lundi 1 septembre 2014

"Save film": pour sauver les films en 35 mm

Bonjour à tous,

l'an dernier, lors du Festival Lumière qui honorait Quentin Tarantino, une cérémonie venait célébrer le format "pellicule" en enterrant une boîte contenant un film dans le format initial du cinéma, et ce avec un projecteur 35 mm.
Loin de vouloir mettre fin à ce format, l'idée était bien de permettre symboliquement qu'une trace de la pellicule puisse subsister, en se projetant dans le futur, imaginant que des archéologues des prochains siècles découvrent ce trésor et rappellent aux gens que le cinéma fut d'abord numérique.

Une organisation se bat aujourd'hui pour que le format pellicule soit préservé et lance une pétition en ce sens. De nombreux artistes, de nombreuses institutions sont aujourd'hui signataires de cette pétition que vous pouvez rejoindre sur ce site:
savefilm.org

Si vous hésitez, voici quelques arguments:
Certains envisagent la disparition totale du celluloïd pour n'avoir recours qu'à l'image numérique. Si ce support offre bien des avantages, à la fois techniques, qualitatifs mais aussi de facilité d'exploitation pour les salles, il faut reconnaître aussi que le charme peut-être suranné de la pellicule n'est pas le seul intérêt de ce format.

Oui le bruit des bobines passant dans le projecteur peut troubler les plus jeunes quand il manque aux cinéphiles ayant séjourné tant de temps dans les petites salles. Oui la qualité des films se réduit à chaque projection, les films risquant les poussières, griffures, cassures et autres détériorations inhérentes à un fonctionnement mécanique, mais qui constituent pour les amoureux du cinéma la preuve que le film vit, circule. Mais ceux qui soutiennent la pellicule ne sont pas non plus des simples nostalgiques qui n'apprécieraient un film projeté que s'il était couvert de scotch. Indéniablement, ils savent apprécier la restauration, souvent onéreuse, des copies et voit dans le numérique cette possibilité de rendre à certaines œuvres une qualité originelle perdue: lumière, couleurs, contraste mais aussi son.

Ce qu'offre le film pellicule aux spectateurs est déjà l'idée du cinéma: ce sont des photographies qui projetées par la lumière au rythme de 24 images par secondes créent l'illusion du mouvement. Avec le numérique, cette idée de la photographie disparaît. Avec la pellicule, c'est donc le lien direct entre la modernité (n'importe quel film, y compris avec effets spéciaux numériques peut être tiré sur pellicule) et les origines du cinéma.
L'autre qualité de la pellicule est, aujourd'hui du moins, son caractère universel. Quand un projecteur numérique nécessite un air frais en cabine, il empêche les pays du Sud au développement tout relatif d'accéder aux films récents qui n'existeraient que sous format DCP, c'est-à-dire numérique. Cet art populaire serait alors impossible à voir dans ces pays.
Le format pellicule offre encore un lien entre le projectionniste et le film. Il doit être présent en cabine, il connaît les films qu'il présente aux spectateurs. Il n'est pas seulement un "envoyeur de film", il est un technicien qui réfléchit au format de projection, veille à ce que le cinémascope soit bien respecté, que le point soit fait, que le son soit assez fort. Il est un passeur d'image à sa manière et presque autant que le programmateur. Avec le numérique, on peut envoyer 10 films en même temps, parfois le même dans plusieurs salles, sans se soucier du point et du son puisque tout est réglé.
Le format pellicule peut s'altérer, mais il peut être restauré malgré la dégradation. On peut reconstituer un film à partir de plusieurs copies altérées. Cet avantage est énorme face à une copie numérique qui est aujourd'hui irrécupérable une fois altérée ou corrompue.
Le format pellicule, quoiqu'en disent certains, offre un grain et une épaisseur à l'image que le numérique ne permet pas encore. Ceci vaut bien sûr pour les films classiques, ceux tournés avec des caméras traditionnelles. Et si pour le Noir et Blanc, cela est moins vrai, les films couleur restaurés souffrent plu souvent de ces défauts.
Enfin, et c'est peut-être l'essentiel, le support du film a été imposé au réalisateur pendant longtemps puisque le numérique n'est arrivé que récemment dans l'industrie cinématographique. Il n'empêche que l'œuvre a été pensée en fonction de la nature du support. Si le numérique est une solution pratique et qualitative pour pouvoir diffuser le film, il ne peut se substituer définitivement au support initial. Est-ce qu'un restaurateur d'un tableau de Van Gogh s'amuserait à changer la toile parce qu'il y en a désormais de meilleure qualité? Qui oserait changer les panneaux de bois de La Joconde sous prétexte qu'ils ne sont pas les meilleurs supports pour cette œuvre? Copier, oui, restaurer, oui, s'approcher le plus possible de la qualité originelle, cent fois oui, mais pas en éliminant le support initial.

Les critiques à ce dernier argument sont connues. Le film n'est pas un tableau. Ce dernier est unique quand le film est répliqué. Ne dit-on pas une copie? Vrai à ceci près. Si l'œuvre cinématographique se diffuse auprès des spectateurs par des copies, celles-ci sont identiques à la matrice. L'œuvre s'est faite sur une pellicule et sera projetée sur pellicule. Elle est pensée ainsi. Ce qui fait qu'améliorer les films par les apports numériques posent de vrais soucis esthétiques. Ainsi, le Blu Ray de La planète des singes de 1968 voyait l'effet spécial final dans lequel la statue de la Liberté était ensablée se transformer en un vulgaire collage sur pellicule. Cette restauration non réfléchie est certes corrigeable et ne vient pas rejeter le numérique. Mais elle montre combien les réalisateurs et leurs techniciens travaillaient en fonction du support dont ils disposaient pour que les effets spéciaux soient les plus crédibles.

Vous voulez voir qui souhaite sauver le format 35mm, pas contre le numérique mais pour le respect du cinéma ? Consultez le site www.savefilm.org

À très bientôt
Lionel Lacour

dimanche 31 août 2014

"Les combattants": les angoisses de la jeunesse à l'écran

 Bonjour à tous,

Très remarqué lors du Festival de Cannes à la Quinzaine des réalisateurs en 2014, le film Les combattants de Thomas Cailley a été extrêmement bien accueilli par la critique et les festivaliers. Sa sortie au mois d'Août était attendue mais pouvait ne pas rencontrer le succès public. Il n'en est rien et il fait partie des bonnes surprises, même si annoncée, du cinéma français cet été quand tant de blockbusters américains ont pu décevoir.




mercredi 27 août 2014

Faye Dunaway au Festival Lumière !





Bonjour à tous,

Et non, ce ne sera pas Brigitte Bardot qui sera honorée à la soirée d'ouverture du Festival Lumière le lundi 13 octobre 2014 à la Halle Tony Garnier mais la grande actrice américaine Faye Dunaway, qui fut Bonnie avant Brigitte. En revanche, il y aura bien la projection du film Bonnie and Clyde d'Arthur Penn devant encore à n'en pas douter, un parterre spectaculaire de ce que le cinéma peut offrir de réalisateurs et réalisatrices, d'acteurs et d'actrices et de tous ceux et celles qui animent le cinéma.

Bande Annonce:

Ceux qui avaient acheté leur place dès juin après la révélation du préprogramme ont eu raison. En effet, les années précédentes, la soirée d'ouverture réservait toujours un film surprise et forcément un chef-d'œuvre. Mais l'édition 2013 semble avoir véritablement marqué un tournant pour ce festival exceptionnel. En effet, l'ouverture avait célébré le grand Jean-Paul Belmondo pour une projection du Singe en hiver. Cette soirée mémorable avait ému les presque 5000 spectateurs, notamment lorsque Quentin Tarantino rendit un hommage vibrant à l'idole française.


Ainsi, alors que les années précédentes les places pour cette soirée finissaient de se vendre courant août, elles furent toutes vendues avant même que le mois de juillet ne commence, comme si les spectateurs du Festival avait compris que désormais, cette soirée spéciale ne serait plus seulement une soirée d'ouverture. La nouvelle officielle de ce jour leur a donné manifestement raison.

Avec Faye Dunaway, c'est le Nouvel Hollywood et ses nouveaux mythes qui s'invitent au Festival Lumière. Arthur Penn, Warren Beatty et donc Faye Dunaway, actrice d'une grande sophistication, à la beauté moderne, loin de celle des actrices du cinéma classique.
Avec Faye Dunaway, c'est aussi toute une filmographie qui revient en mémoire. Bien sûr L'affaire Thomas Crown avec le grand Steve McQueen, mais encore Chinatown, Network ou encore Les trois jours du condor et plus tard Barfly et Arizona dream, encore du cinéma nouveau!

Plus rare aujourd'hui dans les productions hollywoodiennes, Faye Dunaway reste pour tous les cinéphiles une véritable icône ayant évidemment et plus que jamais sa place dans un festival comme celui de Lyon, célébrant le cinéma classique et ceux qui ont participé à faire du 7ème art un art majeur.

Et comme pour faire un lien avec la soirée d'ouverture 2013, la projection de Bonnie and Clyde est une formidable transition avec Jean-Paul Belmondo puisqu'Arthur Penn rendait ouvertement hommage à celui qui allait incarner la Nouvelle Vague aux USA dans À bout de souffle de Jean-Luc Godard.

Vivement le 13 octobre!

À très bientôt
Lionel Lacour


Du cinéma italien pour la rentrée 2014 de l'Institut Lumière

Bonjour,

Si vous êtes de Lyon, ou pas loin, ou que vous aimez le cinéma dans toute sa diversité, l'institut Lumière n'est pas seulement l'organisateur du Festival Lumière. Toute l'année, c'est une programmation exigeante, avec des thématiques, des focus, des conférences et des rencontres avec des cinéastes, des journalistes ou des spécialistes de cinéma.

Ainsi, à l'occasion de la rentrée de septembre 2014, c'est le cinéma italien qui est mis à l'honneur, celui des années 1970, avec des films qui ont marqué certainement la période la plus intéressante pour ce pays avec des réalisateurs à la fois drôles et féroces, et en tout cas extrêmement critiques sur la société italienne, sa corruption, son conservatisme religieux, sa mafia et tous ses autres maux. Cinéma engagé de cinéastes majeurs de la cinématographie mondiale, ce cinéma italien des années 1970 constituait en quelque sorte l'apogée du 7ème art de la péninsule qui allait être suivi d'un long retrait de la production italienne, du moins dans son influence sur les autres productions et assurément dans sa qualité. C'est parce que, tel le phénix renaissant de ses cendres, le cinéma italien retrouve aujourd'hui petit-à-petit de la vigueur et sa force contestatrice d'antan que la redécouverte de ce cinéma des années glorieuses est aussi réjouissante, avec un message, hélas, toujours autant d'actualité!

Et cela commence fort dès vendredi 29 août avec la soirée d'ouverture de la programmation présentée par Fabrice Calzettoni, responsable du service pédagogique de l'Institut Lumière et suivie de la projection de Nous nous sommes tant aimés d'Ettore Scola.

Cette soirée permettra de découvrir quelques extraits des films programmés avant le festival. Les italiens bien sûr (Mes chers amis, Affreux sales et méchants ou encore Au nom du peuple italien et bien d'autres encore), mais aussi quelques grands chefs-d'œuvre du cinéma avec La chienne de Renoir, Le jour se lève de Carné, L'homme qui tua Liberty Valance de Ford et La mort aux trousses d'Hitchock.

C'est également un focus sur Jane Campion, dernière présidente du Jury du Festival de Cannes et à ce jour, unique réalisatrice honorée par la Palme d'Or, qui sera offert aux spectateurs, avec ni plus ni moins que 5 films en deux jours, du 19 au 20 septembre, tous présentés par le critique de cinéma de Positif Michel Ciment. Cette rétro se conclura bien évidemment par la palme d'or La leçon de piano.

Et comme une mise en bouche avant le Festival qui honorera Pedro Almodovar, deux de ses films seront projetés les jeudi 18 et 25 septembre, Attache moi le 18, présenté par Thierry Frémaux, directeur du Festival Lumière, et La mauvaise éducation le 25. Cette séance sera précédée d'une ciné-conférence animée par Fabrice Calzettoni.

Pour en savoir davantage sur la programmation en plus de ce qui est annoncé ici, rendez-vous sur www.institut-lumiere.org, comme par exemple la projection de Lucie Aubrac de Claude Berri, tourné à Lyon et projeté à l'occasion des 70 ans de la libération de la ville, ou encore l'invitation faite à Dominique BESNEHARD, personnalité incontournable du cinéma français.


Informations et réservations des places sur www.institut-lumiere.org
ou par téléphone au 04 78 78 18 95.

À très bientôt
Lionel Lacour