jeudi 30 septembre 2021

Lumière 2021 - "L’Animation française, cet autre cinéma" de Mickaël Royer

 

Bonjour à tous,

L’animation est une invention française qui précède le cinématographe Lumière. C’est sur ce fait historique que le documentaire de Mickaël Royer commence. Suit une histoire de l’animation  en France jusqu’à aujourd’hui faisant d’elle le 3e producteur mondial de ce genre cinématographique. 

Pourtant, comme le rappelle le documentariste, l’animation, bien qu’imaginée d’abord dans l’hexagone, va être cannibalisée par les USA, et essentiellement par un génie tant du cinéma que du commerce, Walt Disney.

Mickaël Royer décrit alors comment le cinéma d’animation français va se construire lentement, autour de quelques personnes seulement, dont Paul Grimault fut l’une des figures majeures de ce cinéma dans l’immédiate après-guerre.

Face cachée, voire méprisée du cinéma, l’animation à la française a dû affronter un milieu qui ne jurait que par les films en prisés réelles. Mais il s’est aussi retrouvé dans des débats internes sur la cible des films (pour enfants ou pour adultes), ou sur les techniques de création, notamment avec l’arrivée de l’image numérique.

Extrêmement bien fourni en archives et en interviews d’auteurs, producteurs ou spécialistes de films français d’animation, le documentaire de Mickaël Royer satisfera sans aucun doute ceux qui ignorent tout de l’histoire de ce cinéma tout en faisant un état des lieux lucides et plein d’espoirs pour ceux travaillant déjà ou aspirant à entrer dans l’aventure du cinéma d’animation. En ce sens, le documentaire montre que la France à tous les atouts grâce à des écoles de talents permettant régulièrement aux films français d’être nommé aux Oscars.

LUNDI 11 OCTOBRE 18H – INSTITUT LUMIERE SALLE 2

DOCUMENTAIRE L’Animation française, cet autre cinéma (2021, 1h) de et en présence de Mickaël Royer (1h)

Réservation

samedi 25 septembre 2021

Lumière 2021 - "Jacques Tati, tombé de la lune", un documentaire pour l'Oncle du cinéma français

Bonjour à tous,

Beaucoup de documentaires ont été consacrés au génie français. Il est vrai qu'en très peu de films, il a su imposer un personnage, des situations qui connus parfois par les générations nées après sa mort.

Le documentaire de Jean-Baptiste Péretié va pourtant plus loin que l'analyse des films ou du personnage. Grâce à la collaboration des héritiers de Jacques Tati, le documentariste a réussi à proposer une lecture à la fois chronologique de la carrière du cinéaste mais également une analyse de ses ambitions artistiques. Ainsi, le spectateur suit les débuts de Tati comme comédien jusqu'à la fin de sa carrière de réalisateur, tout en comprenant comment il a de manière obsessionnelle travaillé sur l'observation de la société et ses mutations. 

Cette collaboration avec "Les films de mon Oncle" permet à Jean-Baptiste Péretié des ressources qui raviront les fans du cinéaste, retrouvant des extraits riches et souvent magiques de ces films qui ont tous laissé des souvenirs passés pour certains dans une mémoire collective. Mais plus émouvant, c'est bien les images d'archives, les interviews de Tati aux différentes périodes de sa carrière qui font la richesse du documentaire. De ses prix remportés à Cannes ou à Hollywood à sa folie créatrice pour la réalisation de Playtime, chaque image périphérique aux films eux-mêmes donne une épaisseur au réalisateur de Mon oncle, faisant de lui un véritable démiurge perdu dans un monde qui n'était déjà plus tout-à-fait le sien.

Enfin, que ce soit ceux qui connaissent son oeuvre ou ceux plus jeunes qui la découvriraient, le documentaire montre combien la vision du futur proposée par Tati était à la fois mélancolique, poétique mais également très critique sur une évolution reléguant les relations humaines au second plan, ne passant plus que par des outils de communication moderne. Les extraits choisis par Jean-Baptiste Pérétié créent d'ailleurs un certain trouble car certains datent de plus de 60 ans et ce qui y est décrit ressemble parfois à l'environnement urbain ou technologique de ce début de XXIe siècle. 

Le documentaire de Jean-Baptiste Péretié est donc moins un bain de jouvence que le constat qu'un artiste, mime, clown et cinéaste, pouvait sentir le sens du progrès et les transformations qu'il allait apportées, pour le meilleur ou le pire.


MERCREDI 13 OCTOBRE - 16h45 - Institut Lumière Salle 2

Jacques Tati, tombé de la lune de et en présence de Jean-Baptiste Péretié (1h, VFSTA) 

Réservation


vendredi 24 septembre 2021

Lumière 2021 - Ida Lupino à l'honneur !


Bonjour à tous

Les hasards de la production ont amené cette année à la réalisation de deux documentaires sur l'actrice-réalisatrice-productrice Ida Lupino, projetés en avant-première au Festival Lumière.

Certains pourraient se dire que voir l'un des deux suffira. En réalité, les deux sont absolument complémentaires. 

Celui réalisé par Géraldine Boudot insiste sur la carrière de l'actrice avant qu'elle ne devienne réalisatrice quand celui de Clara et Julia Kuperberg mettent en avant surtout sa spécificité d'être une des rares femmes à Hollywood à produire des films. Ainsi, même si les deux documentaires mêlent parfois des archives ou des extraits communs, l'angle abordé est très différent.

Le traitement l'est également avec là encore un point commun. Les deux font parler Ida Lupino. Mais si Géraldine Boudot choisit d'incarner l'actrice américaine dans une décor de cinéma - celui de la Ciné-Fabrique à Lyon et de la faisant raconter sa vie avec la voix rauque et grave d'Anna Mouglalis, Clara et Julia Kuperberg la font également parler mais cette fois-ci sur des archives et à partir des textes de l'autobiographie de l'actrice.

Deux traitements différents, deux approches différentes et également des expertises différentes. En effet, Géraldine Boudot a recours à des spécialistes français du cinéma américain parmi lesquels un ami du festival, Antoine Sire, auteur en 2016 du livre référence Hollywood, la cité des femmes. Au contraire, Clara et Julia Kuperberg, à l'instar de leurs documentaires précédents, proposent encore deux experts américains d'Ida Lupino.

Les deux documentaires donnent ainsi un regard croisé sur cette actrice, qui ne s'est jamais revendiquée comme cinéaste féministe mais qui fut si inspirante pour nombre de femmes artistes du cinéma. Ils montrent à la fois son importance dans la production filmique en osant aborder des sujets sensibles comme l'avortement ou le viol, insistant sur ses qualités de jeu tout comme celles esthétiques dans la réalisation. Ils confirment surtout que son talent ne consistait pas d'être une femme parmi tous ces réalisateurs mais bien une précurseur d'un cinéma plus social qui allait être repris bien des années plus tard, aux USA comme ailleurs.


Salle 2 - Institut Lumière

DIMANCHE 10 OCTOBRE 2021 - 14H30 

Ida Lupino, la fiancée rebelle d'Hollywood de et en présence de Géraldine Boudot

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SAMEDI 16 OCTOBRE 2021 - 18H 

Gentleman et Miss Lupino de et en présence de Clara et Julia Kuperberg

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mercredi 22 septembre 2021

Lumière 2021 - Un documentaire sur le film mythique "¡ Que Viva Mexico !"

 

Bonjour à tous.

Tous les cinéphiles aimant le cinéma d'Eisenstein savent qu'il est allé au Mexique pour y tourner un film connu sous le nom de  ¡ Que Viva Mexico ! Mais qui en sait plus? Qui en a vu seulement des images? Peut-être certains pensent que ce film n'est pas ressorti en salle depuis qu'il a été montré la première fois ou qu'ils sont passés à côté?

Claudia Collao revient donc au Festival Lumière pour présenter un deuxième volet consacré aux films "maudits". Et après son excellent documentaire consacré aux Rapaces d'Erich Von Stroheim, c'est donc à ce film d'Eisenstein qu'elle a décidé de se consacrer.

Ceux qui auront vu le premier voler y reconnaitront la structure. Un rappel de qui est Sergei Eisenstein avant son départ pour les Amériques, puis la partie production du film et enfin la postérité de l'oeuvre, forcément maudite. Mais il ne faut pas y voir une facilité dans l'écriture. Au contraire, en adoptant un découpage similaire, Claudia Collao permet à ses spectateurs de bien identifier cette série. D'autant qu'elle n'adopte pas le même procédé opposant deux figures s'affrontant, Von Stroheim faisant face à son producteur. Non, dans  Europa maudits : ¡ Que Viva Mexico ! Claudia Collao nous plonge dans la puissance créatrice du plus grand maître du cinéma soviétique, mais aussi dans ses envies de libertés artistiques comme personnelles.

Des spécialistes brillants accompagnent et étayent la réflexion de la réalisatrice et nous permettent d'appréhender tout autant le génie du cinéaste, le contexte historique dans lequel il a dû travailler, tant dans l'Union soviétique de Staline qu'avec Hollywood, les conditions économiques de production d'un film qui différaient selon que le film était fait dans une logique de propagande d'Etat ou financé par des fonds privés. 

Mais derrière ce film maudit dont Claudia Collao nous retrace l'histoire, c'est bien en réalité un portrait de Sergei Eisenstein qui surgit de ce documentaire. Celui d'un homme qui a été sans cesse tiraillé par son désir de travailler dans un idéal communiste tout en étant contrôler par un pouvoir se méfiant des libertés que s'accordait le cinéaste. 

Un documentaire particulièrement brillant donc qui donne à la fois envie de voir les images de ce film inachevé mais également de voir ou revoir ses autres films sous un angle nouveau. Celui d'un cinéaste tout autant admiré que censuré, en URSS comme dans le monde entier.

VENDREDI 15 OCTOBRE - 9h30 DOCUMENTAIRE 

Europa maudits : ¡ Que Viva Mexico ! (2021, 52 min) de et en présence de Claudia Collao 

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