mercredi 7 novembre 2012

Chaplin et Cassavetes pour finir l'année à l'Institut Lumière

  Bonjour à tous,

le temps des rétrospectives reprend à l'Institut Lumière. Et les Lyonnais comme les visiteurs pourront revoir dans des copies restaurées les chefs d'oeuvres de deux grands cinéastes, de deux genres bien différents, du 10 novembre 2012 au 6 janvier 2013.

Le premier est venu à Hollywood et a fait étinceler le genre du burlesque pour lui donner davantage que le seul plaisir de rire. Chaplin, dont un récent article de ce blog était consacré à son célèbre Les temps modernes, a élevé son art pour lui permettre de dire ce que peu de cinéastes ont su dire avant lui... et même après. Sa critique du capitalisme forcené aux détriments des plus faibles n'a que peu d'égal, surtout si on prend en compte la popularité de ses films. Pour s'en convaincre, deux projections exceptionnelles en ciné concert des Lumières de la ville auront lieu le samedi 8 décembre à 15h et le dimanche 9 décembre à 16h à l'Auditorium Maurice Ravel.




Pour la seconde rétrospective, les amateurs de l'underground new-yorkais pourront se régaler en se rendant à la salle du Hangar pour voir les oeuvres de celui qui a peut-être inventé ce qui allait devenir le nouvel Hollywood, avec en 1959 Shadows, projeté bien évidemment au cours de cette rétrospective.
Ainsi, le cinéma de Cassavetes reste soit à découvrir, soit à revoir, encore et encore, pour comprendre comment cet acteur a su filmer l'intime, le quotidien des vies banales tout en les rendant mémorables. L'occasion aussi de voir une famille de cinéma travailler ensemble, de Gena Rowlands à Peter Falk en passant par Ben Gazzara.
C'est donc une série de 5 films restaurés qui sera présentée lors de cette rétrospective avec notamment une soirée immanquable le mardi 27 novembre avec une conférence sur le cinéma de John Cassavetes donnée par Thierry Jousse à 19h30 en entrée libre sur inscription, suivie de la projection de Meurtre d'un bookmaker chinois de 1976.






Pour l'ensemble de la programmation, je vous invite à visiter le site de l'Institut Lumière:
www.institut-lumiere.org

Sinon, vous pouvez déjà consulter ces documents ci-dessous!

A très bientôt
Lionel Lacour







vendredi 26 octobre 2012

Après le festival Lumière 2012, le festival Lumière 2012

Le voleur de bicyclette



Bonjour à tous,

L'Institut Lumière joue les prolongations et propose aux Lyonnais et non Lyonnais de voir ou revoir, du 26 octobre au 8 novembre, les plus belles restaurations du festival Lumière.

Le prix Lumière Ken Loach, Max Ophuls ou Vittorio De Sica seront encore à l'honneur avec les projections de Kes, Le Plaisir, Le Voleur de bicyclette et d'autres classiques du cinéma projetés durant le festival.






Kes, un chef-d'oeuvre de Ken Loach



Une occasion pour tous ceux qui n'auront pas pu venir aux séances de profiter encore un peu de ce festival en attendant celui de 2013.


Vous trouverez le programme de toutes ces projections ci-dessous.

A très bientôt

Lionel Lacour



Les temps modernes de Chaplin ou les craintes de la modernité?

Bonjour à tous,

après quelques semaines consacrées au festival Lumière, je reviens pour un court article sur le film de Charlie Chaplin Les temps modernes. réalisé en 1936, tout a été à peu près dit sur ce film, notamment sur sa vision du monde ouvrier américain, sa représentation du combat des salariés contre le patronat ou encore sa manière de décrire le monde de l'entreprise soumis à la taylorisation du travail poussée à l'extrême dans des séquences mémorables allant de la chaîne sur laquelle les ouvriers travaillent sans que personne ne comprenne vraiment ce qui est produit, à la "mangeoire" automatique censée faire gagner du temps à l'ouvrier, donc au patron en quête de productivité optimale.

Ce qui est néanmoins troublant, c'est que ce film date d'une époque où plus personne ne fait du cinéma muet. Or Chaplin semble s'évertuer dans cette voie, comme s'il refusait de passer à la modernité technologique du cinéma. A bien y regarder, le film est tout sauf muet!

La musique est tout d'abord un élément important qui accompagne l'action de manière à ce que le spectateur identifie dans quelle situation se trouvent les héros du film en fonction du thème musical utilisé. Plus encore que la musique, c'est l'utilisation de sons synchronisés correspondant à des bruits logiques que les objets, machines et autres instruments montrés dans les différentes séquences, font ou sont censés faire. Ainsi un bruit de souffle puissant accompagne l'image quand la machine est en surchauffe; des petits sons aigus sont utilisés chaque fois que le personnage interprété par Chaplin appuie sur une burette d'huile; des interférences sonores correspondent à la
recherchent d'images par le patron surveillant le travail de ses ouvriers; la sirène de la police...
Cet usage du son, au-delà de la simple illustration de ce qui se passe à l'image, est déjà en soi la preuve que Chaplin avait intégré dans son art cette innovation de près de 10 ans, introduit en 1927 avec Le chanteur de Jazz sorti. Mais ce que les spectateurs attendaient, c'était bien sûr l'usage du "parlant". Or, en 1931, alors que l'ensemble de la production américaine avait abandonné le muet, Chaplin réalisait Les lumières de la ville, un mélodrame jonché de moments très drôles certes, mais toujours en muet. Allait-il garder cette manière de procéder au risque de se couper des spectateurs désormais habitués à entendre parler, crier ou gémir leurs héros?
En intitulant son film Les temps modernes, il y avait, au-delà du carton introductif moquant de fait la "croisade vers le bonheur des sociétés industrielles", une promesse d'un passage à la modernité du cinéma lui-même. Or tout ressemble d'emblée au cinéma d'antan de Chaplin, avec une musique très expressive, un montage comparant les ouvriers à des moutons, un jeu d'acteur très dynamique semblable à ceux des films muets classiques. Pourtant, le patron va prendre la parole en s'adressant à un de ses ouvriers, lui demandant d'accélérer la cadence de la chaîne n°5. Chaplin serait donc entré dans l'ère du parlant? Le film se déroulant, le doute reste néanmoins permis car chaque situation nouvelle est introduite par des cartons explicatifs, présentant soit les personnages, soit les lieux, soit le moment où l'action se déroule. Certains dialogues sont également écrits et non prononcés. Pourquoi alors avoir fait parler le patron? Et il n'est pas le seul que nous avons entendu durant le film puisque l'inventeur de la mangeoire a présenté sa machine au patron de l'usine et un journaliste s'exprime à la radio. Même Charlot (dans le générique original, il n'est désigné que comme un simple ouvrier de l'usine) y va de sa chanson dans une séquence mémorable.



De fait, les personnes que nous entendons parler ne parlent pas directement entre elles. Toutes parlent au travers d'une machine. Le patron s'adresse à ses ouvriers via une machine, sorte de proto-webcam; l'inventeur ne s'exprime pas lui-même mais passe un disque pré-enregistré expliquant l'ingéniosité de sa "mangeoire"; le journaliste ne s'exprime que par l'intermédiaire de la radio.




Il ne reste alors que Charlot dont nous entendons la voix. Mais si nous l'entendons, nous ne la comprenons pas car au moment de chanter, il a oublié les paroles. Sa fiancée lui dit alors d'inventer et de chanter quoi qu'il en soit. D'où ces paroles incompréhensibles qu'il interprète en mimant ce qu'il est censé chanter. A notre grand étonnement de spectateur, nous comprenons vaguement ce qu'il chante mais surtout, nous entendons les rires des spectateurs, seul autre son direct entendu dans le film, réaction à ce que chante Charlot, comme s'ils comprenaient pleinement ce qu'il interprétait.
Ainsi, dans son film, Chaplin montre que ces objets d'enregistrement sonore sont autant d'inventions merveilleuses mais qui servent in fine à accentuer encore un peu plus la domination des puissants sur les plus faibles, à manipuler l'auditoire car l'enregistrement sonore ne permet pas, de fait, l'échange avec l'autre. Au contraire, et Chaplin en fait la démonstration, la communication directe comme lors de sa chanson, permet de réagir, de s'adapter à ceux qui écoutent. Cette communication plus humaine n'a pas forcément besoin de la perfection puisqu'il arrive à se faire comprendre malgré des paroles... approximatives.

Ce refus du parlant dans ce film n'est donc qu'un leurre. Chaplin a voulu insister sur l'illusion du parlant et des enregistrements sonores comme clé de la compréhension de tout. En finissant par ses deux héros en fuite mais en quête de bonheur, Chaplin renforce l'idée que le système dit libéral ne permet pas aux plus faibles de la société de s'en sortir mais il reste confiant cependant dans l'idée que la persévérance paiera. Pas un film misérabiliste donc, mais un film lucide sur la manipulation que le parlant introduit au cinéma, lui qui était un maître de la manipulation de l'image! Cette manipulation du son, il allait en faire la démonstration à son film suivant puisque Le dictateur présentait un certain Hynkel qui, à sa première apparition à l'écran prononçait un discours dans une langue imaginaire, traduit de manière adoucie et en contradiction avec ce que l'image du dictateur trahissait. Avec Le dictateur, Chaplin démontrait qu'il était bien un maître de tous les cinéma, muet ou parlant. 


À bientôt
Lionel Lacour

vendredi 12 octobre 2012

La maison de fous au festival Lumière

Bonjour à tous,

une fois n'est pas coutume, je propose aux spectateurs lyonnais ou qui seront sur Lyon pendant le festival Lumière des places pour la projection du film La maison de fous d'Andrei Konchalovsky.

Cette projection aura lieu à 19h30 au Comoedia le mardi 16 octobre 2012 en présence du réalisateur.
Une occasion unique d'échanger avec lui sur son choix de tourner à nouveau en Russie après une carrière cinématographique passée par les USA.

Si vous souhaitez assister à cette projection, contactez moi directement par email. 2 invitations seront disponibles par mail envoyé (attention, nombre de places très limité!).

Les places seront à retirer à l'accueil de la villa Lumière le mardi 16 octobre jusqu'à 18h30.

A bientôt

Lionel Lacour