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lundi 26 mars 2012

Les Rencontres Droit Justice Cinéma 2012: le ministère de la justice en parle

Bonjour à tous,

les Rencontres Droit Justice Cinéma 2012 co-organisées par l'Université Jean Moulin Lyon 3 et le Barreau de Lyon ont été un cru d'une très grande qualité, rassemblant près de 2000 personnes dans les salles sans compter les visiteurs de l'exposition Rhône Alpes Cinéma au Palais de Justice.
Nous le devons à nos partenaires cinéma que sont le Comoedia et l'Institut Lumière mais aussi à tous ceux qui nous ont soutenus pour que cette manifestation ait pu avoir lieu.
Cette année, les Rencontres ont été l'objet d'une attention particulière par le ministère de la justice. En effet, Patrick Sèbe, le chargé de communication du ministère est venu couvrir cet événement.
Vous pouvez d'ailleurs écouter le reportage sonore sur le lien du ministère de la justice ci-dessous:
http://www.justice.gouv.fr/histoire-et-patrimoine-10050/coup-de-projecteur-sur-la-justice-et-le-droit-a-lyon-23869.html

Je reviendrai dès que possible pour vous parler des prochaines Rencontres Droit Justice Cinéma 2013.

A très bientôt
Lionel Lacour

mardi 6 mars 2012

PARTENAIRES DES 3EMES RENCONTRES DROIT JUSTICE CINEMA

Bonjour à tous,
à un peu moins d'une semaine de la soirée d'ouverture des 3èmes Rencontres Droit Justice Cinéma, vous pouvez consulter ce petit clip mettant en avant les partenaires de cet événement.
Nous vous attendons nombreux pour assister aux débats et aux différentes projections.
Programme complet sur www.univ-lyon3.fr

A très bientôt
Lionel Lacour


vendredi 10 février 2012

Programme des Rencontres Droit Justice Cinéma 2012

Bonjour à tous,

En tant que délégué général, je suis heureux de vous communiquer le programme officiel des 3èmes Rencontres Droit Justice Cinéma qui se dérouleront à Lyon du 12 au 16 mars 2012.
Vous pouvez consulter et télécharger le programme sur le site d'un des organisateurs, l'Université Jean Moulin Lyon 3:

Pour toutes les informations complémentaires, la liste plus précise des partenaires, les surprises, ou si vous avez envie de découvrir plus en détail encore ce que les Rencontres Droit Justice Cinéma vont vous proposer, je vous invite à consulter régulièrement notre page facebook:

Pour information, les places pour la soirée d'ouverture à l'Institut Lumière se feront sur place le jour même, au tarif habituel de l'Institut. Une occasion de découvrir Yves Boisset interrogé par Jean-Jacques Bernard de Ciné+ Classic.

Pour la conférence de clôture en présence de Mathieu Kassovitz, l'entrée est gratuite. Il faudra néanmoins attendre le 5 mars 2012 pour pouvoir vous inscrire sur le site de l'Université Jean Moulin Lyon3.
Attention, les places risquent de partir très vite!

A très bientôt

Lionel Lacour


lundi 9 janvier 2012

Séances lycéennes Rencontres Droit Justice et Cinéma 2012

Bonjour à tous,

pour cette 3ème édition, présidée je le rappelle par Yves Boisset, les Rencontres Droit Justice Cinéma proposent 4 films pour le public lycéen.
Le 13 mars 2012, l'Institut Lumière projètera à 10h Le prix du danger de Yves Boisset. Une manière intéressante de montrer comment ce réalisateur avait adapté une oeuvre au cinéma dans les années 1980 en montrant les dérives de la programmation des jeux télévisés dans le but d'attirer des spectateurs en masse en faisant appel aux instincts les plus primitifs et les plus bas de l'Homme. A l'heure de le soit-disante "télé-réalité", proposer ce film aux lycéens s'imposait pour les organisateurs des Rencontres.

Le 14 mars 2012 sera projeté au Comoedia à 10h le film de Jonathan Demme Philadelphia. Outre la possibilité de comparer le droit américain et français, notamment lors d'un procès, il s'agira bien sûr d'évoquer le droit du travail et la discrimination au regard de sa sexualité ou de la maladie.

Le 15 mars 2012, l'Institut Lumière proposera deux projections de The Social network de David Fincher. Une séance à 10h et une autre à 14h30. Réalisé en 2010, ce film aborde un thème si cher aux jeunes générations: les réseaux sociaux. Mais avec une lecture plus large que la seule possibilité de communiquer via internet. L'approche juridique portera notamment sur le droit à la vie privée, la propriété intellectuelle mais aussi le droit qui régit la création d'entreprise. Une manière décalée donc de faire du droit!

Enfin, pour clore cette semaine des Rencontres Droit Justice Cinéma, le Comoedia accueillera une séance le vendredi 16 mars 2012 à 10h avec la projection du film de Philippe Lioret tourné en 2011: Toutes nos envies. Philippe Lioret, qui nous avait fait l'amitié de venir à l'édition 2011 a réalisé ce film à Lyon en croisant une histoire mêlant un et une juge et une affaire de surendettement. Celle-ci aboutit à une présentation tout au long du film de la réalité de la situation économique des victimes des crédits de tout genre et de la crise qui touche les plus fragiles de la société.

Cette programmation s'accompagne pour les classes d'un dispositif pédagogique avec une intervention quelques jours avant la projection dans les classes par des étudiants de l'IDAC, Institut de Droit de l'Art et de la Culture de l'Université Jean Moulin Lyon 3, une fiche pédagogique et un débat à l'issue de la projection avec des étudiants. Ceux-ci sont en Master 2 Droit du Cinema, de l'Audiovisuel et du Multimédia.

Pour toute demande d'information complémentaire, n'hésitez pas à me contacter (voir la rubrique contact pour les coordonnées).

A très bientôt

Lionel Lacour

vendredi 18 novembre 2011

3ème édition des Rencontres Droit Justice et Cinéma: c'est officiel!

Bonsoir,
la troisième édition des Rencontres Droit Justice et Cinéma a été annoncée officiellement au Barreau de Lyon, organisateur de cet événement avec l'Université Jean Moulin Lyon 3, l'occasion de présenter le nouveau logo de cette manifestation dans une soirée qui accueillait Gregory Faes, Directeur Général de Rhône Alpes Cinéma et Victor Vitelli, Délégué aux affaires publiques et commerciales du Consulat des USA de Lyon. Ces deux institutions sont désormais partenaires des Rencontres.


Rhône Alpes Cinéma organisera une exposition documentaire de films ayant été tournés à Lyon abordant le thème du droit et de la Justice. Cette exposition aura lieu au Palais de Justice, rue Servient. Une manière originale finalement d'amener les spectateurs non plus dans les salles de cinéma mais dans un lieu où se rend la justice en France ou ailleurs.

Le Consulat des USA soutient lui aussi les Rencontres en mettant en relation les organisateurs avec tous ceux qui aux Etats-Unis pourront venir commenter et analyser les films américains programmés dans la troisième édition.

Mais c'est bien sûr la personne qui allait présider cette édition 2012 qui était attendue.
Ainsi, c'est le réalisateur français Yves Boisset qui ouvrira les Rencontres Droit Justice et Cinéma le 12 mars 2012 par la projection du film Le prix du danger, film d'une étonnante actualité au regard de ce que devient la rpogrammation télévisuelle contemporaine. Yves Boisset sera ensuite interrogé par Jean-Jacques Bernard, Rédacteur en chef de Ciné+ Classic pour évoquer son intérêt pour représenter dans ses films les problèmes de justice de la société française.

Le reste de la programmation est à venir sauf pour les séances lycéennes qui seront accueillies par l'Institut Lumière et le cinéma Comoedia (informations sur cette programmation réservée aux classes de lycée sur demande).

Je reviendrai vers vous très prochainement pour d'autres informations sur la programmation à venir.

A bientôt

Lionel Lacour

vendredi 11 novembre 2011

Les 3èmes Rencontres Droit Justice et Cinéma: bientôt l'annonce officielle

Robert Badinter répond aux questions du journaliste Jean-Jacques Bernard
à la conférence "L'instant criminel au cinéma" le 21 mars 2011
à la 2ème édition desRencontres Droit Justice et Cinéma
Bonjour à tous,
C'est en tant que délégué général des Rencontres Droit Justice et Cinéma que je poste ce tout petit message aujourd'hui pour signaler la soirée durant laquelle sera annoncée officiellement l'organisation des 3èmes Rencontres Droit Justice et Cinéma.






En effet, elle se déroulera le jeudi 17 novembre à la Maison des Avocats de Lyon, rue de Bonnel, en présence des organisateurs, à savoir l'Université Jean Moulin Lyon 3 et bien sûr le Barreau de Lyon.

Cette soirée sera l'occasion de faire le bilan de l'édition 2011 qui fut sous le haut patronnage de Monsieur le Président Robert Badinter. Vous pouvez d'ailleurs voir la conférence qu'il avait donnée à l'occasion de la 2ème édition des Rencontres Droit Justice et Cinéma sur ce blog.

C'est aussi le programme de l'édition 2012 qui sera annoncé avec quelques nouveautés. Mais surtout, ce sera l'occasion d'annoncer la venue de deux partenaires institutionnels de prestige qui permettront le développement de cette manifestation qui s'adresse à tous les cinéphiles et citoyens, mais aussi aux classes de lycée puisqu'une programmation spéciale leur est dédiée.

Dans une semaine, je vous révélerai donc la programmation et le nom des invités, dont celui qui nous honorera de sa présence à la soirée d'ouverture et qui présidera cette prochaine édition des Rencontres Droit Justice et Cinéma de Lyon.

A très bientôt

Lionel Lacour

mercredi 26 octobre 2011

Toutes nos envies: quand Lioret filme les maux de nos sociétés modernes

Bonjour à tous,

Philippe Lioret revient en novembre à l'écran avec le 200ème film produit par Rhône-Alpes Cinéma et tourné à Lyon. Je ne pouvais donc pas manquer d'évoquer ce film d'autant que Lioret nous avait époustouflé avec Welcome.
Comme il le dit très justement, son film est une adaptation très libre du livre d'Emmanuel Carrère D'autres vies que la mienne dont il tire finalement que deux éléments: une affaire judiciaire qui est une histoire vraie, et une histoire humaine qu'il fait se croiser et s'entremêler. Ce blog n'ayant pas pour vocation d'être un blog de critique cinématographique, je m'arrêterai donc sur les choix des scénaristes, Philippe Lioret et Emmanuel Courcol, déjà présent à l'écriture pour Welcome.




La juge, Claire, interprétée par Marie Gillain
1. Une plaie sociale: le surendettement
Ce que Lioret utilise comme fil conducteur est une histoire banale de surendettement qui touche tant de Français et d'Occidentaux. Cette intrigue n'est pas la plus présente à l'écran. Pourtant, chaque spectateur peut reconnaître ce dont il s'agit, qu'il soit victime ou non de ce phénomène. A partir du cas d'une jeune mère de famille qui est en surendettement, Lioret nous amène à comprendre le lent processus qui conduit les plus faibles des sociétés à vouloir consommer, aidés par des offres de prêts bancaires alléchantes. Qu'ils s'appellent "crédit revolving" ou "réserve gratuite", c'est bien de cette société de consommation qu'il s'agit de pourfendre. S'appuyant sur l'oeuvre d'Emmanuel Carrère qui reprenait justement lui-même le cas de deux juges qui réussirent à contrôler les sociétés de crédit pour limiter les cas de surendettement, Lioret montre combien les clients de ces crédits se retrouvent tels des poissons dans les mailles d'un filet de pêche. Plus ils essayent de s'en sortir, plus les mailles se resserrent sur eux. Par quelques séquences, la descente aux enfers de ces familles sont évoquées, sans misérabilisme. La jeune femme doit quitter son appartement pour vivre dans un foyer avec ses enfants. La jeune juge, interprétée par Marie Gillain le découvre par les scellés sur la porte de l'appartement.
La loi semble alors favorable aux puissants, ici les sociétés de crédits puisque l'expulsion a lieu avant la date légale d'impossibilité d'expulsion.
En prenant cette situation de départ, le film propose au spectateur de réfléchir sur des thèmes qui lui sont de plus en plus familier et qui ne lui sont pourtant pas toujours présentés de la même manière notamment dans la presse et surtout à la télévision. Soit la lecture est compassionnelle avec la tragédie des familles expulsées, effaçant les raisons pour lesquelles elles peuvent être justement expulsées du domicile qu'elles occupent, faisant du créancier un immonde personnage, soit c'est le point de vue du propriétaire qui est présenté comme subissant le non-paiement des loyers et le montrant dans l'impossibilité d'être payé ou même de disposer de son bien foncier car la loi protège les occupants pendant la période hivernale.
Ces deux points de vue sont absents du film de Lioret. Pas de compassion sensationnelle sur la famille expulsée. Il aurait pu filmer l'expulsion. On découvre juste les scellés. Au lieu d'une famille détruite, c'est une mère digne qui offre à boire à la juge qui l'aide comme elle peut. Cette partie du film est réalisée de manière très clinique, montrant davantage les rouages et juridiques et judiciaires que vivent les expulsés. Jamais le propriétaire de l'appartement n'est mis en accusation. Il n'est pas responsable. En revanche, les sociétés de crédits sont clairement sur le banc des accusés, notamment quand ils se retrouvent face aux juges. Tout aussi clinique est la description du processus entamé par les deux juges pour trouver une faille dans le rejet par la cour de Cassation de leur action en justice les conduisant à la Cour européenne de justice. Cette froideur technique du droit contraste alors avec le traitement des rapports humains entre les différents protagonistes du film, directs ou indirects.

Claire et Stéphane, deux juges qui se découvrent
par la maladie de Claire
2. Les sociétés occidentales face à la maladie
Ce que montre le film et constitue finalement l'essentiel du récit, c'est une société qui est à la fois de plus en plus encadrée par des lois qui protègent tantôt l'un, tantôt l'autre, qui peut être interprétée par les différents acteurs du monde judiciaire et qui est aussi une société qui demeure dans l'incapacité à gérer ce qui n'est justement pas gérable par la loi. La tumeur qui atteint la juge crée une zone de turbulence familiale sans même que son mari ne s'en rende compte. Parce que le personnage de Marie Gillain ne peut lui dire ce dont elle souffre. La mort qui est l'aboutissement certain de sa maladie lui est insupportable presque davantage pour ceux qui l'entourent que pour elle-même.
Lioret est donc dans une approche, et c'est le paradoxe, beaucoup moins clinique de la maladie de son héroïne que celle de la jeune femme expulsée pour cause de surendettement. Le seul véritable moment où est abordé le traitement et le suivi médical nécessaire est d'ailleurs esquivé par justement un recours à la loi. En effet, le médecin de la juge ne veut pas la laisser partir de l'hôpital sans que son père ne signe une décharge. Ce recours au texte montre que les institutions quelles qu'elles soient ont aussi besoin de la loi pour se protéger tandis que les citoyens peuvent se mettre sous l'autorité traditionnelle du père, bien que la malade soit majeure et depuis longtemps.
Céline (Amandine Dewasmes) prend la place de Claire
sans le savoir
Or si l'institution médicale se défausse finalement derrière l'autorité paternelle et donc familiale, le film montre bien que cette structure familiale n'est pas une valeur en soi. En taisant sa maladie à son mari, elle l'éloigne de son rôle protecteur qui était naguère confié justement à l'homme. Cet éloignement est multiple dans le film. Il est par la distance mise entre la maison familiale, à Lyon et l'hôpital, à Valence. Il vaut aussi par le rôle joué par le collègue interprété par Vincent Lindon qui devient le confident et de fait, joue le rôle normalement dévolu au mari, jusqu'à créer une ambiguïté dans leur relation pour le spectateur. Éloignement encore quand en hébergeant la jeune femme expulsée chez elle, elle crée de fait une concurrente et une épouse de substitution en prévision de sa mort prochaine.


Stéphane, juge et entraîneur du LOU, club de rugby de Lyon

Conclusion
En mêlant et croisant deux histoires par des traitements différents, Lioret réussit à capter une réalité de notre époque. La complexité d'une société réglée par la loi dans lequel l'humain disparaît derrière des intérêts matériels, rendant de plus en plus difficile les relations humaines, y compris au sein de familles qui semblent ne plus échanger que sur du superficiel et non sur des valeurs. Les références au passé de l'héroïne par son mari ne font qu'accentuer ce sentiment. Il sait, il comprend ce qui'anime sa femme dans son métier de juge mais il est incapable de saisir ce qui ne va plus chez elle par rapport à son couple, pour mieux renvoyer la faute sur l'autre juge une fois qu'il a compris. En introduisant des séquences de compétition de rugby, le discours peut apparaître comme simpliste. Sauf qu'il permet de faire une synthèse de la pensée du film. Le rugby ne peut se jouer que dans le cadre des règles, compliquées, mais n'est beau que dans les relations humaines que ces règles permettent: accomplissement de soi dans l'intérêt du collectif. Sans dévoiler la fin du film, le personnage de Lindon résout comme un rugbyman les deux trames dramatiques du film: dans le cadre des règles, les personnages réussissent leur mission dans un intérêt collectif.

A bientôt

Lionel Lacour

samedi 15 octobre 2011

L'ordre et la morale: l'Histoire oubliée au cinéma?

Bonjour à tous,

Depuis les récits de la Résistance d’après guerre jusqu’aux évocations de la décolonisation de l’empire français, le cinéma français a montré ses difficultés récurrentes à aborder des thèmes douloureux. Peu de cinéastes ont en effet osé évoquer la collaboration ou la guerre d’Algérie sans risquer de se faire critiquer par les politiques comme étant des contempteurs de leur pays. Que ce soit Marcel Ophuls pour Le chagrin et la pitié évoquant avant Paxton une France moins résistante qu’enseignée dans les écoles ou Yves Boisset dans R.A.S., évoquant la guerre d'Algérie,  chaque film évoquant le passé proche avec un regard différent de celui qui glorifie les héros nationaux est régulièrement dénoncé par les chantres de la France éternelle et infaillible. Nous sommes donc loin du cinéma américain qui s’empare régulièrement des sujets mettant sur la sellette les Etats-Unis quand les agissements de ses dirigeants deviennent contraires à l’idéal justement prôné par ce pays qui s’impose encore comme un modèle.
Mathieu Kassovitz s’est donc attaqué à un de ces sujets qui fâche. Du moins qui risque de fâcher certains. En 1988, autour de l’élection présidentielle française, des Kanaks tuaient des gendarmes et en prenaient en otages quelques autres sur l’île d’Ouvéa, en Nouvelle Calédonie. Pour la première fois au cinéma, son film L’ordre et la morale qui sortira le 16 novembre 2011, évoque cette histoire, d’après le livre du capitaine Legorjus La morale et l’action, en mettant en avant les contradictions entre l’histoire racontée aux Français au moment des faits et celle que les témoins de cette prise d’otages ont pu vivre.

Mathieu Kassovitz dans le rôle du capitaine Philippe Legorjus
1. Histoire officielle et point de vue de cinéma
L’ordre et la morale raconte la prise d’otage par des indépendantistes Kanaks ayant eu lieu du 22 avril au 5 mai 1988, soit commençant juste avant le premier tour des élections présidentielles françaises et se finissant deux jours avant le deuxième tour dans lequel s’affrontaient le président sortant, François Mitterrand, socialiste, et Jacques Chirac, Premier ministre de cohabitation depuis 1986 puisque il était président du RPR, premier parti d’opposition à la majorité présidentielle. En 1986, il dirigeait le gouvernement après la victoire de la coalition de droite, RPR et UDF, aux élections législatives du 16 mars.
Le film de Mathieu Kassovitz n’est pas en soi une chronique politique. Il part du point de vue exclusif du personnage principal qu’il interprète lui-même, le capitaine Philippe Legorjus qui dirige un groupe du GIGN missionné pour négocier avec les ravisseurs de gendarmes. En commençant le film par une séquence montrant la fin de cette prise d’otage dont on comprend qu’elle fut violente et qui annonce d’emblée qu’elle constitue un échec pour le capitaine, Kassovitz cerne clairement son sujet : il ne s’agira pas de créer un quelconque suspens sur le sort des gendarmes ou des ravisseurs kanaks. Par la voix off de la première séquence et les images montées à l’envers, le réalisateur raconte avant tout l’histoire d’un échec pour tous ceux qui auront participé, de près ou de loin à cette prise d’otage, que ce soient les Kanaks, ceux du FLNKS, les gendarmes, l’armée et les politiques.
En optant pour le point de vue du capitaine Legorjus, Kassovitz propose une représentation très étroite de ce que chef du GIGN perçoit. Legorjus passe d’une réunion avec le général de l’armée, Vidal, à la découverte de la gendarmerie attaquée par les indépendantistes kanaks pour finalement se retrouver dans la forêt d’Ouvéa et se confronter à Alphonse Dianou, chef des rebelles, dans la grotte qui abritaient les otages. Ce qui se passe en dehors de son champ de vision lui est rapporté par des témoins externes, un kanak, le commandant Prouteau à l’Elysée, le ministre Bernard Pons, le général Vidal, une journaliste ou encore la télévision.
Kassovitz constitue donc une mosaïque désordonnée d’informations que le capitaine Legorjus doit assemblée pour pouvoir exécuter ce pour quoi il a été envoyé : négocier la libération des gendarmes de la « grotte d’Ouvéa ».

Le ministre Bernard Pons,
interprété par Daniel Martin
2. Le spectateur : témoin en Nouvelle Calédonie
Par son film, Kassovitz s’adresse à deux types de spectateurs. Ceux qui se souviennent de cet épisode qui faisait la une des journaux entre les deux tours de l’élection présidentielle et ceux qui ignoraient jusqu’à l’existence de ce qui avait pu se passer dans ce territoire d’outre-mer.
Le point de vue adopté permet pour la première catégorie de se mettre alors de l’autre côté du miroir. Jusqu’alors, les seules sources d’informations qui étaient disponibles étaient celles émanant des politiques. La barbarie dont étaient coupables les ravisseurs kanaks ne faisait aucun doute. En reprenant les images télévisées du débat entre les deux finalistes de la présidentielle, Kassovitz rappelle combien l’information était avant tout une information politique. Mieux, en montrant ces images comme nous regarderions la télévision et non en les intégrant directement dans le montage, le spectateur de son film redevient le spectateur de ce qu’il a justement vu il y a 23 ans. Le spectateur se regarde de fait regarder le débat dans lequel Chirac présente la situation comme étant intenable et sans autre solution que le recours à la force.
Pour les autres, ceux n’ayant pas connu cette période, c'est-à-dire les plus jeunes, ils apprennent par ce film combien cet événement a pu marquer l’élection présidentielle en devenant un enjeu lors du débat, Chirac se présentant comme le garant de l’autorité française, où que ce soit sur le territoire français, faisant passer Mitterrand comme un faible face aux rebelles tandis que ce dernier cherchait à faire de Chirac un oppresseur n’ayant aucune volonté d’apaiser les choses.

Les hommes du GIGN et de Legorjus faits prisonniers par
Alphonse Dianou et ses hommes
sur l'île d'Ouvéa
3. Un film document, un film de cinéma
En optant pour le point de vue de Legorjus, Kassovitz a donc transféré les spectateurs loin du point de vue hexagonal relayé par les politiques. Les seuls liens avec la France passent par la technologie de communication. Legorjus appelle Prouteau qui lui apprend la position, ambiguë d’ailleurs, de Mitterrand. Et il suit à la télévision le débat entre Mitterrand et Chirac.
Par sa première séquence, le film peut alors se dérouler comme une chronique que Legorjus se charge de raconter aux spectateurs a posteriori. Rythmant chaque séquence par le nombre de jours qui sépare ce qui est à l’écran de l’assaut final, Kassovitz ménage non un suspens quant à l’issue des négociations, mais une interrogation permanente : comment en est-on arrivé là,? Question posée dès le début du film.
Kassovitz a gardé les noms des lieux, des personnages quels qu’ils soient qui ont été partie prenante. Pas d’artifices qui pourrait perturber la lecture du film. Il s’agit bien d’un récit qui se veut précis. Pourtant, son film reste l’œuvre d’un cinéaste qui s’imprègne de son histoire. Dans un discours répété et qui devait être donné à la presse, Alphonse Dianou tient des propos d’un grand humanisme destiné au Président et aux Français, faisant office aussi de pardon pour le sang qui a coulé. Or, de l’aveu même du réalisateur, ces propos ne sont pas d’Alphonse Dianou mais bien de Kassovitz lui-même.
La cohérence est malgré tout évidente entre le propos du film tout entier et le discours de Dianou. Celui d’un grand gâchis.
Car Kassovitz profite de sa chronique pour rappeler le pourquoi de la présence française en Nouvelle Calédonie. Les arguments s’empilent et sont donnés par différents protagonistes. En évoquant la barbarie des ravisseurs, il y a bien sûr, sous-jacent, la vieille illusion coloniale de la mission civilisatrice que la France s’était assignée, avec d’autres puissances européennes, au XIXème siècle. Mais la richesse en Nickel de l’île est également une autre raison pour maintenir la présence française dans ce territoire si éloigné de la métropole. Il y a enfin, et la présence militaire en témoigne, un message lancé à tous les mouvements indépendantistes qui pourraient se manifester dans ces fameux « confettis de l’empire » qui restent français. La grandeur de la France ne peut se permettre d’accepter une nouvelle décolonisation comme elle l’a connue en Algérie.
Dès lors, au jour le jour, Kassovitz- Legorjus découvre que sa mission a de moins en moins de chance d’aboutir alors même que sa négociation semblait triompher. La présence de l’armée de Terre démontre que le pays est en guerre contre ces rebelles. Les politiques, les Chiraquiens d’abord et finalement Mitterrand aussi, n’ont que faire de ces Kanaks. Kassovitz ne cherche pas à épargner les indépendantistes puisque les grands absents de son film sont les dirigeants du FLNKS, ce mouvement indépendantiste kanak. Et s’ils sont absents de l’image, c’est parce qu’ils auraient été absents des négociations et donc d’une sortie possible de crise sans sang versé.
Au carnage relayé par les médias commis par les hommes d’Alphonse Dianou répond celui encore plus important de l’armée de Terre et des hommes du GIGN commandés par Legorjus lui-même. Avant de participer à l’attaque des insurgés dans la grotte, au péril même de la vie des otages, Kassovitz propose aux spectateurs deux séquences justifiant le titre du film, outre le fait que l’idée de rétablir « l’ordre et la morale » soit prononcée par Bernard Pons dans le film. En effet, quand Legorjus se retrouve peu de temps avant l’assaut seul avec le général Vidal, celui-ci lui rappelle ce qu’est un militaire : un homme qui peut ordonner à ses hommes d’aller se faire tuer mais qui n’obéit qu’aux ordres du politique. Le militaire ne peut donc agir selon sa morale mais bien au nom d’une morale supérieure, non en valeur, mais en autorité. Etre militaire, c’est accepter cela. Et tandis que jamais Legorjus ne semble manifester d’émotions face aux ordres ou décisions qui pourraient apparaître comme inefficaces ou contre-productifs, Kassovitz montre à une seule occasion l’humanité de son personnage. Alors qu’il appelle sa femme en France, la caméra le filme de dos devant la cabine téléphonique, ne laissant pas transparaître des larmes qu’on peut imaginer mais qui ne sont pas montrées. Un militaire ne peut pas avoir d'état d'âme, selon la définition de Vidal. Ce qui conduira Legorjus à trahir la confiance que Dianou avait mis en lui et à participer à l'assaut contre les rebelles kanaks.
En effet, alors que l’Elysée et donc Mitterrand semblaient jusque là épargnés par le film, accablant le camp chiraquien, c’est bien par la signature de Mitterrand que l’assaut de la grotte tenue par Alphonse Dianou a pu être donné, alors même qu'ils étaient prêts à se rendre. L'attaque des différents corps d'armée entraîna alors un massacre parmi les ravisseurs rebelles.
Après l’assaut, Kassovitz rappelle alors les conséquences directes et plus lointaines du massacre de la grotte d’Ouvéa : le départ du GIGN du capitaine Legorjus suivant finalement les conseils du Général Vidal, l’amnistie proclamée par Mitterrand après sa réélection, les incohérences entre les témoignages de l’assaut montrant que certains Kanaks ont été tués après l’intervention militaire et non pendant, le processus d’indépendance entamée par le gouvernement Rocard devant se conclure en 2014 par référendum.

Un Kanak violenté par un soldat de l'armée de Terre
Conclusion
En abordant un tel sujet, Kassovitz renoue avec un cinéma engagé, en tant que réalisateur ou en tant qu’acteur. Certains pourront voir en Legorjus, du moins durant une partie du film, un lien avec le prêtre qu’il interprétait dans Amen de Costa Gavras. Nul doute que les critiques iront davantage sur le sujet que sur la qualité du film lui-même. Le film de Kassovitz, bien qu’évoquant un événement ayant eu lieu il y a 23 ans s’inscrit dans un discours de plus en plus présent, celui d’une contestation d’un modèle de civilisation qui s’appuie sur l’exploitation massive, la compétition et sur l’individualisme quand celui des Kanaks s’appuie sur le respect des anciens, l’échange et la communauté. Il est même fort à parier qu’il sera reproché de pousser la Nouvelle Calédonie et les Kanaks à quitter le giron de la France en ravivant les plaies. Les Français ayant suivi ces événements seront être heurtés par la présentation des faits qui semble minimiser ce qui est reproché à Alphonse Dianou et ses hommes, puisqu’ils ont tout de même tué des gendarmes. Mais ils verront aussi que justement, la vision officielle n’est pas la seule vérité possible. Pour les plus jeunes spectateurs, la leçon est double. Celle sur un événement occulté des leçons d’Histoire de collège et de lycée et jamais évoqué dans les médias depuis plus de vingt ans. Mais c’est aussi une leçon de méfiance quant au discours officiel en général qui depuis 1988 a souvent été pris en défaut, en France comme ailleurs.

samedi 9 juillet 2011

Soleil vert au Festival Lumière 2011

Bonjour à tous,

Durant le 3ème Festival Lumière (du 3 au 9 octobre 2011) sera projeté le film de Richard Fleischer Soleil vert réalisé en 1973. Ce film est un classique du genre "anticipation" comme il y en avait tant en cette période, et qui prévoyaient soit l'apocalypse nucléaire (La planète des singes) soit la fin du monde et la barbarie de retour (New York ne répond plus). Mais ce qui fait la force de Soleil vert, c'est de mettre l'action dans le futur (qui l'est de moins en moins pour nous!) dans un décor loin d'être futuriste, rendant encore plus efficace la critique de la société des années 1970. Certains répondront que c'est l'essence même du film d'anticipation que de parler d'un futur proche pour évoquer le présent du film. C'est vrai. Sauf que plus le film vieillit, plus on réalise que ce film d'anticipation est une critique immuable de notre société de consommation, jusqu'à sembler ne plus devenir un film d'anticipation mais un film d'actualité!



1. Un générique original et didactique

Avant d'entrer dans le coeur du film, il y a toujours un générique qui présente parfois le décor, les personnages ou encore la situation. Celui de Soleil vert présente un contexte historique et économique qui est d'autant plus impressionnant qu'il se construit sur une musique divisée elle-même en trois temps. Le premier est assez lent, illustré en Split screen d'images nostalgique d'un temps passé, fin XIXème début XXème siècles, où les hommes vivaient à la campagne et de l'agriculture, découvraient les joies de la première automobile devenu véritable transport en commun! Puis le deuxième temps musical est marqué par une accélération du rythme correspondant à la marche du progrès du monde occidental. Toujours en split screen, l'écran voit se succéder des photographies de la croissance industrielle des villes américaines, l'explosion démographique et urbaine, la démultiplication de l'automobile entraînant pollution et gestion des carcasses de voitures s'amoncelant en périphérie des villes. Secondes après secondes, les images défilent et montrent une époque qui se rapproche de plus en plus du présent du spectateur, celui de 1973 mais aussi celui d'aujourd'hui, avec des illustrations devenues tellement symboliques comme le masque sur le visage des piétons luttant contre la pollution atmosphérique ou encore des métro bondés remplis par des employés chargés de pousser les derniers voyageurs dans les voitures! Dans le dernier temps musical du générique, les images sont montrées plus longuement, s'accordant à un tempo lui aussi ralenti. Ce moment sert de constat: qu'avons nous fait de notre monde moderne? Les étangs pollués aux hydrocarbures sont suivis de zones de déchets urbains et de décharges sauvages. L'espace naturel disparaît de l'image comme les zones agricoles d'ailleurs. Sur ce générique, aucun nom d'acteur ni de l'équipe technique. Il se compose comme un court métrage en préambule du film lui-même dont le titre apparaît sur la Skyline d'une ville polluée et embrumée, New York: Soylent green en Version originale, "Soleil vert" dans sa version française.

2. La congestion urbaine
Dès la première image, le spectateur se situe par rapport au temps futur annoncé: New York, 2022, soit près de 50 ans après, pour les premiers spectateurs du film. Mais dans seulement à peine plus de dix ans pour nous, spectateurs de 2011!
À cette précision temporelle et de lieu se rajoute un élément démographique: "Population: 40 000 000".
Ce nombre est absolument vertigineux car l'agglomération la plus peuplée ne devait pas atteindre les 10 millions à l'époque. Or depuis, Tokyo et le Kanto dépasse les 30 millions et d'autres agglomérations n'en sont pas loin. On voit donc que cette anticipation qui avait pour objectif d'effrayer les spectateurs n'était pas si dénuée de raison et que les faits confirment cette tendance à l'explosion urbaine des grandes métropoles, même si celles qui ont le plus crû sont les mégapoles asiatiques.

Tout dans le film montre les limites de la sur-urbanisation: difficulté de gestion des logements, pression démographique, violence urbaine, difficulté d'approvisionnement en eau et produits alimentaires ainsi qu'en énergie. À ces difficultés répondent des solutions souvent non maîtrisées par les pouvoirs publics: protection privée et armée des immeubles, marché noir, rationnement de l'électricité et production personnelle de cette énergie -le personnage joué par Edward G. Robinson pédale sur son vélo pour générer de l'électricité! - présence policière massive dans les marchés d'alimentation.
La paupérisation de ces villes provoque alors une ségrégation par classe sociale. Ainsi, la ville semble être le territoire de la misère tandis que des quartiers périphériques protégés tels des châteaux forts par des murs de béton et autre protection comme la surveillance vidéo - je rappelle que le film date de 1973 - accueillent les classes bourgeoises qui ont accès à l'énergie, à l'eau et aux aliments sans restriction aucune.
De fait, certains des classes populaires essaient de vivre dans ce monde de luxe et d'abondance par tous les moyens. Il en ressort que les hommes riches habitent des appartements meublés, c'est-à-dire avec les meubles inanimés mais aussi animés, par la présence de femmes. Celle(s)-ci est (sont) vendue(s) avec l'appartement et entretenue(s) par un majordome d'immeuble, lui aussi vivant avec les classes supérieures bien que faisant partie de la classe populaire.
En quelque sorte, Soleil vert, c'est Metropolis à l'horizontal!

3. Un monde qui vire à l'anarchie
De cet univers ressort une impression d'absence de pouvoir. Pourtant, celui-ci est bien présent, mais sans jamais être clairement défini hiérarchiquement.
Le pouvoir politique existe bien, il y a même une campagne politique qui est en cours avec affichage du principal candidat. Mais ce pouvoir politique n'est qu'un simulacre de pouvoir du fait que la pratique démocratique ne peut vraiment s'exprimer avec une population dont la première des préoccupations est de survivre en se nourrissant d'aliments industriels ("Soleil vert", "Soleil jaune"...) et en vivant dans des logements de fortune voire dans les escaliers. Ce pouvoir politique s'exerce pourtant mais en collusion avec un autre pouvoir, celui économique représenté par les dirigeants de la société Soylent, fabriquant les fameux Soleil vert. Cette collusion politico-économique arrive à maintenir un équilibre précaire de sécurité dans la ville. Un autre pouvoir ressort du film, c'est celui de la connaissance. En effet, l'appauvrissement des ressources naturelles et de la société ont contraint manifestement au renoncement à l'éducation. Le "livre" devient une richesse rare, préservée par quelques irréductibles, seuls capables de résister face au pouvoir économique que représente Soylent, et avec lui celui des politiques corrompus. Le pouvoir de l'Eglise est lui aussi régulièrement montré à l'écran. Ce pouvoir est un pouvoir moral, spirituel mais qui n'a plus d'influence sur le fonctionnement de la société. Au mieux est-il un refuge pour les miséreux et les âmes égarées, le tout dans une représentation médiévale. Pour que l'ensemble de ces pouvoirs s'affrontent, le scénario fait ressortir un dernier pouvoir, celui non organisé et qui sied si bien à la mentalité américaine: le pouvoir de l'individu libre d'agir, même contre les pouvoirs en place.
Trois personnages incarnent cette liberté: un dirigeant qui pris de remords se confesse à l'église et se sait alors condamné à être exécuté; un vieillard qui a connu un monde meilleur et qui refuse de vivre dans celui tel qu'il est devenu; enfin un policier qui enquête sur la mort du premier, malgré les pressions exercées sur lui par sa hiérarchie, le pouvoir politique et la multinationale.



4. Un film "décroissant"
Dès le générique, il s'agit bien de montrer que la sur-exploitation industrielle de la planète amène une pollution et un amoncellement de déchets que l'homme n'arrive plus à gérer. Le film s'inscrit ici dans un schéma de pensée de l'époque qui, sous l'influence du Club de Rome se concrétise par la rédaction d'un rapport en 1972 dit "Rapport Meadows" intitulé Halte à la croissance (Limits to Growth dans sa version originale). Ce rapport met en évidence les conséquences d'une croissance qui consisterait à exploiter de manière irraisonnée les ressources quelles qu'elles soient, au risque de subir une décroissance par pénurie et donc le chaos. C'est donc le vrai premier mouvement décroissant qui apparaît alors même que la première crise pétrolière n'a pas eu lieu. Le film serait donc une illustration de ce que le rapport Meadows dénonçait, illustrant de fait la conséquence de cette sur-exploitation des ressources terrestres.

À l'image, cela donne un ensemble de séquences que certains critiques d'aujourd'hui jugent naïves mais qui ont particulièrement marqué les spectateurs de l'époque. Ainsi, quand le policier incarné par Charlton Heston, rapporte de la viande de boeuf et des légumes chez lui, c'est Edward G. Robinson, le vétéran qui pleure devant cette nourriture devenue quasiment introuvable sinon hors de prix. Le voir cuisiner ces aliments, apprendre à son ami comment les déguster puis savourer ce repas pour nous si habituel mais que l'on comprend comme unique en 2022 stimule en nous, spectateurs, l'idée que manger des aliments issus de l'agriculture classique est un bien précieux.
De même, dans une séquence mémorable, Edward G. Robinson se rend dans une institution - il faut taire ici le pourquoi - dans laquelle il voit un montage d'images de la nature, faune, flore, océans et autres merveilles terrestres sur une musique de Vivaldi. Charlton Heston découvre alors ce monde dont il ignorait tout et comprend alors quelles merveilles existaient avant que le monde deviennent un univers quasiment stérile croulant sous la canicule. Car c'est aussi une des conséquences que le film illustre de la sur-exploitation . Elle a provoqué un réchauffement planétaire si bien que pouvoir se rafraîchir par de la climatisation est un luxe au-delà de l'imaginable, même pour nous!

A l'arrière plan, le jeu vidéo "moderne" de 2022...
On est loin des Play Station et autres Wii!
 5. Les limites des films d'anticipation
Comme tous les films d'anticipation, il faut envisager une évolution scientifique moderne afin de faire comprendre aux spectateurs qu'on est dans le futur. Or, si tout les points précédents ont finalement non seulement bien vieilli mais correspondent aussi et encore aux enjeux économiques et sociétaux d'aujourd'hui, la modernité "anticipée" d'aujourd'hui est largement dépassée. Le plus bel exemple relève des jeux vidéos avec lesquels jouent les femmes "mobilier". Ils ressemblent à ceux de la fin des années 1970. L'évolution technologique que nous avons connu depuis ne pouvait être envisagée à ce point en 1973. Ce qui donne un aspect kitsch à cette caractéristique du film.

Charlton Heston découvrant les merveilles de son monde...
avant qu'il ne soit détruit par sa surexploitation




6. Un sujet moral: l'euthanasie
Dans ce film est enfin posé la question du rapport de l'homme à la mort.
En effet, comment doit-on ou peut-on mourir dans un monde surpeuplé? Et que faire des cadavres dans ce même monde pollué et où la nature semble se réduire à un point tel que seuls les océans pourraient encore nourrir les populations de la planète grâce aux entreprises agro-alimentaires?
Plus loin encore, la réflexion tourne finalement sur notre humanité. Serons -nous encore des hommes dans un monde à ce point vidé de tout lien avec la nature, jusqu'aux besoins les plus essentiels, à savoir se nourrir sans recours à des produits industriels.
Ainsi, Fleischer nous amène à réfléchir sur la condition même de l'homme et sur la question de la fin de l'humanité. L'organisation et encadrement par l'État de la mort des individus, qui viendraient donc volontairement mettre fin à leur vie, est manifestement dénoncé comme une régression et un aveu d'impuissance par les autorités elles-mêmes. Le film pose donc des questions sur le bien fondé à autorisé ce suicide assisté, non en jugeant moralement pourquoi ceux qui souhaite avoir recours à cela, mais en se positionnant par rapport aux autorités politiques qui l'accepteraient.


Comme vous l'aurez compris, ce film est d'une grande richesse par les thèmes qu'il brasse et par l'actualité étrange qu'il a encore. Il faut sans cesse se rappeler que le film est de 1973 et que les questions d'écologie et de développement durable ne sont pas nées avec Nicolas Hulot ou Al Gore. Bien sûr, le film est marqué par une esthétique très seventies. Pourtant, tous les enjeux d'une société modernes sont là. Peut-on continuer à croître sans cesse au risque non seulement de détruire la planète mais même l'humanité dans tous ses aspects.
Construit comme un polar, le film est en fait un vrai plaidoyer pour la sauvegarde non pas d'une "nature musée", mais d'une humanité qui continuerait à croître en harmonie avec la nature. L'aspect suranné du film est donc largement dépassé par le message qu'il porte et que, dans un dernier plan sublime, Charlton Heston transmet à son tour à tous les spectateurs qui ne peuvent accepter de voir leur monde se transformer comme dans Soleil vert.

Un film à revoir de toute urgence et à montrer à tous ceux qui ne l'auraient pas encore vu.

À bientôt

Lionel Lacour

Cet article vous a plu? Allez voir celui-ci:
Anticipation ou science-fiction?



lundi 4 avril 2011

L'oeil invisible: l'Argentine face à la dictature

Bonjour à tous,

le 24 mars 2011, les Rencontres Droit Justice et Cinéma projetaient en avant première le film de Diégo Lerman L'oeil invisible présenté en 2010 à la quinzaine des Réalisateurs de Cannes.

1. Une histoire somme toute banale
Le scénario est assez simple. Une jeune femme, surveillante dans un lycée de Buenos Aires en 1982 fait respecter les consignes ultra rigoureuses aux élèves. Cela va de la longueur des cheveux à la distance devant séparer des élèves marchant en rang en passant par la couleur des chaussettes réglementaires!
Cette jeune femme cherche à plaire au surveillant général en devenant "l'oeil invisible" de l'établissement pour surprendre les infractions des élèves. Elle va alors jusqu'à s'enfermer dans les toilettes des garçons pour les surprendre en train de fumer. Cette surveillance devient alors obsessionnelle jusqu'à en devenir tragique.

2. Une mise en scène fonctionnelle et efficace
Le réalisateur sait placer sa caméra et sait qu'un plan bien réalisé en dit aussi long que bien des dialogues empesés. Ainsi, l'héroïne marche-t-elle régulièrement dans la cour du lycée qui compose vue de haut un échiquier sur lequel elle ne serait qu'un pion. Ce pion est bien entendu celui de l'autoritarisme du lycée et qui, projeté à une autre échelle, est celui du régime dictatorial argentin de cette époque.
De même, le réalisateur s'apesantit sur les odeurs qui émanent des corps ou des lieux. Le parfum, le savon mais aussi l'urine et autres émanations corporelles semblent parvenir à nos narines à chaque plan ayant pour objectif de nous les faire ressentir. Ces odeurs deviennent pour nous spectateurs la seule source de liberté que le régime ne puisse contrôler.
C'est cette absence de liberté qui justifie aussi des cadrages très serrés sur les personnages. D'abord l'action se situe essentiellement dans le lycée, espace clos avec ses propres règles. Ensuite, les personnages, même hors du lycée, semblent prisonniers du cadre défini par la caméra. Ceux-ci semblent alors toujours être contraints par les murs, par les parois ou par les personnes qui les entourent, créant un effet de huis clos doublement oppressant: l'espace fermé et le cadrage serré.
Enfin, l'héroïne cherche à plaire à deux personnages masculins durant le film: son chef et un élève. Mais ce pour deux raisons bien différentes. Sa proximité avec son chef est voulue pour exercer un pouvoir. Celle souhaitée avec l'élève est par attirance sexuelle. Dans cette société du non dit et de l'absence de liberté, les gestes en disent long mais ne sont pas toujours compris. Ainsi elle ne comprend pas qu'elle envoie à son chef des signes semblant signifier qu'une aventure serait possible tandis que l'élève ne perçoit pas à quelle point elle se démène pour le séduire.

3. Revenir encore sur la révolution argentine
Diego Lerman fait partie de ces cinéastes comme Trapero (réalisateur du très bon Leonera) qui ont grandi pendant le régime des généraux durant lequel toute opposition était subversion, mot clé du film.
Il montre comment dans un système gigogne, chacun reproduit le système liberticide mis en place par la dictature en se défendant de tous ceux qui voudraient mettre en péril l'ordre:
la classe, le lycée, la ville, le pays, le monde.
Chaque personnage est montré comme ayant le choix de désobéir ou de ne pas dénoncer le "subversif". Le film montre que chacun tire intérêt  personnel de ce choix là tout en préservant le système qui lui donne un privilège, un droit, un pouvoir.
"L'oeil invisible", c'est le pouvoir de savoir, savoir que l'on sait sur l'autre sans que lui ne le sache.
Au système "géographique" gigogne, c'est donc aussi un sytème de surveillance gigogne qui est mis en place, accepté tant que le principe de la subversion inculqué aux plus jeunes et respecté par les moins jeunes est appréhendé comme une menace effective sur l'individu et ses droits, aussi mesquins soient-ils.

Par une chute violente, Diego Lerman réussit à conclure son film qui semblait s'enliser dans une répétition assez pénible de la surveillance des lycéens par l'héroïne. Le choc de cette séquence clé donne alors au film une plus grande épaisseur et permet surtout de mieux appréhender le pourquoi d'une révolution dans une dictature. Lerman qui partait de la classe pour aller jusqu'au pays renverse alors son système gigogne: la révolution qui gronde en 1982 dans le pays touche alors de proche en proche tous ceux qui comprennent qu'ils subissent plus ce régime qu'ils n'en tiren un profit.
Ce n'est donc pas "LA" révolution qui est montrée mais bien le "Comment" une révolution peut se développer et recruter parmi ceux qui vivaient dans et du système, sans pour autant le défendre idéologiquement.


En cette période de révolution dans les pays arabes qui montrent comment des dictatures qui semblaient solides peuvent s'effondrer en quelques semaines, le film offre une lecture plus qu'intéressante: le succès d'une révolution dépend notamment de l'accumulation des frustrations individuelles qui se manifestent parfois à la suite d'un événement catalyseur à la portée disproportionnée au regard de l'incident. Le dirigeant tunisien pouvait-il imaginer qu'un jeune s'immolant pour protester contre sa situation économique allait provoquer son départ?

A bientôt

Lionel Lacour

mardi 29 mars 2011

L'ivresse du pouvoir de Claude Chabrol: de tous les pouvoirs

Bonjour à tous,

le 22 mars était projeté au Comoedia le film de Claude Chabrol L'ivresse du pouvoir.
Le débat qui a suivi a permis d'aborder d'abord la définition du juge d'instruction en France et ses différentes évolutions historiques.
Ensuite, l'approche s'est faite plus à partir du film.

1. Pas de doute possible: l'affaire Elf en filigrane
A l'écran, ce qui saute bien sûr aux yeux, c'est l'introduction: "toute ressemblance avec des faits réels serait, comme on dit, fortuite".
Ce "comme on dit" en dit justement long sur la nécessaire lecture critique de la fameuse affaire Elf.
Tout répond à cette affaire: Isabelle Huppert ne s'appelle pas Eva Joly mais Jeanne Charmant. nom auquel il faut rajouter Killman! François Berléand interprète un président d'une multinationale qui ressemble furieusement à celui d'Elf Loïk Lefloch Prégent, même narbe, même allergie de peau. L'homme politique représentant Roland Dumas est interprété par ... Roger Dumas. Et une Christine Deviers Joncourt plus femme fatale que jamais suce le bout du cigare de Roger Dumas avant qu'il ne le fume. Et si toute allusion ne suffisait pas, le nom de la société est...FMG. On voit ici que Chabrol s'inspire du grand Kubrick qui, dans son fameux 2001, l'odyssée de l'espace avait appelé son ordinateur HAL, qui, si on déplaçait chaque lettre sur la lettre de l'alphabet la précédant revenait à lire IBM. Il en est de même avec FMG = ELF: CQFD!
Chabrol et sa coscénariste Odile Barski ont donc bien écrit un film ayant pour cadre une affaire existante et dont bien d'autres similitudes sont présentes tout au long de l'histoire.

2. Une critique des pouvoirs
Le film nous montre une série d'interrogatoires du juge d'instruction Jeanne Charmant sur des personnages dont la caractéristique commune est d'avoir tous été décorés d'au minimum la légion d'honneur. Or il s'avère que tous semblent être plus ou moins impliqués dans une vaste opération de corruption et d'abus de biens sociaux. En montrant bien à chaque fois que les personnes impliquées sont des honorables de la République, Chabrol semble de fait dénoncer le système qui permet par collusion d'honorer des industriels et autres hommes d'affaires par des politiques. Car la critique est forte. C'est bien la trop grande proximité entre pouvoir politique et pouvoir économique qui est projeté à l'écran. Des intérêts communs sont dénoncés: les politiques se servent des industriels pour être présents dans certains pays du sud tandis que les industriels se servent des relations diplomatiques favorables de la France avec ces pays pour être encore plus puissants. Le tout à coup de commission et rétrocommissions.
Au faste du pouvoir politique et économique répond la misère du pouvoir judiciare.Pourtant, celui-ci ne manque pas non plus d'être critiqué. Le président du Tribunal de Grande Instance, qui n'a que l'Ordre du mérite lui, est montré comme assez velléitaire et peu enclin à soutenir le travail de sa juge d'instruction. Celle-ci semble obnubilée par l'affaire, de manière obsessionnelle. Son pouvoir lui permet d'interroger voire d'humilier les plus puissants. Elle va même rencontrer un haut dirigeant de FMG pour qu'il lui livre des informations compromettantes. Cette surpuissance du juge d'instruction affirmée dans le film a été néanmoins très nuancée dans le débat, rappelant que finalement très peu d'affaires aboutissait dans les bureaux des juges d'instruction (environ 5%). Quant à la rencontre de la juge evec un dirigeant d'entreprise, elle est bien sûr contraire à la légalité et aurait dû provoquer le désaisissement du juge de cette affaire.

3. La solitude du pouvoir
Ce que le film montre, c'est aussi la solitude dans laquelle les hommes ou femmes de pouvoir s'enferment. Le président Humeau (Berléand) est laché par tous ceux qui le soutenaient avant sa mise en examen. Jeanne Charmant voit son mari s'éloigner d'elle. Elle décide alors de vivre seule, entourée de ses gardes du corps.
Le Président du TGI est lui aussi bien seul face à la tempête générée par sa juge d'instruction.
C'est également de la solitude que les politiques du film se méfient, celle d'être à leur tour abandonné par certains. Le film renvoie aussi aux spectateurs français l'image de la solitude de Christine Deviers Joncourt abandonnée de tous.
C'est enfin deux solitudes qui se croisent dans l'avant dernière séquence, le juge Charmant rencontrant à l'hôpital dans une situation improbable le président Humeau, elle présente pour voir son mari ayant tenté de se suicider, lui déambulant dans les couloirs après une grave dépression.

Conclusion
Les erreurs factuelles ne manquent pas dans le film notamment dans la procédure judiciaire. Il est en effet impossible pour un juge d'instruction d'interroger un mis en examen sans présence de son avocat. D'autres erreurs se trouvent tout le long du film. Mais celui-ci a plusieurs mérites, à défaut d'être un grand film. Il égratigne les collusions entre pouvoir politique et économique. Mais il montre aussi que le pouvoir judiciaire peut tourner la tête à un juge. L'ambition de pouvoir de cette juge Charmant est presque prophétique quand on voit ce que le modèle est devenu depuis!

A bientôt

Lionel Lacour

dimanche 27 mars 2011

L'instant criminel au cinéma: Robert Badinter et Jean-Jacques Bernard

Crédit photographique Université Jean Moulin Lyon 3 - David Venier

Bonjour à tous,

Le 21 mars 2011 a eu lieu la soirée d'ouverture des 2èmes Rencontres Droit Justice et Cinéma à l'Auditorium Malraux de l'Université Jean Moulin Lyon 3.

J'ai eu le plaisir de proposer à M. Robert Badinter un montage sur le thème de "L'instant criminel au cinéma". Jean-Jacques Bernard, rédacteur en chef de Ciné Cinéma Classic offrait une réplique cinéphilique de très haute qualité. L'ensemble de cette conférence est aujourd'hui consultable sur le lien suivant.
http://www.univ-lyon3.fr/fr/actualites/rencontres-droit-justice-et-cinema-2eme-edition-498430.kjsp?RH=INS-ACCUEIL_FR

Vous y verrez un ancien Président du Conseil être un très grand connaisseur du cinéma et pouvant encore être profondément ému à l'évocation de moments dramatiques de sa carrière d'avocat.

Je reviendrai vous parler des des films des autres soirées. Bon visionnage.

A bientôt

Lionel Lacour

mardi 1 mars 2011

Millénium, une autre prison possible?

Bonjour à tous,

A quelques jours du début des Rencontres Droit Justice et Cinéma, je me suis replongé dans l'édition 2010 pour me rappeler qu' Un prophète avait été projeté et avait suscité un débat de plus de deux heures.
Je me suis alors souvenu de ce film Millénium, sorti en 2009 et adapté du best seller suédois.
Ce que je souhaiterais évoqué ici n'est pas l'histoire du journaliste Mikael Blomqvist ou de l'héroïne Lisbeth Salander mais bien des conditions de privation de liberté subie par justement Blomqvist.

Le journaliste du journal Millénium est en effet condamné pour diffamation et emprisonné. Sauf que cette condamnation ressemble à de la science fiction pour un spectateur français ou américain ou de tout autre pays. Que voit-on à l'écran? Un homme qui, condamné, voit sa peine ne commencer à être exécutée que bien des jours après le verdict. Il s'y rend seul, sans que la police ne s'en mêle. Une fois emprisonné, le spectateur non suédois ne peut qu'être stupéfait. Les visites qui lui sont faites ne sont pas dans des parloirs avec une surveillance policière outrancière. Il peut discuter presque comme dans une salle d'attente. La cellule et l'ensemble de la prison ressembleraient davantage à un hôtel dont les occupant seraient empêchés de partir.

Ma réaction première est tout d'abord dubitative. Comment peut-on qualifier de prison ce qui est montré? Si c'est ça la prison, alors où est la sanction? La crédibilité de la situation est douteuse car jamais en France on ne pourrait montrer un tel lieu pour une peine d'emprisonnement. Pourtant, ce film s'adresse d'abord à des Suédois. C'est donc que l'auteur puis le réalisateur ont dû proposer une situation que les Suédois reconnaitraient et identifieraient comme conforme à la réalité.

Cette séquence pose alors une question fondamentale sur laquelle personne n'a finalement rebondi lors de la sortie du film ailleurs qu'en Suède. Il existerait bien un autre modèle que la prison telle que nous la concevons en France ou dans la majorité des pays. Ce modèle suédois tel qu'il est présenté dans Millénium montre que la sanction est la suppression de liberté de mouvement et pas la suppression de la dignité. Si les conditions de vie dans la prison suédoise semble confortable, c'est que nous associons à la confiscation de la liberté une autre sanction: l'humiliation du condamné.

Ce modèle suédois tel qu'il est filmé pourrait inspirer bien des pays. Il est économe en moyens car il serait alors inutile de contruire des prisons aussi sécurisées que celles construites dans les pays plus répressifs. Le personnel nécessaire serait lui aussi bien moins important.

On imagine bien sûr que ce lieu de privation de liberté ne peut se concevoir que pour certains délits et selon les condamnés. Il est compréhensible que les violeurs et autres psychopathes ne puissent bénéficier d'une telle condition d'emprisonnement. Mais quel pourcentage représentent-ils?

Millénium a donc le mérite de montrer qu'il n'y a pas qu'une seule manière de priver de liberté ceux que la justice a condamnés. Cela repose aussi sur une acceptation de la sanction par le citoyen d'autant plus facilement que sa dignité est préservée. Bien entendu, le film ne montre pas certaines dérives possibles d'un tel système car tel n'est pas l'objet du film. Mais compte tenu des dérives du système carcéral le plus répandu, on peut envisager que celui suédois est bien plus humain et acceptable.
A défaut de changer immédiatement les choses en France ou ailleurs, il est bien dommage que ce qui est montré dans ce film ne serve pas d'illustration aux défenseurs des conditions de vie dans les prisons comme le Contrôleur général des lieux de privation de liberté en France ou l'Observatoire International des Prisons.

A bientôt

Lionel Lacour

lundi 14 février 2011

Flyer des 2èmes Rencontres Droit Justice et Cinéma

Bonjour à tous,

vous pouvez désormais télécharger et diffuser le flyer des 2èmes Rencontres Droit Justice et Cinéma avec la liste de tous les films et de tous les intervenants aux diiférents débats.

Vous pouvez télécharger sur le lien suivant:
Flyer 2èmes Rencontres Droit Justice et Cinéma

A très bientôt
Lionel Lacour

mercredi 9 février 2011

2èmes Rencontres Droit Justice et Cinéma: La presse en parle

Bonjour à tous,

Les 2èmes Rencontres Droit Justice et Cinéma font déjà parler d'elles.

 Suite à notre soirée de présentation officielle de ces Rencontres mardi 1er février au Sofitel, partenaire de cette manifestation, Le progrès et Le tout Lyon ont relayé l'information dès cette semaine, prouvant, s'il en était besoin, que ces Rencontres s'inscrivent dans une logique citoyenne et sur du long terme dans la ville de Lyon.
Nous vous attendons donc nombreux du 21 au 25 mars 2011.
Les inscriptions pour la soirée conférence avec Robert Badinter se feront à partir du 1er mars sur le site:

A très bientôt
Lionel Lacour


mercredi 2 février 2011

Programme des 2ème Rencontres Droit Justice et Cinéma

Bonjour à tous,

comme promis dans un précédent message, je vous présente en avant première le programme des 2èmes Rencontres Droit Justice et Cinéma se tenant du 21 au 25 mars 2011.

Lundi 21 mars 2011: Soirée d'ouverture
Soirée exceptionnelle se tenant à l'Auditorium Malraux du Site de La Manu - Lyon 3. Nous accueillerons pour l'occasion Robert Badinter pour une conférence intitulée "L'instant criminel au cinéma". S'appuyant sur de nombreux extraits de films de toutes périodes et de toutes origines, Robert Badinter réagira face à Jean-Jacques Bernard, journaliste et rédacteur en chef de Ciné Cinéma Classic.
La conférence commencera à 18h. La réservation des places commencera à partir du 1er mars. Je vous en dirai davantage bientôt.

Mardi 22 mars 2011: L'ivresse du pouvoir
Ce film de Chabrol sera projeté au Comoedia à partir de 20 h et suivi par un débat notamment en présence d'Odile Barski, co-scénariste.

Mercredi 23 mars 2011: Les tontons flingueurs
Ce grand classique du cinéma français sera l'occasion de présenter notamment les activités notariales sous un angle décalé, ainsi que de parler des activités plus ou moins légales (!) de ces fameux tontons. Le débat qui suivra sera notamment en présence de Mme le Bâtonnier de Lyon, Myriam Picot. La projection aura lieu au Comoedia à partir de 20h.

Jeudi 24 mars 2011: L'oeil invisible
Ce film hispanico-argentino-français a été proposé à la quinzaine des réalisateurs de Cannes en 2010 sera projeté en Avant Première à partir de 20h au Comoedia. L'action se passe dans l'Argentine du temps de la dictature et montre comment la surveillance des individus se faisait en s'appuyant sur le zèle de certains, ici celui d'une jeune femme espionnant des jeunes hommes dans un lycée.
Le débat qui suivra se fera notamment en présence d'un membre de la production du film.

vendredi 25 mars 2011: Soirée de clôture
Le Comoedia accuillera dès 20h Philippe Lioret pour la projection de son film Welcome. Le réalisateur nous fera aussi l'honneur de participer au débat, notamment avec le Président de l'Université Jean Moulin - Lyon 3, Hugues Fulchiron.

La liste de tous les participants aux débats vous sera très bientôt donnée dans la plaquette distribuée dans tout Lyon dès la mi-février.

J'espère que la programmation vous séduit et que vous pourrez venir nombreux à ces Rencontres 2ème édition.

A bientôt
Lionel Lacour

vendredi 21 janvier 2011

2èmes Rencontres Droit Justice et Cinéma: bientôt le programme!

Bonsoir,

Tout petit
 billet ce soir concernant cette manifestation qui me tient à coeur.
les derniers préparatifs pour nos Rencontres Droit Justice et Cinéma se terminent. Le programme officiel sera donc dévoilé mardi soir à nos partenaires et à la presse le mardi 1er février chez notre partenaire le Sofitel de Lyon.
L'ensemble des projections et des invités sera donc révélé à cette occasion.
Je ne manquerai pas de vous en donner en avant première la liste des films et des intervenants aux différents débats sur ce blog dès le lendemain.


Les plaquettes seront disponibles courant février. Vous pourrez les avoir en ligne sur ce blog ainsi que sur les sites des organisateurs et des partenaires associés.

Plus que quelques jours de patience donc.

A bientôt
Lionel Lacour

dimanche 16 janvier 2011

Séances lycéennes Rencontres Droit Justice et Cinéma 2011

Bonjour à tous,

pour les deuxièmes Rencontres Droit Justice et Cinéma du 21 au 25 mars 2011, l'Institut Lumière et le cinéma Comoedia se partageront les séances pour les classes de lycée.
Le 22 mars au matin sera projeté L'appât de Bertrand Tavernier à l'Institut Lumière. Ce film présente plusieurs intérêts. Cinématographique d'abord puisqu'il a été primé à Berlin.Comme Tavernier le souhaitait, l'histoire tirée d'un fait divers réel montre combien il est difficile de tuer, loin des représentations américaines pour lesquelles il suffit d'appuyer sur la gachette d'un fusil ou d'un revolver. Le film met aussi en avant la montée de la violence adolescente avec de jeunes acteurs irréprochables dont Marie Gillain, exceptionnelle.
C'est donc cet aspect qui intéresse les Rencontres Droit Justice et Cinéma: une suite de délits et de crimes commis par une bande de jeunes qui n'ont pas conscience de la nature et de la gravité de leurs actes.

Le mercredi 23 mars sera projeté au Comoedia L'ivresse du pouvoir. Ce film de Claude Chabrol nous plonge dans l'instruction d'une affaire qui n'est pas sans rappeler une affaire réelle. Se voulant film de fiction malgré quelques ressemblances en tous genres avec l'affaire Elf, le film vaut surtout pour son point de vue sur la justice et justement, sur "l'ivresse du pouvoir" du juge d'instruction, malgré des conditions de travail difficiles.

Le jeudi 24 mars sera projeté Du silence et des ombres dont j'avais proposé un article dans ce blog en décembre. Deux projections seront consacrées à ce film par l'Institut Lumière.

Enfin, le vendredi 25 mars sera projeté le matin au Comoedia le film de Philippe Lioret Welcome. Outre les qualités scénaristiques indéniables, Lioret aborde dans ce film un sujet d'actualité qui fait régulièrement débat et qui met le spectateur en situation de citoyen mais sans les dérives habituelles pour ce genre de film communément appelés "engagés"

Cette programmation sera accompagnée pour les classes par un dispositif pédagogique allant de la fiche d'accompagnement à des visites dans les classes.

N'hésitez pas à me contacter pour de plus amples renseignements ou pour inscrire vos classes si vous êtes enseignants.

Quant aux autres, je rappelle que ces Rencontres Droit Justice et Cinéma seront placées cette année sous le haut patronnage de Robert Badinter. Le programme définitif sera bientôt connu.

A bientôt
Lionel Lacour