mercredi 17 septembre 2014

Festival Lumière 2014: "Le Pays des Motzi", une restauration qui tombe bien

Bonjour à tous,

Le Pays des Motzi (Tara Motilor titre original) fait partie de ces restaurations exceptionnelles présentées au Festival Lumière 2014. Réalisé en 1938 par le réalisateur roumain Paul Calinescu, reçut le prix du meilleur documentaire en 1939 au Festival de Venise.
20 minutes de la vie d'un peuple en Transylvanie, dans cette Roumanie à la veille de la Seconde guerre mondiale, vivant des quelques ressources naturelles du territoire: bois, bétail, minerais de tous ordres.
À ce titre, je renvoie à l'article de Robert Ficheux  datant de 1942 pour des précisions sur ce peuple à cette époque:
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bagf_0004-5322_1942_num_19_142_7121

Dans une qualité exceptionnelle, le documentaire présente un triple intérêt. Esthétique tout d'abord, avec une qualité de photographie remarquable, témoignant du fait que le cinéma documentaire est d'abord du cinéma. Historique ensuite puisque cette œuvre offre une mise en scène d'une population européenne souvent ignorée par les historiens, avec un point de vue d'ethnologue. Politique enfin car ce qui est présenté de ce peuple, et notamment de sa misère et de son fonctionnement social ne peut pas ne pas faire écho à certaines images contemporaines d'autres populations venant des mêmes régions et qu'on désigne aujourd'hui sous le terme de Rom ou autre substantif à connotation péjorative.

Pour cette pépite, 3 projections seront donc possibles à la Villa Lumière (salle 2 de l'Institut Lumière) pendant le festival:
- Mardi 14 octobre - 14h45
- Jeudi 16 octobre - 17h00
- Vendredi 17 octobre - 10h45

Les places sont à retirer (entrée libre mais réservation obligatoire!):
- Par téléphone: 04 78 78 18 95
- Par internet: www.festival-lumiere.org
- Sur places dans toutes les billetteries du festival (liste sur le site)

samedi 13 septembre 2014

"Seconds" de J. Frankenheimer: la philosophie postmoderne à l'écran!

Bonjour à tous,

cette année, Marc Olry a encore frappé fort en distribuant cette pépite de 1966 pour sa société de distribution LOST qui porte décidément bien son nom puisqu'il propose de remettre à l'écran des œuvres ayant disparu de notre paysage de spectateurs non pour leur piètre qualité mais parce que l'accueil initial des films a parfois conduit à ne pas conserver ou entretenir les copies. Seconds est donc de ce tonneau là. Une œuvre oublié d'un cinéaste connu pour des films d'action, et qui allait réaliser un film hallucinant d'audace à la fois esthétique, de traitement et surtout de sujet.
Pour tous ceux qui n'ont pas encore vu ce film, je révélerai quelques informations qui pourraient vous gâcher le plaisir de la découverte. Je vous propose donc une analyse en deux points où seul le premier pourra être lu par les spectateurs qui n'ont pas encore la chance d'avoir vu ce film.

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jeudi 11 septembre 2014

"3 cœurs", un mélodrame anachronique

Bonjour à tous,

Avec 3 cœurs, qui sortira en France le 17 septembre prochain, Benoît Jacquot réalise un nouveau film sur une trame amoureuse dramatique avec un casting top niveau avec Benoît Poelvoorde, Charlotte Gainsbourg, Chiara Mastroianni et la grande Catherine Deneuve. Coproduction Rhône-Alpes Cinéma, l'action se partage d'abord entre Valence et Paris pour se concentrer sur Valence, et, hors champ en quelque sorte, les USA.
Thriller mélodramatique, Jacquot insiste sur le rôle de la musique soulignant, ou plutôt surlignant les moments de tension qui ne manquent pas. Pour résumer, Marc (Benoît Poelvoorde) erre un soir à Valence pour avoir manqué son train. Il rencontre Sylvie (Charlotte Gainsbourg) et tous deux tombent follement amoureux. Après une nuit dont on ne saura rien, ils se séparent sur le quai d'une gare, se donnent rendez-vous à Paris sans connaître ni leur nom ni se donner leur téléphone. Ce rendez-vous n'aboutit pas - je préserve ici le scénario sur les raisons de cet échec - et Marc retourne à Valence. Il n'y retrouve par Sylvie mais Sophie (Chiara Mastroianni) dont il tombe amoureux. Mais Sylvie est la sœur de Sophie. Le spectateur le sait, mais aucun des trois protagonistes ne sait qui est le troisième larron. Cette base scénaristique est originale au cinéma mais comme le dit Benoît Jacquot, elle est assez proche d'une trame dramatique d'opéra, et, quoiqu'il s'en défende, d'un drame antique. Et c'est là que l'anachronisme s'invite dans le traitement du film...

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mercredi 10 septembre 2014

Festival Lumière 2014: Edgar Morin, un anthropologue du cinéma

Bonjour à tous, 

Le 15 octobre 2014, à 19h00 et à la Villa Lumière, le Festival Lumière proposera le documentaire Edgar Morin, chronique d'un regard de Céline Gailleurd et de Olivier Bohler (achat des places en ligne sur www.festival-lumiere.org). Edgar Morin s'est en effet distingué sur sa réflexion sur le cinéma non en tant qu'art mais en tant que phénomène sociologique dans plusieurs livres. Dans son premier consacré à ce sujet, en définissant comme « essai d’anthropologie » dans une des préfaces des nombreuses éditions de son livre Le cinéma ou l’homme imaginaire[1], Edgar Morin place d’emblée le lecteur comme étant également spectateur de cinéma. Il s’adressa donc à lui pour lui expliquer son rapport au cinéma.
Morin insiste en fait sur plusieurs points pouvant expliquer le succès du cinématographe et du cinéma. Pour lui, l’attrait du public n’était pas dans le fait de voir l’arrivée du train mais de voir une image de l’arrivée du train, pas le réel mais l’image du réel.[2] Son explication est multiple et commence tout d’abord par le fait que l’image n’est qu’un double de l’homme, ce qui selon lui, constitue le seul grand mythe humain universel.[3]
« Autre et supérieur, le double détient la force magique. Il se dissocie de l’Homme qui dort pour aller vivre la vie littéralement sur-réelle des rêves. »[4]