mercredi 6 octobre 2021

Lumière 2021 - Quand certains "cartoons" furent bannis par Hollywood

 

Bonjour à tous

Après le documentaire sur l'histoire de l'animation française, le festival Lumière programme le dimanche 17 octobre un autre documentaire sur cet autre cinéma que représentent les dessins animés. Dans Cartoon bannis, Michel Lerokourez évoque la production américaine des courts métrages qui ont fait la réputation du savoir faire américain. 

Rappelant l'origine française de l'animation, le documentariste montre combien le cinéma américain et les studios hollywoodiens ont compris tout l'intérêt de ce genre cinématographique pour des spectateurs avides de spectacles originaux, courts et en préambule des longs métrages. 

Les moins jeunes se feront alors un plaisir de redécouvrir à la fois des personnages mythiques comme Felix le chat, Betty Boop ou Woody Wood Pecker, mais également des noms qui étaient synonymes de dessins-animés, de Walt Disney à Walter Lanz en passant par la doublette Hanna et Barbera.

Ce que Michel Lerokourez met cependant en avant, au-delà de cette myriade de créateurs et producteurs de "cartoons", c'est que certains d'entre eux reprenaient les clichés racistes ou antisémites de l'époque. Les noirs caricaturés et réduits souvent à des pratiques cannibales ont peuplé l'imaginaire des Américains. Le plus intéressant est pourtant ce que rappelle le réalisateur. En effet, certains de ces cartoons ont été jugés rapidement comme racistes, surtout dans l'immédiate après seconde guerre mondiale. Si bien que certains d'entre eux ont dû être corrigés, amputés voire simplement supprimés du catalogue du studio. 

Cette recherche en traces racistes sous toutes ses formes continue aujourd'hui comme le rappelle Michel Lerokourez, notamment dans les films Disney de longs métrages. Mais le spectateur comprend rapidement que le procès en racisme anti-asiatique pour les chats siamois de La belle et le clochard relève d'une accusation bien ridicule contrairement à la représentation des noirs avec un os dans les cheveux des multiples cartoons, quelques soient les studio de production.

Le documentaire balaye dont les diverses thématiques couvertes par les réalisateurs de cartoons jusqu'à la fin des années 1940 y compris la propagande anti-nazie et nippone, faisant aujourd'hui débat et étant frappés de bannissement de la part des grand studios mais aussi des chaînes de télévision. Plus que jamais, Michel Lerokourez rappelle que le cinéma d'animation s'adresse aux adultes autant qu'aux enfants et qu'il peut être tout autant subversif que porteur de clichés, pour le meilleur comme pour le pire. S'inscrivant dans une période de l'histoire dont certains aspects sont aujourd'hui condamnés, les cartoons n'en demeurent pas moins le témoignage des années 20 aux années 40, témoignage tant de la société américaine que du foisonnement créatif hollywoodien.

DIMANCHE 17 OCTOBRE - 14H15 - Institut Lumière Salle 2

Cartoon Bannis de Michel Lerokourez (1h01)

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mardi 5 octobre 2021

Lumière 2021 - "Sous le soleil de Pialat", pour (re)découvrir le cinéaste français

 Bonjour à tous

Le photographe William Karel a donc été de presque tous les films du cinéaste Maurice Pialat. Il a réussit à faire de cette proximité physique, artistique et affective un point de vue très pointu et nuancé sur le réalisateur de Sous le soleil de Satan.

Biographie presque classique puisque son documentaire suit scrupuleusement la chronologie du parcours artistique de Pialat, de ses désirs de devenir peintre jusqu'à ses presque derniers instants, elle est également une analyse moins des films que de leurs conditions de création.

Il en ressort alors un portrait d'un homme tourmenté à la fois par sa propre vie, Pialat introduisant de sa propre vie dans chacun de ses films, à quelques rares exceptions près, mais également par sa volonté de se détacher de la reproduction factice d'un réel par un jeu de comédien trop bien huilé. Serge Toubiana, l'ancien directeur de la Cinémathèque le résume d'une formule à la fois convenue mais particulièrement vraie pour Pialat qui ne voulait pas voir les acteurs "jouer" mais "être" le personnage qu'ils interprétaient.

De fait, le documentaire montre beaucoup cette sorte de schizophrénie de Pialat, devant à la fois composer avec les contraintes techniques et économiques de la production d'un film et son désir de saisir l'instant le plus "vrai" du jeu des comédiens, leur demandant un naturel jusqu'à les pousser cruellement au-delà de leurs limites. De ce point de vue, William Karel n'épargne pas le cinéaste dont on sent pourtant toute l'admiration qu'il éprouve à son endroit. Les témoignages de Nathalie Baye ou de Sophie Marceau sont saisissants sur ce que recherchait Pialat. D'ailleurs, même avec Depardieu, les débuts furent difficiles. Et Sandrine Bonnaire de confirmer toute l'ambiguïté des relations de travail avec celui qui fut son mentor.

Le documentaire de William Karel donne ainsi à voir un homme tourmenté durant ses périodes créatives, recherchant un absolu comme le personnage de Depardieu dans Sous le soleil de Satan, aspirant à la fois à la popularité tout en n'hésitant pas à cliver, comme lorsqu'il reçut la Palme d'or en 1987. Au public dont une partie le sifflait, Pialat lançait calmement "Si vous ne m'aimez pas, sachez que je ne vous aime pas non plus". Cette sincérité d'écorché vif ne peut au contraire qu'attendrir et le faire aimer, même après sa mort en 2003. Mais ça, il le savait déjà.


JEUDI 14 OCTOBRE 2021 - 17H45 - Institut Lumière Salle 2

Sous le soleil de Pialat (52 min, 2021) de et en présence de William Karel, accompagné par Sylvie Pialat

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samedi 2 octobre 2021

Lumière 2021 - Un documentaire sur le producteur anglais Jeremy Thomas

Bonjour à tous

En 2016, Jeremy Thomas était déjà venu au Festival Lumière pour donner une Master Class. Cinq ans plus tard, c'est un documentaire lui étant consacré qui sera projeté dans la même salle.

Pendant 1h30, le documentariste cinéphile et cinéphage qu'est Mark Cousins, le réalisateur en 2011 de The Story of film: an Odyssey  (série documentaire de 15 épisodes retraçant plus de 100 ans d'histoire du cinéma), nous propose un autre voyage, celui qui mène de Londres à Cannes, pour ce producteur aux films multi-récompensés.

Les spectateurs pourront alors découvrir celui qui produisit récemment le Pinocchio de Matteo Garrone, accompagna à cinq reprises Bernardo Bertolucci dont le multi-oscarisé Le dernier empereur, travailla avec le fantasque Terry Gilliam, fit sensation à Cannes avec le Furyo de Nagisa Oshima ou avec Crash de David Cronenberg.

Cet entretien au long cours permet ainsi d'aborder les réflexions de Jeremy Thomas sur son travail, sur le cinéma, sur son rapport au sur le cinéma contemporain tout comme à l'histoire du cinéma. En ce sens, l'étape à Lyon que montre le documentaire est majeure car la ville est à la fois le berceau du cinéma et épicentre du Festival Lumière. Cela revêt ainsi un caractère particulier puisque le lien est fait entre le festival de Cannes qui a sélectionné si souvent des films produits par Jeremy Thomas et le festival Lumière, plus grand événement mondial consacré aux films de patrimoine parmi lesquels se trouvent désormais ces mêmes films naguère projetés au Palais des Festivals vers la Croisette.

Si A Story of films accumulait des centaines d'extraits de oeuvres cinématographiques les plus importantes depuis Sortie d'usine de Louis Lumière, créant un effet quasi orgiaque d'images montées les unes aux autres, ce dernier documentaire de Mark Cousins permet au contraire de donner aux amateurs du 7e art de comprendre que le cinéma est certes un travail de cinéastes et d'artistes, mais que derrière ces réalisateurs, parfois de génie, se cachent des producteurs capables de leur permettre d'exprimer tout leur talent. 


VENDREDI 15 OCTOBRE - 16h30 Institut Lumière Salle 2

The Storms of Jeremy Thomas de Mark Cousins (2021 - 1h34) 

En présence de Mark Cousins et Jeremy Thomas 

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