mardi 5 octobre 2021

Lumière 2021 - "Sous le soleil de Pialat", pour (re)découvrir le cinéaste français

 Bonjour à tous

Le photographe William Karel a donc été de presque tous les films du cinéaste Maurice Pialat. Il a réussit à faire de cette proximité physique, artistique et affective un point de vue très pointu et nuancé sur le réalisateur de Sous le soleil de Satan.

Biographie presque classique puisque son documentaire suit scrupuleusement la chronologie du parcours artistique de Pialat, de ses désirs de devenir peintre jusqu'à ses presque derniers instants, elle est également une analyse moins des films que de leurs conditions de création.

Il en ressort alors un portrait d'un homme tourmenté à la fois par sa propre vie, Pialat introduisant de sa propre vie dans chacun de ses films, à quelques rares exceptions près, mais également par sa volonté de se détacher de la reproduction factice d'un réel par un jeu de comédien trop bien huilé. Serge Toubiana, l'ancien directeur de la Cinémathèque le résume d'une formule à la fois convenue mais particulièrement vraie pour Pialat qui ne voulait pas voir les acteurs "jouer" mais "être" le personnage qu'ils interprétaient.

De fait, le documentaire montre beaucoup cette sorte de schizophrénie de Pialat, devant à la fois composer avec les contraintes techniques et économiques de la production d'un film et son désir de saisir l'instant le plus "vrai" du jeu des comédiens, leur demandant un naturel jusqu'à les pousser cruellement au-delà de leurs limites. De ce point de vue, William Karel n'épargne pas le cinéaste dont on sent pourtant toute l'admiration qu'il éprouve à son endroit. Les témoignages de Nathalie Baye ou de Sophie Marceau sont saisissants sur ce que recherchait Pialat. D'ailleurs, même avec Depardieu, les débuts furent difficiles. Et Sandrine Bonnaire de confirmer toute l'ambiguïté des relations de travail avec celui qui fut son mentor.

Le documentaire de William Karel donne ainsi à voir un homme tourmenté durant ses périodes créatives, recherchant un absolu comme le personnage de Depardieu dans Sous le soleil de Satan, aspirant à la fois à la popularité tout en n'hésitant pas à cliver, comme lorsqu'il reçut la Palme d'or en 1987. Au public dont une partie le sifflait, Pialat lançait calmement "Si vous ne m'aimez pas, sachez que je ne vous aime pas non plus". Cette sincérité d'écorché vif ne peut au contraire qu'attendrir et le faire aimer, même après sa mort en 2003. Mais ça, il le savait déjà.


JEUDI 14 OCTOBRE 2021 - 17H45 - Institut Lumière Salle 2

Sous le soleil de Pialat (52 min, 2021) de et en présence de William Karel, accompagné par Sylvie Pialat

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samedi 2 octobre 2021

Lumière 2021 - Un documentaire sur le producteur anglais Jeremy Thomas

Bonjour à tous

En 2016, Jeremy Thomas était déjà venu au Festival Lumière pour donner une Master Class. Cinq ans plus tard, c'est un documentaire lui étant consacré qui sera projeté dans la même salle.

Pendant 1h30, le documentariste cinéphile et cinéphage qu'est Mark Cousins, le réalisateur en 2011 de The Story of film: an Odyssey  (série documentaire de 15 épisodes retraçant plus de 100 ans d'histoire du cinéma), nous propose un autre voyage, celui qui mène de Londres à Cannes, pour ce producteur aux films multi-récompensés.

Les spectateurs pourront alors découvrir celui qui produisit récemment le Pinocchio de Matteo Garrone, accompagna à cinq reprises Bernardo Bertolucci dont le multi-oscarisé Le dernier empereur, travailla avec le fantasque Terry Gilliam, fit sensation à Cannes avec le Furyo de Nagisa Oshima ou avec Crash de David Cronenberg.

Cet entretien au long cours permet ainsi d'aborder les réflexions de Jeremy Thomas sur son travail, sur le cinéma, sur son rapport au sur le cinéma contemporain tout comme à l'histoire du cinéma. En ce sens, l'étape à Lyon que montre le documentaire est majeure car la ville est à la fois le berceau du cinéma et épicentre du Festival Lumière. Cela revêt ainsi un caractère particulier puisque le lien est fait entre le festival de Cannes qui a sélectionné si souvent des films produits par Jeremy Thomas et le festival Lumière, plus grand événement mondial consacré aux films de patrimoine parmi lesquels se trouvent désormais ces mêmes films naguère projetés au Palais des Festivals vers la Croisette.

Si A Story of films accumulait des centaines d'extraits de oeuvres cinématographiques les plus importantes depuis Sortie d'usine de Louis Lumière, créant un effet quasi orgiaque d'images montées les unes aux autres, ce dernier documentaire de Mark Cousins permet au contraire de donner aux amateurs du 7e art de comprendre que le cinéma est certes un travail de cinéastes et d'artistes, mais que derrière ces réalisateurs, parfois de génie, se cachent des producteurs capables de leur permettre d'exprimer tout leur talent. 


VENDREDI 15 OCTOBRE - 16h30 Institut Lumière Salle 2

The Storms of Jeremy Thomas de Mark Cousins (2021 - 1h34) 

En présence de Mark Cousins et Jeremy Thomas 

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jeudi 30 septembre 2021

Lumière 2021 - "L’Animation française, cet autre cinéma" de Mickaël Royer

 

Bonjour à tous,

L’animation est une invention française qui précède le cinématographe Lumière. C’est sur ce fait historique que le documentaire de Mickaël Royer commence. Suit une histoire de l’animation  en France jusqu’à aujourd’hui faisant d’elle le 3e producteur mondial de ce genre cinématographique. 

Pourtant, comme le rappelle le documentariste, l’animation, bien qu’imaginée d’abord dans l’hexagone, va être cannibalisée par les USA, et essentiellement par un génie tant du cinéma que du commerce, Walt Disney.

Mickaël Royer décrit alors comment le cinéma d’animation français va se construire lentement, autour de quelques personnes seulement, dont Paul Grimault fut l’une des figures majeures de ce cinéma dans l’immédiate après-guerre.

Face cachée, voire méprisée du cinéma, l’animation à la française a dû affronter un milieu qui ne jurait que par les films en prisés réelles. Mais il s’est aussi retrouvé dans des débats internes sur la cible des films (pour enfants ou pour adultes), ou sur les techniques de création, notamment avec l’arrivée de l’image numérique.

Extrêmement bien fourni en archives et en interviews d’auteurs, producteurs ou spécialistes de films français d’animation, le documentaire de Mickaël Royer satisfera sans aucun doute ceux qui ignorent tout de l’histoire de ce cinéma tout en faisant un état des lieux lucides et plein d’espoirs pour ceux travaillant déjà ou aspirant à entrer dans l’aventure du cinéma d’animation. En ce sens, le documentaire montre que la France à tous les atouts grâce à des écoles de talents permettant régulièrement aux films français d’être nommé aux Oscars.

LUNDI 11 OCTOBRE 18H – INSTITUT LUMIERE SALLE 2

DOCUMENTAIRE L’Animation française, cet autre cinéma (2021, 1h) de et en présence de Mickaël Royer (1h)

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samedi 25 septembre 2021

Lumière 2021 - "Jacques Tati, tombé de la lune", un documentaire pour l'Oncle du cinéma français

Bonjour à tous,

Beaucoup de documentaires ont été consacrés au génie français. Il est vrai qu'en très peu de films, il a su imposer un personnage, des situations qui connus parfois par les générations nées après sa mort.

Le documentaire de Jean-Baptiste Péretié va pourtant plus loin que l'analyse des films ou du personnage. Grâce à la collaboration des héritiers de Jacques Tati, le documentariste a réussi à proposer une lecture à la fois chronologique de la carrière du cinéaste mais également une analyse de ses ambitions artistiques. Ainsi, le spectateur suit les débuts de Tati comme comédien jusqu'à la fin de sa carrière de réalisateur, tout en comprenant comment il a de manière obsessionnelle travaillé sur l'observation de la société et ses mutations. 

Cette collaboration avec "Les films de mon Oncle" permet à Jean-Baptiste Péretié des ressources qui raviront les fans du cinéaste, retrouvant des extraits riches et souvent magiques de ces films qui ont tous laissé des souvenirs passés pour certains dans une mémoire collective. Mais plus émouvant, c'est bien les images d'archives, les interviews de Tati aux différentes périodes de sa carrière qui font la richesse du documentaire. De ses prix remportés à Cannes ou à Hollywood à sa folie créatrice pour la réalisation de Playtime, chaque image périphérique aux films eux-mêmes donne une épaisseur au réalisateur de Mon oncle, faisant de lui un véritable démiurge perdu dans un monde qui n'était déjà plus tout-à-fait le sien.

Enfin, que ce soit ceux qui connaissent son oeuvre ou ceux plus jeunes qui la découvriraient, le documentaire montre combien la vision du futur proposée par Tati était à la fois mélancolique, poétique mais également très critique sur une évolution reléguant les relations humaines au second plan, ne passant plus que par des outils de communication moderne. Les extraits choisis par Jean-Baptiste Pérétié créent d'ailleurs un certain trouble car certains datent de plus de 60 ans et ce qui y est décrit ressemble parfois à l'environnement urbain ou technologique de ce début de XXIe siècle. 

Le documentaire de Jean-Baptiste Péretié est donc moins un bain de jouvence que le constat qu'un artiste, mime, clown et cinéaste, pouvait sentir le sens du progrès et les transformations qu'il allait apportées, pour le meilleur ou le pire.


MERCREDI 13 OCTOBRE - 16h45 - Institut Lumière Salle 2

Jacques Tati, tombé de la lune de et en présence de Jean-Baptiste Péretié (1h, VFSTA) 

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