lundi 3 novembre 2014

Kracauer, l’Allemagne et le cinéma

Bonjour à tous,

« Je suis persuadé que par une analyse des films allemands, on peut parvenir aux dispositions psychologiques qui prédominaient en Allemagne de 1918 à 1933 – des dispositions qui ont alors influencé le cours des événements et avec lesquelles il faudra compter dans l’ère post-hitlérienne.
J’ai certaines raisons de croire que l’utilisation faite ici des films en tant que moyen de recherche pourrait être appliqué avec profit à l’étude du comportement des masses aux Etats-Unis et ailleurs. Je pense aussi que des études de ce genre pourraient aider dans la planification des films – pour ne pas mentionner d’autres moyens de communication – qui servent effectivement les buts culturels des Nations Unies. »

            Voici ce qu’écrivit Siegfried Kracauer en 1946 en Préface de son livre De Caligari à Hitler, une histoire psychologique du cinéma allemand, traduit en France qu’au début des années 1970. De fait, l’œuvre de Kracauer est

dimanche 2 novembre 2014

"Le corniaud": la France des Trente glorieuse

Bonjour à tous

Le corniaud, réalisé par Gérard Oury en 1965, réunit deux acteurs majeurs de la comédie française. S'ils avaient déjà travaillé ensemble, notamment dans La traversée de Paris, c'est la première fois qu'ils tiennent la vedette à part quasi égale dans un film dont le succès entraînera la production de La grande vadrouille l'année suivante. Le corniaud plonge d'emblée le spectateur dans une atmosphère coutumière, celle du départ en vacances. Et malgré les aventures rocambolesques du héros, Antoine Maréchal (Bourvil), tout le film va rester dans ce registre. Seul Léolpold Saroyan (incroyable Louis de Funès) semble s'éloigner du Français moyen tel que se l'imaginaient les spectateurs de 1965.

Bande annonce:



La société de consommation
Une 2 CV, des bagages, quitter Paris pour des vacances en Italie. La première séquence est une sorte de constat d'évidence. Les Français ont vu

jeudi 30 octobre 2014

"Timbuktu" d'Abderrahmane Sissako en Avant Première à l'Institut Lumière

Bonjour à tous

Avant la sortie prévue le 10 décembre 2014, l'Institut Lumière recevra Abderrahmane Sissako pour une avant-première de son dernier film Timbuktu, sélectionné au dernier festival de Cannes et lauréat de deux prix parallèles (Prix œcuménique et Prix François Chalais). 
Ce cinéaste Mauritanien dont l'œuvre a toujours fait la passerelle entre le monde occidental et l'Afrique (et particulièrement dans La vie sur Terre ou Bamako) se plonge cette fois dans la fiction en traitant une situation dramatique frappant le Mali. Timbuktu (Tombouctou pour la prononciation française) évoque donc la présence des djihadistes imposant à la population malienne leurs lois, leurs règles, provoquant de fait des tensions au sein de la population.

En partant de l'histoire d'une famille, celle de Kidane, Sissako aborde la réalité de la violence des nouveaux maîtres de la ville, et notamment celle faite aux femmes, devenues l'ombres de ce qu'elles étaient avant la prise de pouvoir de ces intégristes. 

Même si le réalisateur a une culture européenne, son point de vue ne manque pas d'intriguer car il est avant tout celui d'un Africain qui n'a jamais manqué de critiquer l'impérialisme qui s'abat perpétuellement sur ce continent, et particulièrement le Mali, objet de ce film ovni qu'était Bamako dans lequel étaient jugées les instances internationales, dont le FMI, pour le rôle qu'elles jouaient dans le sous-développement africain. En mettant en accusation ceux qui mettent sous le joug tout un peuple soit-disant au nom d'un Islam, forcément dévoyé, Sissako permet d'appréhender cette menace djihadiste touchant finalement et d'abord les populations musulmanes (d'Afrique ou d'ailleurs) avant même le monde occidental. Les premières victimes sont les populations, musulmanes ou chrétiennes vivant dans des pays dans lequel l'Islam était une religion majoritaire mais tolérante.

Au moment ou on demande aux populations musulmanes de s'indigner contre le terrorisme islamiste, le film de Sissako propose un témoignage édifiant, dans lequel la foi de l'auteur ne compte pas mais qui démontre que les Musulmans comme les populations d'autres confessions sont menacés par les djihadistes sans réelle distinction. Un "Not in my name" sur grand écran, mais sans injonction de se déclarer contre les terroristes islamistes quand on est musulman.

Mardi 4 novembre 20h AVANT-PREMIÈRE
En présence d’Abderrahmane SissakoTimbuktu (A. Sissako, 1h37)
Billetterie disponible sur


www.institut-lumiere.org
ou au 04 78 78 18 95

À bientôt
Lionel Lacour

mercredi 29 octobre 2014

"Le silence des agneaux" à "L'épouvantable vendredi" de l'Institut Lumière

Bonjour à tous

Le vendredi 7 novembre 2014 se déroulera un nouvel "Épouvantable vendredi" toujours organisé par Fabrice Calzettoni, responsable pédagogique de l'Institut Lumière et grand amateur de ce cinéma de genre.

Hakim Fdaouch, grand cinéphile et spécialiste du genre, et Fabrice Calzettoni présenteront pour l'occasion un film qui fit sensation à sa sortie en 1991. En effet, Le silence des agneaux dépassait de loin le succès des films évoquant les serial killers et fixait dans l'inconscient collectif des référents à la fois esthétiques et de personnages extrêmement bien caractérisés.

Il faut dire que le casting avait de quoi séduire. Jodie Foster faisait une très subtile agent du FBI, Clarice Sterling, devant à la fois résoudre une affaire de meurtres en série et affronter celui qui pouvait l'aider, à savoir Hannibal Lecter. C'est Anthony Hopkins qui livre une interprétation magistrale de ce personnage, apportant la finesse de son jeu, lui qui incarnait si bien les britanniques bien éduqués auparavant,

mardi 28 octobre 2014

Festival Lumière 2014 - Le Best of

Bonjour à tous,

alors si comme moi, vous n'avez pas pu voir tous les films que vous auriez souhaité lors du Festival Lumière, s'il vous manque LE film de Claude Sautet, si la séance Capra était complète lors du festival, l'Institut Lumière propose un programme de rattrapage depuis vendredi dernier.

À vous de faire votre sélection et de vous rendre à la salle du Hangar rue du Premier Film à Lyon 8ème pour voir et/ou revoir les films qui ont marqué la 6ème édition du Festival Lumière.


Tous renseignements sur 
www.institut-lumiere.org
ou par téléphone 04 78 78 18 95

Programmation du Best of ci-dessous!

À bientôt
Lionel Lacour



Mercredi 29 octobre

16h45 César et Rosalie (C. Sautet, 1h51)
19h Un étrange voyage (A. Cavalier, 1h40)
21h L'Homme de la rue (F. Capra, 2h02)

Jeudi 30 octobre
14h30 Femmes au bord de la crise de nerfs (P. Almodóvar, 1h35)
17h La Loi du désir (P. Almodóvar, 1h44)
19h Une journée particulière (E. Scola, 1h46)
21h César et Rosalie (C. Sautet, 1h51)

Vendredi 31 octobre
14h30 César et Rosalie (C. Sautet, 1h51)
17h Les Choses de la vie (C. Sautet, 1h25)
19h Colorado (S. Sollima, 1h47)
21h Une journée particulière (E. Scola, 1h46)

Samedi 1er novembre

16h30 L'Homme de la rue (F. Capra, 2h02)
18h45 Un étrange voyage (A. Cavalier, 1h40)
20h45 Colorado (S. Sollima, 1h47)

Dimanche 2 novembre
14h30 Une journée particulière (E. Scola, 1h46)
16h30 César et Rosalie (C. Sautet, 1h51)
18h45 L'Homme de la rue (F. Capra, 2h02)

Mardi 4 novembre
14h30 Une journée particulière (E. Scola, 1h46)
17h L'Homme de la rue (F. Capra, 2h02)


Mercredi 5 novembre
17h 
La Fleur de mon secret (P. Almodóvar, 1h42)
19h Volver (P. Almodóvar, 2h02)
21h15 Monsieur Klein (J. Losey, 2h03)

Jeudi 6 novembre
19h Vincent, François, Paul et les autres… (C. Sautet, 1h58)
21h15 Wake in Fright/Réveil dans la terreur  (T. Kotcheff, 1h48)

Vendredi 7 novembre
14h30 Monsieur Klein (J. Losey, 2h03)
16h45 Volver (P. Almodóvar, 2h02)
19h La Fleur de mon secret (P. Almodóvar, 1h42)

Samedi 8 novembre
16h 
Amour défendu (F. Capra, 1h28)
17h45 Andreï Roublev (A. Tarkovski, 3h03)
21h Kika (P. Almodóvar, 1h54) - Séance unique

Dimanche 9 novembre

14h30 Vincent, François, Paul et les autres… (C. Sautet, 1h58)
16h45 
Volver (P. Almodóvar, 2h02)
19h Monsieur Klein (J. Losey, 2h03)

Lundi 10 novembre
14h30 Vincent, François, Paul et les autres… (C. Sautet, 1h58)
16h45 Monsieur Klein (J. Losey, 2h03)
19h 
La Fleur de mon secret (P. Almodóvar, 1h42)
21h Wake in Fright/Réveil dans la terreur (T. Kotcheff, 1h48)

Mardi 11 novembre
14h30 
Volver (P. Almodóvar, 2h02)
17h Andreï Roublev (A. Tarkovski, 3h03)
20h30 
Vincent, François, Paul et les autres… (C. Sautet, 1h58)



lundi 27 octobre 2014

"Geronimo": "West Side Story" selon Gatlif

Bonjour à tous,

le mercredi 15 octobre 2014 est sorti le nouveau film de Tony Gatlif, distribué par les films du Losange et co-produit notamment par Rhône-Alpes Cinéma. Ceux qui aiment le style de Gatlif ne seront pas déçus. Puissance des images, mise en scène nerveuse, liberté avec la grammaire cinématographique, notamment dans les raccords ou les échelles de cadre, légèreté de la caméra dans certaines séquences. Pourtant, le cinéphile y retrouvera aussi du cinéma plus académique avec des séquences rythmées, des plans particulièrement soignés créant des vrais grands moments de cinéma.
Si on peut regretter que le scénario pèche dans l'utilisation des seconds, troisièmes ou quatrièmes rôles qui auraient pu donner encore plus d'épaisseur et à l'histoire, et au personnage principal, il faut néanmoins apprécier une approche finalement assez rare dans le cinéma français des confrontations des communautés des banlieues françaises. D'une certaine manière, Gatlif propose un West side story à la française. Il était temps!

Bande annonce:


vendredi 10 octobre 2014

Festival Lumière 2014 - Rambo, un classique enfin sur grand écran

Bonjour à tous

À l'occasion de la venue du réalisateur Canadien Ted Kotcheff, le festival Lumière projettera son film le plus connu Rambo lors d'une séance tardive à l'Institut Lumière - salle du Hangar du Premier film, le mercredi 15 octobre à 15h45.

Pour bon nombre de cinéphiles, Rambo est une sorte de synonyme de mauvais film américain. Ainsi, il y a quelques années, lors d'une formation pour des enseignants, l'un d'entre eux me demanda si pour moi, Rambo était une source historique, sous-entendant que le film était tellement mauvais qu'on ne pouvait l'utiliser comme objet d'étude.Cette interrogation provoqua de ma part une certaine consternation. En effet, qu'est-ce qu'une source historique? Est-elle liée à la qualité de l'œuvre étudiée ou bien est-ce un témoignage de l'époque étudiée? Devrait-on éliminer certaines inscriptions latines ou grecques sous prétexte qu'il y aurait des fautes d'orthographe? Il en est donc de même pour les films dont la qualité cinématographique n'a rien à voir avec le témoignage historique qu'ils peuvent révéler de leur époque.
Au-delà de cet aspect sur la validité de "source" historique de Rambo, c'était bien le jugement esthétique qui m'ennuyait. En effet, Rambo est un film particulièrement intéressant cinématographiquement parlant comme nous allons le voir ci-dessous. Pourtant, il suffit de prononcer ce mot, RAMBO, pour provoquer sourires et moqueries sur le personnage. C'est que ce personnage n'est pas resté celui que nous découvrions dans le premier opus en 1982 réalisé par Ted Kotcheff. Il est devenu ce symbole du cinéma américain reaganien au fur et à mesure que les années 1980 avançaient jusqu'à la caricature, comme ce le fut pour Rocky, interprété par le même Sylvester Stallone qui devint à son tour une caricature après trois épisodes plutôt bien accueillis jusqu'en 1982 jusqu'à ce que le quatrième opus plonge Rocky en pleine guerre froide!

Stallone, Rocky et Rambo forment désormais une sorte d'unique personnage, à la fois réac, violent, manichéen, profondément américain sans aucune nuance. C'est oublier que ces personnages et les films qui les ont fait découvrir étaient autrement plus intéressants!

Rambo: un Américain des années 70
En 1982, Stallone sortait un autre film qui allait le marquer définitivement. Rambo a cette caractéristique commune avec Rocky d'être de fait un loser. Vétéran du Vietnam, il est donc quelqu'un qui a perdu la guerre. Du point de vue cinématographique, le passé du personnage est donné par petites touches impressionnistes, par quelques flash backs le montrant torturé par un Vietnamien. Il faut néanmoins attendre la moitié du film, alors que la police de la ville croit l'avoir tué, pour que le fameux colonel Trautman révèle qui est Rambo, un militaire d'exception, ayant reçu les plus grandes décorations de l'armée américaine. Le film révèle plusieurs états d'esprit. Celle des Américains d'abord, que le traumatisme de la défaite au Vietnam conduit à rejeter tout ce qui peut y faire référence, à commencer par les vétérans. C'est ce qui conduit le shérif à chasser Rambo de sa ville alors même qu'il n'a commis aucun délit. C'est aussi l'état d'esprit des vétérans qui se sentent rejeter par leur pays et ses habitants qui n'ont pas conscience du traumatisme de la guerre menée en Asie du Sud Est et des horreurs qui y ont été perpétrées par les deux camps. Etat d'esprit enfin d'une armée qui a été incapable de s'occuper de ses vétérans qui étaient partis pour la plupart très jeunes dans ce conflit.

La séquence finale est de ce point de vue très intéressante. Barricadé dans le bureau du shérif après avoir détruit la moitié de la ville Rambo se trouve face au colonel. Il explique alors ses états d'âme: insulté par les civils, ne trouvant pas de boulot, traité d'assassin et de bourreau, Rambo ne comprend pas ce mépris de la part de ces Américains car il n'a fait que ce que l'armée et donc son pays lui ont demandé de faire. Il témoigne de la manière dont un gamin vietnamien a fait sauter une bombe, se tuant et avec lui un soldat américain, montrant à quel point les Américains ne pouvaient pas lutter contre un peuple prêt à envoyer ses enfants mourir pour repousser les Américains. C'est enfin la désocialisation des vétérans que Rambo exprime à son colonel. De manière hallucinante, Rambo pleure alors et se réfugie dans les bras du colonel. Un enfant dans les bras de son père.
Le film est filmé comme la guerre du Vietnam s'est déroulée: un incident anodin sur un homme surpuissant qui va alors tout détruire, et comme la pente savonneuse sur laquelle avait glissé les USA au Vietnam, Rambo ne pourra plus faire machine arrière sinon à détruire tout sur son passage tout en sachant qu'il finira par perdre. Rambo est l'allégorie des USA: surpuissant, sa musculature ici n'est pas inutile pour le propos du film, mais un colosse finalement fragile. Le héros du film finit donc menotté. Fin étrange donc pour un film américain avec un happy end dans le sens où Rambo a détruit toute une ville, tué un homme et s'est rebellé contre la police. Mais la morale du film montre bien que Rambo est une victime et qu'il paie pour ceux qui l'ont abandonné: l'Etat, l'armée, les civils.

Pour revoir ce film qui marqua véritablement une rupture dans le cinéma d'action américain, avec une affiche qui inspira tant d'autres productions, à commencer par Pinot simple flic de Gérard Jugnot, pour retrouver ce personnage mythique du 7ème art, qui allait être emporté par l'idéologie reaganienne consistant à ré-imposer la puissance américaine sur la planète, profitez donc de la séance à l'Institut Lumière lors du Festival Lumière 2014!

MERCREDI 15 OCTOBRE 2014 - 22h45 - Institut Lumière - Salle du Hangar
Rambo de Ted Kotcheff, 1982

Réservations des places sur www.festival-lumiere.org

À bientôt
Lionel Lacour

mardi 7 octobre 2014

Festival Lumière 2014 - Stéphane Lerouge: pour l'amour des musiques de film

Bonjour à tous

"Chabadabada Chabadabada".... quelques onomatopées qui évoquent une musique, et pas n'importe laquelle, une musique d'un film. C'est ce que Stéphane Lerouge défend corps et âme. Car pour lui, le cinéma est à jamais lié à la musique qui accompagne le film. Que serait Il était une fois dans l'ouest sans les partitions d'Ennio Morricone? Les westerns ayant la musique de Dimitri Tiomkin seraient bien différents. Et la panthère rose manquerait certainement d'identité si Henry Mancini n'avait pas composé ce morceau pour un saxophone reconnaissable entre tous.

Invité au Festival Lumière 2014 pour une master class sur l'édition musicale de films, Stéphane Lerouge vient apporter son talent et son expérience d'éditeur pour les heureux spectateurs. En effet, depuis 2000, il dirige la collection "Écoutez le cinéma" chez Universal Music France. Universal ayant acheté divers autres éditeurs ayant dans leur catalogue diverses bandes originales de films, Stéphane Lerouge a pu déjà s'appuyer sur un patrimoine qu'il ne restait plus qu'à valoriser. En attendant de pouvoir élargir la collection avec des œuvres qui ne manquent pas mais dont les sources sont parfois difficiles à obtenir, notamment parce que les masters originaux ont été perdus, détruits ou difficilement exploitables (voir à ce sujet l'article Les trésors de Stéphane Lerouge du site Underscore, le magazine de la musique de films.

La collection que dirige Stéphane Lerouge se concentre sur le cinéma français qui ne manque pas de compositeurs de talent comme Maurice Jarre, le maître, François de Roubaix qui apporta en son temps une grande modernité aux films français, ou Francis Lai tellement associé au réalisateur d' Un homme et une femme et d'autres encore.

Pour Stéphane Lerouge, la musique crée des images au-delà du film. Dans une interview donnée à Libération le 2 avril 2013, il témoignait des images qu'il avait fantasmées sur la bande son de Maurice Jarre pour le film de Georges Franju Les yeux sans visage, totalement différentes de celles du film! Cette expérience constitue alors pour lui une évidence. Plus récemment, le 3 octobre 2014, il affirmait dans la version numérique du Figaro que le cinéma de Truffaut s'écoute, peut-être autant qu'il se regarde. Et après le coffret Jacques Demy-Michel Legrand sorti en 2013, la collection dirigée par Stéphane Lerouge a sorti en septembre dernier un coffret intitulé "Le monde musical de Truffaut" à l'occasion de la rétrospective Truffaut à la Cinémathèque française.


La Master Class que donnera donc Stéphane Lerouge mercredi 15 octobre à 10h30 à l'Institut Lumière - Salle 2 - Villa sera donc une occasion exceptionnelle de pouvoir comprendre à la fois son travail d'éditeur, son rapport avec les producteurs, autant de musiques que des films, sa perception des relations entre cinéastes et la musique qui habille leurs films et enfin sa crainte de voir les compositions originales de musiques de films disparaître au profit de compilations de musiques préexistantes.

MERCREDI 15 OCTOBRE - 10H30 - INSTITUT LUMIÈRE SALLE 2 - VILLA
Réservation des places par téléphone: 04 78 78 18 95
ou sur le site www.festival-lumiere.org

À bientôt
Lionel Lacour

Festival Lumière 2014 - Il était une fois... Jean-François Giré

Bonjour à tous

le festival Lumière 2014 consacre une partie de sa programmation au thème "1964, un certain Bob Robertson". Sous ce titre étrange se cache en réalité la naissance du western... européen, et plus particulièrement italien. À cette occasion, il apparaissait alors comme une évidence que Jean-François Giré marque de sa présence certaines séances consacrées à cette thématique (voir liste ci dessous).

En effet, Jean-François Giré est l'auteur du livre Il était une fois... le western européen en 2 tomes dont le premier fut publié en 2008 et édité par Bazaar & Co, livres qui seront disponibles à la librairie du Village du Festival.
Encyclopédiste de ce genre souvent minimisé pour ne pas dire raillé, Jean-François Giré offre à la fois l'érudition des cinéphiles et une proximité avec tous ceux qui parfois sont méprisés par justement ceux qui relèguent le western non américain à la catégorie du sous-genre. 

Giré ne surévalue pas la qualité de tous les films produits sur le vieux continent. Mais il vient en donner des clés de compréhension. Notamment le pourquoi du développement de ce genre hors des frontières américaines, ou les inspirations, les motivations. Il est notamment intéressant de voir que le cinéma espagnol a lui aussi produit des westerns, et pas qu'un peu, mais qu'il n'a jamais eu le rayonnement de celui italien ou même allemand. Quant aux westerns français, s'il a existé, il ne fut jamais équivalent à son homologue transalpin. Et Robert Hossein est un des artistes français ayant été le plus impliqué dans cette production exotique (il figura même dans Il était une fois dans l'ouest du grand Sergio Leone, sans être cependant crédité!).




En 2014, Jean-François Giré décide alors de porter à l'écran dans un documentaire de 52 minutes une synthèse de ses analyses de ce genre cinématographique. Co-écrit avec Jean-Jacques Bernard, rédacteur en chef de Ciné+ Classic, et fidèle du festival Lumière pour lequel il anime Radio Lumière, Jean-François Giré centre sa réflexion justement sur des personnages mythiques de cette production italienne, personnages qui parfois donnent leur nom à des films a posteriori, fort du succès qu'ils ont pu emporter. C'est notamment le cas pour les films avec Terence Hill, interprète de la série des Trinita. Le nom du personnage devenait une véritable licence si bien que certains westerns italiens antérieur à On l'appelle Trinita furent re-titrés. Ce fut ainsi le cas pour Trinita voit rouge, réalisé en 1970, où Trinita s'appelait Marco. Le "vrai" Trinita ne sortit qu'après La collera del vento, titre original, mais de nombreux pays sautèrent à pied joint sur le succès du film burlesque pour attirer des spectateurs pour un film pourtant radicalement différent. Il en fut de même pour d'autres films avec Terence Hill, jamais sorti en France ou ailleurs avant 1970 et qui connurent une carrière grâce au succès démesuré de Trinita.

C'est donc de tout cela et bien davantage que Jean-François Giré parlera dans sa master class, dans son documentaire Django, Trinita et les autres et dans les présentations d'autres westerns italiens qu'il fera toute la semaine du festival Lumière 2014. 

SÉANCES AVEC JEAN-FRANÇOIS GIRÉ
Mardi 14 octobre:  21h - Institut Lumière Salle 2 - Villa  - Django, Trinita et les autres réalisé par Jean-François Giré
Mardi 14 octobre: 21h45 - Pathé 2  - El Chuncho de Damiano Damiani, 1966, présenté avec Emiliano Morreale, historien du cinéma italien)
Mercredi 15 octobre: 20h - Pathé Vaise - Django de Sergio Corbucci, 1966
Jeudi 16 octobre:   17h15 - Pathé Cordeliers - Colorado de Sergio Sollima, 1966
Jeudi 16 octobre: 20h00 - UGC Confluence - On l'appelle Trinita de Enzo Barboni, 1970
Vendredi 17 octobre: 10h30 - Pathé Cordeliers - Et pour quelques dollars de plus de Sergio Leone, 1965
Vendredi 17 octobre: 16h30 - Master Class Jean-François Giré - Institut Lumière Salle 2 -Villa

Pour réserver ses places:
ou par téléphone: 04 78 78 18 95

À bientôt
Lionel Lacour






vendredi 3 octobre 2014

Festival Lumière 2014 - "L'indésirable" d'un certain Mihály Kertész

Bonjour à tous,

le festival Lumière permet de montrer tous les cinémas, y compris le cinéma muet. En choisissant de projeter L'indésirable (traduit parfois également par L'expulsion - A tolonc étant le titre original) réalisé en 1914, les organisateurs réalisent une sorte de billard à trois coups.

Tout d'abord, cela permet de comprendre que le cinématographe s'est propagé dans le monde entier, y compris dans des territoires européens reculés comme la Hongrie de l'empire des Habsbourg.
Ensuite, cela montre que la production cinématographique a généré rapidement des talents européens et pas seulement français.
Cela montre encore que le cinéma sous sa forme artistique, avec une grammaire spécifique, et contrairement à ce que certains disent parfois, n'est pas né avec Griffith, De Mille ou avec les réalisateurs soviétiques. À la veille de la Première guerre mondiale, c'est bien dans le pays Magyar que fut réalisé L'indésirable.
Enfin, cela permet de réaliser aussi que bien des talents hollywoodiens sont nés et surtout avaient déjà tourné dans un autre pays que les États-Unis. Comme bien d'autres réalisateurs européens, Mihály Kertész fut attiré par les grands studios américains autant qu'il dut d'abord quitter sa terre natale pour l'Autriche puis l'Allemagne après des mouvements antisémites et anti-communistes qui sévissaient en Hongrie. Il allait devenir Michael Curtiz, le réalisateur des mythiques Les aventures de Robin des Bois, Casablanca, L'Égyptien ou Les comancheros.
Pour en savoir plus sur les origines de Michael Curtiz, vous pouvez consulter la page du Festival Lumière qui lui est consacrée: Festival Lumière - Michael Curtiz période hongroise


Mais en 1914, il n'est encore que Mihály Kertész, juif hongrois, un des fondateurs du cinéma de son pays.  Pour son 10ème film - un des nombreux qu'il a réalisés en 1914! - le jeune Mihály plonge les spectateurs dans un drame rural qui permet de bien comprendre que les spectateurs hongrois étaient avant tout issu de la paysannerie et que le monde urbain était encore bien réduit, ou bien était constitué d'habitants ayant quitté leur campagne pour trouver du travail en ville.
Le talent de Curtiz est déjà présent à l'écran. Tout d'abord, sa formation de comédien de théâtre lui permet de mettre en scène ses acteurs en valorisant leur travail. C'est ensuite dans sa capacité à mettre en avant les détails du quotidien, le travail des plus modestes que le cinéma de Mihály Kertész se distingue. Sa lecture sociale des relations entre les différents individus qui peuplent ses films, y compris dans les nombreux films d'aventure réalisés notamment avec Errol Flynn et Olivia de Havilland, est déjà dans L'indésirable.
C'est enfin une occasion rare que de voir ce que les spectateurs hongrois acceptaient de voir au cinéma dans un film dans lequel ils pouvaient projeter leur société sur grand écran.

Cette rareté du cinéma hongrois est donc une pépite présentée au Festival Lumière qui permet de mieux comprendre comment des réalisateurs des origines du cinéma ont pu faire leur gamme en tournant beaucoup, en osant faire ce qui n'avait jamais été fait avant eux, en apportant leur culture souvent littéraire ou théâtrale dans cet art nouveau dont il fallait inventer puis développer le langage. Mais surtout, ce film, réalisé par celui qui devint plus tard un maître d'Hollywood et du studio de la Warner avec qui il travailla tant, constitue un témoignage fantastique d'une œuvre qui allait ensuite s'étaler jusqu'à la mort du réalisateur en 1962 et sur 172 films dont quelques chef-d'œuvres du 7ème art.

VENDREDI 17 OCTOBRE 11h30 - 6 € / 5 € accrédités
L'indésirable, Mihály Kertész, 1914, 1h08
Réservations par téléphone au 04 78 78 18 95
ou sur www.festival-lumiere.org

À très bientôt
Lionel Lacour







mercredi 1 octobre 2014

Festival Lumière 2014: "Aux cœurs des ténèbres" d' "Apocalypse now"

Bonjour à tous

Le Festival Lumière proposera une projection de la version "redux" d'Apocalypse now, c'est-à-dire la version remontée en 2001 par Francis Ford Coppola intégrant des séquences absentes de la version présentée à Cannes en 1979 et de celle exploitée commercialement la même année. Mais quelque soient les versions, le tournage du film fut une épreuve pour le réalisateur comme pour l'ensemble de l'équipe de tournage, ce que Patrick Brion évoquait dans Les secrets d'Hollywood (voir à ce sujet  Les secrets d'Hollywood: une passion des majors de l'âge d'or du cinéma).

Pendant 1h30, le spectateur plonge dans cet univers de la production d'un film mythique, adapté de l'œuvre de Joseph Conrad, palmé à Cannes et qui faillit ne jamais aboutir tant les conditions de productions furent difficiles.
Le documentaire Aux cœurs des ténèbres - l'apocalypse d'un metteur en scène revient donc sur l'histoire du tournage de ce film mythique. Le titre du documentaire mêle le titre du livre dont s'inspire le film et le titre du film. Réalisé à la demande de son mari par Eleanor Coppola avec une caméra 16mm, cette histoire du film est une vraie expérience cinématographique et une source de révélations assez rarement programmé, y compris sur les chaînes satellites spécialisées. Les fans du films le connaissent en bonus sur les éditions collector DVD ou Blu Ray. Il sera proposé à la Villa Lumière le samedi 18 octobre à 15h. Réalisé en 1991, le documentaire revient bien évidemment sur les conditions dantesques de tournage du fait de tourments climatiques puisque les Philippines où étaient tournées les séquences de jungle fut balayé par un typhon dévastateur, mais aussi sur les difficultés liées au casting. Ainsi, après avoir essuyé des refus nombreux de stars, dont Steve McQueen pour le personnage du Capitaine Willard pour finalement engager Martin Sheen dans ce premier rôle, celui-ci fut victime d'un infarctus, retardant considérablement la production du film, Coppola devant se contenter de réaliser des plans d'ensemble et de paysages. Quant à Marlon Brando, il le retrouvait après l'expérience du Parrain certes couronnée de succès mais qui se termina de manière houleuse. Dans le rôle du Colonel Kurtz, Marlon Brando, minéral, composait un personnage plus "Actor Studio" que jamais le faisant entrer définitivement dans la légende du 7ème art.

Ainsi, après des problèmes de scénario, de production, de casting, de financement rendant Francis Ford Coppola de plus en plus irritable et mégalomane, le film est passé du film maudit au film à la fois culte et mythique, véritable repère dans la production cinématographique, dans la représentation et la réflexion sur la guerre du Vietnam sur grand écran comme dans l'esthétique et la narration de ces films à grand budget qui pouvaient allier casting grand format, scénario complexe et public cible large.

SAMEDI 18 OCTOBRE - 15h00 - Salle 2 de l'Institut Lumière (Villa)
Aux cœurs des ténèbres - l'apocalypse d'un metteur en scène,  Fax Bahr, George Hickenlooper et Eleanor Coppola, 1991, 1h30.

Réservation par téléphone: 04 78 78 18 95
ou par internet: www.festival-lumiere.org

Tarif: 3 €

À très bientôt
Lionel Lacour




mardi 30 septembre 2014

Festival Lumière 2014: Ida Lupino, "Une femme dangereuse" chez Raoul Walsh

Bonjour à tous,

en clôture du festival Lumière 2014, il n'y aura pas que la séance à la Halle Tony Garnier. Si vous n'arrivez pas à avoir des places pour cette séance, si vous connaissez déjà l'intégrale de Pedro Almodovar, je vous recommande de lorgner du côté de la salle 2 de l'Institut Lumière qui proposera de finir la rétrospective Ida Lupino de deux manières différentes.

Tout d'abord en tant que réalisatrice pour son premier film, bien que non créditée: Avant de t'aimer (Not wanted) attribué à Elmer Clifton dont une des caractéristiques fut d'être le premier réalisateur de Captain America en 1944! Mais étant malade, il dut arrêter de réaliser le film si bien que Ida Lupino, qui avait déjà écrit le scénario, finit le film produit par la société qu'elle avait fondée avec son mari Collier Young: Emerald Production.

Le film raconte l'histoire d'une jeune femme en plein désarroi en cette fin des années 1940. On y voit tout le poids d'une société marquée par les valeurs chrétiennes reléguant les femmes à n'être que des épouses et mères. Film féministe sous bien des points, il montre la difficulté de vivre en femme libre, faisant des choix lourds de conséquence dans cette société encore très conservatrice. Son héroïne, Sally Kelton, interprétée par Sally Forrest, actrice à la carrière très courte, est donc une femme extrêmement atypique dans le cinéma américain pour lequel les femmes mères étaient souvent montrées du doigt et rejetées. Pas une femme fatale, pas une femme totalement libre, encore moins une femme au foyer. Elle annonce en quelque sorte les futurs personnages féminins interprétés par Marilyn Monroe et Elizabeth Taylor à la fin des années 1950, ceux marqués par le drame et l'affrontement avec les conventions sociales.

La projection d'Avant de t'aimer sera suivie d'Une femme dangereuse du réalisateur Raoul Walsh. Réalisé en 1940, Walsh donnait à Ida Lupino le rôle d'une femme, Lana Carlsen, à la psychologie particulièrement torturée, dont les mensonges entraînent le héros, Joe Fabrini interprété par George Raft, dans une terrible affaire judiciaire. Film noir dans certains aspects, Walsh montre ici encore sa capacité à mêler les intérêts divergents de ses personnages. Il retrouve ici Humphrey Bogart dans un second rôle, comme dans Les fantastiques années 20 et démontre qu'il peut, comme beaucoup des réalisateurs hollywoodiens passer de la chronique historique au film de société en passant par un film évoquant la guerre de sécession.
S'il ne s'agit pas d'un trial movie, le film reste haletant du début jusqu'à la fin, permettant à Une femme dangereuse d'aborder le système judiciaire américain dont la représentation et le fonctionnement n'ont pas tellement changé aujourd'hui, en tout cas au cinéma!

DIMANCHE 19 MARS 2014
15h: Avant d'aimer d'Ida Lupino (1949)
17h15: Une femme dangereuse de Raoul Walsh (1940)
Tarifs: 6 € / 5 € accrédités
réservations: 04 78 78 18 95
www.festival-lumiere.org

À très bientôt
Lionel Lacour

lundi 29 septembre 2014

Festival Lumière 2014: "La grande muraille", dernier grand mélodrame de Capra

Bonjour à tous

À l'occasion du Festival Lumière 2014, une rétrospective de l'œuvre de Franck Capra est proposée aux spectateurs avec entre autres certains de ses films pas forcément les plus connus mais pas les moins intéressants non plus. En 1933, Franck Capra décide de réaliser un film pour lequel il serait enfin lauréat d'un oscar, récompense ayant été attribuée pour la première fois en 1928 et que le réalisateur d'origine italienne espérait obtenir un jour. Si le film ne fut retenu pour aucune des récompenses couvertes par les Oscars, il offre cependant un intérêt multiple à ne pas manquer!

Un intérêt cinématographique
Capra retrouve son actrice Barbara Stanwick à qui il avait confié le premier rôle dans Femme de luxe en 1930 pour un film adapté du roman de Grace Zaring Stone The bitter tea of General Yen. La Columbia lui donne carte blanche pour produire ce mélodrame pour lequel il s'accompagne du chef opérateur Joseph Walker avec qui il avait déjà fait ses premiers films et qui allait collaborer avec lui jusqu'au chef-d'œuvre La vie est belle (1946).
Cette continuité artistique (même comédienne, même technicien) lui permit alors de produire un film ambitieux et "artistique" autour d'un sujet particulièrement difficile et provocateur pour l'époque.

Un intérêt historique
La puissance d'Hollywood se retrouve dans ce film et la capacité d'adapter des œuvres traitant de sujets contemporains. Si le film aborde par le petit bout de la lorgnette la guerre civile chinoise qui sévit alors, il est néanmoins assez stupéfiant de voir une major financer un film dont l'action évoque une guerre n'impliquant pas directement les USA. Le rôle de Barbara Stanwyck est évidemment le point d'accroche pour les spectateurs et qui leur permet d'essayer de comprendre les enjeux historiques du conflit entre nationalistes et communistes. Le film n'est d'ailleurs pas à un cliché près et la barbarie des Chinois est souvent extrêmement caricaturale. Mais il est peu de films qui permettent d'avoir une représentation de cette Chine en proie à une Révolution majeure ayant renversé un régime millénaire. À l'heure où les films occidentaux filmant les territoires colonisés évoquaient surtout la supériorité de la civilisation européenne et justifiaient de fait le colonialisme, le film de Capra ouvre, malgré un point de vue essentiellement occidental, une fenêtre sur le monde extra-européen sans que celui-ci ne comprenne vraiment ce qui arrive dans l'Empire du Milieu.

Un intérêt sociétal
Le film est particulièrement osé également dans la possibilité qu'il laisse aux spectateurs d'imaginer une relation "inter-raciale" entre une "Blanche" et un Asiatique, fût-il général! Cette approche extrêmement provocatrice était celle du livre. Mais la projection sur écran de cette histoire d'amour, certes extrêmement compliquée, faisant s'affronter des référentiels culturels terriblement antagonistes, ne pouvait qu'entraîner des réactions violentes chez les spectateurs comme les spectatrices. Cette inter-racialisme était d'autant plus choquant qu'il touchait une femme blanche. Les situations pour lesquelles des Européens avaient des relations sexuelles avec des femmes de couleur étaient plus acceptables, les conséquences étant moins grave quant à la perpétuation de la "Race". En inversant les sexes des personnes impliquées, le message était extrêmement tabou car correspondait à une vraie transgression et, consciemment ou pas, impliquait que la femme blanche mise enceinte par un homme de couleur mettrait forcément au monde un être avilissant sa propre race.

Malgré ses qualités et le succès critique, le film ne rencontra donc pas un succès public, d'autant plus que l'empire britannique refusa de le distribuer, les autorités étant certaines du risque de réception de ce film auprès de sa communauté!

C'est donc avec grand intérêt que cette Grande muraille doit être regardée, d'autant qu'après l'échec au box office, Capra allait réaliser des comédies qui allaient lui permettre de trouver la consécration en salles mais aussi auprès de ses pairs! Et quoi de mieux que de le faire au Festival Lumière!

VENDREDI 17 OCTOBRE, 20h30, Institut Lumière Salle 2 (Villa):
 La grande muraille, Franck Capra, 1933
6 € / 5 € accrédités
Réservations: par téléphone au 04 78 78 18 95
par internet: www.festival-lumiere.org

À très bientôt
Lionel Lacour


samedi 27 septembre 2014

Les films gopro: l'anticinéma

Bonjour à tous,

Il vous est peut-être arrivé de voir déambuler, rouler ou courir un individu équipé d'une caméra sur sa tête alors que vous vous promeniez tranquillement. Ce qui constituait encore une vraie innovation il y a peu, censé donner des images à sensations est devenu désormais commun, ces caméras pouvant se vendre dans des magasins aussi incongrus que ceux dédiés au sport. On est donc loin de 1895 quand les frères Lumière inventaient le cinématographe. Cette technologie nouvelle qui allait révolutionner le monde de l'image fut pendant longtemps réservée à filmer les autres, soit pour des captations comme les premières vues Lumière, soit pour réaliser des fictions ou des documentaires. Quand le prix des caméras super 8, puis caméscopes de toutes tailles permit à tous de filmer, la pratique du tournage familial se propagea, chacun voulant garder un souvenir de sa propre vie. Ce n'était plus du cinéma mais il y avait encore cette idée de témoigner des autres sans se mettre en scène. Les émotions fixées étaient celles que les autres proposaient. Bien sûr, le choix de les enregistrer revenaient à celui ou celle qui tenait la caméra, mais il ou elle n'était que le témoin de cette émotion qu'il allait pouvoir revivre, plus tard, ou faire revivre aux autres. Les qualités de prises de vue, le sens du montage, les aléas de cadrages, tout ce qui fait qu'un film amateur est souvent particulièrement pénible à regarder quand on est hors du groupe filmé ont ont moins une valeur qui est celle de la sincérité marquée par la volonté de représenter le groupe, un moment de vie dont le souvenir sera d'autant plus fort que le film sera vu plus tard, parfois plusieurs années après.

Avec l'avènement des caméras miniaturisées comme la Gopro, la capture d'image vient de changer de sens. Paradoxalement, elle se rapproche de la mode du selfie bien que celui qui filme ne soit pas à l'écran. On est passé de l'image support d'émotion collective à l'image témoin de soi.

La fin des sensations collectives
Le cinéma et la télévision avaient pour objectif de toucher un public large. Spectacle de masse, le film avait pour objectif de toucher un maximum de personnes. Avec l'amélioration des technologies de prise de vue, notamment par l'allègement des machines et leur miniaturisation, les plans réalisés allaient proposer des images de plus en plus incroyables, suivant les courses les plus folles, s'adaptant aux mouvements des sujets filmés, atteignant des endroits jusque là inaccessibles, donnant aux images une sensation de plus en plus naturelle tout en étant savamment composées et réfléchies.
Les premières caméras ultra-légères, ancêtres des Gopro, ont permis de filmer les exploits de sportifs d'exception ou des aventuriers vivant sur quelques instants intenses des émotions qu'il était a priori impossible de restituer. Et tous de nous souvenir de ces parachutistes équipés de ces caméras vivant l'expérience de la chute libre en caméra subjective.
L'objectif de toutes ces prises de vues était toujours de transmettre aux autres l'émotion qu'elles portaient. Avec la démocratisation de la Gopro et autres marques, l'image subjective change de registre car elle n'est plus tant destinée aux autres qu'à soi. En effet, les coureurs de fond, les skieurs et autres sportifs s'équipant de ce matériel n'ont d'autre objectif que de pouvoir regarder ces images filmées à l'occasion de leur activité. Mais la différence avec le caméscope d'antan est évidente. Tout est filmé à la hauteur du possesseur de la caméra. Toutes les émotions filmées sont inexorablement celles qu'il a pu ressentir, excluant de fait presque celles de ceux pouvant être filmés. En fait, les images sur Gopro excluent justement les autres qui deviennent des éléments du paysage, de l'environnement du cameraman-acteur.
Si les images du mariage de "Tata Suzette" étaient souvent de qualité médiocre, au moins avaient-elles le mérite de témoigner d'un moment heureux, celui des autres.Avec l'effort, souvent vain, d'avoir une qualité de cadre, et au pire, des effets de zoom à défaut de pouvoir réaliser un travelling! Avec les images Gopro, impossible de voir autre chose qu'une immense suite d'images sans intérêt particulier, si ce n'est qu'à attendre le moment tragique d'une chute, d'un accident ou toute autre intervention extérieure créant enfin une émotion autre que celle censée être vécue par le porteur de caméra. En ce sens, l'image Gopro démontre qu'il ne suffit pas de filmer pour faire du cinéma!


L'aboutissement narcissique par l'image
Le cinéma puis la télévision entraient dans une continuité de la logique du spectacle. Le premier était fidèle au théâtre en ce sens où le spectateur s'extrayait de son domicile pour assister à un événement. À la différence du théâtre, l'œuvre proposée sur grand écran serait exactement l'identique à celle proposée dans d'autres salles, magie de la copie des pellicules. La télévision conservait ce principe mais en maintenant désormais les spectateurs au sein du foyer. La diffusion restait collective mais n'entraînait ni déplacement ni mélange des spectateurs avec d'autres, des inconnus. L'émotion commune se partageait dans l'entre soi. Mais il y avait au moins cette possibilité d'une culture commune et d'une transmission générationnelle. La démocratisation des télévisions permettant à ce que chaque pièce et chaque individu d'un foyer soit doté d'un poste de télévision, la multiplication des chaînes de télévision segmentant l'offre, le déploiement des sources d'émissions d'image que ce soit par la voie hertzienne, par satellite ou par internet, la capacité d'enregistrer sur divers supports les productions audiovisuelles, le tout sur les 30 dernières années a conduit à ce que chacun s'organise sa propre émotion liée à l'image forcément différente de celle des autres. Cette individualisation de la consommation de l'image a permis de faire croire que le dénominateur commun de l'émotion n'était plus forcément l'image mais soi. Cette mise en avant de sa propre personne comme générateur d'émotion conduit donc à montrer aux autres combien sa propre image a autant de valeur sinon plus que toute autre image filmée par les autres. Le selfie en est une manifestation évidente. Se photographier devant un lieu célèbre ou avec une personnalité consiste à se donner finalement plus de valeur que l' "objet" mis en scène pour la photo, et tant pis si cet objet est bien vivant! Le faire valoir n'est plus soi mais l'autre. Et fier de cette image captée, et parfois arrachée, beaucoup la partagent sur des réseaux dits sociaux mais qui mettent en relation des personnes qui ne se connaissent parfois pas du tout.
L'image Gopro vient clore la boucle. À la différence du selfie, le réalisateur de ce type d'image n'a même plus besoin de se montrer vraiment. Et sauf élément perturbateur de l'image tournée, le film réalisé - ce qui est un abus de langage - n'est destiné à personne d'autre qu'à soi, c'est à dire à celui qui a filmé. Une sorte d'auto-émotion, je produis l'image d'un événement qui m'a donné une émotion et je revis cette émotion en me projetant dans cette reproduction d'image... Une boucle sans fin, ultra-narcissique, sans histoire, sans récit, sans progression. Ce que le cinéma proposait était la projection et l'identification des spectateurs dans des situations à la fois étrangères au spectateur et en même temps familières. Le côté imaginaire combiné à la familiarité des situations filmées constituaient le ciment des spectateurs réunis dans la salle, voire dans le salon. La qualité du scénario, l'art de la mise en scène et du montage apportaient cette émotion supplémentaire et collective qui permettaient ensuite de parler aux autres des sensations vécues lors de la projection. L'image Gopro est l'inverse de cela. Pas de mise en scène, pas d'altérité du vécu, pas de montage, rien qui puisse être partagé aux autres sinon que de se raconter soi, avec pour les plus doués la possibilité de montrer des images à caractère sensationnel, et pour le commun des mortels, des films d'un ennui mortel!


Le cinéma, et avec lui les séries télévisées, ne risquent donc pas d'être supplantées par ces images qui, bien qu'étant plus vraies, ne procurent justement aucune émotion, sauf au mieux lorsque les images relèvent de l'exceptionnel, au pire à ceux qui en sont la source et les producteurs. La recherche de l'image vraie n'a toujours pas de sens si celle-ci ne trouve pas de prolongement à celui qui réalise l'image. Véritable outil pour améliorer les gestes des sportifs ou des autres professionnels nécessitant de se perfectionner, les caméras individuelles ne sont que des moyens pour produire des images. Filmer sa vie par ce moyen puis regarder ses exploits relèvent d'une vraie pathologie, celle de croire que sa vie est tellement importante qu'elle mérite d'être filmée et de la revivre sans cesse. Une forme de "jour sans fin" pour lequel on serait cette fois-ci le décideur. Si on reproche à certains de vivre par procuration par les biais du cinéma, au moins la vivent-ils généralement au travers d'œuvres et de héros qui ne reproduisent pas la médiocrité de leur vie.

À bientôt
Lionel Lacour

vendredi 26 septembre 2014

Festival Lumière 2014 - The Go Go Boys: The Inside Story of Cannon Films

Bonjour à tous

présenté lors du Festival de Cannes cette année, ce documentaire sera proposé lors du Festival Lumière 2014 à la salle 2 de l'Institut Lumière le mardi 14 octobre à 20h15.
Réalisé par Hilla Medalia, le film revient durant près d'1h30 sur cette incroyable histoire de production cinématographique:

Bande annonce:


Si le documentaire a été une commande des deux fondateurs de la compagnie Cannon, Menahem Golan et son cousin Yoram Globus, deux Israéliens longtemps vus comme des zozos ou des bouffons de la production, la réalisatrice n'oublie pas d'évoquer avec eux les moments de la carrière de la Cannon les plus critiquables.
Il faut dire que le sujet qu'elle avait entre les mains était en or. Connue d'abord et surtout pour ses films d'action populaires, un brin réacs, virils à la morale simpliste, la Cannon s'est aussi distinguée dans la production de films plus intéressants avec des cinéastes de renom international.
C'est ainsi que l'on pouvait voir des films avec Stallone (Over the top), Jean-Claude Van Damme, Chuck Norris et autres acteurs reconnus pour la mise en valeur de leurs biceps, les spectateurs découvraient aussi que c'était aussi la Cannon qui produisait des films pour John Cassavetes, Robert Altman, Andreï Konchalovsky mais aussi, et cela fait le lien avec le Festival Lumière 2014, pour Barbet Schroeder avec Barfly dans lequel jouaient Mickey Rourke et Faye Dunaway. Cette dernière ouvrira le festival Lumière le lundi 13 octobre 2014.

Mais la Cannon, c'est aussi cette société qui a compris l'intérêt des super héros qu'elle avait su créer avec ses acteurs improbables mais dont elle avait aussi parfois acheté les droits pour ceux existant déjà, avec un bonheur très relatif: Superman IV fut un échec complet mais rien comparé à leur version ridicule de Captain America. Pire, la Cannon qui avait acquis les droits pour Spiderman ne produisit aucun film!

L'un des deux protagonistes, Menahem Golan s'est éteint en août dernier et ne pourra pas voir si son histoire de cinéma intéressera les spectateurs qui ont vu les films de sa société de production.

The Go Go Boys: The Inside Story of Cannon Films sortira en salles le 22 octobre en France mais vous pourrez donc le voir en avant première lors du Festival Lumière!

MARDI 14 OCTOBRE 20H15: The Go Go Boys: The Inside Story of Cannon Films - Salle 2 de l'Institut Lumière - Comme tous les films du Festival, une présentation du documentaire précédera la projection.
Tarif: 3 €
Réservations:
Par téléphone 04 78 78 18 95
Sur le site du Festival: www.festival-lumiere.org

À très bientôt
Lionel Lacour

jeudi 25 septembre 2014

Festival Lumière 2014: Le western italien à la villa Lumière

Jean-François Giré, Historien du Cinéma
Bonjour à tous,

Le festival Lumière 2014 propose une programmation sur le western italien pendant toute la semaine du 13 au 20 octobre. À cette occasion, des documentaires et une master class seront proposés à la salle 2 de l'Institut Lumière (salle de la Villa) pour évoquer cette étrangeté.
En effet, quelle idée fut celles de cinéastes italiens que de vouloir réaliser des films dont l'action se passait en Amérique, en abordant un genre qui commençait sérieusement à décliner dans les années 1960 au point que la production hollywoodienne de westerns se réduisait considérablement.

Pour découvrir cela, deux documentaires seront proposés: Il était une fois Sergio Leone de Antoine Lassaigne et Django, Trinita et les autres de Jean-François Giré ainsi qu'une Master Class de ce même Jean-François Giré.

Hormis le plaisir de retrouver en image des nombreux extraits, témoignages et analyses sur ces films et sur ce genre mythique improprement qualifié de "spaghetti", ces moments seront encore une fois l'occasion de comprendre que ce qui est évoqué au cinéma compte moins que ceux à qui les films sont destinés. Les références, qu'elles soient esthétiques, thématiques ou dans les détails des décors ou de la narration dépassent en fait le genre utilisé par le cinéaste. Comme je l'évoquais déjà dans un autre article, Le bon, la brute et le truand: la guerre de sécession en accusation,les cinéastes italiens ont tourné autour d'un genre pour en donner une autre signification, une autre portée, jusqu'à se moquer justement de ce mythe du western, notamment dans la dérive burlesque de certains films comme les Trinita.

Pour en savoir donc plus, rendez-vous aux séances du festival:
Master Class Jean-François Giré, Vendredi 17 octobre, 16h30
Il était une fois Sergio Leone, 52 min, Antoine Lassaigne, Vendredi 17 octobre, 18h15
Django, Trinita et les autres, 52 min, J.-F. Giré: Mercredi 15 octobre, 21h et Dimanche 19 octobre, 11h30

Entrée libre pour la Master Class (billet à retirer cependant)
3 € pour les documentaires

Informations et Réservations
par téléphone: 04 78 78 18 95
sur www.festival-lumiere.org

À très bientôt
Lionel Lacour


lundi 22 septembre 2014

Festival Lumière 2014 - Master Class de Warren Lieberfarb, l'inventeur du DVDr

 Bonjour à tous

Le mercredi 15 octobre à 17h30, à la Villa Lumière se tiendra la Master Class de Warren Lieberfarb.

Depuis le temps que nous l'utilisons, nous avons oublié combien cet objet a révolutionné la vie des cinéphiles. Si François Truffaut affirmait aimer la vidéo dans la possibilité qu'elle offrait de pouvoir voir, revoir et analyser ses films préférés, il évoquait la cassette magnétique dont le format VHS s'était finalement imposé. Mais en 1995, le Digital Versatil Disc allait permettre d'aller plus loin encore dans le plaisir de retrouver les films. Et c'est à Warren Lieberfarb que l'on doit cette invention.

mercredi 17 septembre 2014

Festival Lumière 2014: "Le Pays des Motzi", une restauration qui tombe bien

Bonjour à tous,

Le Pays des Motzi (Tara Motilor titre original) fait partie de ces restaurations exceptionnelles présentées au Festival Lumière 2014. Réalisé en 1938 par le réalisateur roumain Paul Calinescu, reçut le prix du meilleur documentaire en 1939 au Festival de Venise.
20 minutes de la vie d'un peuple en Transylvanie, dans cette Roumanie à la veille de la Seconde guerre mondiale, vivant des quelques ressources naturelles du territoire: bois, bétail, minerais de tous ordres.
À ce titre, je renvoie à l'article de Robert Ficheux  datant de 1942 pour des précisions sur ce peuple à cette époque:
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bagf_0004-5322_1942_num_19_142_7121

Dans une qualité exceptionnelle, le documentaire présente un triple intérêt. Esthétique tout d'abord, avec une qualité de photographie remarquable, témoignant du fait que le cinéma documentaire est d'abord du cinéma. Historique ensuite puisque cette œuvre offre une mise en scène d'une population européenne souvent ignorée par les historiens, avec un point de vue d'ethnologue. Politique enfin car ce qui est présenté de ce peuple, et notamment de sa misère et de son fonctionnement social ne peut pas ne pas faire écho à certaines images contemporaines d'autres populations venant des mêmes régions et qu'on désigne aujourd'hui sous le terme de Rom ou autre substantif à connotation péjorative.

Pour cette pépite, 3 projections seront donc possibles à la Villa Lumière (salle 2 de l'Institut Lumière) pendant le festival:
- Mardi 14 octobre - 14h45
- Jeudi 16 octobre - 17h00
- Vendredi 17 octobre - 10h45

Les places sont à retirer (entrée libre mais réservation obligatoire!):
- Par téléphone: 04 78 78 18 95
- Par internet: www.festival-lumiere.org
- Sur places dans toutes les billetteries du festival (liste sur le site)

samedi 13 septembre 2014

"Seconds" de J. Frankenheimer: la philosophie postmoderne à l'écran!

Bonjour à tous,

cette année, Marc Olry a encore frappé fort en distribuant cette pépite de 1966 pour sa société de distribution LOST qui porte décidément bien son nom puisqu'il propose de remettre à l'écran des œuvres ayant disparu de notre paysage de spectateurs non pour leur piètre qualité mais parce que l'accueil initial des films a parfois conduit à ne pas conserver ou entretenir les copies. Seconds est donc de ce tonneau là. Une œuvre oublié d'un cinéaste connu pour des films d'action, et qui allait réaliser un film hallucinant d'audace à la fois esthétique, de traitement et surtout de sujet.
Pour tous ceux qui n'ont pas encore vu ce film, je révélerai quelques informations qui pourraient vous gâcher le plaisir de la découverte. Je vous propose donc une analyse en deux points où seul le premier pourra être lu par les spectateurs qui n'ont pas encore la chance d'avoir vu ce film.

Bande Annonce

jeudi 11 septembre 2014

"3 cœurs", un mélodrame anachronique

Bonjour à tous,

Avec 3 cœurs, qui sortira en France le 17 septembre prochain, Benoît Jacquot réalise un nouveau film sur une trame amoureuse dramatique avec un casting top niveau avec Benoît Poelvoorde, Charlotte Gainsbourg, Chiara Mastroianni et la grande Catherine Deneuve. Coproduction Rhône-Alpes Cinéma, l'action se partage d'abord entre Valence et Paris pour se concentrer sur Valence, et, hors champ en quelque sorte, les USA.
Thriller mélodramatique, Jacquot insiste sur le rôle de la musique soulignant, ou plutôt surlignant les moments de tension qui ne manquent pas. Pour résumer, Marc (Benoît Poelvoorde) erre un soir à Valence pour avoir manqué son train. Il rencontre Sylvie (Charlotte Gainsbourg) et tous deux tombent follement amoureux. Après une nuit dont on ne saura rien, ils se séparent sur le quai d'une gare, se donnent rendez-vous à Paris sans connaître ni leur nom ni se donner leur téléphone. Ce rendez-vous n'aboutit pas - je préserve ici le scénario sur les raisons de cet échec - et Marc retourne à Valence. Il n'y retrouve par Sylvie mais Sophie (Chiara Mastroianni) dont il tombe amoureux. Mais Sylvie est la sœur de Sophie. Le spectateur le sait, mais aucun des trois protagonistes ne sait qui est le troisième larron. Cette base scénaristique est originale au cinéma mais comme le dit Benoît Jacquot, elle est assez proche d'une trame dramatique d'opéra, et, quoiqu'il s'en défende, d'un drame antique. Et c'est là que l'anachronisme s'invite dans le traitement du film...

Bande Annonce:

mercredi 10 septembre 2014

Festival Lumière 2014: Edgar Morin, un anthropologue du cinéma

Bonjour à tous, 

Le 15 octobre 2014, à 19h00 et à la Villa Lumière, le Festival Lumière proposera le documentaire Edgar Morin, chronique d'un regard de Céline Gailleurd et de Olivier Bohler (achat des places en ligne sur www.festival-lumiere.org). Edgar Morin s'est en effet distingué sur sa réflexion sur le cinéma non en tant qu'art mais en tant que phénomène sociologique dans plusieurs livres. Dans son premier consacré à ce sujet, en définissant comme « essai d’anthropologie » dans une des préfaces des nombreuses éditions de son livre Le cinéma ou l’homme imaginaire[1], Edgar Morin place d’emblée le lecteur comme étant également spectateur de cinéma. Il s’adressa donc à lui pour lui expliquer son rapport au cinéma.
Morin insiste en fait sur plusieurs points pouvant expliquer le succès du cinématographe et du cinéma. Pour lui, l’attrait du public n’était pas dans le fait de voir l’arrivée du train mais de voir une image de l’arrivée du train, pas le réel mais l’image du réel.[2] Son explication est multiple et commence tout d’abord par le fait que l’image n’est qu’un double de l’homme, ce qui selon lui, constitue le seul grand mythe humain universel.[3]
« Autre et supérieur, le double détient la force magique. Il se dissocie de l’Homme qui dort pour aller vivre la vie littéralement sur-réelle des rêves. »[4]

vendredi 5 septembre 2014

"Bon rétablissement" de Jean Becker: le temps qui passe...

Bonjour à tous

Le dernier film de Jean Becker sortira en France le 17 septembre 2014. 5ème collaboration avec Rhône-Alpes Cinéma, ce film bénéficie d'un casting très hétéroclite, avec des valeurs plus que confirmées (Gérard Lanvin et Jean-Pierre Darroussin), d'autres qui s'affirment (Fred Testot et Claudia Tagbo) et enfin certains qui viennent d'ailleurs (Maurane, Daniel Guichard et Anne-Sophie Lapix). Si le film Hippocrate propose un point de vue de l'hôpital du côté des médecins, le film de Becker se place lui de celui de l'hospitalisé. Et consciemment, et inconsciemment aussi, Becker raconte plus un film sur le temps qui passe... pas toujours bien d'ailleurs, ce que le titre du film évoque d'ailleurs de fait: Bon rétablissement indique implicitement une notion de temps.



mardi 2 septembre 2014

"Lucie Aubrac" pour les 70 ans de la libération de Lyon

Bonjour à tous

À l'occasion des 70 ans de la libération de Lyon, l'Institut Lumière propose le jeudi 4 septembre à 20h30 à la salle du Hangar une projection exceptionnelle de Lucie Aubrac, le film de Claude Berri réalisé en 1996 et co-produit par Rhône-Alpes Cinéma.

Ce film fut l'occasion de redécouvrir cette histoire d'amour entre Lucie et celui qu'elle allait épouser, Raymond Aubrac. Entièrement tourné à Lyon avec une qualité de reconstitution très minutieuse, le film a permis de découvrir cette géographie de la capitale des Gaules et de la Résistance, mettant en scène les incroyables solutions trouvées pour échapper à la Gestapo ou pour faire s'évader des prisonniers de Klaus Barbie. Les spectateurs retrouveront la prison Montluc où fut emprisonné Jean Moulin, mais aussi la place des Terreaux, la Montée de l’Observance, le quartier de la Préfecture, le Parc de la Tête d’Or et d'autres lieux fréquentés par les Résistants. La qualité de la reconstitution passe également par la possibilité qui fut offerte d'utiliser du matériel d'origine et conservé comme par exemple les tramways, conduits par de véritables conducteurs des transports en commun... de 1996! Même la ficelle montant vers la Cx Rousse est bien de Lyon. Mais la ligne n'existant plus, c'est celle montant sur l'autre colline, celle de Fourvière, qui fut utilisée dans le film, petite entorse à la vérité. 

Si Simone Signoret, (qui fut véritablement l'élève de Lucie Aubrac!) avait incarné Mathilde, sorte d'alter ego de Lucie dans L'armée des ombres, c'est Carole Bouquet qui interpréta le rôle de la résistante lyonnaise. 
Réalisé par Claude Berri que la période a forcément marqué de par le fait qu'il dut se cacher pendant la guerre en tant que juif (cela donna Le vieil homme et l'enfant, film autobiographique) le film permet de retrouver derrière cette histoire romanesque la grande Histoire et ses personnages qui constituent aujourd'hui encore des références pour la République, à commencer par Jean Moulin incarné par Patrice Chéreau. 

La projection de ce film permettra bien sûr de revenir sur cette histoire majeure de cette période qui a vu Raymond Aubrac, joué par Daniel Auteuil, arrêté à Caluire le 21 juin 1943 ainsi que Jean Moulin.  
Jean-Dominique Durant, historien et adjoint au Maire de Lyon, accompagnera alors la séance, permettant de revenir sur le destin incroyable de cette femme qui devint une figure essentielle de la Résistance en France et qui sut transmettre jusqu'à son dernier souffle en 2007 la mémoire de cette période aux plus jeunes, témoignant dans les écoles, collèges et lycées de France de ce que fut son engagement.
La soirée sera précédée d’images d’archives tournées lors de la libération de Lyon.

Lucie Aubrac, Claude Berri, 1996
jeudi 4 septembre, 20h30 , Institut Lumière - Salle du Hangar, 25 rue du Premier Film, Lyon 8ème
Réservations:
téléphone: 04 78 78 18 95
ou par internet: www.institut-lumiere.org

À très bientôt
Lionel Lacour