mardi 7 octobre 2014

Festival Lumière 2014 - Stéphane Lerouge: pour l'amour des musiques de film

Bonjour à tous

"Chabadabada Chabadabada".... quelques onomatopées qui évoquent une musique, et pas n'importe laquelle, une musique d'un film. C'est ce que Stéphane Lerouge défend corps et âme. Car pour lui, le cinéma est à jamais lié à la musique qui accompagne le film. Que serait Il était une fois dans l'ouest sans les partitions d'Ennio Morricone? Les westerns ayant la musique de Dimitri Tiomkin seraient bien différents. Et la panthère rose manquerait certainement d'identité si Henry Mancini n'avait pas composé ce morceau pour un saxophone reconnaissable entre tous.

Invité au Festival Lumière 2014 pour une master class sur l'édition musicale de films, Stéphane Lerouge vient apporter son talent et son expérience d'éditeur pour les heureux spectateurs. En effet, depuis 2000, il dirige la collection "Écoutez le cinéma" chez Universal Music France. Universal ayant acheté divers autres éditeurs ayant dans leur catalogue diverses bandes originales de films, Stéphane Lerouge a pu déjà s'appuyer sur un patrimoine qu'il ne restait plus qu'à valoriser. En attendant de pouvoir élargir la collection avec des œuvres qui ne manquent pas mais dont les sources sont parfois difficiles à obtenir, notamment parce que les masters originaux ont été perdus, détruits ou difficilement exploitables (voir à ce sujet l'article Les trésors de Stéphane Lerouge du site Underscore, le magazine de la musique de films.

La collection que dirige Stéphane Lerouge se concentre sur le cinéma français qui ne manque pas de compositeurs de talent comme Maurice Jarre, le maître, François de Roubaix qui apporta en son temps une grande modernité aux films français, ou Francis Lai tellement associé au réalisateur d' Un homme et une femme et d'autres encore.

Pour Stéphane Lerouge, la musique crée des images au-delà du film. Dans une interview donnée à Libération le 2 avril 2013, il témoignait des images qu'il avait fantasmées sur la bande son de Maurice Jarre pour le film de Georges Franju Les yeux sans visage, totalement différentes de celles du film! Cette expérience constitue alors pour lui une évidence. Plus récemment, le 3 octobre 2014, il affirmait dans la version numérique du Figaro que le cinéma de Truffaut s'écoute, peut-être autant qu'il se regarde. Et après le coffret Jacques Demy-Michel Legrand sorti en 2013, la collection dirigée par Stéphane Lerouge a sorti en septembre dernier un coffret intitulé "Le monde musical de Truffaut" à l'occasion de la rétrospective Truffaut à la Cinémathèque française.


La Master Class que donnera donc Stéphane Lerouge mercredi 15 octobre à 10h30 à l'Institut Lumière - Salle 2 - Villa sera donc une occasion exceptionnelle de pouvoir comprendre à la fois son travail d'éditeur, son rapport avec les producteurs, autant de musiques que des films, sa perception des relations entre cinéastes et la musique qui habille leurs films et enfin sa crainte de voir les compositions originales de musiques de films disparaître au profit de compilations de musiques préexistantes.

MERCREDI 15 OCTOBRE - 10H30 - INSTITUT LUMIÈRE SALLE 2 - VILLA
Réservation des places par téléphone: 04 78 78 18 95
ou sur le site www.festival-lumiere.org

À bientôt
Lionel Lacour

Festival Lumière 2014 - Il était une fois... Jean-François Giré

Bonjour à tous

le festival Lumière 2014 consacre une partie de sa programmation au thème "1964, un certain Bob Robertson". Sous ce titre étrange se cache en réalité la naissance du western... européen, et plus particulièrement italien. À cette occasion, il apparaissait alors comme une évidence que Jean-François Giré marque de sa présence certaines séances consacrées à cette thématique (voir liste ci dessous).

En effet, Jean-François Giré est l'auteur du livre Il était une fois... le western européen en 2 tomes dont le premier fut publié en 2008 et édité par Bazaar & Co, livres qui seront disponibles à la librairie du Village du Festival.
Encyclopédiste de ce genre souvent minimisé pour ne pas dire raillé, Jean-François Giré offre à la fois l'érudition des cinéphiles et une proximité avec tous ceux qui parfois sont méprisés par justement ceux qui relèguent le western non américain à la catégorie du sous-genre. 

Giré ne surévalue pas la qualité de tous les films produits sur le vieux continent. Mais il vient en donner des clés de compréhension. Notamment le pourquoi du développement de ce genre hors des frontières américaines, ou les inspirations, les motivations. Il est notamment intéressant de voir que le cinéma espagnol a lui aussi produit des westerns, et pas qu'un peu, mais qu'il n'a jamais eu le rayonnement de celui italien ou même allemand. Quant aux westerns français, s'il a existé, il ne fut jamais équivalent à son homologue transalpin. Et Robert Hossein est un des artistes français ayant été le plus impliqué dans cette production exotique (il figura même dans Il était une fois dans l'ouest du grand Sergio Leone, sans être cependant crédité!).




En 2014, Jean-François Giré décide alors de porter à l'écran dans un documentaire de 52 minutes une synthèse de ses analyses de ce genre cinématographique. Co-écrit avec Jean-Jacques Bernard, rédacteur en chef de Ciné+ Classic, et fidèle du festival Lumière pour lequel il anime Radio Lumière, Jean-François Giré centre sa réflexion justement sur des personnages mythiques de cette production italienne, personnages qui parfois donnent leur nom à des films a posteriori, fort du succès qu'ils ont pu emporter. C'est notamment le cas pour les films avec Terence Hill, interprète de la série des Trinita. Le nom du personnage devenait une véritable licence si bien que certains westerns italiens antérieur à On l'appelle Trinita furent re-titrés. Ce fut ainsi le cas pour Trinita voit rouge, réalisé en 1970, où Trinita s'appelait Marco. Le "vrai" Trinita ne sortit qu'après La collera del vento, titre original, mais de nombreux pays sautèrent à pied joint sur le succès du film burlesque pour attirer des spectateurs pour un film pourtant radicalement différent. Il en fut de même pour d'autres films avec Terence Hill, jamais sorti en France ou ailleurs avant 1970 et qui connurent une carrière grâce au succès démesuré de Trinita.

C'est donc de tout cela et bien davantage que Jean-François Giré parlera dans sa master class, dans son documentaire Django, Trinita et les autres et dans les présentations d'autres westerns italiens qu'il fera toute la semaine du festival Lumière 2014. 

SÉANCES AVEC JEAN-FRANÇOIS GIRÉ
Mardi 14 octobre:  21h - Institut Lumière Salle 2 - Villa  - Django, Trinita et les autres réalisé par Jean-François Giré
Mardi 14 octobre: 21h45 - Pathé 2  - El Chuncho de Damiano Damiani, 1966, présenté avec Emiliano Morreale, historien du cinéma italien)
Mercredi 15 octobre: 20h - Pathé Vaise - Django de Sergio Corbucci, 1966
Jeudi 16 octobre:   17h15 - Pathé Cordeliers - Colorado de Sergio Sollima, 1966
Jeudi 16 octobre: 20h00 - UGC Confluence - On l'appelle Trinita de Enzo Barboni, 1970
Vendredi 17 octobre: 10h30 - Pathé Cordeliers - Et pour quelques dollars de plus de Sergio Leone, 1965
Vendredi 17 octobre: 16h30 - Master Class Jean-François Giré - Institut Lumière Salle 2 -Villa

Pour réserver ses places:
ou par téléphone: 04 78 78 18 95

À bientôt
Lionel Lacour






vendredi 3 octobre 2014

Festival Lumière 2014 - "L'indésirable" d'un certain Mihály Kertész

Bonjour à tous,

le festival Lumière permet de montrer tous les cinémas, y compris le cinéma muet. En choisissant de projeter L'indésirable (traduit parfois également par L'expulsion - A tolonc étant le titre original) réalisé en 1914, les organisateurs réalisent une sorte de billard à trois coups.

Tout d'abord, cela permet de comprendre que le cinématographe s'est propagé dans le monde entier, y compris dans des territoires européens reculés comme la Hongrie de l'empire des Habsbourg.
Ensuite, cela montre que la production cinématographique a généré rapidement des talents européens et pas seulement français.
Cela montre encore que le cinéma sous sa forme artistique, avec une grammaire spécifique, et contrairement à ce que certains disent parfois, n'est pas né avec Griffith, De Mille ou avec les réalisateurs soviétiques. À la veille de la Première guerre mondiale, c'est bien dans le pays Magyar que fut réalisé L'indésirable.
Enfin, cela permet de réaliser aussi que bien des talents hollywoodiens sont nés et surtout avaient déjà tourné dans un autre pays que les États-Unis. Comme bien d'autres réalisateurs européens, Mihály Kertész fut attiré par les grands studios américains autant qu'il dut d'abord quitter sa terre natale pour l'Autriche puis l'Allemagne après des mouvements antisémites et anti-communistes qui sévissaient en Hongrie. Il allait devenir Michael Curtiz, le réalisateur des mythiques Les aventures de Robin des Bois, Casablanca, L'Égyptien ou Les comancheros.
Pour en savoir plus sur les origines de Michael Curtiz, vous pouvez consulter la page du Festival Lumière qui lui est consacrée: Festival Lumière - Michael Curtiz période hongroise


Mais en 1914, il n'est encore que Mihály Kertész, juif hongrois, un des fondateurs du cinéma de son pays.  Pour son 10ème film - un des nombreux qu'il a réalisés en 1914! - le jeune Mihály plonge les spectateurs dans un drame rural qui permet de bien comprendre que les spectateurs hongrois étaient avant tout issu de la paysannerie et que le monde urbain était encore bien réduit, ou bien était constitué d'habitants ayant quitté leur campagne pour trouver du travail en ville.
Le talent de Curtiz est déjà présent à l'écran. Tout d'abord, sa formation de comédien de théâtre lui permet de mettre en scène ses acteurs en valorisant leur travail. C'est ensuite dans sa capacité à mettre en avant les détails du quotidien, le travail des plus modestes que le cinéma de Mihály Kertész se distingue. Sa lecture sociale des relations entre les différents individus qui peuplent ses films, y compris dans les nombreux films d'aventure réalisés notamment avec Errol Flynn et Olivia de Havilland, est déjà dans L'indésirable.
C'est enfin une occasion rare que de voir ce que les spectateurs hongrois acceptaient de voir au cinéma dans un film dans lequel ils pouvaient projeter leur société sur grand écran.

Cette rareté du cinéma hongrois est donc une pépite présentée au Festival Lumière qui permet de mieux comprendre comment des réalisateurs des origines du cinéma ont pu faire leur gamme en tournant beaucoup, en osant faire ce qui n'avait jamais été fait avant eux, en apportant leur culture souvent littéraire ou théâtrale dans cet art nouveau dont il fallait inventer puis développer le langage. Mais surtout, ce film, réalisé par celui qui devint plus tard un maître d'Hollywood et du studio de la Warner avec qui il travailla tant, constitue un témoignage fantastique d'une œuvre qui allait ensuite s'étaler jusqu'à la mort du réalisateur en 1962 et sur 172 films dont quelques chef-d'œuvres du 7ème art.

VENDREDI 17 OCTOBRE 11h30 - 6 € / 5 € accrédités
L'indésirable, Mihály Kertész, 1914, 1h08
Réservations par téléphone au 04 78 78 18 95
ou sur www.festival-lumiere.org

À très bientôt
Lionel Lacour







mercredi 1 octobre 2014

Festival Lumière 2014: "Aux cœurs des ténèbres" d' "Apocalypse now"

Bonjour à tous

Le Festival Lumière proposera une projection de la version "redux" d'Apocalypse now, c'est-à-dire la version remontée en 2001 par Francis Ford Coppola intégrant des séquences absentes de la version présentée à Cannes en 1979 et de celle exploitée commercialement la même année. Mais quelque soient les versions, le tournage du film fut une épreuve pour le réalisateur comme pour l'ensemble de l'équipe de tournage, ce que Patrick Brion évoquait dans Les secrets d'Hollywood (voir à ce sujet  Les secrets d'Hollywood: une passion des majors de l'âge d'or du cinéma).

Pendant 1h30, le spectateur plonge dans cet univers de la production d'un film mythique, adapté de l'œuvre de Joseph Conrad, palmé à Cannes et qui faillit ne jamais aboutir tant les conditions de productions furent difficiles.
Le documentaire Aux cœurs des ténèbres - l'apocalypse d'un metteur en scène revient donc sur l'histoire du tournage de ce film mythique. Le titre du documentaire mêle le titre du livre dont s'inspire le film et le titre du film. Réalisé à la demande de son mari par Eleanor Coppola avec une caméra 16mm, cette histoire du film est une vraie expérience cinématographique et une source de révélations assez rarement programmé, y compris sur les chaînes satellites spécialisées. Les fans du films le connaissent en bonus sur les éditions collector DVD ou Blu Ray. Il sera proposé à la Villa Lumière le samedi 18 octobre à 15h. Réalisé en 1991, le documentaire revient bien évidemment sur les conditions dantesques de tournage du fait de tourments climatiques puisque les Philippines où étaient tournées les séquences de jungle fut balayé par un typhon dévastateur, mais aussi sur les difficultés liées au casting. Ainsi, après avoir essuyé des refus nombreux de stars, dont Steve McQueen pour le personnage du Capitaine Willard pour finalement engager Martin Sheen dans ce premier rôle, celui-ci fut victime d'un infarctus, retardant considérablement la production du film, Coppola devant se contenter de réaliser des plans d'ensemble et de paysages. Quant à Marlon Brando, il le retrouvait après l'expérience du Parrain certes couronnée de succès mais qui se termina de manière houleuse. Dans le rôle du Colonel Kurtz, Marlon Brando, minéral, composait un personnage plus "Actor Studio" que jamais le faisant entrer définitivement dans la légende du 7ème art.

Ainsi, après des problèmes de scénario, de production, de casting, de financement rendant Francis Ford Coppola de plus en plus irritable et mégalomane, le film est passé du film maudit au film à la fois culte et mythique, véritable repère dans la production cinématographique, dans la représentation et la réflexion sur la guerre du Vietnam sur grand écran comme dans l'esthétique et la narration de ces films à grand budget qui pouvaient allier casting grand format, scénario complexe et public cible large.

SAMEDI 18 OCTOBRE - 15h00 - Salle 2 de l'Institut Lumière (Villa)
Aux cœurs des ténèbres - l'apocalypse d'un metteur en scène,  Fax Bahr, George Hickenlooper et Eleanor Coppola, 1991, 1h30.

Réservation par téléphone: 04 78 78 18 95
ou par internet: www.festival-lumiere.org

Tarif: 3 €

À très bientôt
Lionel Lacour