mais bien celui de maintenir ce qui avait été conquis par les générations précédentes en pleine période de crise économique et sociale. Même le combat pour le Pacs résonne comme la continuation de ce qui avait été entamé après 1968, à commencer par le droit à l'avortement, ce que montre d'ailleurs la manifestation contre ce droit par des groupuscules catholiques anti-avortement.

Emmanuelle Béart, alias Patricia Gabriel,
avatar d'Evelyne Thomas?
Une critique de la télévision commerciale?
Cette télé des années 1990, née de la privatisation entamée au milieu des années 1980 de quelques chaînes n'a plus cessé de produire des programmes racoleurs, mettant en scène les spectateurs, avec comme modèle dominant la première chaîne française. Michel Leclerc l'assume: TF1 a co-financé son film et pourtant, tout le monde a reconnu cette chaîne malgré le travestissement de son nom. Comme son héros Victor le dit à la vedette de la télévision, Patricia Gabriel, il pratique le Kung Fu en se servant de la force de son adversaire. La critique est facile mais pas si manichéenne. De fait, on ne voit que très peu ce que produit cette télévision si ce n'est par l'énonciation des thèmes de l'émission de Patricia. Peut-être parce que le réalisateur joue sur la connivence avec le public qui connaît très bien ce genre d'émissions qu'incarnait à merveille Evelyne Thomas (alias Patricia Gabriel?). De fait, la critique vient aussi et surtout par les réactions des membres du collectif de Télé Gaucho, mais aussi par les confessions de Patricia qui se livre à son stagiaire, Victor: "Tu ne sais pas que mon émission c'est de la merde?"
Or Télé Gaucho montre elle aussi ses limites quant à sa ligne éditoriale sans concession. Jean Lou multiplie les projets plus ou moins engagés, allant jusqu'à recruter un ancien couple ayant travaillé dans le porno pour le montrer en direct, sous prétexte que les ouvriers aussi ont droit à du porno! Si Yasmina, interprétée par Maïwenn, essaie de lui faire comprendre la dérive du projet Télé Gaucho par de telles programmations, elle ne se comporte pas forcément mieux en voulant "abattre" Patricia Gabriel. En pratiquant des enregistrements cachés, diffusant des images prises à l'insu des personnes, elle, comme Etienne d'ailleurs, interprété par Yannick Choirat, usent du sensationnalisme comme peuvent le faire les télés commerciales.

Ainsi, le film commence-t-il par des reportages tournés au cœur des manifs, avec des prises de positions clairement politiques, progressistes et anti-capitalistes pour finir dans la tentative de se faire connaître de tous en passant sur les antennes de HT1, coûte que coûte, de Jean Lou à Yasmina!
Par la séparation de Jean Lou et de Yasmina, le spectateur assiste à une segmentation du marché de la télévision indépendante, engagée avec elle, plus "œcuménique" avec lui. Et avec cela, ce sont tous les paradoxes qui apparaissent avec un medium dont la logique est d'être vu par un nombre important de spectateurs, poussant soit à plaire coûte que coûte, soit à toucher une cible bien précise, au risque de n'atteindre et de n'intéresser que peu de monde.


Un conte intemporel?
Le récit de Michel Leclerc place l'histoire dans les années 1990 et on se plaît, pour ceux ayant vécu cette période, à entendre parler en Francs. Mais clairement, le film ne cherche pas une reconstitution exacte de la période, avec des anachronismes multiples finalement sans intérêt. Par exemple, Télé Gaucho va filmer le débat sur le PACS qui n'est pas encore d'actualité au moment où le film commence et peut-être même pas quand il se termine!
De même, si le type d'émission de Patricia Gabriel existe déjà sur TF1 à cette époque avec notamment les émissions de Jean-Marc Morandini (Tout est possible de 1994 à 1997), il n'a pas manqué de critiques pour dénoncer le voyeurisme de ce genre de programme télévisuel, dans la presse écrite mais aussi au sein des chaînes de télévision, y compris chez TF1.
Trop d'éléments montrent clairement l'impossible réalisme du film et Télé Gaucho représente alors une sorte de sas de passage entre le monde réel et le monde idéalisé de chacun, un repère sans lequel beaucoup ont du mal à se positionner. Jean Lou est totalement angoissé à l'idée de se retrouver loin de son quartier et du métro lui permettant d'y retourner. De même, les relations entre Victor et sa famille qui financent leur fils pour ses études sont elles improbables. Cette famille représente le monde réel, avec ses petitesses bourgeoises, tandis que ce que vit Victor leur est totalement inconnu: Télé gaucho, Clara et Antoine leur fils. Seule la sœur de Victor a tout compris, car elle fait partie du monde des enfants et pas encore de celui des adultes.
Quant à Clara, interprétée par Sarah Forestier, elle est clairement le personnage lunaire improbable, immature à souhait et incapable de stabilité émotionnelle. Sa folie ne peut que s'insérer dans le "bestiaire" de Télé Gaucho rempli d'excentriques que seule l'anarchie de la "chaîne libre" peut accepter. Clara représente donc la part d'enfance à qui chacun d'entre nous souhaiterait tant parfois ressembler: tomber amoureux de ceux qui vous plaisent, apprendre l'arabe si cela nous chante, sans jamais se projeter dans l'avenir. C'est ce qui a séduit Victor. C'est ce qui le lassera aussi, tout comme il sera lassé des grands principes des autres de Télé Gaucho, à commencé par Etienne qui ne parle que de révolution et qui vit chez ses parents dans le 16ème arrondissement de Paris!
Le spectateur assiste donc à une forme de conte initiatique moderne d'un jeune adolescent qui croit que le monde l'attend, qui s'affranchit de sa famille pour vivre sa propre expérience et qui passe à l'âge adulte en se confrontant à toutes les contradictions et acceptations qui feront de lui un adulte, avec ses illusions, ses souvenirs mais aussi certainement ses amertumes.

Le film de Michel Leclerc prend donc le prétexte de sa propre expérience de Télé Bocal de la fin des années 1990 pour livrer un film aucunement sentencieux ni moralisateur, un film sur l'expérience humaine des adolescents pour qu'ils deviennent adultes, n'épargnant personne mais n'accusant personne.
Un flash back pas rigoureux mais assumé sur une période maltraitée jusqu'à présent et dont il rend néanmoins compte des bouleversements, économiques, culturels, technologiques, politiques et sociétaux qui se sont passés sous les yeux de ceux qui l'ont vécue. Et en plus, c'est drôle! Alors vivez l'expérience Télé Gaucho dès que vous le pourrez!

A bientôt
Lionel Lacour

mercredi 7 novembre 2012

Chaplin et Cassavetes pour finir l'année à l'Institut Lumière

  Bonjour à tous,

le temps des rétrospectives reprend à l'Institut Lumière. Et les Lyonnais comme les visiteurs pourront revoir dans des copies restaurées les chefs d'oeuvres de deux grands cinéastes, de deux genres bien différents, du 10 novembre 2012 au 6 janvier 2013.

Le premier est venu à Hollywood et a fait étinceler le genre du burlesque pour lui donner davantage que le seul plaisir de rire. Chaplin, dont un récent article de ce blog était consacré à son célèbre Les temps modernes, a élevé son art pour lui permettre de dire ce que peu de cinéastes ont su dire avant lui... et même après. Sa critique du capitalisme forcené aux détriments des plus faibles n'a que peu d'égal, surtout si on prend en compte la popularité de ses films. Pour s'en convaincre, deux projections exceptionnelles en ciné concert des Lumières de la ville auront lieu le samedi 8 décembre à 15h et le dimanche 9 décembre à 16h à l'Auditorium Maurice Ravel.




Pour la seconde rétrospective, les amateurs de l'underground new-yorkais pourront se régaler en se rendant à la salle du Hangar pour voir les oeuvres de celui qui a peut-être inventé ce qui allait devenir le nouvel Hollywood, avec en 1959 Shadows, projeté bien évidemment au cours de cette rétrospective.
Ainsi, le cinéma de Cassavetes reste soit à découvrir, soit à revoir, encore et encore, pour comprendre comment cet acteur a su filmer l'intime, le quotidien des vies banales tout en les rendant mémorables. L'occasion aussi de voir une famille de cinéma travailler ensemble, de Gena Rowlands à Peter Falk en passant par Ben Gazzara.
C'est donc une série de 5 films restaurés qui sera présentée lors de cette rétrospective avec notamment une soirée immanquable le mardi 27 novembre avec une conférence sur le cinéma de John Cassavetes donnée par Thierry Jousse à 19h30 en entrée libre sur inscription, suivie de la projection de Meurtre d'un bookmaker chinois de 1976.






Pour l'ensemble de la programmation, je vous invite à visiter le site de l'Institut Lumière:
www.institut-lumiere.org

Sinon, vous pouvez déjà consulter ces documents ci-dessous!

A très bientôt
Lionel Lacour