Bonjour à tous
Après Eddie Merckx, ce sera donc au tour d'une autre légende du sport d'ouvrir le festival Cinéma, Sport et Littérature organisé par l'Institut Lumière du 8 au 11 janvier 2015. Avec Jean-Claude Killy, c'est aussi un régional qui honorera les spectateurs de sa présence à l'occasion de la projection du film 13 jours en France réalisé par Claude Lelouch et François Reichenbach en 1968 à l'occasion des Jeux Olympiques d'Hiver organisés à Grenoble. Et c'est peu dire que l'invité de cette soirée sera présent sur le film puisqu'il remporta les 3 titres du ski alpin décernés à cette occasion (l'épreuve du "Super Géant" entre Géant et Descente n'existant pas encore!).
Ainsi, après l'ouverture à 20h le jeudi 8 janvier dans la salle du Hangar, le documentaire reviendra sur cette quinzaine olympique qui marqua à tout jamais le personnage de Jean-Claude Killy pour en faire ce sportif unique puisque son exploit est à ce jour inégalé. Mais les autres disciplines seront également montrées, d'autres champions filmés, avec les exploits et les drames inhérents à toute compétition sportive, et ce pendant 1h52.
Le mérite de ce festival, outre la projection de films de fiction (Les chariots de feu notamment en copie restaurée) ou de documentaires (Foot et immigration, 100 ans d'histoire commune réalisé par Eric Cantona entre autres), est de montrer combien le langage cinématographique permet de suivre des compétitions autrement que ce que peuvent le faire les télévisions. Celles-ci ont vu leurs moyens augmenter au point que la caméra semble épouser le moindre geste, la moindre émotion des sportifs, des spectateurs ou des équipes entourant les champions. Mais les commentaires en direct, ou en différé, viennent rappeler au téléspectateur qu'il s'agit d'une actualité sportive, certes marquée par les pics de tensions, l'angoisse du résultat, de la faute ou de l'accident, mais dont la couverture médiatique est essentiellement caractérisée par une grammaire événementielle et instantanée.
Les films de cinéma ont une autre vertu. Ils n'ont pas l'objectif de l'exhaustivité en couvrant chaque athlète. Pas l'obligation de s'appesantir sur chacun d'eux de manière égale. Le cinéaste est d'abord un artiste dont le montage a posteriori se combine aux choix faits au moment du tournage. Il peut filmer une ambiance, une atmosphère, décider de choisir un athlète qui ne gagnera pas, proposer de montrer la victoire d'un champion par le regard de celui qui sera battu. La télévision est soumise à la dramaturgie imposée par la course, par le match. En ce sens, les sportifs imposent un tempo, un suspens qui échappe au réalisateur. Seuls peuvent éventuellement modifier ceci le talent des commentateurs. Et certains seraient capables de créer une émotion pour des compétitions sans importance. Mais cela n'est qu'un pis-aller.
En revanche, le cinéma reconstruit la dramaturgie, la déplace parfois là ou l'information ne la voit pas. Parce que le temps du cinéma n'est pas celui de l'immédiateté. N'est pas celui imposé par la compétition. De même, la qualité de captation du cinéma n'est pas celle de la télévision. Celle-ci impose une image lisse, laissant tout net, y compris les logos des sponsors sans qui les compétitions modernes n'existeraient pas. Le cinéaste peut au contraire décider de ne pas accorder à la netteté l'attention que la télévision exige. Il peut exclure de son cadre tout ce que les émissions en direct captent sans pouvoir l'effacer. Il peut raconter une autre histoire que celle imposée par le déroulé des Jeux, revenir en arrière, utiliser des flash backs ou des flash forwards dans son montage.
En (re)découvrant 13 jours en France, les spectateurs comprendront certainement l'intérêt du cinéma comme témoin des grandes compétitions sportives, apportant non pas la vérité mais une autre émotion que celle proposée par le direct télévisuel. Avoir en plus un des protagonistes de ce documentaire cinématographique, et quel protagoniste, sera à n'en pas douter un autre moment intense permettant de raconter plus de 46 ans après comment il a vécu le fait de se voir (et peut-être de se revoir) comme héros d'un film de cinéma après avoir été héros d'un sport français alors triomphant.
Pour toute information concernant ce festival, rendez-vous sur www.institut-lumiere.org
À bientôt
Lionel Lacour
Après Eddie Merckx, ce sera donc au tour d'une autre légende du sport d'ouvrir le festival Cinéma, Sport et Littérature organisé par l'Institut Lumière du 8 au 11 janvier 2015. Avec Jean-Claude Killy, c'est aussi un régional qui honorera les spectateurs de sa présence à l'occasion de la projection du film 13 jours en France réalisé par Claude Lelouch et François Reichenbach en 1968 à l'occasion des Jeux Olympiques d'Hiver organisés à Grenoble. Et c'est peu dire que l'invité de cette soirée sera présent sur le film puisqu'il remporta les 3 titres du ski alpin décernés à cette occasion (l'épreuve du "Super Géant" entre Géant et Descente n'existant pas encore!).
Ainsi, après l'ouverture à 20h le jeudi 8 janvier dans la salle du Hangar, le documentaire reviendra sur cette quinzaine olympique qui marqua à tout jamais le personnage de Jean-Claude Killy pour en faire ce sportif unique puisque son exploit est à ce jour inégalé. Mais les autres disciplines seront également montrées, d'autres champions filmés, avec les exploits et les drames inhérents à toute compétition sportive, et ce pendant 1h52.
Le mérite de ce festival, outre la projection de films de fiction (Les chariots de feu notamment en copie restaurée) ou de documentaires (Foot et immigration, 100 ans d'histoire commune réalisé par Eric Cantona entre autres), est de montrer combien le langage cinématographique permet de suivre des compétitions autrement que ce que peuvent le faire les télévisions. Celles-ci ont vu leurs moyens augmenter au point que la caméra semble épouser le moindre geste, la moindre émotion des sportifs, des spectateurs ou des équipes entourant les champions. Mais les commentaires en direct, ou en différé, viennent rappeler au téléspectateur qu'il s'agit d'une actualité sportive, certes marquée par les pics de tensions, l'angoisse du résultat, de la faute ou de l'accident, mais dont la couverture médiatique est essentiellement caractérisée par une grammaire événementielle et instantanée.
Les films de cinéma ont une autre vertu. Ils n'ont pas l'objectif de l'exhaustivité en couvrant chaque athlète. Pas l'obligation de s'appesantir sur chacun d'eux de manière égale. Le cinéaste est d'abord un artiste dont le montage a posteriori se combine aux choix faits au moment du tournage. Il peut filmer une ambiance, une atmosphère, décider de choisir un athlète qui ne gagnera pas, proposer de montrer la victoire d'un champion par le regard de celui qui sera battu. La télévision est soumise à la dramaturgie imposée par la course, par le match. En ce sens, les sportifs imposent un tempo, un suspens qui échappe au réalisateur. Seuls peuvent éventuellement modifier ceci le talent des commentateurs. Et certains seraient capables de créer une émotion pour des compétitions sans importance. Mais cela n'est qu'un pis-aller.
En revanche, le cinéma reconstruit la dramaturgie, la déplace parfois là ou l'information ne la voit pas. Parce que le temps du cinéma n'est pas celui de l'immédiateté. N'est pas celui imposé par la compétition. De même, la qualité de captation du cinéma n'est pas celle de la télévision. Celle-ci impose une image lisse, laissant tout net, y compris les logos des sponsors sans qui les compétitions modernes n'existeraient pas. Le cinéaste peut au contraire décider de ne pas accorder à la netteté l'attention que la télévision exige. Il peut exclure de son cadre tout ce que les émissions en direct captent sans pouvoir l'effacer. Il peut raconter une autre histoire que celle imposée par le déroulé des Jeux, revenir en arrière, utiliser des flash backs ou des flash forwards dans son montage.
En (re)découvrant 13 jours en France, les spectateurs comprendront certainement l'intérêt du cinéma comme témoin des grandes compétitions sportives, apportant non pas la vérité mais une autre émotion que celle proposée par le direct télévisuel. Avoir en plus un des protagonistes de ce documentaire cinématographique, et quel protagoniste, sera à n'en pas douter un autre moment intense permettant de raconter plus de 46 ans après comment il a vécu le fait de se voir (et peut-être de se revoir) comme héros d'un film de cinéma après avoir été héros d'un sport français alors triomphant.
Pour toute information concernant ce festival, rendez-vous sur www.institut-lumiere.org
À bientôt
Lionel Lacour
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