lundi 8 mai 2017

Compte rendu conférence "La Révolution bolchevique: la propagande face à l'Histoire"

Bonjour à tous

le jeudi 4 mai 2017, je donnais une conférence à l'Institut Lumière sur le thème "La Révolution bolchevique: la propagande face à l'Histoire".
En voici le contenu.

La Révolution bolchevique :
la propagande face à l’Histoire

INTRODUCTION
L’empire russe, fondé par Pierre le Grand en 1721, est un pays à la fois le plus peuplé d’Europe, mais également le plus inégalitaire. À la veille de la Première guerre mondiale, l’empire compte près de 130 millions d’habitants dont près de 100 millions sont des paysans plutôt pauvres et analphabètes. Beaucoup ont d’ailleurs rejoint les villes grâce à l’industrialisation du pays dans les
villes et à la construction du train comme le transsibérien. Mais le pays est aussi une monarchie autoritaire, reposant sur le soutien de l’Église orthodoxe et sur une armée puissante :

Film Lumière Tsar et Tsarine entrant dans l’église de l’Assomption  
Le tsar Nicolas II succède à son père Alexandre III le 1er novembre 1894. Le film Lumière, tourné par l’opérateur Lumière Francis Doublier le 26 mai 1896 à l’occasion du sacre du tsar Nicolas II.
Empire chrétien orthodoxe, l’hymne officiel est « Dieu garde le Tsar ». Et le film Lumière participe à diffuser cette information et avec, la puissance de la Russie.

Russie : dragons, charge et pied à terre est tourné le 17 mai 1896 par un opérateur inconnu, soit quelques jours avant le film précédent.
L’armée puissante de la Russie, malgré sa surprenante et cinglante défaite en 1905 contre le Japon, est un atout pour la France qui ne manque pas de s’allier avec cet empire, comme en témoignent d’autres films Lumière par la suite, relatant les venues de président français en territoire russe. Une telle alliance lui permettait d’occuper son ennemi allemand sur le front Est en cas de conflit. Ce qui fut le cas à partir de 1914.
Or c’est cette guerre qui va précipiter la fin de l’empire russe et de la maison Romanov.
En octobre 1917 (pour le calendrier Julien – Novembre pour le calendrier Grégorien qui est le nôtre aujourd’hui), la Révolution bolchevique est menée par Lénine. Elle met fin non au tsarisme mais à une première révolution, s’étant déroulée en février 1917 par les Socialistes Révolutionnaires rejoints par les Mencheviks, la branche minoritaire du POSDR (Parti Ouvrier Social Démocrate de Russie)
Kerenski, dirigeant du Parti Socialiste Révolutionnaire conduisit cette première révolution en s’appuyant notamment sur la bourgeoisie et en continuant la guerre dans laquelle la Russie tsariste s’était engagée en 1914.
En octobre 1917, la prise de Saint Petersbourg par les Bolchéviques allait mettre fin à la première révolution et aboutir à la mise en place d’un régime n’ayant alors jamais existé, la dictature du prolétariat, avec comme accomplissement la création d’un nouvel État : l’URSS – Union des Républiques Socialistes Soviétiques.
Avec cette Révolution bolchevique, c’est l’application d’une idéologie, le Marxisme, interprétée par le chef de ce parti, Lénine, avec comme objectif un changement radical de société.
Pour asseoir cette Révolution et justifier l’élimination du capitalisme, l’égalité des individus, notamment entre les hommes et les femmes, accès pour tous au progrès et à ses conséquences, Lénine et le parti Bolchevique ont eu recours à la propagande. En 1919, Lénine affirmait d'ailleurs ceci à propos du cinéma :
« De tous les arts, il est pour nous le plus important ».
Le plus important pour justifier la Révolution, pour la raconter, pour en vanter les effets. Le cinéma devenant de fait outil de propagande puisque bien des films avaient de fait objet de diffuser, de propager, de faire connaître, de faire admettre l’idéologie des Bolcheviques. Et quoi de mieux que des films pour influencer l'opinion publique soviétique, de modifier sa perception d'événements, de personnes, de convertir, de mobiliser ou de rallier des partisans. Or il y a parfois une grande différence entre l'Histoire dans les films de propagande et la réalité historique des faits confirmés par l'études des différentes sources.


La Nouvelle Babylone
PREMIÈRE PARTIE
LA RÉVOLUTION BOLCHEVIQUE : LES ORIGINES 
Dans le récit marxiste de l’Histoire, il y a une continuité, un mouvement qui doit amener les Hommes à se libérer des forces des exploiteurs. Au XIXème siècle, il faut que les travailleurs, les ouvriers se libèrent du capitalisme. La Révolution bolchevique a pris en ce sens pour référence « LA COMMUNE DE PARIS ». 
Marx, lui-même, en 1871, juste après l’événement, écrivait dans La Guerre civile en France :
« Peut-être la Com­mune de Paris tombera-t-elle, mais la révo­lu­tion sociale qu’elle a entre­prise triom­phera. Son lieu de nais­sance est par­tout. »
Vladimir Illitch Oulianov, plus connu sous le nom de Lénine, leader depuis 1903 de la branche majoritaire du POSDR, les « Bolcheviques », fait lui-même de cet événement un moment majeur, un modèle dont il faut s’inspirer dans l’idéal qu’il représente mais un modèle dont on doit aussi apprendre des causes de son échec. Indiscutablement, la Commune de Paris est intégrée dans la généalogie de la Révolution bolchevique. Et si Marx y a consacré un ouvrage en 1871, Lénine, en 1911 écrivait ceci :
« Le grondement des canons de Paris a tiré de leur profond sommeil les couches les plus arriérées du prolétariat et donné partout une impulsion nouvelle à la propagande révolutionnaire socialiste. C’est pourquoi l’œuvre de la Commune n’est pas morte ; elle vit jusqu’à présent en chacun de nous.

La cause de la Commune est celle de la révolution sociale, celle de l’émancipation politique et économique totale des travailleurs, celle du prolétariat mondial. Et en ce sens, elle est immortelle. »

Dans La Nouvelle Babylone (G. Kozintsev, 1929), le message est bien que la non alliance entre l’armée et les révolutionnaires a entraîné la faillite de la Commune.
Critiqué par de nombreux communistes pour ne pas avoir assez parlé de la Commune, le film est même parfois qualifié de « petit bourgeois » voire « réactionnaire ». Mais les grands cinéastes et surtout La Pravda encensent le film pour ses qualités esthétiques, son montage mais aussi pour ce qu’il met en avant.
Ainsi, la Révolution bolchevique inscrit-elle dans sa mythologie les événements passés qui ont amené à sa réalisation et à son succès.

Dans Le cuirassé Potemkine (S. Eisenstein, 1925) la mutinerie des marins du Cuirassé Potemkine, ancré non loin d’Odessa, fait partie de ces légendes qui participa à la construction du côté inéluctable de la Révolution bolchevique. Mais il s’agit bien d’une construction. Marc Ferro le rappelle d’ailleurs. Cette mutinerie était tombée dans l’oubli en 1925, date de réalisation du film d’Eisenstein. De plus, ce que montre le film est en partie vrai. Il y eut bien et mutinerie à bord et mouvement social à Odessa, mais les relations entre les deux mouvements ne furent que ponctuelles, les deux répondant à des objectifs différents.
Le message du film est cependant clair : un pouvoir autoritaire qui contrôle l’armée ne peut être renversé. Et la répression de toute révolution ou contestation sociale ne peut alors qu’être sanglante.
Il faut donc allier l’armée à tout combat politique. La fin du Cuirassé Potemkine est authentique. Les mutins traversent bien les eaux, salués par les autres navires. Mais cette fin est tronquée. Le Potemkine s’échoua, les marins se rendirent et beaucoup finirent au bagne, d’autres émigrèrent. Mais comme disait John Ford, « Quand la légende est plus belle que la réalité, on publie la légende » (L’homme qui tua Liberty Valance).
Les légendes se construisent bien sûr à partir de faits réels mais aussi de la littérature.
Par exemple, La mère, (V. Poudovkine, 1926) est tiré du livre de Gorki, soutien du POSDR, en 1906. Poudovkine adapte le discours de l’auteur de manière à montrer que la conquête du pouvoir passe par la nécessité de s’instruire, de ne plus subir l’exploitation capitaliste : apologie du socialisme révolutionnaire conduisant à son propre sacrifice.
C’est avec la même logique que Eisenstein, encore lui, avait réalisé son premier film en 1924 (mais projeté la première fois en 1925) : La grève.
Dans La grève, il ne s’agissait pas de montrer toutes les grèves qu’avait connues la Russie mais bien de montrer une synthèse : exploitation des ouvriers, contestation par quelques-uns, action contre le patronat par la grève et enfin répression.
L’action est censée se passer en 1912, c’est-à-dire avant la Première guerre mondiale. La répression est menée par la police armée tsariste. On a donc une coalition entre les forces tsaristes et les capitalistes. Eisenstein montre d’ailleurs par son montage que le peuple est tel le bétail que l’on égorge, que l’on sacrifie.


DEUXIÈME PARTIE
LA RÉVOLUTION BOLCHEVIQUE : L’AFFRONTEMENT
Le cinéma soviétique a donc inscrit dans l’univers des Russes une histoire revisitée à l’aune de la Révolution bolchevique. Tout devait amener à penser que la Révolution d’Octobre ne pouvait pas ne pas avoir lieu, qu’elle n’était que la continuité des mouvements sociaux précédents. Que toute autre solution politique n’était que transitoire, qu’une étape conduisant à la Révolution bolchevique.
En 1923, Trotski affirmait alors :
« Le fait que,  jusqu’ici, nous n’ayons pas mis la main sur le cinéma, prouve à quel point nous sommes maladroits, incultes, pour ne pas dire stupides. Le cinéma est un instrument qui s’impose de lui-même, le meilleur instrument de propagande ».
Mais cette même Révolution devait être racontée et magnifiée pour justifier ce qui allait suivre. Car l’Histoire est toujours racontée par les vainqueurs. Et après la mort de Lénine le 21 janvier 1924, le vainqueur, c’est Staline.
Dans La fin de Saint Petersbourg réalisé en 1927, en se plaçant du côté du peuple, Poudovkine montre combien c’est celui-là qui supporte le poids de la guerre : en travaillant dans les usines d’armement, en ne mangeant pas à sa fin, en mourant sur le front.
Dans ce film, le récit place le spectateur dans ce moment où tout bascule. La première Révolution, celle de février et conduisant au gouvernement provisoire de Kerenski, social-révolutionnaire, soutenu par les Mencheviques, doit être forcément montrée comme anti-sociale et proche du véritable pouvoir, celui des bourgeois capitalistes.
La réalité est autre car le programme du gouvernement provisoire est très favorable au peuple comme par exemple l’amnistie de tous les actes terroristes menés avant la révolution de février, l’instauration du Suffrage universel… Mais en ne se désengageant pas de la guerre, le gouvernement provisoire donna aux Bolcheviques, devenus majoritaires dans les Soviets en septembre 1917, l’occasion de pouvoir les contester et de mener une autre Révolution.
Cette idée que le gouvernement provisoire trahi le peuple est reprise par exemple dans Okraina de B. Barnet en 1933, peut-être le 1er film à montrer une fraternisation entre soldats russes et allemands en 1917.

Lénine revient d’exil en avril 1917 et avec lui le programme bolchevique, reflété dans les slogans « la paix, le pain et la terre » et « Tout le pouvoir aux Soviets », qui se retrouve de fait dans La fin de Saint Petersbourg.
Lénine a beau stopper une insurrection en juillet 1917 contre le gouvernement provisoire, lui et les bolcheviques sont contraints à retourner dans la clandestinité. Jusqu’à ce qu’une tentative de coup d’État mené par le général Kornilov fin août 1917 contraint Kerenski à demander de l’aide aux gardes rouges bolcheviques.
Le 7 octobre, le parti bolchevique crée le Comité Militaire Révolutionnaire. qui montre comment la prise de la capitale des Tsars est prise d’assaut le 25 octobre 1917 (7 novembre 1917 calendrier grégorien)

Octobre, réalisé en 1927 par S. Eisenstein pour une commande du pouvoir soviétique afin de célébrer les 10 ans de la Révolution bolchevique, montre notamment une prise héroïque de la ville par l’armée. Or la vérité est qu’il n’y eut quasiment pas de résistance face à l’action des gardes rouges de Trotski. Les scènes le représentant auraient d’ailleurs été coupées à la demande de Staline, d’autant que le film ne sort en salle qu’en 1928 quand Trotski est contraint à l’exil en novembre 1927 !
La filmographie officielle dont Octobre fait partie se devait de montrer une Révolution unanime avec un réel coup d’éclat. Elle ne pouvait montrer que la vie a continué cette nuit-là. Transports et spectacles continuèrent ! Ce n’était pas très révolutionnaire ni très spectaculaire à montrer !
Mais le film montre bien que la Révolution n’est pas née spontanément des masses (comme le pensait Marx) mais organisée par le parti, comme l’a théorisé Lénine.
Le 25 octobre furent alors prises les décisions réclamées par les Bolcheviks et par le peuple. C’est ce qu’illustre la fin d’Octobre :
-       - Dissolution du gouvernement provisoire par Trotski
-       - Décrets portant sur la Paix et sur la Terre.
-       - Union de classe « Ouvriers et paysans »
-       - Promesse de la construction d’un « État prolétarien socialiste ».
Le film montre évidemment une unanimité or il n’en est rien. Mencheviques, Socialistes Révolutionnaires et autres refusent ce coup d’État de Lénine et fondent un Comité de Salut de la Patrie et de la Révolution. Trotski dénonce cette tentative criminelle de mettre fin aux espoirs du peuple. Et Lénine affirme leur avoir proposé de partager le pouvoir.
Avec La fin de Saint Petersbourg, le titre fait référence à un ancien monde, celui des Tsars. Avec Octobre, Eisenstein, même si son film se conclut par la prise de pouvoir de Lénine et ses premières décisions, le titre marque en fait un point de départ, une ère nouvelle, avec les décrets pour la Paix et sur la Terre.
L’URSS n’existe donc pas encore et les Bolcheviques doivent affronter une opposition interne à leur Révolution. D’où la mise en place par Lénine de camps de travail et la création de la Tchéka, la police politique dès décembre 1917. Quant à la paix de Brest Litovsk avec le IIème Reich du 3 mars 1918, elle provoque une réaction des anciens alliés de la Russie qui l’assiègent de toutes parts.
C’est ce contexte qui est évoqué dans Tchapaiev (S. et G. Vassiliev, 1934)
L’action se passe en 1919. La Révolution bolchevique doit donc affronter menace interne et externe. Le chef est montré comme pouvait l'être Staline. En contre-plongée, moustachu, intransigeant, mais un leader suivi.
Véritable film de propagande stalinienne, on a une histoire simple, avec un leader charismatique. Le temps est fini de montrer les masses comme « personnage central » comme dans les films d’Eisenstein. La Révolution s’est construite en éliminant sans pitié les ennemis, fussent-ils Russes. Le film, comme le rappelle Marc Ferro, montre que c’est le parti qui permet d’encadrer la Révolution. Et Tchapaiev, le héros du film, a beau être un chef de tempérament, il a besoin du parti et d’un corpus idéologique pour guider ses hommes.
Mais c’est bien La Terreur Rouge qui est ici montrée avec élimination de tout opposant à la politique bolchevique. Évidemment, au cinéma, l’opposant est le méchant !
D’autres films montrent également l’héroïsme après la Révolution. Ainsi Les marins de Kronstadt (Efim Dzigan, 1936) illustre combien la Révolution bolchevique a été permise grâce au combat mené par le peuple constituant l’armée, ici des marins combattant les Russes Blancs en 1917. Si les faits tournés ont bien eu lieu, le cinéma se garde bien de montrer le sort ensuite réservé à ces mêmes marins quand à partir de 1921, ils ont réclamé notamment des élections libres aux Soviets et davantage de libertés comme celle de la presse. La répression fut sans pitié par Lénine.



TROISIÈME PARTIE
 LA RÉVOLUTION BOLCHEVIQUE : LA SUPRÉMATIE
Si en 1919, Lénine fonde l’Internationale communiste, celle-ci n’aboutit pas à la propagation de la diffusion de la révolution communiste en Europe, et face à une crise économique majeure provoquant la famine, Lénine est contraint d’adopter une Nouvelle Politique économique (la NEP) validée le 12 mars 1921, permettant une certaine forme de capitalisme et de libre entreprise d’exister, évidemment sous conditions. Le 30 décembre 1922 est proclamée l’URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques). Ce nouveau cadre politique, dirigé par un parti unique, le parti communiste (bolchevique) s’accompagna d’une propagande importante pour diffuser l’idéologie communiste et ses vertus dans tout le pays, notamment dans les transformations de la société russe.
Les aventures extraordinaires 
de Mr West au pays des Bolcheviks 
Comme l’écrit Natacha Laurent dans L’œil du Kremlin (2000), les films les plus connus ont fait la gloire du cinéma soviétique hors URSS mais bien d’autres étaient tournés :
« Loin des épopées et des commandes sociales, ces films, comédies ou drames de la vie quotidienne, témoignent admirablement de l’inventivité et de la diversité du cinéma de la NEP ». 
La NEP mourut le 1er octobre 1928.
Parmi ces films, on trouve dans l'immédiat après-Lénine des films parfois curieux. Ainsi Les aventures extraordinaires de Mr West au pays des Bolcheviks réalisé par L. Koulechov en 1924 sur un scénario de V. Poudovkine met en scène de véritables séquences adaptées de western. Un Américain découvre Moscou en ayant peur des Bolcheviques, présentés aux USA comme des barbares le couteau entre les dents. Le film ne manque pas d'humour et d'auto-dérision et se conclut par l'apologie d'un régime intégrant tous les peuples à égalité, promouvant les sciences et l'art, en conservant par exemple les ballets du Bolchoï. On y voit les défilés et les figures illustres de la Révolution dont Trotski. Mais surtout, Mr West est tellement subjugué qu'il demande par télégraphe de mettre un portrait de Lénine au-dessus de son bureau de New-York.
Autre fantaisie, Aelita de Y. Protozanov réalisé également en 1924 imagine une planète Mars habitée par une population dirigée par une dictatrice tyrannique. Mais fort heureusement, des Soviétiques envoyés sur cette planète grâce à l'invention d'une fusée, vont mobiliser les dominés et leur proposer de créer une Union des République Soviétique de Mars!

Après 1928, les films expérimentaux comme L’homme à la caméra de D. Vertov (1929) ne pouvaient plus satisfaire ni le pouvoir ni Staline. Ce dernier préférait des films plus incarnés, comme Débris de l'empire (Fridrikh Ermler,1929) ou comme vu précédemment Tchapaiev en 1934. Les messages devaient être plus clairs, reposant moins sur un montage savant (et parfois peu explicite) que sur un récit plus simple à suivre pour les spectateurs, avec une dramaturgie classique: le communisme triomphait des méfaits du capitalisme et de la société bourgeoise. Et surtout, le héros devait être un chef autant qu'un bon communiste. Bref, une sorte de représentation de Staline à des échelles différentes!

CONCLUSION

Jusqu'en 1991, la Révolution d’Octobre et son initiateur, Lénine, constituent de plus en plus une sorte de légende enseignée aux enfants. Ainsi, dans Urga (N. Mikhalkov)réalisé l’année de la fin de l’URSS, en 1991, une séquence de ce film témoigne de cela. En effet, une jeune fille lit un récit légendaire comme d’autres enfants liraient un passage du Nouveau Testament, le tout sur une musique fredonnée par un paysan mongol, donnant le sentiment d’un chant liturgique récité mais pas forcément compris. Mais comme les pays occidentaux se sont peu à peu déchristianisés, la réalité en 1991 est également celle d’une population qui récitait la grandeur de la Révolution davantage comme une tradition et moins comme une adhésion à un modèle qui, concrètement avait failli. Ironie du sort, cette U.R.S.S, conséquence de la Révolution bolchevique, allait officiellement cesser d'exister avec la démission de son dirigeant, M. Gorbatchev, le 25 décembre 1991, jour de Noël.



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