décidément, l'actualité cinématographique de Rhône-Alpes Cinéma sera chargée au mois d'août. En effet, le 14 août sortira sur les écrans le film d'Arnaud des Pallières Michael Kohlhaas, adapté d'un chef d'œuvre de la littérature germanique de Heinrich von Kleist. À l'issue de l'avant-première au Comœdia jeudi 11 juillet, le réalisateur a pu alors préciser ses intentions pour l'adaptation de cette nouvelle. Le moins que l'on puisse reconnaître avec lui est que celles-ci se retrouvent pleinement à l'écran, ce qui n'est pas toujours le cas!
L'aspect esthétique tout d'abord est une réussite absolue. La photographie est somptueuse et les grands espaces comme les plans serrés sur les personnages sont maîtrisés et transcrivent pleinement les objectifs énoncés. La musique plonge le spectateur autant dans le passé que dans le présent. Quant à l'histoire, elle s'appuie évidemment sur des faits qui renvoient au passé. Mais philosophiquement, il s'agit bien d'une réflexion qui concerne les temps actuels concernant la justice et son fonctionnement.
Un père et sa fille montrés dans une relation très contemporaine |
La force du film renvoie enfin et surtout à la combinaison entre les choix esthétiques et les thèmes abordés. En effet, si l'intrigue concerne la France du sud ouest, bien des références transpirent dans le traitement de ce film sans pour autant alourdir la mise en scène. Ainsi, pour en revenir à la baignoire, associé aux chevaux maltraités, au fait que Kohlhaas est propriétaire d'un domaine, le spectateur peut y trouver une projection des grandes représentations du western, de Rio Bravo aux films de Leone en passant par ceux de John Sturges. Mais c'est aussi un renvoi aux films de Kurosawa dont Les sept samourais, déjà repris par les faiseurs de western, Sturges et Leone en tête. Mais la référence visuelle est évidente quand Kohlhaas place son épée dans son dos. Peu importe que cela soit de cette manière ou non que les combattants de cette époque portaient l'épée. Les spectateurs, tout comme moi, ne sont pas tous des spécialistes du port de l'épée au XVIème siècle! En revanche, le public cible du cinéma d'Arnaud des Pallières est bien celui pouvant reconnaître ces combattants asiatiques!
De fait, en plaçant, volontairement ou involontairement ces repères renvoyant à diverses cultures, à divers cinémas, en ayant recours à un acteur danois, quasi inconnu en 2011, date du tournage, en adaptant un livre allemand transposé dans une France du XVIème siècle traversé par des débats spirituels majeurs, le réalisateur propose alors un film dont le discours intemporels dont les propos dépassent rapidement les cadres territoriaux et politiques définis par son œuvre.
Kohlhaas à la tête des révoltés contre le Baron |
La conclusion du film est magistrale et ne donne aucune solution au dilemme face auquel se trouve Kholhaa
s. Le spectateur se retrouve dans la même situation. Contrairement à bien des films, le réalisateurs ne laisse pas le spectateur libre de décider de ce que doit devenir le héros. Il y a donc bien une fin fermée. Mais plus subtilement, Arnaud des Pallières laisse le débat, la réflexion se développer chez celui qui aura vu son film. Un film qui ne prétend à aucune volonté moralisatrice mais qui permet une vraie pensée morale. C'est assez rare de nos jours au cinéma. C'est assez rare de nos jours dans le cinéma français. Assurément un des meilleurs films français de ces dernières années, tant sur la forme, splendide, que dans la maîtrise des propos, majeure.
À très bientôt
Lionel Lacour
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire