jeudi 6 septembre 2012

E.T. au Festival Lumière 2012

Bonjour à tous,

Vous le savez, le 4ème festival Lumière se tiendra du 15 au 21 octobre 2012 à Lyon. Comme chaque année, le mercredi après-midi, 17 octobre, est tout spécialement réservé pour les enfants!
Cette année, le mythique E.T de Steven Spielberg sera présenté en copie restaurée dans d'exceptionnelles conditions à la halle Tony Garnier. Les places sont déjà en vente à l'Institut Lumière - 04 78 78 18 95 - pour les enfants, et pour les plus grands!




Au-delà du spectacle grandiose qu'offre ce chef-d'oeuvre de Spielberg, ce sera aussi l'occasion pour les parents et grands-parents de le revoir en salle et surtout de voir les modifications apportées à la version originale.

En effet, certains éléments ont été modifiés à l'histoire originale. Ainsi, ceux qui surveillent la maison où s'est réfugié E.T. étaient armés avec des armés à feu alors qu'ils sont désormais munis de talkie-walkies. N'allez pas y voir une simple volonté de rendre moins violente l'histoire pour les enfants qui sont depuis bien longtemps (hélas?) habitués à voir des armes à feu et surtout à leur utilisation à l'écran quand ce n'est pas ailleurs, surtout aux USA.
Pour ceux qui se souviennent de la première version du début des années 1980, il existait un sentiment d'oppression assez fort dans le film, sentiment renforcé par les armes des ces personnages étranges qui cernaient le quartier. Leur côté agressif et dangereux ne faisait aucun doute pour les spectateurs. Et nous savions évidemment que E.T. était leur cible. Or la version actuelle n'enlève pas l'interrogation sur l'identité de ces personnages. Mais leur présence demeure étrange mais pas vindicative car il n'y a plus les armes.
La version originale se passait dans un contexte international très marqué par la guerre froide et une nouvelle montée de tension  entre les deux super-puissances qu'étaient les USA et l'URSS. E.T. représentait en quelque sorte un ennemi de l'extérieur doté d'une technologie puissante pouvant constituer une menace pour les USA. La parabole était peut-être comprise par les adultes, sûrement pas par les enfants. Mais elle reprenait un discours idéologique fort de l'ère Reagan, ressemblant en quelques points au maccarthysme des années 1950. Et Spielberg, dans cette fable, apporte justement le contre-point à cette politique anti-communiste. En montrant "l'étranger" extra-terrestre doté d'une haute technologie comme ne représentant pas une menace voire se montrant pacifiste et "humain", le réalisateur propose une autre vision de "l'autre" depuis si longtemps désigné comme l'adversaire à combattre. Ce message humaniste était d'autant plus efficace que l'environnement médiatique distillait cette peur de l'autre bloc.
Or aujourd'hui, cette menace n'existe plus. En tout cas, plus de cette manière. Et le propos pouvait devenir incongru pour ce film qui se veut un conte initiatique pour enfant. Or le principe des contes est souvent d'être universel, dans l'espace et dans le temps. En modifiant la nature de ceux qui menaçaient E.T. et ses jeunes hôtes par la substitution des armes par des objets inoffensifs, Spielberg a su adapter son film pour que la toile de fond de la version originale disparaisse. Mieux, il arrive presque à apporter une approche écologiste et bienveillante vis-à-vis des "immigrés"!

En revanche, ce qui ne change pas, c'est bien les éléments constitutifs de la société américaine telle qu'elle a évolué depuis l'après-guerre. Avec une péri-urbanisation forte, la ville américaine se constitue autant à l'extérieur que dans les CBD. Le modèle de la banlieue américaine est souvent présenté dans le film avec ces pavillons et jardins ouverts. Ceux de Desperate housewives ne sont pas si différents!
L'éclatement familial est aussi une réalité sociale et sociologique des USA avec des familles dont les parents sont séparés. Les films américains ne cessent de le montrer, même si de nombreuses séries cherchent à vanter les mérites des familles unies, mais le plus souvent au travers de familles recomposées.
Enfin, parce que cet article n'a pas la prétention aujourd'hui n'analyser en détail le film, la séquence sur Halloween, fête à laquelle participe E.T., montre combien cette société individualiste américaine est paradoxale car elle est capable de réunir des communautés locales à des moments festifs rassemblant toutes les composantes de cette communauté, comme un signe fort d'appartenance à la même nation américaine. C'est vrai pour Halloween mais aussi pour des nombreuses célébrations comme les remises de diplômes et autres défilés municipaux, fêtes et rassemblements vécus comme tellement ringards par les Français qui se prétendent pourtant défenseurs d'une culture commune forte.
C'est bien le sentiment d'appartenance à une communauté nationale qui dépasse les sous-communautés qui constitue une des forces des USA et c'est en partie montré dans ce film. Et ceci perdure encore, et peut-être davantage maintenant aux USA.

Voilà, rendez-vous donc au Festival Lumière pour redécouvrir E.T. l'extraterrestre.

A bientôt

Lionel Lacour

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