Le vendredi 7 novembre 2014 se déroulera un nouvel "Épouvantable vendredi" toujours organisé par Fabrice Calzettoni, responsable pédagogique de l'Institut Lumière et grand amateur de ce cinéma de genre.
Hakim Fdaouch, grand cinéphile et spécialiste du genre, et Fabrice Calzettoni présenteront pour l'occasion un film qui fit sensation à sa sortie en 1991. En effet, Le silence des agneaux dépassait de loin le succès des films évoquant les serial killers et fixait dans l'inconscient collectif des référents à la fois esthétiques et de personnages extrêmement bien caractérisés.
Il faut dire que le casting avait de quoi séduire. Jodie Foster faisait une très subtile agent du FBI, Clarice Sterling, devant à la fois résoudre une affaire de meurtres en série et affronter celui qui pouvait l'aider, à savoir Hannibal Lecter. C'est Anthony Hopkins qui livre une interprétation magistrale de ce personnage, apportant la finesse de son jeu, lui qui incarnait si bien les britanniques bien éduqués auparavant,
tout en révélant l'ambiguïté de son personnage de cannibale au QI sur-développé.
Bande annonce:
tout en révélant l'ambiguïté de son personnage de cannibale au QI sur-développé.
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Le film joue sur tous les registres. Polar assurément, l'enquête est menée avec son lot de rebondissements, d'obstacles et de fausses pistes. Horreur inévitablement car le personnage d'Hannibal, reclus dans un cachot ultra protégé inspire l'angoisse à sa jeune visiteuse, angoisse largement amenée par une mise en scène habile, plongeant l'univers carcéral dans un sous-sol relevant de l'enfer, tout comme les couleurs rouge et noire qui accompagne la première visite de l'agent Sterling. Angoisse aussi générée par l'évocation des crimes commis par Hannibal, dont le titre de Docteur et l'amabilité semblent contredire la possibilité même d'actes aussi inhumains perpétrés par cet homme. Angoisse encore quand Jonathan Demme affuble Hannibal d'une tenue particulièrement effrayante, faisant passer les tenues des prisonniers de Guantanamo pour des uniformes de clown. L'angoisse se dissipe soudain et se transforme en horreur dans une séquence devenue célèbre montrant toute la contradiction entre le personnage du docteur et la réalité de ses crimes!
Le film marque enfin un retour du cinéma américain sur des angoisses plus américaines, abandonnant de fait les ennemis de l'extérieur. En 1991, la menace soviétique n'est plus. Mais d'autres dangers planent et les dirigeants américains réalisent que leur pays est gangrené par une violence terrible en faisant un des pays haut plus haut taux de criminalité du monde occidental. Certes il y avait des films avec Charles Bronson qui évoquaient les violeurs ou les tueurs des quartiers urbains à l'abandon. Mais le film de Jonathan Demme montre une violence qui dépasse le cadre de la violence urbaine. Avec Hannibal, c'est un criminel civilisé qui est à l'écran. Quant à l'assassin poursuivi par Sterling, il n'est pas un criminel ordinaire mais un laissé pour compte de la société, un être devenu asocial et que la société n'a pas été capable d'identifier comme potentiellement dangereux pour elle.
Cette montée de la violence interne au pays n'est pas nouvelle mais elle avait été occultée par le cinéma, voire par les autorités américaines. La chute du mur de Berlin, l'effondrement soviétiques ont alors plongé les scénaristes à produire des histoires dans lesquelles la peur devait être crédible pour les spectateurs. Le communiste ne faisant plus l'affaire, il apparaissait que la criminalité offrait des possibilités de "Méchants" tout aussi importants, avec des profils finalement plus variés et dont la crédibilité était corroborée par ce que la presse relayait dans les pages faits-divers. En recourant à ces personnages, le cinéma américain jouait sur les peurs de ses habitants, sur leur capacité à se projeter dans les histoires, dans les films bien plus que dans des fantasmes d'attaque de l'autre côté du rideau de fer. Cela venait aussi conforter les citoyens de l'impérieuse nécessité de se prémunir contre ces criminels en s'armant jusqu'aux dents, conformément à ce que la constitution américaine leur permettait.
Le silence des agneaux marque donc une vraie rupture dans le genre. Le cinéma d'horreur mêlé au genre policier allait connaître des suites. Bien sûr, le film lui-même allait voir sa propre suite avec Hannibal, reprenant de fait l'œuvre de Thomas Harris, auteur des nouvelles mettant en scène ce serial killer. Plus drôle fut la redécouverte du film de Michael Mann sorti en 1986, adaptation du premier ouvrage de Harris et dont l'action se situait justement avant celle du film de Jonathan Demme. Mais ce fut surtout le déploiement de films évoquant d'autres tueurs en série parmi lesquels le plus abouti se trouve Seven de David Fincher réalisé en 1995. Mais c'est surtout la télévision américaine qui comprit tout le potentiel scénaristique qu'il y avait à traquer ces criminels hors norme par divers services de police fédérale, du FBI ou d'autres agences d'ailleurs, voire de police locale. De FBI, Portés disparus à Esprits criminels, ces séries ne sont que les continuatrices de ce que Le silence des agneaux avait finalement initié auprès d'une large audience. En révélant ce que la société américaine pouvait générer en touchant un public important, Jonathan Demme produisit à la fois un sommet de film de genre et un sommet du cinéma tout court.
Cette montée de la violence interne au pays n'est pas nouvelle mais elle avait été occultée par le cinéma, voire par les autorités américaines. La chute du mur de Berlin, l'effondrement soviétiques ont alors plongé les scénaristes à produire des histoires dans lesquelles la peur devait être crédible pour les spectateurs. Le communiste ne faisant plus l'affaire, il apparaissait que la criminalité offrait des possibilités de "Méchants" tout aussi importants, avec des profils finalement plus variés et dont la crédibilité était corroborée par ce que la presse relayait dans les pages faits-divers. En recourant à ces personnages, le cinéma américain jouait sur les peurs de ses habitants, sur leur capacité à se projeter dans les histoires, dans les films bien plus que dans des fantasmes d'attaque de l'autre côté du rideau de fer. Cela venait aussi conforter les citoyens de l'impérieuse nécessité de se prémunir contre ces criminels en s'armant jusqu'aux dents, conformément à ce que la constitution américaine leur permettait.
Le silence des agneaux marque donc une vraie rupture dans le genre. Le cinéma d'horreur mêlé au genre policier allait connaître des suites. Bien sûr, le film lui-même allait voir sa propre suite avec Hannibal, reprenant de fait l'œuvre de Thomas Harris, auteur des nouvelles mettant en scène ce serial killer. Plus drôle fut la redécouverte du film de Michael Mann sorti en 1986, adaptation du premier ouvrage de Harris et dont l'action se situait justement avant celle du film de Jonathan Demme. Mais ce fut surtout le déploiement de films évoquant d'autres tueurs en série parmi lesquels le plus abouti se trouve Seven de David Fincher réalisé en 1995. Mais c'est surtout la télévision américaine qui comprit tout le potentiel scénaristique qu'il y avait à traquer ces criminels hors norme par divers services de police fédérale, du FBI ou d'autres agences d'ailleurs, voire de police locale. De FBI, Portés disparus à Esprits criminels, ces séries ne sont que les continuatrices de ce que Le silence des agneaux avait finalement initié auprès d'une large audience. En révélant ce que la société américaine pouvait générer en touchant un public important, Jonathan Demme produisit à la fois un sommet de film de genre et un sommet du cinéma tout court.
L’ÉPOUVANTABLE VENDREDI - Vendredi 7 novembre 21h30
Le Silence des agneaux (J. Demme, 1h58)
Le Silence des agneaux (J. Demme, 1h58)
En présence de Hakim Fdaouch
Présenté par Fabrice Calzettoni
Réservations sur www.institut-lumiere.org
ou par téléphone: 04 78 78 18 95
À très bientôt
Lionel Lacour
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