vendredi 21 janvier 2011

2èmes Rencontres Droit Justice et Cinéma: bientôt le programme!

Bonsoir,

Tout petit
 billet ce soir concernant cette manifestation qui me tient à coeur.
les derniers préparatifs pour nos Rencontres Droit Justice et Cinéma se terminent. Le programme officiel sera donc dévoilé mardi soir à nos partenaires et à la presse le mardi 1er février chez notre partenaire le Sofitel de Lyon.
L'ensemble des projections et des invités sera donc révélé à cette occasion.
Je ne manquerai pas de vous en donner en avant première la liste des films et des intervenants aux différents débats sur ce blog dès le lendemain.


Les plaquettes seront disponibles courant février. Vous pourrez les avoir en ligne sur ce blog ainsi que sur les sites des organisateurs et des partenaires associés.

Plus que quelques jours de patience donc.

A bientôt
Lionel Lacour

Les tontons flingueurs, un film homophobe?

Bonjour,

Je me suis fait un immense plaisir la semaine dernière en regardant sur une chaîne satellite un documentaire consacré aux tontons flingueurs dans la série créée par Serge July. Je m'attarderai non sur ce qui a fait le succès de ce film mais sur une remarque de ce documentaire signifiant que le film de Lautner avait des aspects homophobes.

La question qui doit être réglée vaut pour ce film comme pour d'autres. Un film est destiné à un public donné, d'une période donnée. Or jamais ce film n'a été ressenti par la société des années 60 comme un film homophobe. Est-ce que donc les remarques faites dans ce documentaire seraient infondées?

Le caractère homophobe semble pourtant clair quand nous revoyons ce film: "chez moi, quand les hommes parlent, les gonzesses se taillent" dit le Mexicain à Otto en visant expressément son compagnon, clairment identifiable comme tel. Otto est même qualifié de "coquet" par Ventura, qui s'étonne même du recrutement du Mexicain: "de mon temps, il ne recrutait pas chez tonton", du nom d'un club connu pour son orientation très favorable aux homosexuels. Ces preuves évidentes d'homophobie dans ces dialogues viennent du fait que notre société n'est plus la même que dans les années 60. Les actions des associations homosexuelles, le fléau du sida et l'évolution globale de la société conduit à marginaliser de moins en moins les homosexuels dont les droits n'ont cessé de progresser, même si certains estiment encore que celà ne suffit pas. Les propos homophobes sont également punis par la loi.

Comment expliquer alirs que Les tontons flingueurs n'aient pas subi de critique de cette nature alors qu'il est quasiment certain qu'il ne pourrait plus être écrit de cette manière aujourd'hui. En fait, il apparaît comme anachronique et inapproprié de traiter ce film d'homophobe. Car ce n'est pas le film qui est homophobe. C'est la société française qui l'était. Il entrait dans la norme du traitement des homosexuels, surtout dans un film représentant le milieu du crime, souvent présenté comme "machiste" et "homophobe". Au contraire, les films qui étaient qualifiés quant à leur perception concernant l'homosexualité furent d'abord ceux qui étaient plutôt bienveillant vis à vis des homosexuels, car ils rompaient justement avec l'idée générale que se faisait la société de cette question.

La qualification de film homophobe ne devrait-elle donc pas être utilisée pour les films qui sont produits dans une société qui est devenue clairement sinon homophile, du moins ouverte quant à la manière d'accorder des droits aux homosexuels, les distingant de moins en moins des hétérosexuels. Un film français qui montrerait auojurd'hui un héros se moquant des "gays" par le vocabulaire traditionnel contre les homosxuel tout en semblant adhérer à ces propos serait justement traité d'homophobe. Car la société ne l'est plus. Parce que les vrais homophobes sont devenus de fait minoritaires, même s'ils sont encore nombreux.

C'est d'ailleurs devenu une manie que de vouloir qualifier, et en fait disqualifier, des oeuvres du passé par des adjectifs correspondant à nos valeurs, à nos perceptions contemporaines. Il en va de même pour des films qualifiés de racistes comme Tarzan l'homme singe de W.S.. Van Dyke de 1932. S'il est évident qu'un tel film ne pourrait être fait à l'identique aujourd'hui sans risqué d'être qualifié de raciste et à juste raison, celui de 1932 ne doit pas être qualifié de "raciste" dans le sens qu'il ne se distingue pas des autres films ou des autres oeuvres de la même époque abordant le thème du colonialisme. Metropolis de Fritz Lang montre des "nègres" pourtant une sorte d'estrade sur laquelle une chanteuse blanche se produit. Cette représentation n'a rien d'antiraciste, bien au contraire. Elle s'inscrit justement dans la même forme de représentation des noirs que Tarzan l'homme singe. Le plus drôle est que certains films anti-racistes sont aujourd'hui censurés par les producteurs mêmes pour des raisons amusantes. La Warner ne distribue plus le court métrage de tex Avery L'île de Pingo Pongo  car la représentation caricaturale des noirs étaient extrêmes et donc impossible à montrer aujourd'hui sans risquer de se faire taxer de raciste. Or ce court métrage est en réalité un dessin animé qui montre la bêtise de la soi disante supériorité des blancs, se servant des caricatures racistes classiques pour mieux fustiger la suffisance des Européens et des Américains face aux populations colonisées.

Nous pourrions faire les mêmes remarques pour les films anti-indiens ou pro-indiens ou pour bien d'autres thèmes polémiques (film misogyne par exemple).
Ainsi, pour conclure, le jugement d'un film doit toujours se faire au regard de son temps de production. Il ne peut être qualifié négativement ou positivement que par rapport au courant de pensée général de la société pour laquelle il est destiné.
Les tontons flingueurs homophobe donc? Oui, mais que pour notre société. Mais pas pour celle qui faisait de Jean Marais un super hétérosexuel alors que le monde artistique savait quelle était sa réelle orientation sexuelle.

Lionel Lacour

mardi 18 janvier 2011

Lol, un film reflet de la société?

Bonjour à tous,

une fois n'est pas coutume, je vous propose aujourd'hui de voir un film non pas pour ses qualités mais au contraire pour ses défauts. Je ne parle pas ici de la forme, quoi que l'on pourrait certainement s'y attarder. Mais j'avoue que le fond est déjà suffisamment sidérant pour ne pas parler du reste. J'en profite pour signaler que cet article est né d'une discussion avec un ami scénariste.

Voici donc Lol , film de Lisa Azuelos sorti en 2009, sous titré Laughing out loud pour bien que les spectateurs cibles sachent que le film est fait pour eux. Voici donc ce film qui fut présenté comme la nouvelle Boum puisque Sophie Marceau joue dans les deux, une fois comme enfant, et ici donc comme mère. Les deux furent un succès colossal mais Lol présente une jeunesse bien étrange...
Que dit le film? Pour ceux qui ne l'ont pas vu, accrochez-vous, pour ceux, nombreux qui l'ont vu, souvenez-vous. Petite présentation non exhaustive!

1. Le générique
Première blague de la réalisatrice qui, et j'ai dit que je ne parlerai pas du style, présente par la voix off de son héroïne qui dit s'appeler Lola mais que tout le monde appelle Lol. D'où le titre. On s'attend donc à entendre Lol à chaque scène. Et bien non. Tout le monde dans le film appelle Lola... Lola, et jamais Lol! Ainsi, d'emblée, le titre du film est éminemment "marketting" pour attirer les jeunes et leur langage texto-chat, mais aussi les parents en leur donnant la "vraie" traduction de l'acronyme "Lol".

2.Lola prend son bain
Comme chacun sait, l'hygiène est importante. Et notre société abonde en ce sens. Les parents modernes le rappellent à leurs enfants. Mais ils sont aussi les parents-copains. Donc Sophie Marceau, la maman, prend son bain avec sa fille de 8 ans (de mémoire). Etonnant mais pourquoi pas. Voici que Lola rentre dans la salle de bain (Lola, 16 ans), se déshabille et entre dans la baignoire. Ce cas de figure doit sûrement exister mais est-ce vraiment une généralité? Mais soit. Et voici que la maman regarde le pubis de sa fille et lui fait remarquer "c'est pour qui ça?". nous comprenons donc que:
- Lola s'épile radicalement
- Lola suit la mode de la libéralisation de l'image très érotique de la femme voire pornographique (elle a 15-16 ans)
- la maman sous-entend clairement que sa fille couche avec un garçon, ou une fille.
Le tout devant la petite fille de 8 ans.
Bref, on imagine ce que Bigard aurait dit à la place de la maman. Mais la situation est tout aussi vulgaire et hallucinante de pseudo langage copain copain avec juste ce qu'il faut pour faire valoir un semblant d'autorité.
Outrée, Lola quitte la baignoire! De quoi se mêle sa mère à la fin?

3. Lola vit dans le 16ème
Après une méga teuf dans l'appartement de maman, un duplex, celui-ci est dans un état "proche de l'Ohio" comme aurait dit une actrice chanteuse. Maman, divorcée (on sait le niveau de vie des divorcées) revient donc dans son duplex du 16ème et constate les dégâts. Elle n'est pas contente (on le serait à moins). Mais là où des parents auraient dit (j'espère) à leur fille de ranger, et bien là, non. Juste une rodomontade. Mais pas "tu vas nettoyer tout ça" ou "tu paieras les dégâts". Est-ce la maman qui va nettoyer? On ose imaginer que non! Alors qui? Vu le niveau de vie de la maman, on imagine la femme de ménage. Une famille normale donc.

4. Lola va en Angleterre
Le voyage scolaire en Angleterre présente des Anglais à la limite de la ruralité, des jeunes français suffisants, se moquant même d'un enfant trisomique (oui!) qu'une séquence finale de pseudo sympathie à son égard ne peut rattraper.

5. L'amour de Lola
Attention, ici est un des fils conducteurs du film. Le petit copain de Lola l'a trompée pendant les vacances. Au nom de l'honnêteté, il le lui dit. Et elle, pour montrer qu'ils sont un couple "libre", elle lui avoue avoir elle aussi été avec un garçon (mensonge de jeune fille baffouée?). Et bien ne voit-on pas que ce petit copain se met à insulter pendant tout le film Lola sans que personne, notamment ses copains, ne prenne vraiment la défense de l'héroïne alors que tout le monde sait que c'est son copain qui a commencé.
Et je vous passe les clichés sur la salope du lycée qui se fait tout ce qui bouge mais qui a bon fond...

6. Un quartier bien français
Quand on pense aux critiques qui ont plu sur Jeunet parce que le le Montmartre du fabuleux destin d'Amélie Poulain ne reflétait pas la réalité cosmopolite! Ce film, destiné à la jeunesse, ne présente aucun ado d'origine maghrébine ou noire ou asiatique.Seul un personnage s'appelle Mehdi. Mais il est loin de Jamel Debbouze que Jeunet désigna sous le prénom de Lucien, certainement pour justement montrer qu'être Français ne dépendait pas de son physique. Alors que là, le prénom Mehdi sert ouvertement de prétexte: il y a des Arabes dans le 16è, mais des Arabes qui ressemblent à des Français. Ouf!

7. Les amours de la maman de Lola
Elle tombe bien bas la maman de Lola puisque son petit ami est un policier de la brigade des stup, rencontré au lycée de Lola alors qu'il faisait de la prévention contre le cannabis et les autres drogues. Or, les amis de la maman sont des 68ards attardés qui continuent à fumer des pétards. Maman aussi, mais en cachette de sa fille (mais elle lui dit que ce n'est pas bien!).
Bref, elle hésite à faire se côtoyer amis, bourgeois de gauche, et petit ami, forcément de droite car policier. Mais elle organise un repas pour qu'ils se connaissent. Elle oublie juste de prévenir ses amis du métier de son petit ami. Et bien, ça ne manque pas. Ils sortent les pétards sous les yeux du flic. Gênée (quelle gourde), la maman annonce alors le métier de son amoureux. Les amis semblent un peu décontenancés mais le policier les rassure. Mais ce n'est pas grave, un joint de temps en temps, ça détend, et lui aussi en prend... Là, le souvenir de ses propos aux élèves revient, que le cannabis crée des lésions irréversibles... Alors on nous mentirait? Il y a le discours officiel, et puis il y a la réalité: super, on peut prendre des pétards quand on est adulte parce que nous, on sait comment les fumer!
Pour conclure sur ce point ou sur ce joint, on peut juste rajouter que pour les jeunes, ça montre aussi et surtout que la prévention, c'est de la fumisterie d'adultes!

8. Les parents castrateurs
Après Maman n'aime pas que sa fille s'épile et Maman veut pas que sa fille fume un joint mais en fume de son côté, voici Papa ne veut pas que son fils fasse de la musique. Ainsi donc, un papa présenté tout le film comme un con (il n'y a pas de mots qui décrivent mieux comment la réalisatrice le caractérise) parce qu'il ne veut pas que son fils joue de la guitare, bref soit un artiste. Il veut qu'il fasse des études. Le fils, brimé, une sorte de nouvelle Cosette dans son 350m² du 16ème souffre de l'oppression paternelle. Pensez-vous. Il veut que son fils travaille à l'école. N'importe quoi! Lui il veut faire de la guitare (au passage, qui lui paie la guitare et les cours?).
Finalement, le fils s'échappe la nuit malgré les stratagèmes pour l'en empêcher (séquence surréaliste d'un père qui met une alarme pour le prévenir des mouvements nocturnes du fiston). Le père s'en aperçoit et comprend que le bambin rebelle est allé jouer dans une salle pour un concert. Retrouvant l'adresse, il s'y rend et là, miracle du cinéma, perdu dans la foule, le fils voit son père malgré les spots. Un père radieux, qui comprend la voie suivie par son fils et qui lui sourit; mieux, il tend son pouce, victorieux.

Bref, un film génial, qui correspond à tous les ados de France qui vivent avec des parents divorcés dans des duplex, qui font de la musique, vont en Angleterre, ont des meurs libérés avec leurs parents qui ne comprennent vraiment rien. Un film attrape gogos dans lequel, dit-on, les jeunes se seraient retouvés.
Si c'était vrai, alors le film serait un bon film.
Or il ne me semble pas que la jeunesse du film soit de près ou de loin semblable à celle décrite. En revanche, et c'est ce qui est regrettable, le modèle qui est présenté semblerait être celui qui plairait. Nous aurions donc une jeunesse prête à gober une représentation assez nauséabonde du monde qui les entoure, se rebellant contre des parents (quoi de plus normal), mais des parents copains ou caricaturaux de rigidité, sans rien réclamer d'autre que des droits vulgaires, consuméristes, faussement libertaires, mais sans aucun projet autre que "soi ", un soi "égoïste" mais jamais une jeunesse qui ne pense à autre chose qu'à soi, aux autres. Bref, on aime "tout ce qui brille".
Pas étonnant que justement, ce film, Tout ce qui brille , produit par la réalisatrice de Lol , ait eu tant de succès. Il n'est que la continuité de ce qui était décrit: des jeunes de banlieue qui veulent ce que ceux du 16ème ont. J'ai bien dit "ont", du matériel, du superficiel. Surtout pas le reste.
Et si ce film, ces films faisaient le constat de cette société matérialiste avec juste une conclusion pour présenter le miroir aux alouettes de la consommation et du paraître, que les relations peuvent être plus profondes que celles entre les personnages de Lol. Mais non. Et ce qui est le plus triste, c'est que la réalisatrice semble trouver celà finalement très bien. A en croire le succès du film, des films, les spectateurs aussi.
Alors ce serait Lol qui aurait raison? Vraiment?
Lol, mort de rire ou bête à en pleurer...

Lionel Lacour

dimanche 16 janvier 2011

Séances lycéennes Rencontres Droit Justice et Cinéma 2011

Bonjour à tous,

pour les deuxièmes Rencontres Droit Justice et Cinéma du 21 au 25 mars 2011, l'Institut Lumière et le cinéma Comoedia se partageront les séances pour les classes de lycée.
Le 22 mars au matin sera projeté L'appât de Bertrand Tavernier à l'Institut Lumière. Ce film présente plusieurs intérêts. Cinématographique d'abord puisqu'il a été primé à Berlin.Comme Tavernier le souhaitait, l'histoire tirée d'un fait divers réel montre combien il est difficile de tuer, loin des représentations américaines pour lesquelles il suffit d'appuyer sur la gachette d'un fusil ou d'un revolver. Le film met aussi en avant la montée de la violence adolescente avec de jeunes acteurs irréprochables dont Marie Gillain, exceptionnelle.
C'est donc cet aspect qui intéresse les Rencontres Droit Justice et Cinéma: une suite de délits et de crimes commis par une bande de jeunes qui n'ont pas conscience de la nature et de la gravité de leurs actes.

Le mercredi 23 mars sera projeté au Comoedia L'ivresse du pouvoir. Ce film de Claude Chabrol nous plonge dans l'instruction d'une affaire qui n'est pas sans rappeler une affaire réelle. Se voulant film de fiction malgré quelques ressemblances en tous genres avec l'affaire Elf, le film vaut surtout pour son point de vue sur la justice et justement, sur "l'ivresse du pouvoir" du juge d'instruction, malgré des conditions de travail difficiles.

Le jeudi 24 mars sera projeté Du silence et des ombres dont j'avais proposé un article dans ce blog en décembre. Deux projections seront consacrées à ce film par l'Institut Lumière.

Enfin, le vendredi 25 mars sera projeté le matin au Comoedia le film de Philippe Lioret Welcome. Outre les qualités scénaristiques indéniables, Lioret aborde dans ce film un sujet d'actualité qui fait régulièrement débat et qui met le spectateur en situation de citoyen mais sans les dérives habituelles pour ce genre de film communément appelés "engagés"

Cette programmation sera accompagnée pour les classes par un dispositif pédagogique allant de la fiche d'accompagnement à des visites dans les classes.

N'hésitez pas à me contacter pour de plus amples renseignements ou pour inscrire vos classes si vous êtes enseignants.

Quant aux autres, je rappelle que ces Rencontres Droit Justice et Cinéma seront placées cette année sous le haut patronnage de Robert Badinter. Le programme définitif sera bientôt connu.

A bientôt
Lionel Lacour