jeudi 24 septembre 2015

Lumière 2015: "Cinékino" ou une histoire franco-allemande du cinéma

Bonjour à tous

Mardi 13 octobre 2015 à 14h15, le Festival Lumière propose la projection des deux volets du documentaire Cinékino. Ce documentaire croise le regard de deux réalisateurs. L'un, Laurent Heynemann, est français, ayant tourné des films autant pour le cinéma (La vieille qui marchait dans la mer en 1991) que pour la télévision (on lui doit par exemple des épisodes de la série Maigret avec Bruno Kremer et des adaptations de nouvelles de Maupassant). L'autre, Matthias Luthardt, est allemand, près de 25 ans plus jeune que le premier et réalisateur essentiellement d'œuvres pour la télévision allemande. Réalisé en 2015, il s'agit fort logiquement d'une co-production franco-allemande de Ideale Audience (société française), Zero One Film (société allemande) et de Arte, chaîne de télévision qui porte dans ses gènes l'idée d'une culture et d'une collaboration franco-allemande.

Ce sont donc deux cinématographies, deux histoires qui se téléscopent dans ce documentaire qui vient rendre compte de ces relations parfois complexes, conflictuelles ou au contraire pleine d'amour réciproque entre la culture française et celle germanique par l'intermédiaire de personnalités marquantes de ces deux cinémas.

Pierre Brice joue Winnetou, mythe du cinéma allemand
Loin d'adopter une démarche chronologique, le documentaire passe d'une idée à l'autre par l'incarnation forte de ces artistes. Ainsi, même si Romy Schneider était autrichienne, le documentaire montre combien elle incarnait la RFA. Cette place dans le cinéma allemand pour lequel elle était une vedette absolue ne satisfaisait pas l'actrice qui préféra s'installer en France, jouer d'autres rôles, quitte à céder la place de vedette à un jeune premier, son compagnon d'alors Alain Delon. Et c'est sur la place que prit celui-ci dans le cinéma français - comme d'autres acteurs aussi - que le documentaire continue son chemin en évoquant l'immense star allemande qui interpréta le personnage de Winnetou, chef apache dans des westerns allemands, ... le français Pierre Brice, simplement inconnu en France.

Par des développements en touches successives, les réalisateurs de ce documentaire, richement illustré d'extraits de films, d'archives de l'époque de tournage ou de réception des films à leurs sorties, mais aussi d'entretiens avec des spécialistes savamment compilés, développent ce qui constitue une singularité européenne: les relations franco-allemandes.

Cinékino permet de comprendre qu'une Histoire européenne voire mondiale peut s'appréhender par l'histoire du cinéma, par exemple lorsque la France devint une terre d'asile autant artistique qu'idéologique pour des artistes germaniques. Ceux-ci virent dans ce pays d'accueil la possibilité d'exercer leur art et d'exprimer leurs opinions. Ce fut le cas pour Fritz Lang qui quitta l'Allemagne en 1933 et tourna en France Liliom. Robert Siodmak arriva la même année en France pour ne la quitter qu'en 1939 pour rejoindre comme nombre de ses compatriotes les USA et Hollywood.
Des destins multiples sont ainsi relatés, mêlant le glamour et le sens des responsabilités de chacun. Ainsi en fut-il pour les relations entre Jean Gabin et Marlène Dietrich évoquées par de nombreuses sources dans ce documentaire.

Tel un puzzle dont chaque pièce est perçue par le spectateur comme un élément d'un tout, Cinékino revient sur des personnages - la belle Romy Schneider et son besoin de tourner La passante du Sans-Souci - ou sur des périodes. Ainsi la première partie du documentaire évoque le cinéma allemand des années 1930. C'est pour mieux y revenir par la suite dans la deuxième partie avec une approche différente.

De gauche à droite: M. Piccoli, F. Lang,
J. Palance, J.-L. Godard
Cette affection réciproque pour le cinéma ou les artistes de l'autre côté du Rhin, quelque soit le point de vue initial, aboutit à une impression d'une infinie proximité entre les deux peuples. Volker Schlöndorff rend un hommage fantastique à la France pour le César remporté en 2015 pour son film Diplomatie mais rappelle que son premier court métrage sur la désertion en Allemagne par des soldats français d'Algérie a été censuré en Allemagne pour ne pas créer un incident diplomatique avec la France. De même, si des collaborations franco-allemandes ont pu être mises en place, y compris et surtout à partir de 1933, avec des coproductions aboutissant à la réalisation de films tournés d'abord en allemand avec un casting allemand puis en français avec un casting français, les auteurs du documentaires montrent combien ce procédé a pu continuer après guerre, notamment avec la RDA, par exemple pour le film Les sorcières de Salem avec Simone Signoret, française et communiste.
C'est enfin le passage de témoin entre deux générations de cinéastes qui s'opère notamment quand Godard réalise Le mépris en 1963 et fait jouer Fritz Lang dans son film pour interpréter son propre rôle!


Montage en split screen des deux fins du film de J. Rouffio
La passante du Sans-Souci
Cinékino n'hésite pas à aborder la thématique du poids du nazisme dans les productions cinématographiques, impliquant de près ou de loin des Allemands. Il est savoureux d'avoir les réactions des spectateurs allemands à la sortie de La grande vadrouille de Gérard Oury en 1966. Margaret Ménégoz, productrice notamment de Michael Haneke, analyse ce rire des Allemands comme une nécessité pour l'acceptation de ce que fut le régime nazi et de la culpabilité collective qui en résultait. Mais cette acceptation est plus problématique quand l'adaptation du livre de Kessel La passante du Sans-Souci connaît une fin différente en France par rapport à celle proposée en Allemagne. En effet, le producteur imposa que le film de Jacques Rouffio sorti en 1982 et dernier film de Romy Schneider, connaisse un happy end en Allemagne quand la version française concluait de fait sur l'existence de mouvements néo-nazis.

Ce documentaire, forme de kaléidoscope cinématographique, correspond donc, de fait, à une forme d'Histoire de l'Europe autour de ces deux piliers, parfois antagonistes, mais dont les deux peuples, et les artistes en particuliers, ressentent une fascination l'un envers l'autre. Cela passe donc par le cinéma, cette culture commune, les cinéphiles français nourris à l'expressionnisme allemand des années 1920, ceux allemands vivant en France bercés par la cinémathèque et la Nouvelle vague. Chacun inspirant l'autre. La venue en France des exilés d'après 1933 renouvela le cinéma français comme celui-ci a pu inspirer avant ou par la suite les réalisateurs allemands. Cette fascination et respect réciproques passe enfin par la volonté des interprètes des deux côtés du Rhin de jouer pour des cinéastes de l'autre pays. En jouant dans la langue du pays du cinéaste. Ce fut vrai pour Romy Schneider, ce l'est également pour Isabelle Huppert qui tourna pour de nombreux cinéastes de langue germanique.

Pour tous les amoureux du cinéma européen, du cinéma allemand et français, et pour tous ceux qui hésiteraient encore à imaginer que la culture est une passerelle évidente entre les peuples, ce documentaire est à voir d'urgence, parce qu'il peut se regarder comme un recueil de poèmes, par touches ou dans son ensemble, ensemble qui donne la cohérence aux deux volets, sans qu'une morale finale ne soit assénée. L'introduction du documentaire se suffisant à elle-même:

"Deux pays, deux langues, un point commun: l'amour du cinéma"...

À bientôt
Lionel Lacour

Cinékino (partie 1 et 2) - Mardi 13 octobre 2015 - 14h15 - Salle 2 Institut Lumière
Billetterie:
Site Festival Lumière
ou par téléphone: 04 78 78 18 95
ou sur les différents points d'achat du festival.



mardi 22 septembre 2015

Lumière 2015: "Les yeux brûlés" - quand Laurent Roth s'interroge sur les reportages de guerre

Bonjour à tous,

Le Festival Lumière revisite bien des archives audiovisuelles. En projetant le moyen-métrage de Laurent Roth Les yeux brûlés,, réalisé en 1986 et produit par l'EPCAD, le festival permet d'aborder la question de la valeur de l'image quand elle vient témoigner d'une réalité, et notamment celle de la guerre.

Avec une concomitance involontaire, le sujet du film fait forcément écho avec les images aujourd'hui produites par les reporters de la presse audiovisuelle mais aussi les photographes de guerre. En effet, leurs productions deviennent parfois de véritables œuvres servant à réfléchir, à comprendre et souvent à réagir face à une certaine barbarie.

Or ces productions d'image peuvent parfois dépasser leur statut initial et portent, malgré elles, des idéologies ou des discours qui les dépassent.

En 2014, le documentaire La vie comme un roman (programmé lors de l'édition de 2014) évoquait le parcours et les choix du reporter François Chalais lors de la guerre du Vietnam. Les festivaliers pourront découvrir dans le film de Laurent Roth un prolongement de cette réflexion, plus développé encore, avec la particularité esthétique de mêler images d'archives réalisées pendant la guerre d'Indochine et des séquences de fiction, permettant justement de poser les questions sur l'engagement de ces faiseurs d'images de guerre et sur les traumatismes dont ils furent forcément les victimes.

Voir le site du festival Lumière à ce sujet:
Les yeux brûlés

Projection du film Mercredi 14 octobre 2015 - 20h30 - Institut Lumière - Salle 2
25 rue du Premier Film - Lyon 8

Réservation des places
- par téléphone: 04 78 78 18 95
- sur les différents points de vente du festival (dont l'Institut Lumière)
- sur le site du festival

À très bientôt

Lionel Lacour

lundi 31 août 2015

Lumière 2015: Soirées de présentation du programme !

Bonjour à tous

Juin 2015 était l'occasion de découvrir les grandes lignes du Festival Lumière 2015: rétrospectives, hommages, invités et bien sûr le lauréat du Prix Lumière.
Pour le programme définitif du festival qui se tiendra du lundi 12 au dimanche 18 octobre 2015, l'Institut Lumière propose comme chaque année des soirées de présentation tout en images, commentées par l'équipe de l'Institut, afin de permettre à chaque spectateur de pouvoir concocter son programme personnel.
Pour rappel, l'édition 2014 avait rassemblé 142 000 spectateurs sur 320 séances (!!!) et pas moins de 72 lieux dans toute la Métropole lyonnaise. Il n'est donc pas inutile de bien préparer cette semaine cinéphilique pour retrouver les films qu'on adore et découvrir ceux que nous ignorons.

Clip de présentation du Prix Lumière 2015



Ces soirées seront aussi l'occasion d'évoquer Raymond Chirat, un des piliers de l'Institut Lumière qui nous a quittés la semaine dernière. Il était un des festivaliers les plus assidus depuis la première édition et sa présence en salle était toujours un événement tant on le voyait prendre plaisir à voir, revoir et parfois (rarement!) découvrir les films de la programmation!


Découvrez la programmation complète et préparez votre festival à l’occasion des soirées de présentation !

SOIRÉES DE PRÉSENTATION DU FESTIVAL LUMIÈRE 2015
Les dernières annonces, le programme complet en détails... Un moment privilégié proposé par l'équipe de l'Institut Lumière, au Hangar du Premier-Film.
Choisissez votre date, il suffit de s’inscrire :
Mercredi 9 septembre à 19h et 20h30
Jeudi 10 septembre à 17h30 et 19h
Samedi 12 septembre à 11h



Présentations suivies d'un verre avec l'équipe.

Entrée gratuite, sur inscription au 04 78 77 47 60 ou à communication3@institut-lumiere.org.
À très bientôt
Lionel Lacour

lundi 24 août 2015

Projection exceptionnelle à Lyon des films Lumière restaurés

Bonjour à tous

Les films Lumière sont des films d'une durée de moins d'une minute. Ils sont les témoignages de la fin du XIXème siècle et du XXème siècle triomphant: industrialisation et urbanisation des sociétés occidentales, découvertes des mondes exotiques et de leurs cultures parfois mise en scène pour les opérateurs des frères Lumière.
Mais ces films sont aussi des témoignage de cette technologie balbutiante qui apprend à chaque film toutes les possibilités qui lui sont offertes pour reproduire un réel saisi par la sagacité d'un opérateur, comme celui qui eut l'idée de filmer Venise en positionnant sa caméra sur une gondole à Venise, devenant sans le savoir l'inventeur du premier travelling de l'Histoire du cinéma.
Ces films, entièrement retrouvés viennent d'être restaurés dans une définition remarquable (en 4K pour les puristes) et édités dans deux coffrets superbes qui sortiront le 16 septembre prochain.

À l'occasion de cette sortie, Thierry Frémaux, directeur de l'Institut Lumière, propose aux Lyonnais mais aussi à tous les cinéphiles de France et d'ailleurs, de découvrir sur grand écran, une sélection de 114 de ces films (le catalogue en compte près de 1500!). Ainsi, le mardi 29 septembre, à 20h et à l'Auditorium de Lyon, Thierry Frémaux, accompagné du pianiste Romain Camiolo, révélera ces courts films avec toute son énergie et l'humour que les habitués de l'Institut Lumière lui connaissent quand il s'agit de commenter ces courts-métrages si drôles parfois (Laurent Gerra est particulièrement fan d'une série de films consacrés à une famille d'artistes acrobates!), si émouvant souvent.

Pour ne pas manquer cette occasion de voir ces films comme jamais, n'hésitez pas à venir et à inviter ceux qui n'auraient jamais eu le plaisir de voir ces œuvres qui constituent les commencements de l'aventure cinématographique.

Renseignements et billetterie à l'Institut Lumière
04 78 78 18 95
www.institut-lumiere.org

Auditorium de Lyon - 149 rue Garibaldi - Lyon 3ème

À bientôt
Lionel Lacour


"Les aventuriers": vrai film sur l'amitié et la France des Trente glorieuses

Bonjour à tous

en 1967, Robert Enrico réalisait Les aventuriers. Il retrouvait José Giovanni dont il avait adapté le livre pour son film Les grandes gueules (1965) et dans lequel jouait déjà Lino Ventura. Avec Classe tous risques (1960), Avec la peau des autres et Le deuxième souffle (1966) et donc Les grandes gueules, Les aventuriers est la 6ème collaboration entre Ventura et Giovanni. Quant à Alain Delon, c'est la première collaboration avec Giovanni (et pas la dernière) ainsi qu'avec Ventura, avec qui il se lia d'amitié et tourna plus tard, en 1969, Le clan des Siciliens.
Ces présentations rapides servent d'abord à montrer que Les aventuriers constitue un film d'amitié virile forte, de fidélité dans le travail voire dans la vie. Et cela va se ressentir à l'écran. Mais ces liens d'affection ne sont pas factices et le film va au-delà. Au lieu de les montrer, il établit ce qui peut

lundi 17 août 2015

"Le professionnel": une vision de la Françafrique

Bonjour à tous

hier, France 2 diffusait Le professionnel de Georges Lautner. Réalisé en 1981, le film mettait en scène un Jean-Paul Belmondo au sommet du Box office français. Pas son meilleur film, pas les meilleurs dialogues de Audiard - celui-ci ayant plus que traîné les pattes pour écrire scénario et dialogues - mais un film efficace et par certains aspects extrêmement étonnant sur la dénonciation de la politique française vis-à-vis de ses anciennes colonies africaines, alors même qu'il s'agit de l'adaptation du livre de Patrick Alexander Mort d'une bête à la peau fragile, sorti en 1978.

dimanche 16 août 2015

La nuit des morts vivants à La nuit de la Peur - Festival Lumière 2015

Bonjour à tous

Dans la nuit du 17 au 18 octobre 2015, le Festival Lumière propose comme à chaque édition une nuit cinéma à la Halle Tony Garnier. 5000 spectateurs pourront cette année frémir devant des films "qui font peur" parmi lesquels les classiques The thing (John Carpenter, 1982) ou Evil Dead (Sam Raimi, 1981) ou le plus récent Insidious (James Wan, 2010).
Mais c'est bien La nuit des morts vivants qui constitue le moment le plus culte de la soirée. En effet, ce film révolutionna le cinéma en créant de fait un genre nouveau. Ou plutôt, des genres nouveaux. Car son réalisateur, George A. Romero, réussissait en 1968 à poser les balises de bien des films pour adolescents et adultes. Les films de Zombie d'abord. Les films d'horreur ensuite.

samedi 15 août 2015

De Ted à Ted 2: le Ted de la maturité?

Bonjour à tous,

en 2012, avec Ted, Seth McFarlane avait réalisé une œuvre décapante et irrévérencieuse. Dès la première séquence, des propos antisémites étaient prononcés en guise d'antiphrase évidente au regard du reste du film mais qui auraient pu être l'objet du courroux de bien des associations tant le politiquement incorrect était énorme. Le film fut un succès retentissant dû autant aux qualités des effets spéciaux qu'aux comédiens mais surtout à l'humour grinçant, potache et transgressif que le scénario offrait aux spectateurs.

mercredi 15 juillet 2015

Une Histoire du cinéma en Relief - le nouveau livre de Martin Barnier

Bonjour à tous,

Martin Barnier est un ancien enseignant en Histoire Géographie qui s'est depuis près de 20 ans spécialisé dans le cinéma jusqu'à l'enseigner à l'Université Lumière - Lyon 2.
Ses travaux l'ont souvent poussé vers l'analyse du son dans les films. Mais son dernier ouvrage porte sur une des nouveautés du cinéma contemporain, à savoir le cinéma en relief, peut-être abusivement désigné comme film en 3D.

Co-écrit avec Kira Kitospanidou, l'ouvrage évoque tous les reliefs, image comme son, mais aussi tous les procédés utilisés depuis que ce cinéma en relief existe.

samedi 11 juillet 2015

Une nouvelle aventure pour le Mégaroyal de Bourgoin Jallieu commence

Bonjour à tous

inhabituellement, ce post sera consacré à un multiplexe avec lequel j'ai travaillé depuis 2008. Tout a commencé par un festival "Justice à l'écran" pour lequel j'intervenais. Ce festival impliquait tout le département de l'Isère et les propriétaires du Mégaroyal, Martine et Richard Derobert, avait décidé d'y participé en accueillant tous les films de la sélection "Fiction" et en créant même un Prix du Public.

mardi 7 juillet 2015

Sauver Éclair Group, c'est sauver le patrimoine filmique français!

Bonjour à tous,

En ces temps difficiles que Éclair Group rencontre, il est important de rappeler le travail colossal que réalisent ses techniciens pour préserver le fonds du cinéma français.
Tout d'abord, un constate: la France du cinéma ne semble s'être jamais aussi bien portée. Les salles connaissent une fréquentation forte, soutenue par des blockbusters qui jouent leur rôle d'aspiration de spectateurs. La production française est reconnue dans le monde entier et vient d'être célébré encore une fois à Cannes par la Palme d'Or et un prix d'interprétation masculine. Les festivals n'ont jamais été si nombreux, malgré les difficultés économiques pour les organiser et proposent des programmations de tous les genres, de tous les thèmes. Le Festival Lumière propose même de revisiter le patrimoine mondial, donc français, du cinéma par la projection de films restaurés.

jeudi 25 juin 2015

"Certains l'aiment chaud" en plein air à Lyon: entre pastiche et transgression

Bonjour à tous

ce soir, l'Institut Lumière propose le chef-d'œuvre de Billy Wilder pour ses séances en plein air, place Ambroise Courtois: Certains l'aiment chaud.


Film classé "meilleure comédie du cinéma" par l'American Film Institute, il doit son succès à bien des choses! C'est d'abord le film d'un génie du cinéma, sachant jouer sur tous les registres, du drame à la comédie en passant par l'analyse sociétale. C'est ensuite un casting formidable qui fait se côtoyer deux immenses acteurs, Tony Curtis et Jack Lemmon - oscar du meilleur second rôle - et un sex symbol planétaire et universel: Marilyn Monroe. C'est toujours une bande son inoubliable avec une chanteuse, toujours Marilyn, qui sait magnifier n'importe quel refrain.C'est aussi le choix d'un scénario qui reprend une histoire de polar des années 30, Little Cesar pour en faire une comédie.

mercredi 24 juin 2015

Manifeste pour une révolution pédagogique du cinéma à l'école

Bonjour à tous,


depuis des décennies, les pédagogues et enseignants se servent du cinéma - ou de supports audiovisuels - comme documents pédagogiques. Plus les années passent et plus les enseignants qui débutent face aux classes sont des consommateurs de cinéma mais aussi des utilisateurs d'outils numériques permettant le visionnage et l'extraction de fichiers numériques vidéo. Mais surtout, ils ont face à eux des élèves dont l'univers mental est forgé par l'image animée qu'ils voient à chaque instant de leur vie de par la multiplication des écrans à leur disposition, télévision, ordinateur, tablette, smartphone..., et la multiplication des formats, film, série, publicité, clip, vine...

lundi 22 juin 2015

Lumière 2015: Sophia Loren invitée d'honneur

Bonjour à tous,

Sophia Loren sera donc l'invitée d'honneur du Festival Lumière 2015. Si elle ne recevra pas le prix Lumière puisqu'il sera remis à Martin Scorcese, sa présence sera évidemment un moment fort du Festival comme celle de Faye Dunaway l'avait été en 2014. Sa filmographie conséquente la qualifie d'ailleurs pour faire partie des plus grandes comédiennes de l'après guerre, tournant avec les plus grands, réalisateurs comme comédiens. Enchaînant les films légers ou les peplums dans lesquels elle peut afficher une plastique des plus avantageuses, faisant d'elle un sex symbol comme bien des actrices italiennes des années 1950 (on pense à Gina Lollobrigida ou à Sylvana Mangano), elle obtint à partir de 1960 des rôles à la hauteur de son immense talent.

jeudi 18 juin 2015

Festival Lumière 2015: Scorcese, enfin Lumière!

Bonjour à tous,

quand le Festival Lumière fut créé en 2009 avec Eastwood en premier lauréat du Prix éponyme, tous les journalistes, cinéphiles et autres spécialistes du 7ème art réfléchissaient déjà à ceux qui pourraient succéder au grand Clint. Et le nom de Scorcese était évidemment un de ceux qui revenait le plus souvent. Quand la 5ème édition fut révélée, chacun s'attendait à entendre le nom du réalisateur de Taxi driver et ce fut celui de Tarantino qui résonna. L'édition 2014 honorait Almodovar, autre grand nom attendu.

jeudi 28 mai 2015

Bientôt les soirées de présentation du Festival Lumière 2015

Bonjour à tous,

Qui pour succéder à Pedro Almodovar? Sous quels accents cinématographiques Lyon vibrera au mois d'octobre 2015?
Comme chaque année, l'Institut Lumière propose aux Lyonnais et aux non-Lyonnais une présentation du programme de la prochaine édition du Festival Lumière dont la7ème  édition se tiendra du lundi 12 au dimanche 18 octobre, à Lyon. 


samedi 23 mai 2015

Le réalisateur de "Django, Sartana, Trinita et les autres" à Sweet Girls & Bad Boys

Bonjour à tous,


Jean-François Giré viendra présenter son documentaire sur le Western italien. Monteur de formation, passionné par le western européen qui fut foisonnant dans les années 1960, Jean-François Giré a tout d'abord écrit un ouvrage de référence à ce sujet, Il était une fois... le western européen. Mais en 2014, il décide de réaliser un documentaire consacré exclusivement au western italien, qui fut certainement celui qui renouvela le plus le genre qui fit la légende des USA, mais qui le tua quasiment aussi.

lundi 18 mai 2015

"Sweet Girls & Bad Boys": un festival Cinésium (14-16 juin 2015)

 Bonjour à tous,

du 14 au 16 juin 2015, Cinésium, en collaboration avec le Mégaroyal de Bourgoin-Jallieu, organise le festival "Sweet Girls & Bad Boys" avec des films pour les Filles et les Garçons.





Bande Annonce:

De la musique, de la danse, de la testostérone, de l'humour, bref, des films cultes et populaires avec un tarif imbattable:
5 € pour tous!!!

Venez revoir La belle et le clochard, danser sur Dirty dancing ou rire avec Les tontons flingueurs, le tout en vous habillant comme les personnages des films!

PROGRAMME CI-DESSOUS

À très bientôt
Lionel Lacour


mercredi 6 mai 2015

"Ladygrey", l'Afrique du Sud en tension

Bonjour à tous

Ladygrey est le premier long-métrage de cinéma d'Alain Choquart, grand chef opérateur, notamment de Bertrand Tavernier. Le film nous plonge en Afrique du Sud, 10 ans après l'apartheid, dans une région rurale du pays, où cohabitent noirs et blancs, sans tension apparente... Pourtant, le sous-titre du film indique le contraire: "Aucun secret ne reste enfoui pour toujours". L'absence de tension n'est qu'un leurre, que le cinéaste va travailler tout le long du film.
(À Lyon, ce film est à découvrir au Comoedia)


mercredi 22 avril 2015

Un Européen peut-il comprendre "American sniper"?

Bonjour à tous

Sorti le 18 février en France, American sniper est donc devenu le film de Clint Eastwood qui aura fait le meilleur résultat au box office tant aux USA qu'en Europe, y compris en France. Et pourtant, l'œuvre du maître américain comporte bien des films marquants dont certains oscarisés. L'homme des hautes plaines, Josey Wales hors la loi, Impitoyable mais encore Sudden impact, Sur la route de Madison, Un monde parfait, Million dollar baby ou Gran Torino sont quelques uns des films majeurs du cinéaste. Et pourtant, aucun de ces films n'a fait mieux que American sniper. Et aucun n'a rencontré une critique aussi partagée que lui. Chef-d'œuvre pour certains, film limite fasciste pour les plus réfractaires.

vendredi 17 avril 2015

15ème édition du Festival Cinémas du Sud à Lyon

Bonjour à tous,

La 15éme Édition du Festival Cinémas du Sud organisée par Regard Sud et l'Institut Lumière se déroulera du jeudi 23 au dimanche 26 avril 2015 : une exploration dans le cinéma du Maghreb et du Moyen orient, des rencontres avec les réalisateurs et une table ronde autour de la production et de la distribution des films du sud.

Plus que jamais, Lyon s'affirme comme une capitale du cinéma et de

Oshima à l'Institut Lumière: 3 œuvres restaurées à découvrir!

Bonjour à tous,

Nagisa Oshima est un des réalisateurs japonais les plus intrigants qui soient et particulièrement apprécié par les cinéphiles français. L'empire des sens en 1976, Furyo en 1983 ou encore Max mon amour en 1986 ou Tabou en 1999 sont autant d'œuvres indispensables d'une cinéphilie exigeante.

Mais Oshima a réalisé bien d'autres films et c'est à l’occasion de

mercredi 15 avril 2015

Sweet girls & Bad boys: un festival pour tous à Bourgoin Jallieu

Bonjour à tous

Cinésium, en partenariat avec le Mégaroyal de Bourgoin, organise un festival de cinéma, pour les filles et les garçons, du dimanche 14 juin au mardi 16 juin 2015.

Les spectateurs seront invités à ne pas être seulement des spectateurs! Des animations dans le hall du plus grand multiplexe indépendant de la région Rhône-Alpes seront organisées.

mardi 7 avril 2015

Contre le règne de l'IMAJE

Bonjour à tous

À l'occasion de l'exposition "Lumière! le cinéma inventé" au Grand Palais, je vous propose cette petite analyse sur ce que cette invention a entraîné malgré elle comme comportements face à l'image captée et animée, juste une petite réflexion sur le besoin de plus en plus important et narcissique des individus de se voir sur un écran, transformant l'IMAGE et IMAJE.





Au début fut la photographie

Les hommes des cavernes ne se peignaient pas vraiment et les peintures rupestres font peu (ou

vendredi 27 mars 2015

Formation des enseignants: Des films de fiction pour enseigner le monde contemporain

Bonjour à tous,

depuis 2001, je propose des formations aux enseignants pour leur permettre d'aborder des questions contemporaines par l'utilisation des œuvres cinématographiques de fiction, voire documentaires.

L'idée est donc de partir des films comme sources historiques, celle de leur période de production.


Formateur à l'IUFM de Lyon et Grenoble, dans

samedi 7 mars 2015

Chappie : en avant vers la transhumanité

Bonjour à tous,

Neill Blomkamp, le réalisateur de District 9 et de Elysium se plaît dans le genre science-fiction / anticipation. Et son dernier film ne déroge pas à cela. Chappie est un blocbuster plus malin que les Transformers et autres films de robots côtoyant les humains même si certains effets lorgnent véritablement vers la recherche lourde du spectaculaire à tout prix. Film de science-fiction, d'anticipation ou réflexion sur des questions d'aujourd'hui, Chappie intrigue assurément sur

mercredi 4 mars 2015

Pour en finir avec le mythe d'un cinéma objectif!

Bonjour à tous,

en 2004, Elie Chouraqui, réalisateur de Paroles et musique, des Marmottes et autres chefs-d'œuvre du cinéma, réalisait un reportage pour l'émission "Envoyé Spécial" intitulé Antisémitisme: la parole libérée. Ce documentaire tourné à Montreuil devait démontrer la progression de l'antisémitisme que les élèves de l'ORT (école juive) subissaient de la part de ceux du collège Paul Eluard. Invité à commenter son travail, Chouraqui affirmait avoir réalisé un film 100% objectif. Peu importait que ses élèves juifs soient filmés en rasant les murs, que des musiques angoissantes accompagnent les images ou que certains cadrages laissent penser que les antisémites étaient essentiellement d'origine arabe. Non, son travail était totalement objectif, ce qu'il répète d'ailleurs dans le DVD sorti après la première diffusion du reportage, en revendiquant une absence de parti pris. Tu penses.

Une telle affirmation est à la fois consternante au regard du reportage du réalisateur où le parti pris saute aux yeux, mais surtout consternante pour toute personne

jeudi 26 février 2015

Le syndrome Timbuktu: un bon film est un film sans succès

Bonjour à tous,

Timbuktu, le film aux 7 César et plus d'1 millions de spectateurs est une sorte de miraculé du Box office français. Son réalisateur Abderrahmane Sissako ne s'attendait pas à autant de gloire. Il faut dire que peu de personnes ne s'y attendait non plus. Timbuktu n'aurait pas été le premier film cannois à avoir soutenu l'attention des "Professionnels de la Profession" en mai soulever un quelconque enthousiasme dans les salles ensuite. 

Ce film africain, produit par des Français mais africain pour tout le reste, du réalisateur au monteur en passant par les acteurs, les lieux, la langue, ose montrer le terrorisme islamiste et les conséquences liberticides et même davantage sur les populations mises sous la coupe des prétendus djihadistes. 
Tourné dans une langue non occidentale, même si du français ou de l'anglais apparaissent çà et là, avec aucun comédien connu, le succès commercial de ce film était hypothétique, malgré le sujet. Et puis surtout, il a été

mercredi 18 février 2015

Team Building Cinésium: un "secret story" revu et corrigé

Bonjour à tous

Le 8 janvier 2015, l'agence de communication organisait une grande soirée pour le personnel de la société Bioderma.
L'objectif était de fédérer autour d'une ambiance festive les 80 participants, occupant toutes les fonctions de l'entreprise.
Cinésium a donc créé pour l'occasion un scénario original créant un pastiche de téléréalité, dans lequel les participants devaient à la fois suivre une trame prédéfinie tout en étant libre d'improviser.
Avec mon équipe de tournage, la soirée s'est déroulée parfaitement, chaque participant s'impliquant dans cette parodie avec enthousiasme!

Et pour vivre en un peu plus de 2 minutes cet événement, découvrez la vidéo suivante!


À très bientôt
Lionel Lacour

mardi 10 février 2015

Mr Klein: Un travail de mémoire de la France occupée

Bonjour à tous

en 2010, Rose Bosch, réalisatrice de La rafle, prétendait qu'aucun film n'avait montré la rafle du veld'hiv. Au sens propre, elle avait raison. Aucun n'avait reconstitué avec sa minutie cet événement tragique. Mais elle avait juste oublié qu'un autre cinéaste, un vrai celui-là, avait réalisé une œuvre autrement plus puissante que le film lacrymal tourné au XXIème siècle, injonction à choisir son camp et à se déterminer, près de 70 ans après parmi les gentils en vomissant les méchants. Bien plus subtil a été le film de Joseph Losey réalisé en 1976. Mr Klein ne cherche pas l'exactitude à tout crin en ne se gênant pas à faire des entorses à l'Histoire quand la vision de cette période est au final bien plus respectée et nuancée que celle qui fut donc proposée dans La rafle. 
Mr Klein est dans la lignée de ces films qui sont revenus sur le résistancialisme qui avait marqué le cinéma français jusqu'aux années 1960 et qui présentait une vision très binaire de la période de l'occupation. Marcel Ophuls en 1969 avec le documentaire Le Chagrin et la Pitié, Louis Malle en 1974 avec Lacombe Lucien troublaient les Français dans leurs certitudes sur le comportement dans Français pendant la seconde guerre mondiale. Avec Mr Klein, Losey secouait encore un peu plus les spectateurs et ce au-travers d'un personnage double, mais sans double jeu. Une histoire revisitée pour une œuvre magistrale de profondeur.

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samedi 31 janvier 2015

Conférence: Le génocide juif vu par le cinéma

Bonjour à tous,

Cinésium propose une conférence exclusive sur la manière dont le cinéma a cherché à évoquer le génocide juif.
La difficulté de la représentation de cet événement tragique est une des caractéristiques de ce cinéma, qui a souvent essayé de suggérer plutôt que de montrer réellement le génocide, s'appuyant sur le fait que les spectateurs pouvaient savoir sans besoin d'en dire davantage.

À travers l'évocation de nombreux films ayant pris comme personnages principaux des victimes ou des bourreaux, cette conférence a pour objectif de montrer combien le cinéma, et notamment le cinéma de fiction, est un outil de la mémoire.

Vous pouvez consultez différents articles de ce blog:
La vie est belle: un chef-d'œuvre salutaire
Le génocide à l'écran: un thème de cinéma comme un autre?


Vous êtes une association, une médiathèque, un établissement scolaire ou toute autre institution et vous êtes intéressés par cette conférence, je vous invite alors à me contacter directement pour avoir davantage de précisions sur les modalités à l'adresse email suivante:
lionel.lacour@cinesium
ou par téléphone: 06 45 32 75 58

À bientôt
Lionel Lacour

lundi 26 janvier 2015

SnowTherapy: un film pas trop mâle

Bonjour à tous

Cannes 2014, un film suédois, co-production Rhône-Alpes Cinéma tourné en grande partie dans la station alpine des Arcs, a été projeté dans la sélection "Un autre regard" sous le titre de Turist. Il sera exploité dans le monde sous le titre de Force majeure, sauf en France puisque le distributeur a choisi Snow Therapy. Et on pourrait presque lui donner raison tant le film propose une thérapie intrigante tant aux personnages principaux qu'à ceux qui les côtoient voire aux spectateurs eux-mêmes. Réalisé par Ruben Östlund, le film se découpe en plusieurs journées mais s'interprète en plusieurs couches, pas forcément de neige!

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1. Une situation banale, une remise en question des fondements du couple
Le film commence presque comme un film de famille tourné au caméscope. Quelques plans sur des gens heureux d'être sur une piste de ski, des parents devant s'occuper de leurs enfants emmitouflés dans des tenues bien peu pratiques pour se mouvoir dans les gestes quotidiens mais nécessaires pour pratiquer les activités de neige.
L'action est censée se passer dans les Alpes françaises et la famille vient de Suède. Une sorte de résumé de cette société de consommation du loisir est sous nos yeux. Un père qui prend des vacances pour (enfin) consacrer du temps à sa famille, un smartphone toujours présent servant autant à communiquer qu'à prendre des photographies ou qu'à faire des courtes vidéos.
Les enfants s'amusent avec un jouet dernier cri, sorte de drone qui les amuse autant que le père.
Avec cette famille suédoise, aux parents formidablement interprétés par Johannes Kuhnke dans le rôle de Tomas le père et Lisa Loven Kongsli dans le rôle d'Ebba la mère, c'est tout un modèle familial à la fois traditionnel et moderne qui se présente à nous. Traditionnel dans sa composition et dans son apparente répartition des rôles: 2 enfants, un père qui travaille plus que la mère qui a mis sa carrière entre parenthèse. Moderne dans cette recherche d'harmonie du couple, d'éveil des enfants, de liberté accordée réciproquement à chaque époux, à cette manière de faire leur toilette ensemble...
Pourtant, un événement à la fois anodin et majeur va fendre ce modèle d'équilibre, forcément fragile, reposant sur une valeur essentielle: la fonction de l'homme, père et mari.
Une avalanche est déclenchée par le personnel de la station pour éviter qu'une autre, incontrôlée et meurtrière ne se produise. Sous les yeux ébahis des touristes situés en terrasse d'un bar d'altitude et face à cette coulée de neige, Ebba s'inquiète du bruit et du volume que prend l'avalanche, malgré les mots rassurants de Tomas. Mais la masse de neige s'approche vraiment et semble prête à engloutir la terrasse et les personnes se trouvant dessus, provoquant une réaction de panique de tous les skieurs, à commencer par Tomas qui court pour se protéger, abandonnant femme et enfants, avant de revenir une fois que la menace ne se soit révélée n'être que de la neige pulvérisée accompagnant le gros de l'avalanche.
Ainsi commence le traumatisme d'Ebba, sa peur de l'avalanche lui en a fait découvrir une autre. Et si Tomas n'était pas celui qu'elle croyait.


2. L'avalanche se propage autour des héros et dans la salle
Le film joue sur l'effet de l'avalanche. Celle-ci devient une parabole pour mieux décliner ses effets autour des personnages.
La première victime semble donc être le couple formé par Tomas et Ebba. Telle une plaque instable dont la rupture entraîne l'avalanche, Tomas devient un maillon faible du couple. Celui qui doit résister aux tempêtes, dont le statut familial comme social est accepté parce qu'il représente la force et la sécurité s'est mué en couard, jusqu'à en nier l'évidence, pour mieux conserver son statut.

Cette rupture de plaque constitue pour Ebba un bouleversement digne d'une crise de foi. Elle va alors réaliser que son modèle familial n'est justement pas un modèle, notamment lorsqu'une amie lui fait comprendre qu'elle a des amants et que son mari l'accepte et fait de même. Cette liberté dans le
couple stupéfait Ebba mais fragilise encore davantage son modèle de société qui cherche tout de même à préserver encore ses enfants quand elle s'adresse à Tomas pour comprendre son déni autant que pourquoi il s'est comporté ainsi. C'est ainsi que le réalisateur extrait régulièrement le couple de son cocon locatif pour les faire discuter sur le palier de l'étage de l'hôtel.

De son côté, Tomas se voit encore comme un homme pouvant séduire. Dans une scène hilarante, Tomas doit pourtant faire face à une réalité. Son sex appeal n'est plus qu'une illusion dans laquelle il se plaît à vivre, imaginant qu'il peut encore séduire par son seul physique une femme plus jeune que lui. Et même si dans cette séquence, Tomas n'a rien demandé, l'attitude des femmes en dit long sur la mutation de société qui s'opère et dans laquelle l'homme n'a plus l'apanage de la drague, et de la drague "lourde"!
Vient alors le deuxième effet de l'avalanche, l'effet boule de neige qui entraîne tout sur son passage. Ainsi, une discussion lors d'un repas avec un couple d'amis Mats et Fanni, dont l'un est plus âgé que celle qui est désormais sa compagne, amène Ebba à évoquer "l'événement" qui la traumatise et à mettre son mari en défaut, mettant le couple d'amis à la fois dans l'embarras et dans une position d'arbitre, tentant vainement d'expliquer à chacun la raison du comportement de l'autre. Mais l'effet est dévastateur pour ce couple lui-même qui, même s'il réussit à s'extraire du conflit de couple entre Tomas et Ebba, va connaître une période de turbulence. Et Mats va donc subir l'interrogatoire de sa jeune compagne. Son statut de père divorcé le place de fait lui aussi dans la rupture du modèle familial traditionnel, dans la rupture du père ou mari protecteur. Mats n'a rien commis de répréhensible ni de critiquable et pourtant sa virilité est sur la sellette, comme celle de Tomas l'est avec Ebba.
Telle l'avalanche déclencheuse de l'histoire, la subtilité du film est de provoquer chez les spectateurs le même processus de réflexion qui a touché d'abord Tomas et Ebba puis Pats et Fanni. La détresse de Tomas,Hors cadre, hors écran, tous ceux qui ont assisté à l'avalanche sont à leur tour happés par les effets provoqués par cette fausse catastrophe naturelle. Ruben Östlund conduit chaque spectateur a envisager le point de vue de chacun des protagonistes et de fait, à revisiter le modèle familial établi, y compris dans une société suédoise que les Latins imaginaient comme beaucoup plus progressistes dans les relations homme/femme. Et comme Mats et Fanni qui intervinrent d'abord avec Tomas et Ebba pour ensuite débattre dans leur appartement de la place du "mâle" dans une société moderne, il est fort à parier que chaque spectateur emportera avec lui les questionnements suscités par Snow Therapy.


Il est rare qu'un film évoquant à ce point des questions intimes dans un couple interroge à ce point sur la société elle-même et sur ses fondements. Pas révolutionnaire dans ce qui est finalement affirmé, le réalisateur prend cependant à témoin les spectateurs non d'un renversement de situation, il ne s'agit pas ici d'affirmer la prise d'un quelconque pouvoir par les femmes, mais d'un bouleversement de la représentation des hommes, des mâles. Évidemment, les lâches sont légion dans le cinéma comme dans la littérature. Mais le lâche du film ne l'est pas pour faire le mal. Il l'est parce qu'il réagit en être humain, laissant sa virilité et son héroïsme supposé dû à son statut de mari et de père derrière son instinct de survie mais aussi derrière sa peur face à un événement soudain. Ce lâche n'est pas dénoncé. Il est montré brut, conscient du hiatus entre son comportement et ce qu'il sait de ce que la société, et donc sa famille, auraient attendu de lui. Le mâle de cinéma est un homme ordinaire. Et peu importe que les séquences finales le rétablissent dans sa virilité ou dans un modèle protecteur, plus personne ne sera dupe de ce que chacun peut être dans une situation de danger... même si on essaie de conserver les apparences pour les enfants. La reproduction sociale d'un modèle de "super papa-mari" comme constante pour se construire?

À très bientôt
Lionel Lacour

mercredi 21 janvier 2015

"Foxcatcher", le revers de la médaille américaine

Bonjour à tous,

ce mercredi 21 janvier 2015 sort dans les salles Foxcatcher réalisé par Bennett Miller et prix de la mise en scène au dernier festival de Cannes (2014). Présenté en avant-première lors du festival Cinéma, Sport et Littérature à l'Institut Lumière le dimanche 11 janvier 2015, le film se concentre sur le désir pathologique d'un milliardaire, John du Pont (méconnaissable Steve Carell) à vouloir devenir l'entraîneur de champions de lutte, et notamment Mark Schultz (interprété par Channing Tatum), champion olympique aux Jeux Olympiques de Los Angeles en 1984.


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lundi 19 janvier 2015

Les chariots de feu: l'autre dans la société

Bonjour à tous

samedi 10 janvier, à l'occasion du festival Cinéma Sport et Littérature proposé par l'Institut Lumière, était projeté en avant-première française la copie restaurée du chef-d'œuvre d'Hugh Hudson, sorti en 1981 et 4 fois oscarisé et notamment pour le scénario. En présence du réalisateur et devant une salle archi comble, la redécouverte de ce film fut une révélation pour bon nombre de spectateurs, peut-être parce que le contenu une d'une contemporanéité, pour ne pas dire d'une actualité sidérante.

L'action est éclatée en plusieurs moments, commence et finit en 1978, puis se situe en 1919, continue jusqu'en 1924 qui sera le temps fort et long du film. S'ouvrant et se fermant sur une entraînement de l'équipe d'athlétisme britannique sur une plage, le tout sur la musique de Vangélis, elle aussi oscarisée, l'effet est très étonnant, surtout aujourd'hui, d'entendre cette musique très connotée "eighties" avec des synthétiseurs très

samedi 10 janvier 2015

Le cinéma, une source de l'Histoire

Bonjour à tous,

Le 13 août 2005, j'écrivais un article pour "The Internationale Association for Media and History" (http://www.iamhist.org/), rubrique "forum". Reproduit avec leur autorisation pour le site Clio-Ciné, (vous pouvez retrouver cet article et des centaines d'autres de nombreux contributeurs sur le site Clio Ciné), cet article consacré à l'utilisation du cinéma comme source est donc retranscrit ici dans son intégralité .


Cet article est une courte synthèse d’une réflexion élaborée en vue de la réalisation d’une série de conférences portant sur l’Histoire du XXème siècle grâce à l’utilisation des films de fiction de l’époque étudiée. Ces conférences

samedi 3 janvier 2015

Les aventures de Robin des Bois: la légende au service du présent

Bonjour à tous,

en 1938, un des plus grands films d'aventure de l'Histoire du cinéma sortait aux USA. Réalisé par le réalisateur d'origine hongroise Michael Curtiz (qui réalisa par la suite Casablanca, rien que ça), Les aventures de Robin des bois avaient comme caractéristique d'être un des premiers films tournés en couleur, une nouveauté de l'époque qui avait pour intérêt d'attirer encore les spectateurs dans les salles (comme on a essayé de les attirer avec le cinémascope, le relief...). Produit par la Warner, studio ouvertement pro administration Roosevelt, le film de Capra rassemble Errol Flynn et Olivia de Haviland pour la 3ème fois après Capitaine Blood (1935) et La charge de la brigade légère (1936), toujours sous la direction de Curtiz, formant un duo de cinéma parmi les plus célèbres, tournant encore ensemble 5 fois, dont 4 pour leur réalisateur fétiche!