lundi 24 septembre 2018

Lumière 2018: Deray de retour à l'Institut Lumière

Bonjour à tous

Dimanche 14 octobre, à 14h45, dans la salle 2 de l'Institut Lumière, sera projeté le documentaire Jacques Deray: "J'ai connu une belle époque" en présence de la réalisatrice Agnès Vincent Deray, qui fut sa femme pendant 20 ans. Cette projection semble être une sorte de prolongement du lien entre Jacques Deray et l'Institut Lumière dont il fut le vice-président jusqu'à sa mort en 2003.

Car l'histoire que raconte ce film n'est pas seulement celle d'un cinéaste, mais celle d'une époque du cinéma français, celui des années 60 jusqu'aux années 1990. Ainsi, la réalisatrice adopte à la fois une lecture chronologique de la carrière du cinéaste, commençant au cinéma par des petits rôles dans des films avant de se mettre lui-même derrière la caméra, et ce en plein
mouvement de la "Nouvelle vague" qui allait imposer un style au cinéma français mais aussi international.

Mais le documentaire ne se limite pas à revisiter la filmographie foisonnante de Deray. Il s'appuie d'abord sur des témoignages émouvants de personnalités du cinéma ayant travaillé ou côtoyé le réalisateur. Et c'est avec émotion que nous découvrons comment Alain Delon et Jean-Paul Belmondo ont vécu leur collaboration avec lui. De leurs paroles ressort un portrait assez unanime du personnage. Aimable et ne se mettant jamais en colère comme le signale Charlotte Rampling, au sens de l'amitié profond comme les archives de Lino Ventura ou de Jean-Louis Trintignant l'expriment. Avec les interventions de Bertrand Tavernier, président de l'Institut Lumière ou de Thierry Frémaux son directeur, c'est bien aussi le sens du cinéma populaire qui ressort de chez Jacques Deray, un cinéma nourrit du cinéma américain, aimant les polars même si sa filmographie comporte d'autres genres. Un cinéma urbain et planté dans son présent, celui d'une société qui prend davantage en compte la place des femmes.

C'est ainsi que le documentaire révèle peut-être la partie la plus méconnue de l'artiste, celle d'un cinéaste qui tournant surtout des films d'hommes a progressivement réalisé des œuvres dont les personnages les plus importants étaient des femmes. Bien sûr Delon rappela la place de Romy Schneider dans La piscine à la fin des années 1960 et Nicole Kalfan confirme d'ailleurs le souci de Jacques Deray de proposer des rôles de femmes plus présentes même si elle ne put pas forcément en bénéficier. Mais c'est certainement le personnage interprété par Charlotte Rampling dans On ne meurt que deux fois en 1985 qui marque cette bascule pour Deray.

Au bout du documentaire, c'est donc un réalisateur différent que l'on cerne. S'il reste le cinéaste des films "déjà classiques" comme Borsalino ou La piscine, film d'action ou d'ambiance, on saisit aussi qu'il est un cinéaste à la fois modeste et aimant être reconnu pour son talent artistique, comme en témoigne l'archive sur sa désignation à la présidence du jury au Festival de Cannes en 1981. Cette reconnaissance post mortem a été relayée par sa famille qui proposa à l'Institut Lumière de créer un "Prix du Polar Jacques Deray" récompensant le meilleur film français du genre chaque année, une manière de perpétuer et le souvenir du cinéaste et de ses qualités dans ce genre si prisé. C'est d'ailleurs ce dernier aspect méconnu des spectateurs qui clôt le documentaire et qui permet peut-être une meilleure compréhension du personnage. En effet, Jacques Deray était un homme fidèle dans ses relations avec les autres, sa famille comme ses amis, au-delà de l'image de bien des réalisateurs français de sa génération.

Un documentaire sensible et richement documenté à découvrir donc au Festival Lumière:
Jacques Deray: "J'ai connu une belle époque"
Dimanche 14 octobre 2018 - 14h45 - Institut Lumière Salle 2 - En présence de Agnès Vincent Deray
Réservation des places

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