lundi 27 octobre 2014

"Geronimo": "West Side Story" selon Gatlif

Bonjour à tous,

le mercredi 15 octobre 2014 est sorti le nouveau film de Tony Gatlif, distribué par les films du Losange et co-produit notamment par Rhône-Alpes Cinéma. Ceux qui aiment le style de Gatlif ne seront pas déçus. Puissance des images, mise en scène nerveuse, liberté avec la grammaire cinématographique, notamment dans les raccords ou les échelles de cadre, légèreté de la caméra dans certaines séquences. Pourtant, le cinéphile y retrouvera aussi du cinéma plus académique avec des séquences rythmées, des plans particulièrement soignés créant des vrais grands moments de cinéma.
Si on peut regretter que le scénario pèche dans l'utilisation des seconds, troisièmes ou quatrièmes rôles qui auraient pu donner encore plus d'épaisseur et à l'histoire, et au personnage principal, il faut néanmoins apprécier une approche finalement assez rare dans le cinéma français des confrontations des communautés des banlieues françaises. D'une certaine manière, Gatlif propose un West side story à la française. Il était temps!

Bande annonce:


vendredi 10 octobre 2014

Festival Lumière 2014 - Rambo, un classique enfin sur grand écran

Bonjour à tous

À l'occasion de la venue du réalisateur Canadien Ted Kotcheff, le festival Lumière projettera son film le plus connu Rambo lors d'une séance tardive à l'Institut Lumière - salle du Hangar du Premier film, le mercredi 15 octobre à 15h45.

Pour bon nombre de cinéphiles, Rambo est une sorte de synonyme de mauvais film américain. Ainsi, il y a quelques années, lors d'une formation pour des enseignants, l'un d'entre eux me demanda si pour moi, Rambo était une source historique, sous-entendant que le film était tellement mauvais qu'on ne pouvait l'utiliser comme objet d'étude.Cette interrogation provoqua de ma part une certaine consternation. En effet, qu'est-ce qu'une source historique? Est-elle liée à la qualité de l'œuvre étudiée ou bien est-ce un témoignage de l'époque étudiée? Devrait-on éliminer certaines inscriptions latines ou grecques sous prétexte qu'il y aurait des fautes d'orthographe? Il en est donc de même pour les films dont la qualité cinématographique n'a rien à voir avec le témoignage historique qu'ils peuvent révéler de leur époque.
Au-delà de cet aspect sur la validité de "source" historique de Rambo, c'était bien le jugement esthétique qui m'ennuyait. En effet, Rambo est un film particulièrement intéressant cinématographiquement parlant comme nous allons le voir ci-dessous. Pourtant, il suffit de prononcer ce mot, RAMBO, pour provoquer sourires et moqueries sur le personnage. C'est que ce personnage n'est pas resté celui que nous découvrions dans le premier opus en 1982 réalisé par Ted Kotcheff. Il est devenu ce symbole du cinéma américain reaganien au fur et à mesure que les années 1980 avançaient jusqu'à la caricature, comme ce le fut pour Rocky, interprété par le même Sylvester Stallone qui devint à son tour une caricature après trois épisodes plutôt bien accueillis jusqu'en 1982 jusqu'à ce que le quatrième opus plonge Rocky en pleine guerre froide!

Stallone, Rocky et Rambo forment désormais une sorte d'unique personnage, à la fois réac, violent, manichéen, profondément américain sans aucune nuance. C'est oublier que ces personnages et les films qui les ont fait découvrir étaient autrement plus intéressants!

Rambo: un Américain des années 70
En 1982, Stallone sortait un autre film qui allait le marquer définitivement. Rambo a cette caractéristique commune avec Rocky d'être de fait un loser. Vétéran du Vietnam, il est donc quelqu'un qui a perdu la guerre. Du point de vue cinématographique, le passé du personnage est donné par petites touches impressionnistes, par quelques flash backs le montrant torturé par un Vietnamien. Il faut néanmoins attendre la moitié du film, alors que la police de la ville croit l'avoir tué, pour que le fameux colonel Trautman révèle qui est Rambo, un militaire d'exception, ayant reçu les plus grandes décorations de l'armée américaine. Le film révèle plusieurs états d'esprit. Celle des Américains d'abord, que le traumatisme de la défaite au Vietnam conduit à rejeter tout ce qui peut y faire référence, à commencer par les vétérans. C'est ce qui conduit le shérif à chasser Rambo de sa ville alors même qu'il n'a commis aucun délit. C'est aussi l'état d'esprit des vétérans qui se sentent rejeter par leur pays et ses habitants qui n'ont pas conscience du traumatisme de la guerre menée en Asie du Sud Est et des horreurs qui y ont été perpétrées par les deux camps. Etat d'esprit enfin d'une armée qui a été incapable de s'occuper de ses vétérans qui étaient partis pour la plupart très jeunes dans ce conflit.

La séquence finale est de ce point de vue très intéressante. Barricadé dans le bureau du shérif après avoir détruit la moitié de la ville Rambo se trouve face au colonel. Il explique alors ses états d'âme: insulté par les civils, ne trouvant pas de boulot, traité d'assassin et de bourreau, Rambo ne comprend pas ce mépris de la part de ces Américains car il n'a fait que ce que l'armée et donc son pays lui ont demandé de faire. Il témoigne de la manière dont un gamin vietnamien a fait sauter une bombe, se tuant et avec lui un soldat américain, montrant à quel point les Américains ne pouvaient pas lutter contre un peuple prêt à envoyer ses enfants mourir pour repousser les Américains. C'est enfin la désocialisation des vétérans que Rambo exprime à son colonel. De manière hallucinante, Rambo pleure alors et se réfugie dans les bras du colonel. Un enfant dans les bras de son père.
Le film est filmé comme la guerre du Vietnam s'est déroulée: un incident anodin sur un homme surpuissant qui va alors tout détruire, et comme la pente savonneuse sur laquelle avait glissé les USA au Vietnam, Rambo ne pourra plus faire machine arrière sinon à détruire tout sur son passage tout en sachant qu'il finira par perdre. Rambo est l'allégorie des USA: surpuissant, sa musculature ici n'est pas inutile pour le propos du film, mais un colosse finalement fragile. Le héros du film finit donc menotté. Fin étrange donc pour un film américain avec un happy end dans le sens où Rambo a détruit toute une ville, tué un homme et s'est rebellé contre la police. Mais la morale du film montre bien que Rambo est une victime et qu'il paie pour ceux qui l'ont abandonné: l'Etat, l'armée, les civils.

Pour revoir ce film qui marqua véritablement une rupture dans le cinéma d'action américain, avec une affiche qui inspira tant d'autres productions, à commencer par Pinot simple flic de Gérard Jugnot, pour retrouver ce personnage mythique du 7ème art, qui allait être emporté par l'idéologie reaganienne consistant à ré-imposer la puissance américaine sur la planète, profitez donc de la séance à l'Institut Lumière lors du Festival Lumière 2014!

MERCREDI 15 OCTOBRE 2014 - 22h45 - Institut Lumière - Salle du Hangar
Rambo de Ted Kotcheff, 1982

Réservations des places sur www.festival-lumiere.org

À bientôt
Lionel Lacour

mardi 7 octobre 2014

Festival Lumière 2014 - Stéphane Lerouge: pour l'amour des musiques de film

Bonjour à tous

"Chabadabada Chabadabada".... quelques onomatopées qui évoquent une musique, et pas n'importe laquelle, une musique d'un film. C'est ce que Stéphane Lerouge défend corps et âme. Car pour lui, le cinéma est à jamais lié à la musique qui accompagne le film. Que serait Il était une fois dans l'ouest sans les partitions d'Ennio Morricone? Les westerns ayant la musique de Dimitri Tiomkin seraient bien différents. Et la panthère rose manquerait certainement d'identité si Henry Mancini n'avait pas composé ce morceau pour un saxophone reconnaissable entre tous.

Invité au Festival Lumière 2014 pour une master class sur l'édition musicale de films, Stéphane Lerouge vient apporter son talent et son expérience d'éditeur pour les heureux spectateurs. En effet, depuis 2000, il dirige la collection "Écoutez le cinéma" chez Universal Music France. Universal ayant acheté divers autres éditeurs ayant dans leur catalogue diverses bandes originales de films, Stéphane Lerouge a pu déjà s'appuyer sur un patrimoine qu'il ne restait plus qu'à valoriser. En attendant de pouvoir élargir la collection avec des œuvres qui ne manquent pas mais dont les sources sont parfois difficiles à obtenir, notamment parce que les masters originaux ont été perdus, détruits ou difficilement exploitables (voir à ce sujet l'article Les trésors de Stéphane Lerouge du site Underscore, le magazine de la musique de films.

La collection que dirige Stéphane Lerouge se concentre sur le cinéma français qui ne manque pas de compositeurs de talent comme Maurice Jarre, le maître, François de Roubaix qui apporta en son temps une grande modernité aux films français, ou Francis Lai tellement associé au réalisateur d' Un homme et une femme et d'autres encore.

Pour Stéphane Lerouge, la musique crée des images au-delà du film. Dans une interview donnée à Libération le 2 avril 2013, il témoignait des images qu'il avait fantasmées sur la bande son de Maurice Jarre pour le film de Georges Franju Les yeux sans visage, totalement différentes de celles du film! Cette expérience constitue alors pour lui une évidence. Plus récemment, le 3 octobre 2014, il affirmait dans la version numérique du Figaro que le cinéma de Truffaut s'écoute, peut-être autant qu'il se regarde. Et après le coffret Jacques Demy-Michel Legrand sorti en 2013, la collection dirigée par Stéphane Lerouge a sorti en septembre dernier un coffret intitulé "Le monde musical de Truffaut" à l'occasion de la rétrospective Truffaut à la Cinémathèque française.


La Master Class que donnera donc Stéphane Lerouge mercredi 15 octobre à 10h30 à l'Institut Lumière - Salle 2 - Villa sera donc une occasion exceptionnelle de pouvoir comprendre à la fois son travail d'éditeur, son rapport avec les producteurs, autant de musiques que des films, sa perception des relations entre cinéastes et la musique qui habille leurs films et enfin sa crainte de voir les compositions originales de musiques de films disparaître au profit de compilations de musiques préexistantes.

MERCREDI 15 OCTOBRE - 10H30 - INSTITUT LUMIÈRE SALLE 2 - VILLA
Réservation des places par téléphone: 04 78 78 18 95
ou sur le site www.festival-lumiere.org

À bientôt
Lionel Lacour

Festival Lumière 2014 - Il était une fois... Jean-François Giré

Bonjour à tous

le festival Lumière 2014 consacre une partie de sa programmation au thème "1964, un certain Bob Robertson". Sous ce titre étrange se cache en réalité la naissance du western... européen, et plus particulièrement italien. À cette occasion, il apparaissait alors comme une évidence que Jean-François Giré marque de sa présence certaines séances consacrées à cette thématique (voir liste ci dessous).

En effet, Jean-François Giré est l'auteur du livre Il était une fois... le western européen en 2 tomes dont le premier fut publié en 2008 et édité par Bazaar & Co, livres qui seront disponibles à la librairie du Village du Festival.
Encyclopédiste de ce genre souvent minimisé pour ne pas dire raillé, Jean-François Giré offre à la fois l'érudition des cinéphiles et une proximité avec tous ceux qui parfois sont méprisés par justement ceux qui relèguent le western non américain à la catégorie du sous-genre. 

Giré ne surévalue pas la qualité de tous les films produits sur le vieux continent. Mais il vient en donner des clés de compréhension. Notamment le pourquoi du développement de ce genre hors des frontières américaines, ou les inspirations, les motivations. Il est notamment intéressant de voir que le cinéma espagnol a lui aussi produit des westerns, et pas qu'un peu, mais qu'il n'a jamais eu le rayonnement de celui italien ou même allemand. Quant aux westerns français, s'il a existé, il ne fut jamais équivalent à son homologue transalpin. Et Robert Hossein est un des artistes français ayant été le plus impliqué dans cette production exotique (il figura même dans Il était une fois dans l'ouest du grand Sergio Leone, sans être cependant crédité!).




En 2014, Jean-François Giré décide alors de porter à l'écran dans un documentaire de 52 minutes une synthèse de ses analyses de ce genre cinématographique. Co-écrit avec Jean-Jacques Bernard, rédacteur en chef de Ciné+ Classic, et fidèle du festival Lumière pour lequel il anime Radio Lumière, Jean-François Giré centre sa réflexion justement sur des personnages mythiques de cette production italienne, personnages qui parfois donnent leur nom à des films a posteriori, fort du succès qu'ils ont pu emporter. C'est notamment le cas pour les films avec Terence Hill, interprète de la série des Trinita. Le nom du personnage devenait une véritable licence si bien que certains westerns italiens antérieur à On l'appelle Trinita furent re-titrés. Ce fut ainsi le cas pour Trinita voit rouge, réalisé en 1970, où Trinita s'appelait Marco. Le "vrai" Trinita ne sortit qu'après La collera del vento, titre original, mais de nombreux pays sautèrent à pied joint sur le succès du film burlesque pour attirer des spectateurs pour un film pourtant radicalement différent. Il en fut de même pour d'autres films avec Terence Hill, jamais sorti en France ou ailleurs avant 1970 et qui connurent une carrière grâce au succès démesuré de Trinita.

C'est donc de tout cela et bien davantage que Jean-François Giré parlera dans sa master class, dans son documentaire Django, Trinita et les autres et dans les présentations d'autres westerns italiens qu'il fera toute la semaine du festival Lumière 2014. 

SÉANCES AVEC JEAN-FRANÇOIS GIRÉ
Mardi 14 octobre:  21h - Institut Lumière Salle 2 - Villa  - Django, Trinita et les autres réalisé par Jean-François Giré
Mardi 14 octobre: 21h45 - Pathé 2  - El Chuncho de Damiano Damiani, 1966, présenté avec Emiliano Morreale, historien du cinéma italien)
Mercredi 15 octobre: 20h - Pathé Vaise - Django de Sergio Corbucci, 1966
Jeudi 16 octobre:   17h15 - Pathé Cordeliers - Colorado de Sergio Sollima, 1966
Jeudi 16 octobre: 20h00 - UGC Confluence - On l'appelle Trinita de Enzo Barboni, 1970
Vendredi 17 octobre: 10h30 - Pathé Cordeliers - Et pour quelques dollars de plus de Sergio Leone, 1965
Vendredi 17 octobre: 16h30 - Master Class Jean-François Giré - Institut Lumière Salle 2 -Villa

Pour réserver ses places:
ou par téléphone: 04 78 78 18 95

À bientôt
Lionel Lacour






vendredi 3 octobre 2014

Festival Lumière 2014 - "L'indésirable" d'un certain Mihály Kertész

Bonjour à tous,

le festival Lumière permet de montrer tous les cinémas, y compris le cinéma muet. En choisissant de projeter L'indésirable (traduit parfois également par L'expulsion - A tolonc étant le titre original) réalisé en 1914, les organisateurs réalisent une sorte de billard à trois coups.

Tout d'abord, cela permet de comprendre que le cinématographe s'est propagé dans le monde entier, y compris dans des territoires européens reculés comme la Hongrie de l'empire des Habsbourg.
Ensuite, cela montre que la production cinématographique a généré rapidement des talents européens et pas seulement français.
Cela montre encore que le cinéma sous sa forme artistique, avec une grammaire spécifique, et contrairement à ce que certains disent parfois, n'est pas né avec Griffith, De Mille ou avec les réalisateurs soviétiques. À la veille de la Première guerre mondiale, c'est bien dans le pays Magyar que fut réalisé L'indésirable.
Enfin, cela permet de réaliser aussi que bien des talents hollywoodiens sont nés et surtout avaient déjà tourné dans un autre pays que les États-Unis. Comme bien d'autres réalisateurs européens, Mihály Kertész fut attiré par les grands studios américains autant qu'il dut d'abord quitter sa terre natale pour l'Autriche puis l'Allemagne après des mouvements antisémites et anti-communistes qui sévissaient en Hongrie. Il allait devenir Michael Curtiz, le réalisateur des mythiques Les aventures de Robin des Bois, Casablanca, L'Égyptien ou Les comancheros.
Pour en savoir plus sur les origines de Michael Curtiz, vous pouvez consulter la page du Festival Lumière qui lui est consacrée: Festival Lumière - Michael Curtiz période hongroise


Mais en 1914, il n'est encore que Mihály Kertész, juif hongrois, un des fondateurs du cinéma de son pays.  Pour son 10ème film - un des nombreux qu'il a réalisés en 1914! - le jeune Mihály plonge les spectateurs dans un drame rural qui permet de bien comprendre que les spectateurs hongrois étaient avant tout issu de la paysannerie et que le monde urbain était encore bien réduit, ou bien était constitué d'habitants ayant quitté leur campagne pour trouver du travail en ville.
Le talent de Curtiz est déjà présent à l'écran. Tout d'abord, sa formation de comédien de théâtre lui permet de mettre en scène ses acteurs en valorisant leur travail. C'est ensuite dans sa capacité à mettre en avant les détails du quotidien, le travail des plus modestes que le cinéma de Mihály Kertész se distingue. Sa lecture sociale des relations entre les différents individus qui peuplent ses films, y compris dans les nombreux films d'aventure réalisés notamment avec Errol Flynn et Olivia de Havilland, est déjà dans L'indésirable.
C'est enfin une occasion rare que de voir ce que les spectateurs hongrois acceptaient de voir au cinéma dans un film dans lequel ils pouvaient projeter leur société sur grand écran.

Cette rareté du cinéma hongrois est donc une pépite présentée au Festival Lumière qui permet de mieux comprendre comment des réalisateurs des origines du cinéma ont pu faire leur gamme en tournant beaucoup, en osant faire ce qui n'avait jamais été fait avant eux, en apportant leur culture souvent littéraire ou théâtrale dans cet art nouveau dont il fallait inventer puis développer le langage. Mais surtout, ce film, réalisé par celui qui devint plus tard un maître d'Hollywood et du studio de la Warner avec qui il travailla tant, constitue un témoignage fantastique d'une œuvre qui allait ensuite s'étaler jusqu'à la mort du réalisateur en 1962 et sur 172 films dont quelques chef-d'œuvres du 7ème art.

VENDREDI 17 OCTOBRE 11h30 - 6 € / 5 € accrédités
L'indésirable, Mihály Kertész, 1914, 1h08
Réservations par téléphone au 04 78 78 18 95
ou sur www.festival-lumiere.org

À très bientôt
Lionel Lacour







mercredi 1 octobre 2014

Festival Lumière 2014: "Aux cœurs des ténèbres" d' "Apocalypse now"

Bonjour à tous

Le Festival Lumière proposera une projection de la version "redux" d'Apocalypse now, c'est-à-dire la version remontée en 2001 par Francis Ford Coppola intégrant des séquences absentes de la version présentée à Cannes en 1979 et de celle exploitée commercialement la même année. Mais quelque soient les versions, le tournage du film fut une épreuve pour le réalisateur comme pour l'ensemble de l'équipe de tournage, ce que Patrick Brion évoquait dans Les secrets d'Hollywood (voir à ce sujet  Les secrets d'Hollywood: une passion des majors de l'âge d'or du cinéma).

Pendant 1h30, le spectateur plonge dans cet univers de la production d'un film mythique, adapté de l'œuvre de Joseph Conrad, palmé à Cannes et qui faillit ne jamais aboutir tant les conditions de productions furent difficiles.
Le documentaire Aux cœurs des ténèbres - l'apocalypse d'un metteur en scène revient donc sur l'histoire du tournage de ce film mythique. Le titre du documentaire mêle le titre du livre dont s'inspire le film et le titre du film. Réalisé à la demande de son mari par Eleanor Coppola avec une caméra 16mm, cette histoire du film est une vraie expérience cinématographique et une source de révélations assez rarement programmé, y compris sur les chaînes satellites spécialisées. Les fans du films le connaissent en bonus sur les éditions collector DVD ou Blu Ray. Il sera proposé à la Villa Lumière le samedi 18 octobre à 15h. Réalisé en 1991, le documentaire revient bien évidemment sur les conditions dantesques de tournage du fait de tourments climatiques puisque les Philippines où étaient tournées les séquences de jungle fut balayé par un typhon dévastateur, mais aussi sur les difficultés liées au casting. Ainsi, après avoir essuyé des refus nombreux de stars, dont Steve McQueen pour le personnage du Capitaine Willard pour finalement engager Martin Sheen dans ce premier rôle, celui-ci fut victime d'un infarctus, retardant considérablement la production du film, Coppola devant se contenter de réaliser des plans d'ensemble et de paysages. Quant à Marlon Brando, il le retrouvait après l'expérience du Parrain certes couronnée de succès mais qui se termina de manière houleuse. Dans le rôle du Colonel Kurtz, Marlon Brando, minéral, composait un personnage plus "Actor Studio" que jamais le faisant entrer définitivement dans la légende du 7ème art.

Ainsi, après des problèmes de scénario, de production, de casting, de financement rendant Francis Ford Coppola de plus en plus irritable et mégalomane, le film est passé du film maudit au film à la fois culte et mythique, véritable repère dans la production cinématographique, dans la représentation et la réflexion sur la guerre du Vietnam sur grand écran comme dans l'esthétique et la narration de ces films à grand budget qui pouvaient allier casting grand format, scénario complexe et public cible large.

SAMEDI 18 OCTOBRE - 15h00 - Salle 2 de l'Institut Lumière (Villa)
Aux cœurs des ténèbres - l'apocalypse d'un metteur en scène,  Fax Bahr, George Hickenlooper et Eleanor Coppola, 1991, 1h30.

Réservation par téléphone: 04 78 78 18 95
ou par internet: www.festival-lumiere.org

Tarif: 3 €

À très bientôt
Lionel Lacour




mardi 30 septembre 2014

Festival Lumière 2014: Ida Lupino, "Une femme dangereuse" chez Raoul Walsh

Bonjour à tous,

en clôture du festival Lumière 2014, il n'y aura pas que la séance à la Halle Tony Garnier. Si vous n'arrivez pas à avoir des places pour cette séance, si vous connaissez déjà l'intégrale de Pedro Almodovar, je vous recommande de lorgner du côté de la salle 2 de l'Institut Lumière qui proposera de finir la rétrospective Ida Lupino de deux manières différentes.

Tout d'abord en tant que réalisatrice pour son premier film, bien que non créditée: Avant de t'aimer (Not wanted) attribué à Elmer Clifton dont une des caractéristiques fut d'être le premier réalisateur de Captain America en 1944! Mais étant malade, il dut arrêter de réaliser le film si bien que Ida Lupino, qui avait déjà écrit le scénario, finit le film produit par la société qu'elle avait fondée avec son mari Collier Young: Emerald Production.

Le film raconte l'histoire d'une jeune femme en plein désarroi en cette fin des années 1940. On y voit tout le poids d'une société marquée par les valeurs chrétiennes reléguant les femmes à n'être que des épouses et mères. Film féministe sous bien des points, il montre la difficulté de vivre en femme libre, faisant des choix lourds de conséquence dans cette société encore très conservatrice. Son héroïne, Sally Kelton, interprétée par Sally Forrest, actrice à la carrière très courte, est donc une femme extrêmement atypique dans le cinéma américain pour lequel les femmes mères étaient souvent montrées du doigt et rejetées. Pas une femme fatale, pas une femme totalement libre, encore moins une femme au foyer. Elle annonce en quelque sorte les futurs personnages féminins interprétés par Marilyn Monroe et Elizabeth Taylor à la fin des années 1950, ceux marqués par le drame et l'affrontement avec les conventions sociales.

La projection d'Avant de t'aimer sera suivie d'Une femme dangereuse du réalisateur Raoul Walsh. Réalisé en 1940, Walsh donnait à Ida Lupino le rôle d'une femme, Lana Carlsen, à la psychologie particulièrement torturée, dont les mensonges entraînent le héros, Joe Fabrini interprété par George Raft, dans une terrible affaire judiciaire. Film noir dans certains aspects, Walsh montre ici encore sa capacité à mêler les intérêts divergents de ses personnages. Il retrouve ici Humphrey Bogart dans un second rôle, comme dans Les fantastiques années 20 et démontre qu'il peut, comme beaucoup des réalisateurs hollywoodiens passer de la chronique historique au film de société en passant par un film évoquant la guerre de sécession.
S'il ne s'agit pas d'un trial movie, le film reste haletant du début jusqu'à la fin, permettant à Une femme dangereuse d'aborder le système judiciaire américain dont la représentation et le fonctionnement n'ont pas tellement changé aujourd'hui, en tout cas au cinéma!

DIMANCHE 19 MARS 2014
15h: Avant d'aimer d'Ida Lupino (1949)
17h15: Une femme dangereuse de Raoul Walsh (1940)
Tarifs: 6 € / 5 € accrédités
réservations: 04 78 78 18 95
www.festival-lumiere.org

À très bientôt
Lionel Lacour

lundi 29 septembre 2014

Festival Lumière 2014: "La grande muraille", dernier grand mélodrame de Capra

Bonjour à tous

À l'occasion du Festival Lumière 2014, une rétrospective de l'œuvre de Franck Capra est proposée aux spectateurs avec entre autres certains de ses films pas forcément les plus connus mais pas les moins intéressants non plus. En 1933, Franck Capra décide de réaliser un film pour lequel il serait enfin lauréat d'un oscar, récompense ayant été attribuée pour la première fois en 1928 et que le réalisateur d'origine italienne espérait obtenir un jour. Si le film ne fut retenu pour aucune des récompenses couvertes par les Oscars, il offre cependant un intérêt multiple à ne pas manquer!

Un intérêt cinématographique
Capra retrouve son actrice Barbara Stanwick à qui il avait confié le premier rôle dans Femme de luxe en 1930 pour un film adapté du roman de Grace Zaring Stone The bitter tea of General Yen. La Columbia lui donne carte blanche pour produire ce mélodrame pour lequel il s'accompagne du chef opérateur Joseph Walker avec qui il avait déjà fait ses premiers films et qui allait collaborer avec lui jusqu'au chef-d'œuvre La vie est belle (1946).
Cette continuité artistique (même comédienne, même technicien) lui permit alors de produire un film ambitieux et "artistique" autour d'un sujet particulièrement difficile et provocateur pour l'époque.

Un intérêt historique
La puissance d'Hollywood se retrouve dans ce film et la capacité d'adapter des œuvres traitant de sujets contemporains. Si le film aborde par le petit bout de la lorgnette la guerre civile chinoise qui sévit alors, il est néanmoins assez stupéfiant de voir une major financer un film dont l'action évoque une guerre n'impliquant pas directement les USA. Le rôle de Barbara Stanwyck est évidemment le point d'accroche pour les spectateurs et qui leur permet d'essayer de comprendre les enjeux historiques du conflit entre nationalistes et communistes. Le film n'est d'ailleurs pas à un cliché près et la barbarie des Chinois est souvent extrêmement caricaturale. Mais il est peu de films qui permettent d'avoir une représentation de cette Chine en proie à une Révolution majeure ayant renversé un régime millénaire. À l'heure où les films occidentaux filmant les territoires colonisés évoquaient surtout la supériorité de la civilisation européenne et justifiaient de fait le colonialisme, le film de Capra ouvre, malgré un point de vue essentiellement occidental, une fenêtre sur le monde extra-européen sans que celui-ci ne comprenne vraiment ce qui arrive dans l'Empire du Milieu.

Un intérêt sociétal
Le film est particulièrement osé également dans la possibilité qu'il laisse aux spectateurs d'imaginer une relation "inter-raciale" entre une "Blanche" et un Asiatique, fût-il général! Cette approche extrêmement provocatrice était celle du livre. Mais la projection sur écran de cette histoire d'amour, certes extrêmement compliquée, faisant s'affronter des référentiels culturels terriblement antagonistes, ne pouvait qu'entraîner des réactions violentes chez les spectateurs comme les spectatrices. Cette inter-racialisme était d'autant plus choquant qu'il touchait une femme blanche. Les situations pour lesquelles des Européens avaient des relations sexuelles avec des femmes de couleur étaient plus acceptables, les conséquences étant moins grave quant à la perpétuation de la "Race". En inversant les sexes des personnes impliquées, le message était extrêmement tabou car correspondait à une vraie transgression et, consciemment ou pas, impliquait que la femme blanche mise enceinte par un homme de couleur mettrait forcément au monde un être avilissant sa propre race.

Malgré ses qualités et le succès critique, le film ne rencontra donc pas un succès public, d'autant plus que l'empire britannique refusa de le distribuer, les autorités étant certaines du risque de réception de ce film auprès de sa communauté!

C'est donc avec grand intérêt que cette Grande muraille doit être regardée, d'autant qu'après l'échec au box office, Capra allait réaliser des comédies qui allaient lui permettre de trouver la consécration en salles mais aussi auprès de ses pairs! Et quoi de mieux que de le faire au Festival Lumière!

VENDREDI 17 OCTOBRE, 20h30, Institut Lumière Salle 2 (Villa):
 La grande muraille, Franck Capra, 1933
6 € / 5 € accrédités
Réservations: par téléphone au 04 78 78 18 95
par internet: www.festival-lumiere.org

À très bientôt
Lionel Lacour


samedi 27 septembre 2014

Les films gopro: l'anticinéma

Bonjour à tous,

Il vous est peut-être arrivé de voir déambuler, rouler ou courir un individu équipé d'une caméra sur sa tête alors que vous vous promeniez tranquillement. Ce qui constituait encore une vraie innovation il y a peu, censé donner des images à sensations est devenu désormais commun, ces caméras pouvant se vendre dans des magasins aussi incongrus que ceux dédiés au sport. On est donc loin de 1895 quand les frères Lumière inventaient le cinématographe. Cette technologie nouvelle qui allait révolutionner le monde de l'image fut pendant longtemps réservée à filmer les autres, soit pour des captations comme les premières vues Lumière, soit pour réaliser des fictions ou des documentaires. Quand le prix des caméras super 8, puis caméscopes de toutes tailles permit à tous de filmer, la pratique du tournage familial se propagea, chacun voulant garder un souvenir de sa propre vie. Ce n'était plus du cinéma mais il y avait encore cette idée de témoigner des autres sans se mettre en scène. Les émotions fixées étaient celles que les autres proposaient. Bien sûr, le choix de les enregistrer revenaient à celui ou celle qui tenait la caméra, mais il ou elle n'était que le témoin de cette émotion qu'il allait pouvoir revivre, plus tard, ou faire revivre aux autres. Les qualités de prises de vue, le sens du montage, les aléas de cadrages, tout ce qui fait qu'un film amateur est souvent particulièrement pénible à regarder quand on est hors du groupe filmé ont ont moins une valeur qui est celle de la sincérité marquée par la volonté de représenter le groupe, un moment de vie dont le souvenir sera d'autant plus fort que le film sera vu plus tard, parfois plusieurs années après.

Avec l'avènement des caméras miniaturisées comme la Gopro, la capture d'image vient de changer de sens. Paradoxalement, elle se rapproche de la mode du selfie bien que celui qui filme ne soit pas à l'écran. On est passé de l'image support d'émotion collective à l'image témoin de soi.

La fin des sensations collectives
Le cinéma et la télévision avaient pour objectif de toucher un public large. Spectacle de masse, le film avait pour objectif de toucher un maximum de personnes. Avec l'amélioration des technologies de prise de vue, notamment par l'allègement des machines et leur miniaturisation, les plans réalisés allaient proposer des images de plus en plus incroyables, suivant les courses les plus folles, s'adaptant aux mouvements des sujets filmés, atteignant des endroits jusque là inaccessibles, donnant aux images une sensation de plus en plus naturelle tout en étant savamment composées et réfléchies.
Les premières caméras ultra-légères, ancêtres des Gopro, ont permis de filmer les exploits de sportifs d'exception ou des aventuriers vivant sur quelques instants intenses des émotions qu'il était a priori impossible de restituer. Et tous de nous souvenir de ces parachutistes équipés de ces caméras vivant l'expérience de la chute libre en caméra subjective.
L'objectif de toutes ces prises de vues était toujours de transmettre aux autres l'émotion qu'elles portaient. Avec la démocratisation de la Gopro et autres marques, l'image subjective change de registre car elle n'est plus tant destinée aux autres qu'à soi. En effet, les coureurs de fond, les skieurs et autres sportifs s'équipant de ce matériel n'ont d'autre objectif que de pouvoir regarder ces images filmées à l'occasion de leur activité. Mais la différence avec le caméscope d'antan est évidente. Tout est filmé à la hauteur du possesseur de la caméra. Toutes les émotions filmées sont inexorablement celles qu'il a pu ressentir, excluant de fait presque celles de ceux pouvant être filmés. En fait, les images sur Gopro excluent justement les autres qui deviennent des éléments du paysage, de l'environnement du cameraman-acteur.
Si les images du mariage de "Tata Suzette" étaient souvent de qualité médiocre, au moins avaient-elles le mérite de témoigner d'un moment heureux, celui des autres.Avec l'effort, souvent vain, d'avoir une qualité de cadre, et au pire, des effets de zoom à défaut de pouvoir réaliser un travelling! Avec les images Gopro, impossible de voir autre chose qu'une immense suite d'images sans intérêt particulier, si ce n'est qu'à attendre le moment tragique d'une chute, d'un accident ou toute autre intervention extérieure créant enfin une émotion autre que celle censée être vécue par le porteur de caméra. En ce sens, l'image Gopro démontre qu'il ne suffit pas de filmer pour faire du cinéma!


L'aboutissement narcissique par l'image
Le cinéma puis la télévision entraient dans une continuité de la logique du spectacle. Le premier était fidèle au théâtre en ce sens où le spectateur s'extrayait de son domicile pour assister à un événement. À la différence du théâtre, l'œuvre proposée sur grand écran serait exactement l'identique à celle proposée dans d'autres salles, magie de la copie des pellicules. La télévision conservait ce principe mais en maintenant désormais les spectateurs au sein du foyer. La diffusion restait collective mais n'entraînait ni déplacement ni mélange des spectateurs avec d'autres, des inconnus. L'émotion commune se partageait dans l'entre soi. Mais il y avait au moins cette possibilité d'une culture commune et d'une transmission générationnelle. La démocratisation des télévisions permettant à ce que chaque pièce et chaque individu d'un foyer soit doté d'un poste de télévision, la multiplication des chaînes de télévision segmentant l'offre, le déploiement des sources d'émissions d'image que ce soit par la voie hertzienne, par satellite ou par internet, la capacité d'enregistrer sur divers supports les productions audiovisuelles, le tout sur les 30 dernières années a conduit à ce que chacun s'organise sa propre émotion liée à l'image forcément différente de celle des autres. Cette individualisation de la consommation de l'image a permis de faire croire que le dénominateur commun de l'émotion n'était plus forcément l'image mais soi. Cette mise en avant de sa propre personne comme générateur d'émotion conduit donc à montrer aux autres combien sa propre image a autant de valeur sinon plus que toute autre image filmée par les autres. Le selfie en est une manifestation évidente. Se photographier devant un lieu célèbre ou avec une personnalité consiste à se donner finalement plus de valeur que l' "objet" mis en scène pour la photo, et tant pis si cet objet est bien vivant! Le faire valoir n'est plus soi mais l'autre. Et fier de cette image captée, et parfois arrachée, beaucoup la partagent sur des réseaux dits sociaux mais qui mettent en relation des personnes qui ne se connaissent parfois pas du tout.
L'image Gopro vient clore la boucle. À la différence du selfie, le réalisateur de ce type d'image n'a même plus besoin de se montrer vraiment. Et sauf élément perturbateur de l'image tournée, le film réalisé - ce qui est un abus de langage - n'est destiné à personne d'autre qu'à soi, c'est à dire à celui qui a filmé. Une sorte d'auto-émotion, je produis l'image d'un événement qui m'a donné une émotion et je revis cette émotion en me projetant dans cette reproduction d'image... Une boucle sans fin, ultra-narcissique, sans histoire, sans récit, sans progression. Ce que le cinéma proposait était la projection et l'identification des spectateurs dans des situations à la fois étrangères au spectateur et en même temps familières. Le côté imaginaire combiné à la familiarité des situations filmées constituaient le ciment des spectateurs réunis dans la salle, voire dans le salon. La qualité du scénario, l'art de la mise en scène et du montage apportaient cette émotion supplémentaire et collective qui permettaient ensuite de parler aux autres des sensations vécues lors de la projection. L'image Gopro est l'inverse de cela. Pas de mise en scène, pas d'altérité du vécu, pas de montage, rien qui puisse être partagé aux autres sinon que de se raconter soi, avec pour les plus doués la possibilité de montrer des images à caractère sensationnel, et pour le commun des mortels, des films d'un ennui mortel!


Le cinéma, et avec lui les séries télévisées, ne risquent donc pas d'être supplantées par ces images qui, bien qu'étant plus vraies, ne procurent justement aucune émotion, sauf au mieux lorsque les images relèvent de l'exceptionnel, au pire à ceux qui en sont la source et les producteurs. La recherche de l'image vraie n'a toujours pas de sens si celle-ci ne trouve pas de prolongement à celui qui réalise l'image. Véritable outil pour améliorer les gestes des sportifs ou des autres professionnels nécessitant de se perfectionner, les caméras individuelles ne sont que des moyens pour produire des images. Filmer sa vie par ce moyen puis regarder ses exploits relèvent d'une vraie pathologie, celle de croire que sa vie est tellement importante qu'elle mérite d'être filmée et de la revivre sans cesse. Une forme de "jour sans fin" pour lequel on serait cette fois-ci le décideur. Si on reproche à certains de vivre par procuration par les biais du cinéma, au moins la vivent-ils généralement au travers d'œuvres et de héros qui ne reproduisent pas la médiocrité de leur vie.

À bientôt
Lionel Lacour

vendredi 26 septembre 2014

Festival Lumière 2014 - The Go Go Boys: The Inside Story of Cannon Films

Bonjour à tous

présenté lors du Festival de Cannes cette année, ce documentaire sera proposé lors du Festival Lumière 2014 à la salle 2 de l'Institut Lumière le mardi 14 octobre à 20h15.
Réalisé par Hilla Medalia, le film revient durant près d'1h30 sur cette incroyable histoire de production cinématographique:

Bande annonce:


Si le documentaire a été une commande des deux fondateurs de la compagnie Cannon, Menahem Golan et son cousin Yoram Globus, deux Israéliens longtemps vus comme des zozos ou des bouffons de la production, la réalisatrice n'oublie pas d'évoquer avec eux les moments de la carrière de la Cannon les plus critiquables.
Il faut dire que le sujet qu'elle avait entre les mains était en or. Connue d'abord et surtout pour ses films d'action populaires, un brin réacs, virils à la morale simpliste, la Cannon s'est aussi distinguée dans la production de films plus intéressants avec des cinéastes de renom international.
C'est ainsi que l'on pouvait voir des films avec Stallone (Over the top), Jean-Claude Van Damme, Chuck Norris et autres acteurs reconnus pour la mise en valeur de leurs biceps, les spectateurs découvraient aussi que c'était aussi la Cannon qui produisait des films pour John Cassavetes, Robert Altman, Andreï Konchalovsky mais aussi, et cela fait le lien avec le Festival Lumière 2014, pour Barbet Schroeder avec Barfly dans lequel jouaient Mickey Rourke et Faye Dunaway. Cette dernière ouvrira le festival Lumière le lundi 13 octobre 2014.

Mais la Cannon, c'est aussi cette société qui a compris l'intérêt des super héros qu'elle avait su créer avec ses acteurs improbables mais dont elle avait aussi parfois acheté les droits pour ceux existant déjà, avec un bonheur très relatif: Superman IV fut un échec complet mais rien comparé à leur version ridicule de Captain America. Pire, la Cannon qui avait acquis les droits pour Spiderman ne produisit aucun film!

L'un des deux protagonistes, Menahem Golan s'est éteint en août dernier et ne pourra pas voir si son histoire de cinéma intéressera les spectateurs qui ont vu les films de sa société de production.

The Go Go Boys: The Inside Story of Cannon Films sortira en salles le 22 octobre en France mais vous pourrez donc le voir en avant première lors du Festival Lumière!

MARDI 14 OCTOBRE 20H15: The Go Go Boys: The Inside Story of Cannon Films - Salle 2 de l'Institut Lumière - Comme tous les films du Festival, une présentation du documentaire précédera la projection.
Tarif: 3 €
Réservations:
Par téléphone 04 78 78 18 95
Sur le site du Festival: www.festival-lumiere.org

À très bientôt
Lionel Lacour