Bonjour à tous,
Les festivals culturels, et particulièrement ceux de cinéma, sont aujourd'hui soutenus essentiellement par des subventions publiques, puis par des partenariats privés et enfin par les ressources propres comme la billetterie ou
la vente de produits associés.
Aujourd'hui, les subventions publiques se contractent et ne se destinent plus qu'aux événements les plus importants. Et pourtant, eux aussi souffrent de ces restrictions budgétaires.
La solution pour ces festivals serait de compenser, voire de substituer les subventions par des partenariats avec des entreprises privées. Mais qu'ont celles-ci à y gagner?

La communication, la quadrature du cercle en période de crise 

Depuis des années, les budgets d'entreprise qui ont été diminués, voire sacrifiés, ont été ceux dédiés à la communication, interne comme externe. Pourtant, chacun sait que sans communication, c'est une baisse du nombre de prospects, donc de clients, donc de chiffre d'affaire... ce qui entraîne une diminution du budget... de la communication. Curieusement, c'est quand les affaires reprennent que les budgets de communication s'étoffent à nouveau, alors même que c'est à cette période précise que les efforts sont peut-être le moins à faire dans ce domaine. 
En réalité, et chaque entrepreneur ou dirigeant des services commerciaux sait que la communication d'entreprise n'est pas seulement destinée à avoir une portée immédiate. Elle a vocation à inscrire un produit, une marque dans une identité reconnue de tous. Bien sûr par les clients qui doivent savoir identifier à quoi correspond une entreprise ou à quelle entreprise correspond une marque. Mais cela vaut aussi pour les collaborateurs, existants ou à venir de l'entreprise. Travailler chez Apple n'est pas la même chose que chez Windows. L'aventure Disney n'est pas celle de Besson.
Ainsi, même en période de crise, la communication qui perpétue l'image de l'entreprise doit être conservée et anticipée.

Communication d'entreprise et festival de cinéma

Pourquoi ne pas alors investir dans un festival de cinéma pour justement fixer son image auprès du public et des collaborateurs? Pour prendre l'exemple du festival Lumière, pourquoi la BNP Paribas et Chopard sont aujourd'hui des partenaires majeurs de ce festival? Qu'ont-ils à y gagner?
BNP Paribas s'est fait une réputation d'être une banque tournée vers le cinéma. Cette réputation s'est inscrite par des collaborations multiples à des événements du 7ème art. Mais si elle a choisi de soutenir le festival Lumière, on peut évidemment imaginer qu'il y a une voire plusieurs cibles. La cible du public d'abord. Le festival touche des centaines de milliers de personnes, que ce soit les spectateurs mais aussi tous ceux qui sont au contact de la communication du festival lui-même. Un événement populaire, relayé médiatiquement jusqu'aux USA, c'est autant de campagnes publicitaires gagnées, autant d'exposition du logo et de l'image de l'entreprise de gagnées pour un coût pouvant apparaître élevé si on ne prend que le partenariat, mais finalement rentable compte tenu de cette exposition. Quant à l'image de la banque pour ses ressources humaines, c'est également tout bénéfice. Le partenariat implique des contre-parties qui permettent aux collaborateurs de participer au festival, d'assister à des séances de cinéma, voire d'être des privilégiés aux événements prestiges qui y sont organisés. Et pour le recrutement, certains étudiants peuvent être sensibilisés à choisir cette banque justement pour l'image qu'elle véhicule, celle du soutien à un festival populaire et pourtant marqué par la qualité et aussi le glamour.
C'est pour cet aspect que la marque Chopard est devenu aussi partenaire du festival. En accueillant des artistes dont des stars internationales, le festival offre une vitrine exceptionnelle à cette marque de luxe dont le marché est extrêmement concurrentiel. L'image de Chopard à destination de ces hôtes de prestige, clients potentiels, est donc ici fondamentale, bien plus que celle à l'endroit du public du festival parmi lequel il y aura peu de clients potentiels.

Choisir son festival

L'exemple du festival Lumière est un parmi bien d'autres. Celui-ci est subventionné par les collectivités locales mais la part des soutiens privés ne cesse d'augmenter. Mais il s'agit d'un événement à l'échelle d'une agglomération, impliquant des dizaines de salles de cinéma. Bien d'autres festivals existent à dimensions plus modestes.
Investir dans un festival existant
L'entreprise peut choisir un festival existant pour son thème: festival du cinéma européen, festival des films policiers... L'avantage est de pouvoir s'appuyer sur un événement qui est déjà implanté, avec une structure organisationnelle qui peut bénéficier déjà de subventions publiques. L'investissement de l'entreprise peut être un soutien fondamental, soutenant une cause en relation avec l'objet de cette entreprise et créant de la cohérence. L'entreprise peut aussi apporter ses compétences, des intervenants pour le déroulement du festival ce qui crée une valeur ajoutée pour ce dernier et une image supplémentaire pour le partenaire.
Créer son propre festival
Plus étonnant pourrait être de créer son propre festival ou d'investir dans un festival 100% privé, sans subventions publiques. L'intérêt y est multiple. D'abord le choix du thème du festival qui peut correspondre davantage à l'identité de l'entreprise. Ensuite, le fait de participer à un événement culturel sans soutien publique permet de communiquer encore plus sur le soutien apporté par l'entreprise dans une dimension responsable et citoyenne, ce que les Romains appelaient "évergésie". L'avantage est double. L'entreprise est à la fois mécène aux yeux du public et de ses ressources humaines (pas pour le fisc!), mais peut aussi faire de la promotion de ses produits, des ses ressources humaines, pendant le festival et/ou dans la couverture médiatique. 
Le festival peut être ancré localement ou au contraire chercher à avoir un rayonnement qui dépasse le simple lieu des projections. Par exemple, un festival de cinéma sur l'économie peut permettre à la fois de créer un événement culturel destiné au grand public, mais aussi susciter des rencontres avec des spécialistes venus d'ailleurs, permettant un relais médiatique dépassant l'aspect local. L'entreprise devient un centre du jeu, impliquant pourquoi pas d'autres partenaires dans son sillage, et développant une image mêlant un esprit populaire (au bon sens du terme), professionnel et positivant son image. 
Et si en plus on peut rajouter du glamour par la présence d'artistes, alors le pari sera gagné!
Lionel Lacour - Créateur des festivals "Rencontres Droit Justice et Cinéma" à Lyon et de "Sweet Girls & Bad Boys" à Bourgoin Jallieu.