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vendredi 22 janvier 2021

Quel antisémitisme au cinéma?

 

Bonjour à tous,

Depuis des années, je publie des articles analysant comment le cinéma traite des questions contemporaines ou de celles qui ont marqué l'Histoire de l'Humanité.

Ainsi, un bon nombre de mes articles concernent la représentation du génocide juif dans les films. Quand j'ai ensuite voulu écrire un article sur la représentation de l'antisémitisme actuel se retrouvant dans les sphères gauchistes et islamistes, je me suis rendu compte que quasiment rien n'avait été produit et cette absence m'a particulièrement interpelée. 

Une fois n'est pas coutume, je partage sur ce blog un article publié ailleurs. La plateforme d'information Fild pour qui j'écris de nombreux articles depuis plusieurs mois a en effet accepté de partager mon article à ce sujet dont voici le lien:

Quel antisémitisme au cinéma?

Je remercie Emmanuel Razavi et Peggy Porquet de permettre à ce que de tels articles puissent être publiés à grande échelle et j'espère que vous y trouverez un intérêt aussi. 

A très bientôt sur ce blog pour un article 100% Cinésium!

Lionel Lacour



 

mardi 19 janvier 2021

Le corniaud ou le temps de la France heureuse

 

Bonjour à tous

En 1965, Gérard Oury, jeune réalisateur, mettait en scène Bourvil et Louis de Funès dans un film qui allait créer un des duos comiques préférés des Français et qui allait triompher un an après dans La grande vadrouille. Ce n’est pas la première fois que les deux comédiens partagent l’affiche. Il s’était affronté en 1956 dans le film de Claude Autant-Lara La traversée de Paris. Mais de Funès n’y tenait qu’un rôle secondaire quand Bourvil partageait la vedette avec Jean Gabin. Ainsi est-ce la première fois que les deux acteurs comiques partagent l’affiche tout au long du film, de Funès réussissant à s’imposer à égalité avec Bourvil après le succès du Gendarme de Saint-Tropez et de Fantômas en 1964. Ainsi, Le corniaud partait avec tous les atouts pour réussir sa carrière sur grand écran. Mais celui-ci s’appuyait aussi sur un scénario qui transpirait la France du cœur des Trente glorieuses et du gaullisme triomphant !

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Sorti le 24 mars 1965, le film ouvre sur une promesse, celle de vacances. Et il faut dire que la promesse est belle ! Antoine Maréchal (Bourvil) part pour l’Italie. Et en effet, le film va se transformer en road movie allant de l’Italie jusqu’à la France grâce aux semaines de congés payés, les Français ayant droit à 3 semaines depuis 1956 et même 4 semaines au mois de mai 1956, soit quelques semaines après la sortie du film ! Le film s’ouvre cependant sur une séquence amusante ou Maréchal remplit sa voiture de bagages. La concierge lui demande s’il va aller à Carcassonne comme chaque année. En répondant qu’il allait en Italie, il signifie qu’il prend un risque, celui de rompre avec ses habitudes. Le risque est à l’écran autant que dans les dialogues. Rejoindre l’Italie en partant de Paris en 2CV était en effet une aventure tant le confort du véhicule peut sembler spartiate, même en 1965.  Et la robustesse tout aussi douteuse comme la séquence mythique entre Saroyan (de Funès) et Maréchal en atteste ! Mais cela montre surtout la démocratisation de ce tourisme lointain, facilité par l'accès aux voitures pour tous avec des modèles produits à la chaîne avec des prestations minimales, certes mais permettant aux moins fortunés de posséder un véhicule. Le tourisme est également facilité par l'amélioration des voiries et par la création d’autoroutes permettant de rejoindre rapidement les territoires méridionaux.

Ce tourisme démocratisé s’observe d’ailleurs aussi par d’autres aspects dans le film. Tout d’abord en termes de transport. Maréchal voyage en voiture – plus en 2CV mais désormais en Cadillac – mais d’autres pratiquent l’autostop. Plus risqué mais ne coûtant rien aux voyageurs les plus jeunes. Et si les personnages du film dorment régulièrement à l’hôtel, une séquence les montre dormir dans un camping dans lequel se retrouvent ceux venus profiter à bas prix de l’Italie. Or si cette forme de tourisme est bon marché, c’est pour des raisons objectives. Tout comme la 2CV, les économies se font sur le dos du confort. 

Et Oury de montrer la promiscuité dans les tentes, le manque d’intimité entre les vacanciers pouvant se parler d’une tente à l’autre. Mais c’est surtout au moment de la douche que la démocratisation touristique se paye ici, avec l’existence de douches collectives remisant la pudeur aux oubliettes !

La France du Corniaud, c’est aussi la France du progrès et du rêve américain permis par la Libération et le Plan Marshall. La Cadillac tout d’abord. Le modèle DeVille convertible de 1964 fait rêver les Français. En 1961, Robert Dhéry tournait d’ailleurs La belle américaine et la même année, dans Le cave se rebiffe de Gilles Grangier, le personnage d’Eric Masson tenait un garage de voitures américaines et subjuguait le personnage interprété par Martine Carol. En 1968, Grangier récidivait avec L’homme à la Buick avec Fernandel. Sans compter la passion de Jean-Pierre Melville pour l’Amérique qui se retrouvait dans chacun de ses films comme dans Le Doulos en1962 ou dans L’aîné des Ferchaux en 1963. Ce mythe américain fait tourner les têtes et assoit le statut social de ceux qui possède ce genre de voiture ! Que représente d’ailleurs cette voiture américaine ? Le luxe évidemment. La puissance des grosses automobiles surdimensionnées. Celle des vainqueurs de la guerre. Mais aussi souvent les gadgets et équipements comme par exemple la présence du téléphone dans la voiture permettant à Maréchal d’être en contact avec Saroyan. 

Chose banale aujourd’hui puisque nos sociétés contemporaines sont synonymes de mobilité des communications. Si la technologie existait depuis la fin des années 1940 aux USA, elle est évidemment quasi impossible en 1965 et extrêmement limitée. Peu importe, cela permet à la fois de créer un gag – Saroyan parlant au téléphone à quelques mètres de Maréchal – mais témoigne aussi de ce rêve américain dont on pressent qu’il est finalement accessible, tout comme le sont les fameuses cigarettes « américaines » ! C’est enfin le film en tant que tel. Car Le corniaud est un pastiche des films de gangsters dans lesquels se retrouvaient Humphrey Bogart ou James Cagney. Le récit renvoie à la mafia, aux trafics en tous genres, de la drogue en passant par l'or et les pierres précieuses aux dépens d’un "corniaud" utilisé par le syndicat du crime. Le film d’Oury renvoie à cet imaginaire culturel qui a inondé les écrans français après 1945 et qui a enchanté tant de cinéastes français, à commencer par Melville.

Pourtant, derrière cette France de la croissance économique favorisant le tourisme et idéalisant le modèle américain même dans ses travers, Le corniaud témoigne aussi des identités des pays européens. Italienne d'abord avec son mode de vie, sa musique avec l'utilisation de la Tarentelle de Rossini dans une séquence hilarante mais aussi les traditions familiales et l'amour à l'italienne! Entre l'Italie et la France, ce sont donc deux cultures différentes, séparées par une frontière certes tournée en dérision mais qui est pourtant bien présente et accompagnée de douaniers vérifiant le passage de ceux venant du pays voisin. Pas d’Union européenne ni d’espace Schengen en 1965. Juste la CEE dont la France et l’Italie font partie depuis 1957. Il ne s’agit bien que d’une communauté économique. L’identité française passe dans le film notamment par le fait que, bien que parisien, Maréchal soit originaire de province. De Carcassonne plus précisément. 

Et le film nous emmène dans cette cité médiévale qui sent bon les patrimoines historique et gastronomique, dont s’enorgueillissent les Français. Que ce soit celui restauré au XIXe s. par des architectes comme Viollet-le-Duc ou mis en valeur par les grands chefs des restaurants étoilés. Pittoresque aujourd’hui, les gendarmes qui aident Maréchal face aux mafieux italiens correspondent aussi à une réalité des années 1960, celle dont de Funès fut lui-même l’incarnation. Identifiables à leur tenue à connotation militaire mais également au recrutement local, tous ont l’accent de la région, justifiant des solidarités entre les forces de l’ordre et les habitants puisque tous se connaissent. Une sorte de police de proximité avant l’heure en quelque sorte. Et là encore, un élément de l'identité française. Loin des banlieues naissantes créant des cités où l’on se perd et qui constituent de vrais dédales, la séquence à Carcassonne regarde vers la France traditionnelle, celle sur laquelle s’est construite la France moderne des Trente glorieuses.

Ainsi, avec ce Corniaud, Oury signe un film qui va installer le genre de la comédie comme le genre qui attirera désormais les foules au cinéma, repoussant les grands drames loin derrière. Après ce film, Oury poursuivra  jusqu’à Rabbi Jacob en 1973, dernier de ses grands films à succès et fin de cette période de croissance économique insolente qu’a connue la France depuis l’après-guerre. Revoir Maréchal et Saroyan rend forcément nostalgique. Cela renvoie aux comédies légères d’antan portées par des comédiens rares et complémentaires. Mais cela renvoie aussi à une période où se côtoyaient une identité française autour de sa culture et l’espoir dans la modernité synonyme de prospérité. Un film positif, tout comme l’éclat de rire final entre le trafiquant et le simple citoyen.

mardi 12 janvier 2021

"Et au milieu coule une rivière", le plus trumpiste des films du progressiste Redford?

Bonjour à tous,

Le 11 janvier 2021, France 5 diffusait Et au milieu coule une rivière réalisé par Robert Redford en 1992. Et le moins que l'on puisse dire est que le réalisateur n'est pas connu pour être un ardent Républicain, bien au contraire. Pourtant, revoir ce film permet de comprendre le pays que sont les États-Unis jusqu'à aujourd'hui. Peut-être même de comprendre les dynamiques politiques actuelles qui font se confronter deux camps visiblement de plus en plus irréconciliables. Enfin réaliser que même le grand Redford serait aujourd'hui certainement cloué au pilori pour ne pas avoir respecté certains critères que certains mouvements "progressistes" veulent imposer au cinéma.


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L'Amérique profonde

Adapté du livre autobiographique de Norman McLean La rivière du sixième jour publié en 1976, l'action se passe au Montana, État rural et très éloigné des grands territoires industriels du Nord Est américain. L'histoire se situe au début du siècle et l'enfance des héros se passe durant une Première guerre mondiale qui ne semble pas particulièrement affecter les habitants. Les activités sont tournées vers l'exploitation du bois et l'agriculture. Mais surtout, et c'est le cœur du film, le loisir de tout à chacun est la pêche dans des eaux qu'on imagine volontiers... fraîches! 

Tout le monde pêche, c'est d'ailleurs ce qui est dit à Neal Burns, un homme ayant quitté depuis longtemps le village et ayant adopté un mode de vie urbain. Redford décrit une société en lien avec la nature, et la pêche en est une sorte de synthèse. Il faut se lever tôt pour pêcher car sinon l'eau est trop chaude et la prise du poisson est impossible. De même il faut s'adapter aux truites, leur offrir certains appâts, savoir les attirer. Puis lutter avec elles parfois en se jetant à l'eau pour réussir à l'attraper et à en triompher. Ce ne sont pas des requins ou des espadons, mais la taille du poisson est tout autant un combat entre l'homme et le monde sauvage. C'est aussi la notion d'acceptation du temps qui est derrière cette pratique. La nature ne se donne pas aux hommes. Il faut être patient, recommencer sans cesse le même geste jusqu'à ce que soudain, le succès soit au bout de l'effort. 

Magnifiquement filmées, les séquences où le père et les fils font tournoyer leurs lignes et leurs appâts au-dessus et à fleur de rivière sont des paraboles sublimes de ce que représente la dure vie dans ces contées reculées de l'Amérique. Loin du tumulte de la ville.

Cette connaissance de la nature est partagée par toute la population. Et quand Neal joue le fanfaron pour séduire Rawhide, une marginale, celle-ci ne tombe pas dans son récit de mythomane dans lequel il prétend s'être retrouvé en montagne face à une loutre! C'est que les "citadins" sont vite débusqués dans le Montana. Et quand Norman, le narrateur interprété par Craig Sheffer retourne dans sa ville natale des années après avoir vécu sur la côte Est, son frère Paul (Brad Pitt) s'étonne qu'il n'ait plus jamais pêché. Mais cet étonnement n'est pas juste une interrogation. Il est plutôt une remarque faite à son frère sur le fait qu'il s'est coupé de la vraie vie, celle qui lie l'homme à la nature.

Les valeurs américaines 

L'Amérique décrite par Redford est aussi une Amérique blanche et chrétienne. Le père de Norman, interprété par Tom Skerritt, est un pasteur. Il est celui qui a éduqué ses fils en les emmenant à la pêche, en leur montrant que l'on doit respecter la nature, qu'il faut être humble face à elle. Mais surtout, il faut accepter de toujours progresser. Une séquence est d'ailleurs à ce titre significative. Paul est devenu de l'aveu même de Norman un artiste de la pêche à la mouche, vouant sa vie à cette pratique matinale. Pourtant, à l'occasion d'une sortie, Norman ne cesse de sortir des truites quand son virtuose de frère reste bredouille. Si bien que Paul, après des efforts répétés, en est contraint à demander comment Norman fait pour être tant en réussite. Humilité et progrès permanents.

C'est une Amérique de la famille, celle qui lie les parents à leurs enfants, et les frères entre eux, les époux à leur épouse. Pourtant, le film montre combien les États-Unis sont aussi le pays qui rompt ce lien de par les distances du territoire américain. Quand Norman devient adulte, il quitte le Montana pour la côte Est. 4 500 km le sépare de sa famille. Et il est précisé qu'il ne retournera pas "chez lui" pendant plusieurs années. Car en ce début de XXème siècle, on ne fait pas 4 500 km  (soit 9 000 km aller-retour) si facilement puisque le trajet s'effectue en train. Derrière cette distance, c'est bien la notion de temps qui s'impose aux sociétés américaines. Le temps qui sépare les familles. Et celles des États montagneux se fracturent quand les enfants sont conduits à partir pour les grandes métropoles de l'Est ou plus tard du Sud Ouest. Cette séparation physique entraîne forcément par la suite des changements de mentalités pour ceux qui partent et une incompréhension pour ceux qui restent quand parfois ils voient revenir les enfants prodigues.

L'Amérique décrite est donc aussi une Amérique qui se moque des prétentieux, de ceux qui n'ont plus de racines, qui ne savent pas qui ils sont et d'où ils viennent.  Si Norman n'a rien renié de qui il était, même s'il n'a plus pratiqué la pêche pendant des années, ce n'est pas le cas de Neal, le frère de sa fiancée Jessie. Neal, devenu tennisman professionnel, est célébré à son retour au Montana. Or il n'est qu'un vaniteux affabulateur et n'ayant surtout aucun respect pour les autres ou pour lui-même. Si Paul est un joueur et un alcoolique, au moins sait-il se respecter quand il s'agit d'accomplir sa passion. De même Neal séduit une marginale qu'il ramasse dans un bouge mais il n'est qu'un minable. Il n'assume rien. Paul au contraire est avec une marginale, une indienne, mais en assume les conséquences.

Redford montre bien cette rupture entre ces deux Amériques. Une profonde, rurale, qui se méfie de ce que la ville fait aux hommes, les coupant des valeurs essentielles. Une autre citadine, industrielle, se sentant supérieure et méprisant finalement ces ploucs des campagnes.

Une Amérique des minorités

Revoir Et au milieu coule une rivière est aussi un choc pour la bien-pensance actuelle. En effet, où sont les minorités ethniques dans ce film? À l'heure des quotas qui s'imposent progressivement à Hollywood pour répondre au mouvement woke, le film de Redford pourrait-il prétendre à être sélectionné aux Oscars, lui qui fut nommé à plusieurs statuettes, Philippe Rousselot décrochant celle méritée de la meilleure photographie? 

Or Redford ne cherche pas à filmer une Amérique des années 20 avec les impératifs moraux du XXIème siècle mais montre une Amérique profonde dans laquelle les communautés ne se mélangeaient pas. Pas de noirs donc au Montana. Car la vérité est qu'il n'y en avait quasiment pas, l'État n'étant connu ni pour ses plantations ni pour son industrie sidérurgiques, activités employant abondamment la main-d'œuvre noire. En revanche, ceux-ci se trouvaient sur la côte Est. Et Norman le signale lorsqu'il essaie de séduire Jessie à leur première rencontre. Alors qu'un orchestre de Jazz anime un bal, lui vante le Jazz joué par des noirs, celui qu'il a vu à New York, se moquant de ce Jazz fade interprété par des orchestres blancs. Jessie qui n'a jamais quitté le Montana lui réplique que sa mère aime ces orchestres. 

Oui, il n'y a pas de noirs dans le film de Redford. Le Montana, mais d'autres États similaires, ceux qui ont toujours la même démographie, sont des États peuplés par des blancs allant au temple tous les dimanches. En revanche, il y a des Indiens. Et Mabel, la fiancée de Paul, en est une. Et Redford ne fait pas l'économie de rappeler le racisme qui prévalait vis-à-vis de ces populations. Alors que Paul veut entrer dans un club avec Mabel, accompagné de Norman et Jessie, le patron lui indique que sa fiancée ne peut entrer. Paul ne négocie pas et entre quand même. Une fois assis, la serveuse prend la commande de tous, sauf de Mabel. Celle-ci ne se fait pas discrète et réclame une consommation. Le racisme ordinaire existe pour les Indiens. La ségrégation aussi. Et Redford de filmer Paul et Mabel comme un couple comme un autre, suscitant dans un premier temps un dégoût chez les autres consommateurs, de la réprobation mais au final une acceptation. À commencer par Jessie qui complimente Mabel pour la beauté de ses cheveux. Remarque anodine mais fondamentale. Le non-racisme ne commence-t-il pas par ne pas juger l'autre sur des aspects physiques? 


Si Et au milieu coule une rivière ne fait pas la promotion des valeurs du Trumpisme, il est pourtant un témoin assez saisissant de cette Amérique qui a voté Trump. Parce que la démographie et la sociologie des ces États remportés par Donald Trump n'ont pas beaucoup changé depuis un siècle. La même défiance vis-à-vis de ceux de la ville qui croient tout connaître et qui veulent imposer leur mode de vie à ceux qui vivent dans des petites villes enclavées, soumises aux aléas d'une nature à la fois nourricière et hostile. La photographie que Redford a réalisée sur plusieurs années de cette petite ville du Montana du début du XXème siècle pourrait certainement être refaite aujourd'hui, avec peu de modifications profondes. Si ce n'est un rejet accru de ceux qui sur la côte Est ou en Californie viennent leur expliquer qu'ils sont des moins que rien, que leur mode de vie ancestral est un danger pour la planète, que leurs valeurs sont obsolètes et que leur culture doit être effacée. On peut balayer ça d'un revers de la main. On peut aussi s'interroger sur le fait que cette population soit à ce point négligée. Redford le progressiste ne les a pas méprisés. Ne les a pas filmés avec condescendance. Peut-être parce que Redford sait aussi d'où il vient.




mardi 5 janvier 2021

La salle de cinéma, haut lieu démocratique

 

Bonjour à tous et meilleurs vœux pour cette nouvelle année!

Le 10 décembre 2020, le chef du gouvernement annonçait que les salles de cinéma n’ouvriraient pas le 16 décembre. Douche froide pour les exploitants, mais aussi pour les distributeurs. Derrière cette catastrophe économique annoncée pour un secteur déjà largement éprouvé, c’est une autre réalité qui touche le pays. Car la salle de cinéma n’est pas tout à fait la même chose qu’une autre salle de spectacle. Loin de vouloir opposer ou hiérarchiser les lieux de culture, il faut néanmoins reconnaître une spécificité des salles de cinéma relevant du brassage de la société comme nulle part ailleurs.


Tout commence d’abord par l’œuvre cinématographique. Celle-ci ne se réduit pas à un artiste et à un ou quelques outils. Elle s’inscrit dans une logique à la fois créatrice, économique et technologique. En effet, le film doit d’abord raconter une histoire et relève donc d’une écriture plus ou moins originale qui trouve sa forme finale par le talent du réalisateur qui décide des positionnements et des mouvements de la caméra, exige telle lumière, tel environnement sonore, tel décor et fait se mouvoir et parler ses comédiens selon ses désirs. Même s’il n’est souvent pas celui qui assemble chaque plan, son découpage technique induit globalement le montage final, du moins pour la majorité des cas. Mais cette créativité est largement encadrée par la contrainte économique définie par le producteur. Au talent du cinéaste répond ainsi le prosaïsme de celui qui finance chaque minute tournée, veille aux dépenses et s’assure des recettes. Et si les ambitions du réalisateur ne correspondent pas au budget alloué, alors c’est à l’artiste de s’adapter et de trouver une solution lui permettant de garder son ambition mais dans un cadre financier non extensible. Enfin, le film ne peut exister que dans un environnement technologique donné qui permet au cinéaste d’accomplir son geste créatif et dont le coût est validé par le réalisateur. Si on peut rire des effets spéciaux du King Kong original de 1932, il n’y a aucun doute que celui-ci ne pouvait être produit autrement et qu’il constituait pour l’époque un trucage formidable correspondant à ce que l’artiste pouvait le plus espérer. Car depuis le cinématographe Lumière de 1895, les innovations technologiques de la caméra mais également de toutes les machines participant à la production cinématographique ont ouvert des possibilités artistiques de plus en plus grandes, permettant des plans aériens vertigineux, des effets spéciaux de plus en plus réalistes voire époustouflants et des reproductions du réel à la fois de plus en plus vraisemblables mais aussi finalement, et paradoxalement, de moins en moins onéreuses.


Or toutes ces données, créatrices, économiques et technologiques, sont dans les mains de plusieurs dizaines d’individus, hommes ou femmes, jeunes et moins jeunes, grands bourgeois ou simples ouvriers. Comme l’évoquait Siegfried Kracauer dans De Caligari à Hitler, une histoire psychologique du cinéma allemand publié en 1947, le film de cinéma est un métissage d’influences sociales diverses, plus ou moins fortes mais malgré tout sensibles dans le rendu final de l’œuvre filmique. Celle-ci est donc bien une création de celui qui le signe, le réalisateur, mais aussi une œuvre collective comme l’attestent les crédits du générique. Chaque film produit dans des pays démocratiques implique que tous les paramètres mentionnés plus haut soient respectés, surtout la liberté de création et la maîtrise d’un budget. Cela correspond alors à une sorte de synthèse assez proche des sensibilités de toutes les couches de la société, même si certaines sont parfois sous représentées à l’écran. En tout état de cause, cela correspond alors de fait à l’état de la société dans lequel le film est produit. La femme de New York-Miami interprétée par Claudette Colbert en 1934 n’incarne-t-elle pas ces femmes plus libérées que celles des générations précédentes ?



Une fois terminé, le film doit être distribué et exploité en salle. Et le cinéma y démontre à nouveau son caractère universel. En effet, quelque soit le film, le prix  du billet dans la salle sera le même pour tous, et presque quelque soit la salle, à Paris ou dans une région éloignée. Car là est la magie du cinéma, le spectacle le plus populaire qui soit. Les sièges occupés ne dépendent ni du prix ni des qualités des individus mais de l’heure d’arrivée. Le premier arrivé choisit la place qu’il préfère. Et ainsi en va-t-il jusqu’à ce que l’ensemble des sièges soit rempli. Pas de privilèges selon ses revenus ou sa classe socio-professionnelle. Une fois installés, les spectateurs subissent les mêmes avant-programmes, que ce soit les publicités locales ou nationales et les bandes annonces des films à venir. Arrive enfin le film pour lequel chacun a payé sa place. Et une fois encore, s’il y a des films qui segmentent la clientèle, cela se fait par le degré de cinéphilie. Et il est vrai que les films d’auteur rencontrent davantage un public d’étudiants ou de personnes de plus de quarante ans. Mais les revenus ne sont pas le critère. Des cadres supérieurs peuvent n’aller voir que des blockbusters quand des ouvriers vont plutôt voir le dernier Ken Loach. Ou inversement. Quant aux grands films populaires, leurs succès viennent du fait justement d’avoir su attirer des publics larges dans toutes les cibles de spectateurs, chacun voulant voir le film dont tout le monde parle. Or qu’est-ce qu’un succès dont tout le monde parle sinon le résultat du fameux « bouche à oreille » où les premiers spectateurs conseillent à leurs proches, leurs collègues ou à quiconque veut les entendre d’aller voir tel ou tel film. Même s’il est moins présent aujourd’hui, le phénomène subsiste malgré la rotation frénétique des films à l’affiche chaque semaine. Les réseaux sociaux constituent désormais une caisse de résonnance plus puissante qu’auparavant. Pour la réussite comme pour l’échec du long-métrage, et ce malgré l’intensité de sa promotion, notamment à la télévision. Ainsi Valérian de Luc Besson peut avoir fait plus de 3 millions d’entrées en France, cela est loin de représenter le succès escompté tant le film a coûté cher et nécessitait d’obtenir plus du triple. Et que dire de son échec fracassant aux USA, retiré de l’affiche dans la plupart des salles après moins d’une semaine d’exploitation !

Dans une salle de cinéma, les spectateurs votent avec leurs pieds en se rendant à la séance d’un film, avant de le recommander ensuite, supplantant les critiques de la presse. À tort ou à raison. Le succès du film se fait pour des raisons à la fois qualitatives mais aussi pour ce qu’il représente au moment de sa première programmation en salle. Le succès ou l’échec de la sortie ne présage pas pour autant du devenir du film dans les mémoires collectives et bien des films ont pu être loués à un moment et être oubliés voire méprisés les années passant. Mais l’expérience en salle reste un moment unique de communion avec des spectateurs qui vont rire, pleurer ou être effrayés en même temps. Ou pas. Et si prendre conscience que d’autres éprouvent les mêmes émotions que soit n’est pas l’apanage du 7ème art, aucun autre spectacle ne permet un tel brassage sociologique pour un tarif finalement modique. En prenant des maîtres de leurs arts respectifs, combien coûte une place pour voir un film de l’immense Spielberg comparé au tarif pour assister à un concert de Bruce Springsteen, un opéra avec Roberto Alagna ou même un « seul en scène » de Gad Elmaleh ?

Parce qu’au cinéma les sensibilités de tous sont portées à l’écran, la salle devient l’urne démocratique accueillant un public constitué de toutes les strates de la société. À cela, les plateformes de SVOD et autres moyens de regarder des films en petit comité ne peuvent répondre puisqu’ils constituent une forme de consommation individuelle, sans partage, sans échange. Sans même pouvoir réaliser qu’un public différent vient voir un autre film que soi sur un autre écran. La salle de cinéma, c’est se confronter à l’autre, aux autres. Défendre les salles, c’est défendre une composante de la démocratie : voir et accepter les différences ou partager les mêmes représentations du monde avec des parfaits inconnus.

À très bientôt

Lionel Lacour

dimanche 4 octobre 2020

Lumière 2020 – « Le terminus des prétentieux » pour mieux connaître Audiard

 

Bonjour à tous,

À l’occasion de la rétrospective consacrée à Michel Audiard, il était tout naturel qu’un documentaire lui étant consacré soit présenté dans cette édition 2020 du Festival Lumière. Le mercredi 14 octobre à 14h30, Sylvain Perret viendra donc présenter Le terminus des prétentieux réalisé en 2020 à la gloire du scénariste mais surtout dialoguiste de génie qui a su si bien mettre les mots dans la bouche des plus grandes stars françaises des années 1950 jusqu’à sa mort en 1985.

Tous les amoureux du « Petit cycliste » comme l’appelait affectueusement Jean Gabin auront reconnu la référence aux Tontons flingueurs dans le titre du documentaire. Le terminus des prétentieux est en effet une des répliques cultes prononcées par Bernard Blier, Raoul Wolfoni, en évoquant Lino Ventura, Fernand Naudin. C’est bien autour de cette expression que le film de Sylvain Perret va finalement se construire, car elle fait une synthèse parfaite de ce qu’était le scénariste, un auteur concis, comme le rappelle Jean-Marie Poiré, un amoureux des mots mais aussi un personnage qui pouvait aimer la gloire tout en étant d’une modestie inouïe.

 Agrémenté d’extraits nombreux grâce à Gaumont, producteur du documentaire, Sylvain Perret a réussi à retrouver des interviews multiples de Michel Audiard mais aussi de très nombreuses personnalités ayant travaillé ou connu Michel Audiard. Des producteurs comme Norbert Saada ou des réalisateur comme Philippe de Broca ou encore des journalistes comme France Roche, tous évoquent avec gourmandise les mots d’Audiard, son génie mais aussi ses défauts, dont celui de ne jamais savoir dire non. France Roche livre d’ailleurs une anecdote très savoureuse à ce sujet.

 

On pourrait regretter de ne pas voir d’archives de Gabin ou de Blier évoquant ce génie qui les a si souvent fait se parler. Mais la réalité est que les amoureux du dialoguiste des Tontons flingueurs connaissent déjà ces archives par cœur. Le travail de Sylvain Perret a donc été de ne pas justement tomber dans cette facilité et de nous emporter dans un Michel Audiard plus intime, travaillant sur plusieurs films à la fois dans un niveau de confort qui ferait rêver certainement les auteurs d’aujourd’hui.

Oui mais voilà, les dialoguistes d’aujourd’hui n’ont pas leur nom encadré au générique et comme le dit un des témoins du documentaire, les spectateurs allaient voir un film rien que parce qu’il savait que Michel Audiard en avait écrit les dialogues.

Un très beau documentaire donc, sous forme de portrait sensible, drôle et parfois tragique de celui qui est aujourd’hui loué parmi les plus grands quand il fut insulté par les critiques de la Nouvelle Vague.

Mercredi 14 octobre – 14h30 – Institut Lumière Salle 2

Le terminus des prétentieux de et en présence de Sylvain Perret

Réservation

À très bientôt

Lionel Lacour

samedi 3 octobre 2020

Lumière 2020 : Un documentaire sur « Les Rapaces » de Von Stroheim

 


Bonjour à tous,

Pour la troisième année, Claudia Collao présente un documentaire au Festival Lumière. La réalisatrice aime les histoires secrètes, les mystères. Après Le mystère Greven puis son documentaire sur Hedy Lamarr, elle revient avec Hollywood maudit – Les rapaces présenté le jeudi 15 octobre à 14h30.

Tous les cinéphiles s’intéressant aux débuts du cinéma hollywoodien savent combien le film de Stroheim constitue un monument du cinéma dont seul un montage largement amputé est visible. Claudia Collao décide de raconter cette histoire en trois actes autour d’une rivalité entre deux hommes dont le destin tourne autour de ce film, le producteur Irving Thalberg et le cinéaste-acteur Erich von Stroheim.  Après une présentation des protagonistes, le documentaire en vient au tournage du film et de ses quasi 9 heures initialement montées ! Puis le documentaire se prolonge sur l’accueil et la destinée de ce très long métrage.

Nourri d’archives nombreuses, d’images du film conservé ou de photos de tournages des plans disparus, le documentaire a également recours à des intervenants américains, dont celui ayant réussi comme français dont certains sont des fidèles du festival Lumière comme Pascal Mérigeau ou Antoine Sire.

Au-delà du récit autour du film de Stroheim, Claudia Collao nous emporte dans un Hollywood en transition entre le système des studios au fonctionnement encore artisanal » et celui devenu des machines à faire de l’argent en produisant des films industriellement. Et c’est bien l’intérêt du documentaire que de croiser les destins d’individus comme Thalberg et Stroheim avec celui de la machine à rêve que devenait Hollywood en ce milieu des années 20, faisant du cinéma une industrie intégrée et prospère, complètement inscrite dans la croissance économique des USA post première guerre mondiale.

Artistiquement, la réalisatrice laisse deviner aux spectateurs combien le cinéma qui allait devenir celui dont Ford, King et d’autres allaient s’emparer dans les années 30, un cinéma plus authentique et en phase avec la crise suivant le kach de Wall Street en 1929, se retrouvait déjà dans Les rapaces. Mais comment parler de gens vivant dans la misère en 1924 – 25 quand le rêve américain se transposait sur grand écran à coups de « happy ends ».

Jeudi 15 octobre – 14h30 – Institut Lumière Salle 2

Hollywood Maudit - Les Rapaces (2020, 52min)  de  et en présence de Claudia Collao

Réservation

À très bientôt

Lionel Lacour

samedi 21 mars 2020

Deux paraboles du rôle de l'État - "Le train sifflera trois fois" vs "Rio Bravo"

 Bonjour à tous
En 1952, le film de Fred Zinnemann, High noon (Le train sifflera trois fois) est un succès populaire et critique. Porté par un Gary Cooper au sommet de sa gloire et par une jeune actrice blonde future princesse monégasque, ce western raconte l'histoire d'un shérif Will Kane (Gary Cooper) qui doit affronter des bandits devant arriver par le train dont celui qu'il avait envoyé en prison et qui revient se venger. Le temps de l'action correspond pratiquement à la durée du film pendant lequel Will Kane demande de l'aide à tous ses administrés qui tous la lui refusent. Même son épouse l'abandonne à son combat face à 4 individus.
Succès colossal donc et Gary Cooper s'inscrit un peu plus encore dans la légende des héros de l'Ouest.
Pourtant, certains trouvent ce film absolument mauvais. Pas techniquement. Pas par le jeu de Cooper puisque ceux qui critiquent High noon font partie de ses amis. Ce que dénoncent Howard Hawks et John Wayne, deux Républicains comme Cooper, c'est ce que fait le shérif. Pour eux, le shérif doit protéger la population et ne doit pas demander à être protégé par elle.

Si bien que quelques années plus tard, Hawks écrira une nouvelle (attribuée à Barbara Hawks McCampbell sa propre fille) partant pratiquement de la même base du film de Zinnemann. Un Shérif arrête un homme pour meurtre, l'emprisonne mais doit faire face aux hommes de son clan qui veulent le libérer. Mais Hawks écrit l'exact inverse de High noon qui se traduit par la réalisation de Rio Bravo en 1959. Le shérif refuse l'aide de tout le monde. Et au contraire de Grace Kelly, une belle blonde (Angie Dickinson) qu'il connaît à peine est prête à risquer sa vie pour le secourir. 


Bande Annonce High Noon
Ces deux films illustrent deux visions de l'État et de son rôle. Film scénarisé par Carl Foreman, bientôt blacklisté pendant le maccarthysme qui sévit à Hollywood, High noon peut proposer une interprétation courageuse. Le shérif est abandonné par la lâcheté de ses concitoyens et doit faire face à un comité qui veut l'abattre. Certains y ont vu un pamphlet anti chasse aux communistes qui sévissait dans les studios. Et au regard des pressions que la production indépendante a subies de la part du Comité des Activités Anti-américaines, nul doute que cette interprétation soit tout à fait valide. Le départ du shérif avec sa femme de Hadleyville sans se retourner peut d'ailleurs s'assimiler aux départs des nombreux artistes ayant fui les USA prêts à les condamner et dont ils n'attendaient plus rien, que ce soit Chaplin, Losey et bien d'autres. High noon dénoncerait donc le maccarthysme. 
Mais la deuxième lecture est plus liée au sens général du film pouvant être lu hors contexte de cette chasse aux sorcières. En demandant de l'aide aux habitants de la ville, c'est une vision de l'administration politique qui est proposée. Le shérif ne renonce pas à son autorité mais en délègue une partie à ceux dont il a la charge. Or il s'agit d'un pouvoir de police. Un pouvoir de sécurité. Celui-là même qui revient à l'État. En demandant de l'aide à ceux qu'il est censé protéger, le shérif cède de son autorité et une part de sa légitimité d'exercer la sienne. Le pouvoir devient de fait moins vertical. Idéologiquement, le film se situe là aussi, au-delà de la parabole contre le maccarhysme, à gauche de l'échiquier politique. Appliqué aux Américains, High noon est assurément un film démocrate.
Bande Annonce Rio Bravo
John Wayne hurla quant à lui à la trahison en voyant ce film. Son anti-communisme était connu de tous et lui-même tourna dans des films maccarthystes comme Big Jim MacLaine d'Edward Ludwig, film lui aussi sorti en 1952. Il est donc probable que Wayne comprit le sens de la parabole et s'en offusqua. Mais Rio Bravo ne se présente pas comme un film maccarthyste. Pas de parabole favorable à une quelconque chasse aux sorcières. En revanche, Hawks trouve en Wayne l'exact inverse de Cooper en tant que shérif.  Si John T. Chance refuse l'aide qu'on lui apporte, c'est qu'il ne veut pas risquer la vie de ses administrés, dont certains sont ses amis. Sa fonction est de protéger et non d'être protégé ni même d'être assisté. Aussi, Pat Wheeler (formidable Ward Bond, un autre Républicain!) qui fait du transport de matériel suggère d'assister Chance qui refuse. Mais Wheeler est tué. L'hôtelier est lui aussi invité à ne pas aider. La belle joueuse de cartes fait tout pour faciliter la vie du shérif mais, malgré sa ténacité, est rabrouée par Chance. Seul Colorado, l'homme de main de Wheeler, arrive à rejoindre le shérif et ses assistants, non sans avoir essuyé un refus initial. Hawks propose donc un film dans lequel l'autorité est verticale. La responsabilité revient à une autorité qui a été déléguée à un homme qui s'entoure d'adjoints mais qui refuse de mêler la population à ses ennuis inhérents à sa fonction. Politiquement, appliqué aux USA, Hawks ne trahit pas ses idées républicaines. Et John Wayne se retrouve pleinement dans ce Rio Bravo qui fut lui aussi un succès tant critique que public.
Le western est donc un genre dans lequel les idéologies politiques sont solubles. Genre privilégié et particulièrement prisé des Américains après la seconde guerre mondiale, il permettait de faire passer des idées et concepts politiques avec beaucoup plus de subtilité qu'un film ouvertement politique et idéologique. 
À très bientôt
Lionel Lacour

mardi 1 octobre 2019

Lumière 2019 - "Les Princes" déjà classique


Bonjour à tous,

En 1978, à 27 ans, Tony Gatlif réalisait son premier film. Rapidement, il s’est emparé de sujets touchant des héros issus des marges de la société, notamment les gitans. Dans Les princes, son 4ème long-métrage réalisé en 1983, il reste dans cet univers avec un comédien, Gérard Darmon, que le grand public découvrait vraiment un an auparavant dans Le grand pardon et La baraka.

Autour d’une histoire simple, Gatlif dresse des portraits émouvants de gitans sédentarisés et vivant contre nature dans des HLM de banlieue parisienne.

Autour de ces héros qui résistent à conserver leurs valeurs, Gatlif dresse également un tableau de l’état de la société française qui laisse ses banlieues autrefois construites pour

lundi 30 septembre 2019

Lumière 2019 - "Le temps des nababs" ou le temps d'une certaine idée du cinéma français

Bonjour à tous

Le Samedi 12 octobre 2019 sera projeté à 14h45 deux des huit épisodes de la série documentaire Le temps des nababs réalisés par Florence Strauss.

Les amoureux du cinéma français se régaleront de ces deux épisodes réalisés en 2019, produits par Les Films d’Ici et par le Pacte et diffusés sur Ciné+.

« Les romanesques » et « Les tenaces » parcourent une histoire du cinéma français depuis Les enfants du Paradis en 1945 en prenant l’angle des producteurs les plus représentatifs et les plus importants, ceux qui ont fait du cinéma populaire sous l’angle de la qualité, en prenant des risques parfois

dimanche 22 septembre 2019

Histoire et Cinéma 2019 2020

Bonjour à tous


Organisé depuis 2001 à l'Institut Lumière à Lyon, le cycle de conférences « Histoire et Cinéma » aborde différentes périodes du programme d’Histoire contemporaine du collège et du lycée en montrant combien les films sont des témoins de leur temps. Chaque conférence s’appuie sur de nombreux extraits de films de fiction de l'époque étudiée, sauf séances spéciales. Des commentaires en direct analysent le langage cinématographique utilisé et les idées se trouvant dans les films.

mercredi 3 juillet 2019

Lumière 2019: 3 Parrains pour les 10 ans du Festival

Bonjour à tous,

Le cinéaste Francis Ford Coppola sera donc honoré du Prix Lumière pour les 10 ans du Festival Lumière (11ème édition). Cette information connue depuis le 11 juin dernier a été accompagnée d'une partie de la programmation. Et évidemment, une partie de celle-ci sera consacrée à l'œuvre du géant récipiendaire.

Et quoi de mieux pour satisfaire ses admirateurs que de proposer une nuit entièrement consacrée à ce qui constitue une des plus grandes trilogies de l'Histoire du Cinéma?

Pour ceux, peut-être nombreux qui veulent voir et/ou revoir le destin de la famille Corleone sur très grand écran, l'occasion est unique!

Le samedi 19 octobre 2019 sera donc l'occasion exceptionnelle de voir à la Halle Tony Garnier à partir de 20h30 chacun des opus:

Le Parrain (1972, 2h55)
Le Parrain II (1974, 3h22)
Le Parrain III (1990, 2h42)

Et pour les courageux ayant tenu l'intégralité de la séance (et même pour les autres!), un petit-déjeuner sera offert au petit matin.

Pour les réservations: Evénement Trilogie Le Parrain Festival Lumière

À très bientôt
Lionel Lacour


jeudi 28 mars 2019

Festival 24: La master class de Rachid Bouchareb en ligne!


Bonjour à tous

Le mardi 12 mars, Rachid Bouchareb a donné une formidable master class dans le cadre du Festival 24 - Justice & Cinéma.
Une occasion de comprendre comment un cinéaste s'empare d'histoires et de l'Histoire pour raconter ce qui lui semble juste de dénoncer ou de rappeler.
Un très beau moment que je vous propose de partager sur ce lien produit par le service audiovisuel de Lyon 3, et réalisé par Philippe Topalian:


À très bientôt
Lionel Lacou

jeudi 21 février 2019

Festival 24: Rencontres avec Rachid Bouchareb

Bonjour à tous,

La journée du 12 mars 2019 sera largement consacrée à Rachid Bouchareb pendant le Festival 24 - Justice & Cinéma.

À 14h30, une Master Class à l'Auditorium Malraux avec le réalisateur de Indigènes permettra d'aborder avec lui pourquoi et comment il aborde les questions de droit dans ses films, que ce soit en 2010 avec Hors la loi, ou en 2014 avec son remake du film de José Giovanni Deux hommes dans la villes en le transposant aux États-Unis et titré en français La voie de l'ennemi. Plus récemment encore, en 2018, il réalisa Le flic de Belleville avec Omar Sy, une sorte d'hommage au Flic de Beverly Hills de 1983.
Rachid Bouchareb évoquera également ses influences cinématographiques, les cinéastes qui l'ont inspiré et ses films sur la justice préférés.

À 16h30, Rachid Bouchareb présentera ensuite un de ses films à l'Institut Lumière: London river.
Réalisé en 2009, le film traite des attentats commis en 2005 à Londres dans les transports en commun perpétrés par des membres d'Al Qaida. Si ces événements sont l'arrière plan permanent du film, le cinéaste s'attarde sur le sort de parents que tout oppose et dont les enfants ne donnent plus de signe de vie depuis les explosions des bombes. En suivant toute la procédure judiciaire de l'immédiate après attentat, Rachid Bouchareb se place du point de vue des victimes collatérales et en profite pour donner une vraie proposition d'harmonie entre des individus de cultures différentes.
Le film sera suivi d'un échange avec le réalisateur,  Eric Carpano, professeur de droit public à l'Université Jean Moulin Lyon 3 et David Vallat, auteur du livre Terreur de jeunesse racontant son parcours d'ex Jihadiste.

Les inscriptions sont ouvertes:

Master Class Rachid Bouchareb:
Auditorium Malraux - entrée gratuite - 16 rue Rollet - Lyon 8ème
réservation en ligne

London river
Institut Lumière - Tarif habituel de la salle - Rue du Premier Film - Lyon 8ème
réservation en ligne

À très bientôt
Lionel Lacour

vendredi 16 novembre 2018

"Quand le cinéma rencontre la Grande Guerre" à l'Institut Lumière - 28 novembre 2018

Bonjour à tous

Mercredi 28 novembre, je serai à l'Institut Lumière à 19h pour une conférence consacrée à la représentation de la Première Guerre mondiale vue par le cinéma.
La production de films consacrés à la Grande Guerre est considérable et ce dès le conflit. La conférence ne pourra évidemment pas être exhaustive tant il y a de films. Mais elle aura pour objectif de montrer les évolutions de représentations de ce conflit, tant dans l'esthétique abordée que dans les messages apportés par les cinéastes, se servant parfois de cette guerre comme d'un support pour faire passer leurs idées politiques ou sociales.

À l'issue de la conférence, je présenterai le film de F. Borzage L'adieu aux armes réalisé en 1932 et présenté dans sa version restaurée. Une occasion de redécouvrir ce film dans sa version intégrale, lui qui avait été censuré à partir de 1934 et de l'application du code Hays!

PACK Conférence "Quand le cinéma rencontre la Grande Guerre" + L'adieu aux armes
Mercredi 28 novembre - 19h - Institut Lumière
Réservation

À très bientôt
Lionel Lacour




mercredi 10 octobre 2018

Lumière 2018: "Walkover", une jeunesse polonaise

Bonjour à tous

en 1965, Jerzy Skolimowski réalisait Walkover, son deuxième long métrage, dans lequel il joue lui même le rôle d'Andrzej, personnage récurrent de ses premiers films. Le festival Lumière l'a donc programmé en avant première de sa ressortie (prévue en 2019) et il sera projeté à l'Institut Lumière le mercredi 17 octobre à 18h15.

Le film vaut tant pour la forme que pour ce qu'il raconte, notamment de la société polonaise de ces années 1960. La forme tout d'abord. Avec 28 plans seulement, Skolimowski réussit une vraie prouesse pour raconter une histoire riche en

mardi 9 octobre 2018

Lumière 2018: "Olivia" ou le film d'une intruse

Bonjour à tous

Dimanche 14 octobre à 22h sera projeté à l'Institut Lumière salle 2 le film de Jacqueline Audry Olivia. Réalisé en 1951, ce film n'a comme rôles principaux que des femmes dont l'immense Edwige Feuillère dans le rôle de Mademoiselle Julie, nommée d'ailleurs aux BAFTA pour son interprétation pour ce rôle.
Il s'agit du 5ème film de la réalisatrice qui commença par une adaptation de la comtesse de Ségur, Les malheurs de Sophie en 1946.

Lumière 2018: "FTA", un documentaire sur Jane Fonda, militante anti-guerre du Vietnam


Bonjour à tous

En 1972, Jane Fonda est désormais une des plus grandes stars du cinéma mondial. Elle a joué pour René Clément avec Alain Delon dans Les félins, avec Arthur Penn pour La poursuite impitoyable, avec Sydney Pollack pour On achève bien les chevaux.
Dès 1971, elle participe à une tournée aux USA avec l'acteur Donald Sutherland, son partenaire dans Klute d'Alan J. Pakula,  se rendant avec d'autres artistes militants de garnisons militaires en garnisons militaires, d'abord aux USA puis dans les bases du Pacifique avec un slogan: "FTA", abréviation aux multiples significations, allant de "Free THeater Associates" à "F*** The Army".


lundi 24 septembre 2018

Lumière 2018: Deray de retour à l'Institut Lumière

Bonjour à tous

Dimanche 14 octobre, à 14h45, dans la salle 2 de l'Institut Lumière, sera projeté le documentaire Jacques Deray: "J'ai connu une belle époque" en présence de la réalisatrice Agnès Vincent Deray, qui fut sa femme pendant 20 ans. Cette projection semble être une sorte de prolongement du lien entre Jacques Deray et l'Institut Lumière dont il fut le vice-président jusqu'à sa mort en 2003.

Car l'histoire que raconte ce film n'est pas seulement celle d'un cinéaste, mais celle d'une époque du cinéma français, celui des années 60 jusqu'aux années 1990. Ainsi, la réalisatrice adopte à la fois une lecture chronologique de la carrière du cinéaste, commençant au cinéma par des petits rôles dans des films avant de se mettre lui-même derrière la caméra, et ce en plein

mardi 11 septembre 2018

"Histoire et Cinéma" 2018 - 2019 à l'Institut Lumière



Bonjour à tous

Le programme "Histoire et Cinéma" a pour objectif de montrer combien les films sont des témoins de leur temps. Chaque séance aborde des points des programmes d'Histoire contemporaine du collège et du lycée et est constituée de nombreux extraits de films de l'époque étudiée, sauf séances spéciales. Des commentaires en direct analysent le langage cinématographique utilisé et les idées se trouvant dans les films.

C'est aussi un moyen de permettre la transdisciplinarité des enseignements (lettres, philosophie, langues) en fonction des séances.

vendredi 24 août 2018

"En eaux troubles": quand les USA regardent vers l'Asie et la Chine

Bonjour à tous,

Hier, 22 août 2018, est sorti en salle le blockbuster En eaux troubles, énième film racontant l'histoire d'un gros poisson menaçant d'innocents humains pacifiques.
Réalisé par Jon Turtelaub, producteur et réalisateur de films très grand public comme la saga des Benjamin Gates ou le fameux Rasta Rockett, avec comme star portant le film un certain Jason Statham, En eaux troubles est le film qui doit faire un carton au box office cet été, jouant sur la peur des requins avec des clins d'œil avec le film référence, Les dents de la mer, visant un public à la fois jeune amateur de sensation fortes, mais pas trop sanglantes non plus permettant à un public plus familial de passer un moment ensemble, le tout avec un comédien incarnant le film d'action.
Mais plus que cela, En eaux troubles se distingue par le choix de se tourner vers l'Asie, que ce soit dans le casting, dans les